• MARCOUF

    MARCOUF ou MARCOU, MERCOU, MARCOUL

    Né à Bayeux, compagnon de Saint Crioult, ordonné prêtre, il fonde l'abbaye de Nanteuil (diocèse de Coutances), évangélise le Cotentin et les îles de la Manche. Son disciple Hélier s'établit comme ermite à Jersey. Il est mort le 1er mai 558. Ses reliques sont transférées à Corbény (diocèse de Soissons) et les rois de France, après leur sacre à Reims, viennent y guérir les scrofuleux en disant : "Le roi te touche, Dieu te guérit." Il est un des patrons de Reims. Fête locale le 1er mai. Une commune du Calvados porte son nom : Saint-Marcouf(-du Rochy).

     

    BAYEUX :  

             "Fête païenne pour un saint moine : Saint Marcouf s'incarne désormais - et seulement - dans une fête foraine. Un dimanche de mai avec des croustillons et l'odeur sucrée de la barbe à papa qui parfume la musique sirupeuse des manèges. Né au VIe siècle le bon saint Marcouf était totalement étranger à de telles préoccupations. Avant de devenir prêtre, il distribue sa fortune aux pauvres et abandonne sa maison de la rue de la Poterie pour évangéliser Jersey avec son disciple Hélier. Au jour du saint affirme un ecclésiastique "on se réjouit plutôt qu'on ne prie" avant de regretter semblable usage. Cependant, malgré 14 siècles écoulés, le souvenir de celui qui mourut abbé de Nanteuil est encore vif. En l'église de Saint-Loup-Hors, ses reliques sont vénérées. Dans le doyenné de Honfleur, sept lieux de pèlerinage curieusement associés sous le vocable des  "frères Marcouf" indiquent la haute estime dans laquelle il est tenu. A Bayeux, en mai, sa statue est toujours fleurie. Marque d'un respect et d'une estime que lui vouaient aussi les rois de France. A Corbigny, sur la route de leur sacre, ils le priaient de leur déléguer le pouvoir de guérir les écrouelles. "Le roi touche, Dieu guérit" disait le proverbe. L'abolition de la royauté a mis un terme à la thérapeutique. Reste la fête..."

    in Bayeux et le Bessin de Jean-Yves Ruaux, éditions Ch. Corlet 1981.

     

    “Marcoul ou Marcouf ‑la bonne prononciation normande serait Marcou- est un "Saxon" de Bayeux où sa maison "natale" ‑d'une dizaine de siècles postérieure à sa naissance- est située rue de la Poterie et identifiée par une plaque moderne et par une niche flamboyante où, il n'y a pas si longtemps, sa statue, bien des propriétaires de la maison, était placée juste pour un Jour lors de la "louerie" devenue fête foraine de la Saint Marcouf. Attiré par la vie cénobitique, il aurait obtenu du roi Childebert Ier, donc pendant la première moitié du VI, siècle, le domaine de Nantus sur la côte Est du Cotentin, pour y fonder un monastère. Le lieu correspond maintenant à la commune de Saint‑Marcouf (Manche). Au large sont les Îlots rocheux du même nom où, selon la tradition, le saint allait de temps à autre pour méditer dans la solitude. Saint Marcouf aurait eu des liens d'amitié avec saint Hélier. évangélisateur de Jersey et avec saint Lô, évêque de Coutances, qui aurait été présent lors de sa mort, vers 558. Marcouf fut enterré à Nantus.

    Un siècle plus tard, Saint Ouen aurait reconnu ses reliques. Deux siècles encore, et, devant les incursions des Vikings, les moines de Nantus se résolvaient à fuir vers l'Est emportant les reliques de leur fondateur. Après diverses étapes, ils parvinrent à Corbény (Aisne) non loin de Reims, en 898. C'est là que furent désormais conservées les reliques du saint bayeusain.

    Saint Marcouf n'est titulaire que de quatre églises paroissiales normandes : 1 dans la Manche. 3 dans le Calvados, mais son culte est attesté en 85 localités de Normandie, dont plus de la moitié dans la Manche. Sa fête est célébrée au mois de mai. Dans le Bessin, outre à Bayeux même, il est ou était imploré à Barbery, à Livry, à Norrey, à Saint-Loup-Hors, Sainte-Marguerite-d'Elle et il Saint-Marcouf-du-Rochy. Curieusement, la fontaine connue dans cette dernière commune n'est pas sous son patronage alors qu'à Saint-Marcouf en Cotentin, la fontaine sous son invocation était fréquentée à ce point par les malades qui venaient s'y baigner que le Conseil municipal envisagea de la supprimer. C'était sous le Second Empire. Les notables locaux, cachant sous un prétexte utilitaire leurs préjugés sociaux, faisaient remarquer : "L'eau de la fontaine pouvant servir à la cuisine des habitants du voisinage, continuera‑t‑on de permettre aux galeux de s'y baigner ?". Le grand érudit normand Arcisse de Caumont prit la défense de la fontaine, peut‑être plus par souci de défendre le patrimoine que par pitié pour les rachitiques et les scrofuleux. C'est essentiellement ces derniers qui constituaient la clientèle du saint, lequel est aussi imploré pour guérir des clous et des abcès à Condé-sur-Vire, et, en association avec saint Méen, pour la guérison d'affections cutanées à Brectouville et à Sainte-Marguerite-d'Elle. Reste qu'avant tout, il guérit les écrouelles, dégénérescence tuberculeuse des ganglions du cou. Or qui ne sait que les rois de France de la famille capétienne. à partir de leur sacre à Reims et tout au long de leur vie par la suite, touchaient les écrouelles pour les guérir, comme n'importe quel guérisseur touche le mai du patient qui a recours à lui ?

    Ce n'est pas ici le lieu de s'étendre sur ce pouvoir de thaumaturge reconnu aux rois de France mais il faut remarquer qu'il s'appliquait au même mal que le pouvoir du saint guérisseur. spécialité auquel nul trait de la légende de Marcouf ne semble prédisposer. En fait, il semble que la réputation de guérisseur du saint se soit répandue à partir de Corbény où à l'occasion de leur sacre, les rois de France venaient vénérer ses reliques. Dans ces conditions, on peut se demander lequel, du saint ou du roi a passé sa spécialité à l'autre, la question ne portant que sur cette spécialité car l'origine du pouvoir thaumaturgique du roi n'a sûrement rien à voir avec Marcouf. Toujours est-il que le culte populaire de saint Marcouf a été répandu dans toute la France du Nord, de la Champagne à la Normandie en passant par le Perche où les guérisseurs, quelle que soit leur spécialité, sont appelés marcous.

    C'est ainsi qu'un saint guérisseur né en Bessin s'est retrouvé "collègue" du roi de France.

    BIBLIOGRAPHIE

    Fournée, Docteur Jean. - Le culte populaire et l'iconographie des saints en Normandie. Etude Générale, Paris, Société Parisienne d'Histoire et d'Archéologie normandes, 1973.

    Fournée, Docteur Jean. - Enquête sur le culte populaire de saint Martin en Normandie. Paris, Société Parisienne d'Histoire et &Archéologie normandes, 1963.

    Sur saint Siméon

    Duncombe, Catherine. - Enquête sur le culte populaire de Saint-Siméon à Sainte-Honorine-des-Pertes et sur les différents saints homonymes encore honorés en Basse-Normandie. Mémoire pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Normandes, Université de Caen,1990.

    Sur saint Clair

    Henaff, A. - La dévotion à saint Clair en la paroisse de Saint-Clair-sur-Elle au XIXe et XXe siècles. Mémoire pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Normandes, Université de Caen, 1988.

    Sur saint Marcouf

    Fournée, Docteur Jean. - Deux Saxons de Bayeux : saint Evroul et saint Marcoul, Cahiers Léopold Delisle, XVII, fasc. 3-4, 21 semestre 1968, p. 37-54.

    Sur l'affaire de la fontaine Saint-Marcouf

    Voir- la note d'Arcisse de Caumont dans l'Annuaire... de l'ancienne Normandie, XXVII, 186 1, p. 442-445 ”.

    In 30e volume de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux : extrait de l’article “le culte populaire des saints dans le Bessin” par J.J. Bertaux.

     

    “ Les reliques. On n'imagine guère de nos jours de lieu de culte d'un saint sans sa statue, son "image". Au XIe siècle, il y avait des peintures murales mais pas de statues en ronde-bosse. Par contre il y avait des reliquaires. On sait que, fuyant les pirates Vikings, moines et clercs de nos diocèses emportèrent avec eux, et souvent fort loin, les corps saints de leurs monastères et églises. C'était pour eux des trésors plus précieux encore que les vases sacrés et autres richesses mobilières. Une des conséquences; de cet exode fut de propager, à grande distance le culte de plusieurs saints pré normands dont l’audience serait peut-être restée régionale. Le cas le plus extraordinaire fut sans doute celui du Cotentinais saint Marcoul, devenu à Corbény, non loin de Reims, saint dynastique. La dispersion au loin des châsses fut cruellement ressentie lors de la réorganisation religieuse du duché. Pas de culte possible sans reliques. Or la “récupération ” s'avéra très difficile. L'abbaye Saint-Ouen de Rouen eut la chance de se foire restituer, dès le Xe siècle, le corps de son saint patron, et cela explique certainement son importance comme lieu de pèlerinage au XIe siècle. Quelques corps saints avaient pourtant été "oubliés" in situ. Quelle aubaine de les retrouver après la tourmente. Ce fut le cas de saint Evroul dont le corps fut rependant volé par Hugues de France en 946 et emporté à Orléans. Les moines du Mont-Saint-Michel retrouvèrent le corps de saint Aubert vers 1012. Ceux de Saint-Wandrille, en 1026, le corps de saint Wulfran. dont la châsse parcourut le diocèse lors des grandes épidémies médiévales. On retrouva saint Contest à Bayeux, saint Sever au lieu qui porte son nom ; mais un commando venu de Rouen le transporta à la cathédrale métropolitaine. Les rapts de reliques furent choses courantes, masqués par de pieuses légendes, par exemple la châsse qui se fait trop lourde pour aller plus loin d'où l'origine du culte de saint Hildevert à Gournay-en-Bray. Et puis il y eut des supercheries : le pauvre évêque de Bayeux, Odon de Conteville, frère utérin du duc Guillaume, se vit attribuer par les gens de Corbeil, les restes mortels d`un paysan, alors qu'il attendait le corps de saint Exupère. L'évêque de Sées, plus heureux, réussit à se faire restituer les ossements de saint Latuin, son premier prédécesseur que conservait l’église d’Anet, mais cela seulement en ... 1970 !

    Finalement on dut, un peu partout, se contenter de parcelles osseuses. Les corps saints, partis intacts au IXe siècle, furent véritablement dépecés. Les châsses firent place aux reliquaires. Notons que les premières statues en ronde-bosse furent presque toutes des reliquaires, telle celle de sainte Foy à Conques. Mais, grâce à cette fragmentation, devenue courante et universelle, la Normandie vit arriver des reliques de saints qui lui étaient totalement étrangers, et ce tut l'origine d'un mouvement d’importation qui allait se poursuivre tout au long des siècles. Ainsi s'implantèrent chez nous au XIe siècle les cultes de sainte Catherine, de sainte Barbe, de sainte Madeleine, de sainte Foy, de saint Valentin, de saint Blaise. C'est l'époque où les monastères commencèrent à se constituer leurs trésors de reliques, le Mont-Saint-Michel par exemple, comme l'indique Robert de Torigni. ”

    In Guillaume le Conquérant et son temps - catalogue d’exposition – Art de basse-Normandie n°97 – Hiver 1987-1988.

     

    BEUVRON-EN-AUGE :

    “ Dans le Calvados, on peut faire un pèlerinage individuel à la chapelle Saint‑Michel de Clermont à Beuvronen‑Auge. On peut aussi se rendre à Glanville (canton de Pont‑l'Evêque) où une source Saint‑Marcouf, jumelée à une source Saint‑Méen, distille une eau bénéfique pour la guérison des maladies de la peau. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    CAEN :  

             "... nous trouvons une tradition d'après laquelle saint Ouen, passant par Caen lors des translations des cendres de saint Marcouf, aurait déposé ces reliques à Notre-Dame-de-Froide-Rue."

    in Caen de René Herval (réédition1970).

     

    GLANVILLE :  

             On trouve sur cette commune une fontaine Saint-Marcouf et Saint-Méen. Saint Marcouf soignait les "marques du cou", c'est à dire les scrofules et autres écrouelles. Au lendemain de son sacre à Reims , le roi de France se rendait en pèlerinage à Corbeny où l'on conservait les reliques du saint. Là, il prenait entre ses deux mains le chef de saint Marcouf et, ayant ainsi capté sa vertu miraculeuse, il pouvait guérir les malades sa vie durant. Quant à Saint-Méen, il vint à St.-Samson-de-la-Roque puis à Carbec-Grestain où sa source guérit aussi les affections cutanées telle que la gale. Saint Méen qu'en normand on prononce "saint-Main" soignait les mains. Mais pour guérir, il était fondamental de se rendre à pied et de mendier en chemin. Puis on se baignait dans la fontaine et l'on remettait la recette de la sébile dans l'escarcelle du curé du lieu. Aujourd'hui la source est captée.

    D'après Randonnées et Patrimoine en Pays d'Auge, T.II,  de J. Lalubie (1983).

     

    Saint-Marcouf à Glanville

    Le lavoir constituait un lieu de convivialité où les femmes venaient laver leur linge et bavarder. Celui de Glanville est alimenté par deux sources, Saint Méen et Saint Marcouf. Ce dernier est invoqué pour les affections de la peau.
    Son culte est généralement attaché à une fontaine guérisseuse et il est très important dans l’ouest de la France. Il est invoqué au Prè-d’Auge, où il se serait arrêté pour guérir des lépreux. http://www.blangy-pontleveque.com/?les-saints-guerisseurs-autour-de-blangy-pont-l-eveque

     

    GLANVILLE :

    “ Lavoir, vers le XIXe siècle, en bois : Le lavoir constituait un lieu de convivialité où les femmes venaient laver leur linge et bavarder. Celui de Glanville est alimenté par deux sources, Saint-Marcouf et Saint-Méen. Saint Marcouf est invoqué pour les affections de la peau. Son culte en France remonte aux invasions normandes, après la translation de ses reliques à Corbeny, dans le diocèse de Laon. Après leur sacre et au cours d'une neuvaine, les rois de France lui rendaient grâce du don qu'ils avaient reçu de guérir les écrouelles. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    RULLY :  

             "Des pèlerinages qui jadis fréquentaient ces fontaines, celui de St. Marcou ou Mercou, comme disent les bonnes gens n'était pas le moins réputé. Cette fontaine se trouvait dans le domaine de Marcou, à Rully près Vassy. Au bord de la source s'élevait deux arbres amis, entrelaçant fraternellement leurs rameaux, la petite et la grande souche de Marcou, qui perpétuaient, avec la fontaine, le souvenir de l'évangélisation de notre contrée par cet apôtre du Christ. Une tradition locale, maintenant bien effacée, prétend qu'une grande pierre, objet de craintes superstitieuses, s'élevait aussi sur le domaine de Marcou. La grande souche de Marcou était un chêne de dimensions énormes, tombant de vétusté, dont la cime chenue avait été dépouillée par les ans et les orages. Les longs jets d'un lierre l'entouraient de luxuriants festons, et paraient sa décrépitude de l'éternelle jeunesse de leur verdure. Une aubépine, vieille peut-être de plusieurs siècles, qui s'était librement développée à l'ombre protectrice de l'arbre vénéré, enserrait de ses branches entrelacées le tronc rugueux et crevassé, où, dans sa petite niche aux bords veloutés de mousse et argentés par les lichens, une madone champêtre souriait avec amour à son divin fils. Cette épine était la petite souche de Marcou. Quand, au renouveau, les champs s'étaient revêtus de leur riante parure printanière, que l'alouette, quittant les sillons humides, s'élançait joyeuse et gazouillante vers les profondeurs azurées, que le front du chêne antique voyait renaître son rare feuillage, et que l'aubépine redevenue blanche de fleurs exhalait son suave parfum, on entendait parfois, à l'aube du jour, résonner la cadence rustique des tinterelles, et s'élever dans l'air frais le chant des cantiques. C'était une paroisse voisine qui accomplissait processionnellement son pèlerinage à la source et aux souches de Marcou. A l'arrivée des pieux pèlerins, les chants redoublaient de puissance, puis le silence se faisait. On n'entendait plus que le léger susurrement de la source filtrant entre les racines des deux arbres amis, les soupirs de la brise dans le feuillage des rameaux, le bruissement des lierres, le babil des oisillons et les murmures des humbles prières invoquant avec une ardente ferveur les grâces de la bonne Notre-Dame, qui apparaissait entourée, comme d'une auréole, de la neige rosée des fleurs de l'aubépine. Les deux arbres ont été abattus, la fontaine délaissée, le pèlerinage a disparu, et seuls quelques rares vieillards en ont conservé le souvenir."

    in Esquisses du Bocage Normand de J. Lecoeur (1883).

     

    SAINT‑MANVIEU‑NORREY :

    “ La commune de Saint‑Manvieu‑Norrey est née le 1er juillet 1972 de la fusion simple de Saint‑Manvieu et de Norrey‑en‑Bessin. L'ancienne voie romaine qui menait de Vieux à Bayeux, connue sous le nom de chemin Haussé, longeait le territoire des deux bourgs. Guillaume le Conquérant l’a souvent emprunté. Une partie de cette voie est encore bordée de maisons des XIVe et XVe siècles. En 680, l'archevêque de Rouen laisse à Norrey l'un des ossements de saint Marcouf . L'église de Norrey, qui l'abrite, est construite trois siècles plus tard. Dès lors, l'histoire de Norrey est axée sur son église, et celle de Saint‑Manvieu sur ses fiefs. Ni la guerre de Cent Ans ni les guerres de Religion n'épargnent les deux villages. Les reliques de Norrey sont brûlées et, pendant la Révolution, le caveau des Le Marchant, tenants du fief de La Mare, violé. Dans la nuit du 5 au 6juin 1944, la voie ferrée Paris Granville est sabotée, Saint‑Manvieu n'est libéré que le 20 juin par le 6ème Royal Scot Fusiliers. Norrey, libéré dès le 7 juin par le Regina Rifles et le Royal Winipeg, subit une forte contre attaque des SS qui détruisent le village et font de nombreuses victimes civiles.

    L’église Notre-Dame-des-Labours, XIIIe et XXe siècles à Norrey : Mgr Picaud, évêque de Bayeux, a appelé l'église la “ cathédrale des labours ”. Propriété au temporel de l'abbaye Saint‑Ouen de Rouen, elle a été bâtie par les moines de cette même abbaye pour abriter les reliques déposées à Norrey. La tour‑lanterne inachevée a donné naissance à une belle légende : au moment de la construction de l'église, le jeune architecte courtise la fille de son protecteur, celui‑là même qui a construit l'église de Bretteville. Ce dernier, voyant que l'élève est sur le point de dépasser le maître en construisant une œuvre susceptible de faire oublier la sienne, il est pris d'un violent accès de jalousie. Il précipite son élève du haut des échafaudages, et est entraîné dans sa chute. Les deux hommes expirent au pied du porche. Folle de douleur, la jeune fille, agenouillée sur leurs tombes, se laisse mourir de faim et de chagrin. Presque entièrement détruite en 1944, l'église a été rendue au Culte en 1956 après avoir été reconstruite. (cl. M. H. 1840) ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001. 

     

    SAINT-MARCOUF-DU-ROCHY :

             "Ce saint bien normand est né à Bayeux soit à la fin du Ve siècle, soit au tout début du VIe. S'étant dépouillé de ses biens au profit des pauvres, il vécut près de l'évêque de Coutances, Possesseur, qui l'ordonna prêtre. Puis il devint abbé d'un monastère qu'il avait fait construire et évangélisa la région du Cotentin, îles comprises. Il mourut en son abbaye le 1er mai 558. Durant sa vie, il fit de nombreux miracles. Il possédait, dit la tradition (mais l'histoire est loin de le confirmer), le don de guérir les écrouelles, don qu'il aurait transmis aux rois de France. Marcouf était également censé venir à bout de tous les abcès. Cette vertu miraculeuse vaut au saint les invocations pour la guérison des écrouelles (adénite cervicale chronique d'origine tuberculeuse provoquant des abcès). Par extension, il est devenu guérisseur des furoncles, des anthrax, et d'une manière plus générale des affections de types furonculeux localisées au niveau du cou. Le "mal Saint-Marcouf" '"ma Saint-Marcou", disait-on en Cotentin) recouvre l'ensemble de ces affections. Le pouvoir de guérison s'étend même à toutes les maladies de la peau. (...) Dans le Calvados, on peut aller à Saint-Marcouf-du-Rochy, dans le Bessin. Une source "réputée guérir les furoncles et l'eczéma" se trouve à quelques centaines de mètres de l'église, en bordure d'un talus, dans un champ de la propriété voisine. Les pèlerins y lavent leur mal (toutes maladies de peau) ou emportent de l'eau. On vient aussi l'invoquer dans l'église Sainte-Catherine de Honfleur où le saint a sa statue (bois, XVIIe), pour les écrouelles, les maladies de peau (le "mal Saint-Marcouf"). 

    in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.

     

    Saint Marcouf (1er mai) : Après leur sacre à Reims, les rois de France se rendaient en pèlerinage à Corbény (Aisne), pour honorer les reliques de saint Marcouf. Il s'y trouvait une multitude de scrofuleux, accourus pour obtenir leur guérison. Le roi traçait le signe de la croix sur leur front, en disant : Le roi te touche, Dieu te guérit. Et cet attouchement faisait merveille. C'était, rapporte Guillaume de Nangis, une grâce singulière accordée aux rois de France. Une simple habitation de la rue de la Poterie à Bayeux, porte cette inscription : Ici naquit vers la fin du Ve siècle S. Marculphe, abbé de Nanteuil, mort le 1er mai DLVIII. Cette maison a remplacé l'opulente demeure qui fut le berceau du saint. Né en 488 d'une riche famille franque, il reçut une éducation soignée. Orphelin de jeune âge, il distribua sa fortune en aumônes et vint se mettre sous la direction de saint Possesseur, évêque de Coutances. Celui-ci l'ordonna prêtre à l'âge de 30 ans et lui confia l’évangélisation du Cotentin. La sainte vie du missionnaire, confirmée par de fréquents miracles, lui fit opérer de nombreuses conversions et lui attira des disciples, dont les plus célèbres furent Cariulphe (Crioult) et Domard. Le saint les établît dans un monastère qu'il fonda à Nanteuil, devenu Saint-Marcouf de l'Isle, sur une terre aumônée par le roi Childebert. Amant de la solitude, Marcouf se retira d'abord seul dans une île nommée Duolimones, aujourd'hui Saint-Marcouf, puis dans l’île d’Agna (Herm), près de Guernesey. Un jour une bande de pirates anglo-saxons, débarqua dans l'île. “Prenez vos armes, dit Marcouf, aux indigènes effrayés, et combattez avec confiance”. Et pendant que le saint priait, une poignée de pêcheurs repoussait une bande de pirates dans la mer, où une tempête les engloutit. Bientôt Marcouf fut envoyé à Jersey, vrai repère de brigands. Il convertit ces écumeurs de la mer, et y fonda, sous la direction de saint Hélier un monastère qui fut l’origine de la ville de ce nom. L'ardent missionnaire épuisé de fatigue revint mourir dans son abbaye de Nanteuil, où saint Lô, évêque de Coutances, l'inhuma le 1er mai 558. De nombreux miracles illustrèrent son tombeau, et saint Ouen, archevêque de Rouen leva son corps en 667. Au IXe siècle, les Normands obligèrent les moines de Nanteuil à se réfugier à Corbény, auprès du roi Charles III, qui leur donna son château pour en faire un monastère. De là l'origine du pèlerinage. Le culte de saint Marcouf est très répandu dans les pays d'origine franque. Des pèlerinages existent à Aix-la-Chapelle, Anvers, Bruxelles, Maëstricht, Corbény, Reims, Soissons, Mantes, Blois, Angers, Le Mans, Saint-Sever, etc. Il est patron de Saint-Marcouf de l'Isle et de la Haye-Comtesse (Manche), de Saint-Marcouf du Rocher et du Bu-sur-Rouvres (Calvados) ; il est second patron de Norrey, la Bigne, Clermont-en-Auge (réuni à Beuvron), Varaville, Saint-Loup de Bayeux, etc. L’ancien doyenné de Honfleur possédait sept lieux de pèlerinage que le peuple désignait sous le vocable des sept frères Marcouf : c'étaient Sainte-Catherine et Saint-Léonard de Honfleur, Equemauville, Pennedepie, Equainville, Quetteville et Bonneville-la-Louvet. L'église de Coulonces était le siège d'une, confrérie célèbre en l'honneur de ce saint, et celle de Saint-Contest possède une parcelle de ses ossements. Un ancien chemin partant de l'Orne au passage du moulin de Brie, et passant entre les communes d'Ouffières et de Goupillières pour gagner La Caisne, porte le nom de sente Saint Marcouf. Une inscription placée sur l'un des piliers de l'église Saint-Sauveur de Caen, rappelait que saint Ouen, transférant les reliques de saint Marcouf, s'y était arrêté. Vers 1810, l'abbé De La Rue, composa une nouvelle inscription pour remplacer l'ancienne, grattée sous prétexte de restauration, mais il ne s'est encore trouvé personne pour la faire apposer. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.

