• BARTHÉLÉMY

    BARTHÉLÉMY

    L’un des douze apôtres, connu également sous le nom de Nathanaël. Fête le 24 août. 

     

    « BARTHELEMI — l'un des apôtres. Sans avoir rien de certain sur sa vie, Eusèbe a prétendu que saint Barthélemi était allé prêcher dans l'Inde, dans l'Arabie-Heureuse, dans la Perse et dans l'Abyssinie (1). Les légendaires ajoutent qu'Astyage, roi d'Arménie, le fit écorcher vif. Sa qualité d'apôtre de Jésus-Christ a fait rechercher ses reliques. 

    On commença au sixième siècle seulement à songer à lui. On publia qu'il avait été martyre. On chercha son corps qui ne manqua pas de se trouver. Ce corps fut dès lors en même temps à Dara en Mésopotamie, et dans l'île de Lipari, près de la Sicile (2). Il faisait même beaucoup de miracles dans ces deux églises. Mais il ne put empêcher les Sarrasins de s'emparer de la Sicile et de l'île de Lipari. Ces barbares trouvèrent si peu d'obstacles, qu'ils mirent tout en cendres, et brûlèrent sans respect le corps saint. 

    A la vérité, quelques années après, au commencement du neuvième siècle, le corps de saint Barthélemi fut retrouvé par un moine, et porté à Bénévent, où les prodiges recommencèrent. Dans le onzième siècle, l'empereur Othon III trouvant ce corps trop précieux pour les Bénéventins, l'emmena à Rome, et fit bâtir en l'honneur du saint apôtre une église dans l'île du Tibre, qui s'appelle maintenant île de Saint-Barthélemi. 

    Cependant les Bénéventins prétendent qu'ils ont donné à l'empereur Othoft un faux corps, et qu'ils ont conservé le véritable. Les Romains répliquent à cela que leur corps de saint Barthélemi est le véritable, puisqu'il fait des miracles. Les Bénéventins opposent des prodiges non moins éclatants ; de façon qu'il est impossible à tout esprit pieux de ne pas reconnaître que saint Barthélemi a au moins deux corps, si celui de Dara est perdu. 

    Outre ces deux corps très-complets, on montre dans une multitude d'églises différentes pièces de saint Barthélemi. La cathédrale de Cantorbéry possédait son cinquième ou septième bras. Le huitième était à Béthune en Artois. On voit à Pise une neuvième main du même saint. On montrait un de ses doigts à Saint-Denis, un autre à Fréjus, d'autres en beaucoup d'autres lieux. 

    Comme on conta que saint Barthélemi avait été écorché, on eut aussi l'adresse de trouver sa peau, qui est peut-être encore à Pise, et qui guérit beaucoup de maladies cutanées. 

    Enfin, on eut tant de vénération pour tous les débris de ce grand saint, que l'on montrait à Trèves, en Allemagne, son membre viril (1). Quelques-uns prétendent que ce même membre fut longtemps double, parce qu'on le possédait aussi à Augsbourg. Il était d'une taille extraordinaire, et avait la propriété de faire faire des enfants aux femmes. La plupart de ces saintes reliques sont maintenant égarées.  

    (1) Calviu. Traité des Reliques. Voyez dans ce Dictionnaire l'article de Saint Guignolé.  

    DEUX MIRACLES DU CORPS DE SAINT BARTHÉLEMI,
    Tires de la Légende dorée : Legenda 118.
     

    « Lorsque l'empereur Frédéric détruisait les églises de Bénévent, un de ses satellites aperçut à l'écart une petite troupe de graves personnages, vêtus de blancs, et très-occupés à discuter ensemble. Il s'en approcha et leur demanda qui ils étaient. On lui répondit : C'est saint Barthélémi, avec les autres saints dont les reliques sont honorées dans cette ville. L'homme se prosterna et comme il était curieux, il écouta ce qu'ils disaient. 

    » Après avoir longtemps disputé sur la peine que méritait celui qui les avait chassés de leurs églises, les bons saints convinrent qu'il fallait le tuer sans plus de retard, et l'envoyer rendre compte de sa conduite au tribunal de Dieu. Après cela, ils se séparèrent ; et au bout de quelques jours l'empereur Frédéric mourut misérablement. » 

    « Un docteur en théologie fêtait saint Barthélemi toute l'année, et avait grande vénération pour ses reliques. Un jour qu'il prêchait, le diable vint à son sermon sous la figure d'une jeune fille extrêmement belle. Le docteur jeta les yeux sur elle, la trouva à son gré et l'invita à dîner. 

    » Lorsqu'ils furent à table, la prétendue pucelle lança des œillades si amoureuses à son hôte qu'il commença de s'enflammer. Mais tout à coup saint Barthélemi, habillé en pèlerin, vint frapper à la porte, et demanda l'hospitalité. La prétendue jeune fille ne parut pas d'avis de recevoir un tiers , et le docteur se contenta d'envoyer un croûton au pèlerin. 

