• MARIE

    MARIE, VIERGE, NOTRE-DAME

    (1er siècle), mère de Jésus ; fête Ste.Marie Mère de Dieu : 1er janvier ; fête de l'Assomption 15 août. Quatre communes du Calvados portent le nom de Notre-Dame : Esquay-Notre-Dame, Notre-Dame-d'Estrées, Notre-Dame-de-Courson et Notre-Dame-de-Livaye. Deux communes de ce département portent le nom de Sainte-Marie : Sainte-Marie-Laumont et Sainte-Marie-Outre-L'Eau. 

     

    ASNELLES :

    “ À Asnelles (canton de Ryes), la statue de Notre‑Dame des Flots est placée dans l'église Saint‑Martin. Elle se dresse à la proue d'un canot. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    BANNEVILLE‑SUR‑AJON :

    “ Grotte de Lourdes, 1949 en schiste et ciment, Le Village : Ce monument est élevé pour marquer la reconnaissance de la paroisse protégée en juillet 1944. La grotte de Lourdes, qui accueille dans une niche une statue de la Vierge et qui contient un petit autel, a été bénite par le curé de la paroisse de Banneville-sur‑Ajon, l'abbé Leménager, le jour du 5e anniversaire du Débarquement, le 6 juin 1949. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    BAYEUX :

    Concernant cette sainte, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.

     

    BAZENVILLE :

    “ Grotte de Lourdes, 1947 ; Constructeur : M. Pastre, en Calcaire, moellon et ciment, rue de la Grotte : Ce monument en forme d'autel à la Sainte Vierge est édifié par l'ancien propriétaire du château, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en remerciement de la clémence dont a bénéficié Bazenville, très peu touchée par cette guerre, contrairement à la plupart des villes et villages de la région. Il fait écho au cimetière britannique situé non loin de là, et marque d'une façon personnelle et spontanée le souvenir de la guerre dans la mémoire locale. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    “ A Bazenville (canton de Ryes), une grotte de réalisation récente reçoit les visites et les fleurs des pèlerins. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    BENOUVILLE :

             “ A Bénouville (Calvados), le culte de Notre-Dame-du-Port a pour origine une statue trouvée dans l’Orne. ” (…) “ Bénouville : dans cette paroisse, située près de l'embouchure de l'Orne, il y avait une dévotion à Notre-Dame-du-Port, dont la statue miraculeuse avait été, dit la légende, trouvée dans le lit du fleuve. (cf. ENGLIRAND, Trésors d'Art du Calvados, p. 195). ”

    In Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par Dr. Jean Fournée, Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, n° spécial des cahiers Léopold Delisle 1973.

     

    BRETTEVILLE-SUR-LAIZE :

             “ Notre-Dame des Foyers est priée à Bretteville-sur-Laize, dans le Calvados. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    BREUIL-EN-BESSIN :

    “ Notre‑Dame de la Salette : A la Salette, lieu devenu célèbre situé en la commune de Corps dans les Alpes (chef-­lieu de canton de l'arrondissement de Grenoble), la Vierge apparut à deux enfants le 19 septembre 1846. La nouvelle se répand très vite et un pèlerinage est organisé qui, rapidement, attire des foules considérables. D'autres sanctuaires naîtront au fil du temps dans divers endroits de France, dans les Alpes, mais aussi dans l'Ouest, en Bretagne et en Normandie notamment. (…)

    Dans le Calvados, au Breuil‑en‑Bessin (canton de Trévières), un groupe des trois personnages est présenté dans l'église Notre­-Dame de l’Assomption. Mais le culte n'y revêt pas l'ampleur des pèlerinages de Vindefontaine et les visites individuelles n'y connaissent pas la même fréquence. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    BUCÉELS :

    “ Chapelle des Soldats de 1870, vers 1897, Les Hamelets : Au-dessus de la grotte servant de monument aux morts se dresse cette chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Lourdes et surplombée par un calvaire, situé sur un promontoire, érigé à la suite des apparitions de la Vierge à Tilly-sur-Seulles. La chapelle est léguée à la commune par un abbé sous certaines conditions, notamment qu'elle honore les soldats de la guerre de 1870. Elle est ornée de peintures, de vitraux, de clochetons, de statuettes, d'un saint Georges tuant le dragon, d'une Vierge Marie et d'une inscription, “ Priez pour nos soldats ”. Le site est vite renommé pour sa grande fête et ses pèlerinages.

    Grotte, 1920       : Dans la descente qui suit l'église, cette grotte     borde la route au bas d'un terrain en pente. Une inscription gravée sur l'autel indique qu'elle est un hommage de “ la commune reconnaissante à ses enfants morts pour la France ”. Elle abrite des statues, des obus, une tombe avec une croix blanche et un casque de poilu peint en bleu horizon. Les noms des victimes militaires de la Première Guerre mondiale et de la Seconde Guerre mondiale y figurent, ainsi que ceux de quatre victimes civiles de 1944. ”

    In Le Patrimoine des Communes du Calvados, Tome 1, Flohic Editions 2001.

     

     “ Notre‑Dame de Lourdes : Il n'est guère d'églises normandes qui ne possèdent une statue de Notre-Dame de Lourdes, et guère de statues qui ne reçoivent les invocations des uns ou des autres. Il est des sanctuaires qui sont garnis périodiquement de fleurs. Quant aux cierges, témoignages d'un voeu, ils brûlent presque constamment en maints lieux. A côté de ces manifestations de fidélité, on rencontre des reconstitutions de la grotte de Lourdes qui attirent de nombreux pèlerins.