     

    “ Selon son hagiographie, en l'an 511, tandis que Saxons et Pirates sont établis dans la vallée de l'Esque et de la Tortonne, Marcouf arrive dans la région. Le saint connaît bien les brigands, qu'il a rencontrés, guéris et convertis dans le Cotentin et dans l'île de Jersey dont il est originaire. Dans le Bessin, il poursuit sa mission apostolique et baptise en utilisant l'eau d'une source qui ne tarit jamais à 100 mètres de l'église actuelle. Orphelin très tôt et ordonné prêtre à trente ans, Marcouf serait né au sein d'une riche famille bayeusaine ayant pignon sur la rue de la Poterie. Une statuette représentant l'évangélisateur orne toujours la façade de la maison du XVe siècle construite sur l'emplacement de l'ancienne demeure des Marcouf. (…) Des reliques de Saint-Marcouf, milieu du VIème siècle dans l’église de Saint‑Marcouf : Saint Marcouf, natif de Bayeux vers 483, aurait obtenu du roi Childebert Ier au début du VIème siècle le domaine de Nantus ou Nanteuil, sur la côte est du Cotentin, qu'il évangélise par la suite en y fondant un monastère. La tradition rapporte qu'il aurait communiqué à Robert le Pieux, fils d'Hugues Capet, le pouvoir de guérir les écrouelles, adénite cervicale chronique d'origine tuberculeuse, pouvoir transmis par la suite à tous ses successeurs. Avec sa main droite, le roi devenu thaumaturge décrit ainsi sur les plaies et grosseurs purulentes du malade une croix en disant “ Le Roi te touche, Dieu te guérisse ”. De très nombreux pèlerinages ont lieu durant des siècles autour de la source de Saint‑Marcouf‑du‑Rochy, réputée guérir furoncles et eczéma. Suite aux incursions vikings, les reliques du saint, mort en son abbaye le 1er mai 558, doivent être transférées à Corbeny, près de Reims, en 898. Elles sont ici exposées dans une vitrine dorée, au nord du choeur.

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001. 


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