    » Saint Barthélemi le refusa, et fit demander au docteur de lui dire ce qu'il trouvait de particulier dans l'homme.— C'est qu'il rit, répondit le docteur. — C'est la manière dont il engendre, répondit la pucelle. 

    » Saint Barthélemi dit : — Le docteur a bien répondu ; mais la demoiselle est plus profonde. Qu'on me dise aussi quel est l'espace d'un pied qui renferme les plus miraculeux objets de la création. — C'est le trou de la croix, répondit le docteur. — C'est la tête humaine, répondit la jeune fille. 

    » A merveille tous les deux, dit saint Barthélemi. Je n'ai plus qu'une question à vous proposer : quelle distance y a-t-il du ciel aux enfers? — Je n'en sais rien, dit le docteur. — Hélas! Je le sais bien, moi, dit la jeune fille ; j'en ai fait le voyage, et je sens qu'il faut y retomber. 

    » Aussitôt le diable reprit sa forme peu gracieuse et disparut en hurlant. Le docteur, épouvanté, chercha son pèlerin ; mais il ne trouva personne; et se doutant du miracle, il alla brûler un cierge devant le corps de saint Barthélemi. » 

    Saint André garantit, par un moyen tout semblable, un évêque qui s'allait coucher avec une jeune pèlerine (1). 

    D'une Dent De Saint Barthélemi.  

    Une recluse des environs d'Aix-la-Chapelle, au douzième siècle, possédait une dent de saint Barthélemi et quelques autres reliques. Un prêtre qui lui disait des messes lui demanda cette dent, qu'elle refusa. Eh bien! dit le prêtre, si vous ne m'en donnez au moins la moitié, je ne viendrai plus vous voir. La recluse embarrassée hésita un moment entre cette menace et l'amour qu'elle portait à sa dent. Il paraît qu'elle n'aimait pas moins le prêtre, car elle finit par consentir à lui en donner la moitié. Mais le prêtre n'eut pas plus tôt essayé de couper la dent avec son couteau, qu'il en sortit du sang, comme si saint Barthélemi eût vécu encore dans sa dent. Le pauvre prêtre épouvanté laissa à la recluse son joyau entier, et se contenta de le toucher quelquefois en venant lui dire la messe. Césaire de Oteaux assure qu'il a vu de ses yeux cette miraculeuse dent du saint apôtre écorché (2). 

    (1) Eusèbe, Histoire ecclésiastique, livre5 , chap. 10.' (a) Grégoire de Tours, Miracul., etc. lib. I, cap. 34. Tillemont, Mémoires ecçlés., tome I.

    (1) On peut voir le mélodrame de saint André, dans le Diable peint par lui-même, chap. xxvi. (a) Aliracut, Catsarii, lib. vin , cap. 4'>. 

    Extrait de Critique des reliques et des images miraculeuses par J.-A-S. Collin de Plancy. Tome Premier, Paris Guien et Compagnie, Libraires, Bd Montmartre 1821.  

     

    BAYEUX :

    Concernant ce saint, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.

     

    RECULEY (Le) / JUHAYE-MONDAYE :  

             "Une autre fontaine Saint-Barthélemy existait dans l'enclos de l'ancien presbytère de Le Reculey ; son eau "passait" pour guérir les "fièvres pernicieuses".

    in "Saints guérisseurs, saints imaginaires, dévotions populaires" par Jean Seguin, 1929, rééd. Lib. Guénégaud Paris 1978.

     

             “ Saint Barthélemy est l'un des douze apôtres (également donné sous le nom de Nathanaël). Il aurait été martyrisé sous le règne du roi Astrage, en Arménie. Son supplice fut particulièrement cruel. Il fut écorché vif, puis crucifié les pieds en bas. Son culte s'est répandu dans toute la Normandie, mais saint Barthélemy n'est que rarement connu comme guérisseur. Toutefois, dans l'Orne, près d'Ecouché, à Avoine, on a longtemps invoqué le saint en faveur des enfants que l'on plaçait alors sous sa protection. Le pèlerinage s'est éteint, mais les sollicitations individuelles ont‑elles pour autant disparu totalement ? On peut se poser le même type de question à propos de la fréquentation de la fontaine Saint-­Barthélemy du Reculey (canton de Bény-Bocage) dont l'eau avait la réputation de venir à bout des fièvres tenaces. On sait qu'une fontaine Saint‑Barthélemy eut une grande importance dès le XIIIe siècle à Juhaye‑Mondaye (canton de Balleroy). Les moines de l'abbaye s'y ravitaillaient et son eau avait la réputation de secourir les lépreux. Et tous ceux qui souffraient de maladies de peau en usaient. il semble qu'au siècle dernier, les visites n'avaient pas cessé. Le docteur Jean Fournée, éminent spécialiste du culte des saints, cite la fontaine de Juhaye‑Mondaye comme fréquentée pour la guérison des “affections de la peau ”.

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France, 2003.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :