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MAMMES
MAMMES
Martyr du IIIème siècle. Né à Césarée (Asie Mineure) vers 260 ; mort martyr le 17 août 275 à 15 ans. Il est souvent représenté, le ventre ouvert avec les entrailles qui en jaillissent... Patron du diocèse de Langres et dans le diocèse de Bayeux-Lisieux des paroisses de St.-Manvieu-Bocage et Viessoix. Il est invoqué contre la rage et la colique. Fête le 17 août.
SAINT-MANVIEU-BOCAGE :
"Une statue faisait partie des dons faits a une église, soit par un mécène, soit par l'artiste lui même. Mais les reliques elles, n'étaient point gratuites. Leur cote était très élevée. C'est sans doute pourquoi on possède, avec certitude, une seule date dans l'histoire qui nous occupe : 1706. On la retrouve dans plusieurs documents. 1706 marque l'arrivée à Saint-Manvieu-Bocage des reliques de Mammès. Le curé d'alors "réussit à obtenir de l'évêque de Soissons une partie des reliques de Mammès conservées à Saint-Sulpice-de-Pierrefonds". Le reliquaire, en bois polychrome, date donc de ce début du XVIIIe siècle ; ni "gratté", ni mal restauré, il se montre à peu près intact. On ignore quelle relique de Mammès se cache dans les tortillons de tissus et de rubans soyeux, uses, fusés, décolorés : "Sans doute un gros morceau d'os, suppose l'abbé Jamet, l'actuel curé. Mais il faudrait, pour le savoir, une cérémonie présidée par l'évêque, seul habilité à briser les sceaux qui authentifie la relique." (...) "La confrérie de Saint-Mammès "érigée canoniquement en l'église de Saint-Manvieu-Bocage, le 19 juillet 1838 par l'évêque de Bayeux" continue à rassembler des croyants. Sans doute parce que Mammès continue à guérir ceux qui ont la foi..."
in Mammès le guérisseur, et ses trois maisons du Bocage de Rosemonde Pujol ; éditions Ch. Corlet 1995.
"Mammès naquit en Asie Mineure de parents qui subirent également le martyre. Très jeune, il montrait une grande volonté de défier les persécutions romaines. A l'âge de quinze ans, il sut résister aux attaques des oppresseurs. Il s'isola. Mais il fut traduit devant un juge qui le fit fouetter jusqu'au sang avant de le jeter dans le feu afin de le brûler vif. Peine perdue, Dieu empêcha les flammes de l'atteindre. Furieux, le juge fit lâcher contre lui des bêtes féroces. Peine perdue de nouveau. Alors le juge ordonna au bourreau de lui percer le ventre au moyen d'une fourche métallique. Les entrailles se répandirent, mais le saint, joyeux, portant ses viscères dans ses mains, traversa le théâtre romain avant de rendre l'âme. Cela se passa le 17 août de l'an 275. La statuaire le présente tenant ses intestins dans ses mains. Le martyre explique le culte qui lui est rendu et la spécialité thérapeutique. Chez nous, il est invoqué pour les maux de ventre. (...) Dans le Calvados, la dévotion est vive à Saint-Manvieu-Bocage (canton de Saint-Sever). L'église possède des reliques et une statue du XVIIe siècle (bois décapé). Cette statue fait l'objet d'un pèlerinage individuel en faveur de la guérison des "maux d'entrailles". L'existence d'une confrérie est signalée dans l'église et la ferveur ne se dément pas. Les pèlerins demandent une messe. Ils reçoivent le texte de la prière spéciale et une médaille à l'effigie du saint."
in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.
“ Quittons les légendes pour interroger l'histoire. Nous savons fort bien que le culte de saint Mammès, à Saint-Manvieu-Bocage (Calvados), ne remonte qu'au début du XVIIe siècle et qu'il est dû à l'initiative d'un ecclésiastique du diocèse de Meaux, originaire de la paroisse. Il n'est pas rare qu'un curé, lors d'une mutation de poste, transporte dans sa nouvelle paroisse une dévotion qui avait fait ses preuves dans la précédente. ”
in Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.
VIESSOIX :
"la fête de Mammès, à la mi-août, était une grande fête communale avec ses manèges, ses flonflons, ses frites et ses andouilles jusqu'à la fin des années 1980. Une commune tout à fait logique que celle de Viessoix : puisque Mammès guérissait tout le monde, sans sectarisme religieux, pourquoi ne pas rassembler dans cette fête "tous ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas" ? Mammès ou, plus précisément, la représentation de Mammès, c'est, ici, cette exceptionnelle sculpture en bois polychrome qu'on découvre dans l'ombre, en face d'une petite porte ouverte en permanence pour simplifier l'accès de ses malades. Car il continue à guérir, juché sur le plus simple des autels : une tablette dont le pied est une vis de pressoir. C'est là une oeuvre naïvement expressive d'un artiste anonyme des derniers feux du Moyen Age. Il constitue la plus étonnante des six représentations de Mammès dans nos trois églises. Son reliquaire d'or a été mis à l'abri : tout petit morceau d'os enchâssé dans une croix de gloire. Mais la statue est si "présente" qu'elle peut se passer de reliques. En quelque saison ou quelque jour qu'on vienne, elle est entourée de vases de fleurs fraîches et des cierges, constamment renouvelés, brûlent près d'elle. Erigée par le pape lui-même, Benoît XIV, le 26 novembre 1754, la "Confrérie de Saint-Mammès de Viessoix", perdure, malgré la Révolution française. Après les exactions de 1789, la Confrérie fut remise "en état de marche" (ou de grâce par une nouvelle ordonnance de l'évêque de Bayeux, le 13 juillet 1808. Il faudra attendre 1838 pour que le Mammès de Saint-Manvieu-Bocage obtienne les mêmes prérogatives".
in Mammès le guérisseur, et ses trois maisons du Bocage de Rosemonde Pujol ; éditions Ch. Corlet 1995.
"A Viessoix (canton de Vassy), la statue est quelque peu pudique, mais l'attachement au culte perdure. Les requêtes émanent de mères demandant la cessation des coliques et autres maux de ventre affectant leurs enfants. Une prière, une image pieuse, un cierge. Le rite est accompli."
in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.
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