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BERTHEVIN
BERTHEVIN
Ermite et martyr en Mayenne ; Fête le 11 juillet.
“Saint Berthevin (11 juillet) : Une tradition uniforme et constante nous apprend que ce saint naquit à Parigny, au diocèse d'Avranches. On montre encore, au village de l'Orberie, l'endroit où il reçut le jour. Sous le clocher de l'église paroissiale existe une chapelle qui fut élevée au-dessus de son tombeau. Chaque lieu de dévotion à saint Berthevin possède une vie spéciale, inspirée par des actes primitifs, mais que l'amour du clocher a plus ou moins déformée. Autant de cloches, autant de sons. La plus ancienne rédaction connue se trouve dans un manuscrit du Mont-Saint-Michel, conservé à la bibliothèque d'Avranches sous le n° 167. Berthevin remplissait les fonctions de diacre dans la cathédrale d'Avranches lorsque cet édifice fut détruit par les Normands vers 850. Echappé au massacre, il se réfugia dans une solitude nommée le Val-Guyon près Laval. Le seigneur du lieu, nommé Bertaire, voulant mettre à profit les qualités et vertus de l'ermite, le chargea de l'administration de ses biens et de l'intendance de sa maison. Malgré ces occupations, Berthevin se rendait chaque jour à la ville pour se perfectionner dans l'étude des lettres, sans manquer d'aller prier dans l'église Saint-Nicolas, élevée sur la rive opposée de la Mayenne. Le bac de passage venait spontanément le chercher et le ramener sans nautonier, ni voile, ni aviron. Il devint bientôt le confident de ses maîtres, ce qui excita la jalousie des autres serviteurs. N'ayant pu le perdre par la délation, ils l'assassinèrent et jetèrent son corps dans l'étang voisin de la chapelle où il allait prier. Effrayés par les recherches de leur maître, les assassins repêchèrent le cadavre pour le cacher dans une grotte d'où ils le retirèrent pour l'ensevelir dans le lit du Vicoin, rivière voisine. De là ils le hissèrent dans une caverne, située au sommet de la falaise qui surplombe la rive. Tout est demeuré dans cet état. La marraine du martyr, sur une inspiration céleste, attela deux génisses indomptées à un char, et les laissa cheminer à leur gré. Arrivées au pied de la falaise, elles la gravirent, s'arrêtèrent à l'ouverture de la caverne le temps de charger le corps et le reconduisirent à son pays natal. La légende raconte qu'une des génisses tomba de lassitude à l'arrivée et brisa une de ses cornes qui est conservée dans l'église de Parigny. Au cours du voyage, une biche, serrée de près par les chasseurs, vint se réfugier sous le chariot qui portait les reliques et les chiens n'osèrent l'approcher. Le seigneur fit élever sur le tombeau du saint une chapelle qui est devenue l'église de Parigny. Une fontaine jaillit auprès et les fidèles y viennent pour obtenir la guérison de la vue. Ceci se passait vers 872. Des pèlerins revenant du Mont-Saint-Michel enlevèrent le corps et le transportèrent à Lisieux, moins exposé aux ravages des Bretons, et depuis il y a toujours été en grand honneur. Le 24 avril 1399, l'évêque Guillaume d'Estouteville fit ouvrir la grande châsse de sa cathédrale en présence du roi Louis XI et de Jean Boucard, évêque d'Avranches : il y trouva le corps de saint Berthevin auprès des restes de saint Ursin. Il est patron de Saint-Berthevin-les-Laval, de Saint-Berthevin-les-Tannières et de Saint-Berthevin-de-Précey (Manche). A la Révolution, les reliques de Lisieux furent cachées par deux chanoines qui moururent avant d'avoir eu le temps de révéler leur secret. ”
in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.
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