    Dans le Calvados, à Bucéels (canton de Balleroy), un monument original, situé au lieu‑dit “ Les Hamelets ”, a été placé sous le vocable de Notre‑Dame de Lourdes. il comprend notamment une chapelle élevée en l'honneur des soldats morts à la guerre de 1870. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    CAEN :

           “ Notre‑Dame de Protection : La Vierge Marie est quotidienne­ment priée sous ce vocable en l'égli­se Saint‑Jean de Caen. Les votives allumées en nombre sont les témoins des manifestations de foi et des di­verses demandes des pèlerins. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    CAIRON :

    “ Statue de la Vierge Notre-Dame du Marais, Fin du XIXe siècle en fer (130 x 50 x 30 cm) Chemin Notre Dame du Marais : Cette Vierge à l'Enfant, érigée à l'extrémité du bois de Cairon, dans ce qui reste des marais, est relativement excentrée du village. Son emplacement est rapporté à une légende. Selon la version la plus fréquente, un bouvier aurait été victime d'un orage et de pluies torrentielles et, alors que lui et son bétail allaient être ensevelis, la Vierge leur serait apparue et les aurait sauvés. Ce récit a une part de vraisemblance si l'on se réfère aux commentaires de Gaston Le Hardy dans ses Traditions et Monuments d'une paroisse de la plaine de Caen, de 1869, où il signale que le Vey, ce ruisseau qui coule à quelques mètres de la statue, était sujet à des crues subites et quasi périodiques. Lorsque “ les vitouards montaient ”, selon l'expression du pays, c'était un signe de cherté et de malheur. D'après ce même auteur, cette légende serait une vieille survivance du culte pour les fontaines. Les cérémonies religieuses en hommage à la Vierge du Marais, peu nombreuses, ont eu lieu certains 15 août jusqu'aux années 1970. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic Editions 2001.

     

    CARTIGNY-L’EPINAY :

    "Église St Pierre de Cartigny-Lépiney : Cet édifice du XIIe siècle a été remanié au XIXe mais aussi à des époques plus anciennes. Au sud s'ouvrait une porte aujourd'hui murée. S'y place une statue de St Nicolas datée du XVIe. On trouve aussi diverses statues du XV au XIXe siècle dont celle de St Hubert et celle de St Regnobert, incrustée de verroterie. Il est remarquable de découvrir ici une très belle Vierge Noire dite Notre-Dame de la Délivrande, en robe blanche et sujette à une très forte dévotion."

    in Églises et chapelles du Bessin de Dominique Achard ; éditions de Neustrie 1999.

     

     “ Statue de la Vierge Noire en pierre polychrome, tissu et métal doré dans l’église Saint-Pierre. Cette figure mariale, dite Notre-Dame de la Délivrande, est une des Vierges noires identifiées dans le Bessin. Ces représentations, qui tiennent une place à part dans l'iconographie chrétienne, se développent entre la fin du XIème siècle et la fin du XIIIème siècle. Malgré de multiples tentatives d'explication, leur origine demeure difficile à établir. La dévotion qui leur est consacrée pourrait s'inscrire dans le cadre de l'héritage antique et de la tradition celtique, ces Vierges étant toujours associées à des lieux de cultes souterrains. Il est certain, en revanche, que la couleur noire des traits est due à un choix des artisans, presque toujours anonymes. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    CORMOLAIN :

    “ A Cormolain (canton de Caumont-l'Eventé), la grotte de Notre-­Dame de Lourdes (aussi appelée grotte de Saint‑Laurent, sans doute parce que ce saint guérisseur du zona est invoqué dans l'église Saint‑André) est importante. La statue de Notre‑Dame, placée dans une excavation supérieure, est entourée de nombreux ex‑voto, autant de témoignages de confiance et autant de remerciements. Les pèlerins viennent nombreux le 15 août et ne manquent pas de fleurir le lieu de culte. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    CROUAY :

    “ Chapelle Notre-Dame, 1872, route de la Poste : Cette chapelle est édifiée en bordure de route “ pour sauver les pieux paroissiens de l'indifférence religieuse qui va toujours augmentant ”. Une famille aurait fait don du terrain à l'église pour remercier la Vierge Marie de sa protection lors d'une épidémie de variole. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    CURCY-SUR-ORNE :

             “ Chapelle de la Métairie, fin du XIXe siècle, schiste noir et rouge : Édifiée en 1870 à une croisée de chemins, la chapelle de Marie est substituée à la Croix de la Métairie, simple croix en pierre ruinée. Dédié à Notre-Dame de Lourdes, un pèlerinage conduit chaque année au mois de mai, mois de Marie, à la chapelle. L’édicule est toujours ouvert au public. Elle est ainsi régulièrement fleurie, des cierges y sont allumés et des plaques, en guise de remerciements, sont apposées. Des ex-voto remontent à plusieurs centaines d’années. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la statue de Notre-Dame grandeur nature, suspendue au-dessus d’un modeste autel en pierre calcaire, est mise à l’abri à l’intérieur de l’église du village. Elle est ramenée solennellement en procession dan la chapelle en 1952. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic Editions 2001.

     

    “ A Curcy‑sur‑Orne (canton d'Evrecy), une chapelle Notre‑Dame de Lourdes est érigée en lieu et place d'une ancienne croix. A l'intérieur, la statue de Notre‑Dame est entourée de fleurs apportées par les pèlerins individuels car les visites sont quotidiennes. Les cierges, les ex‑voto sont autant de témoignages du passage que des demandes fort diverses émanant des visiteurs. Un pèlerinage suivi par de nombreux fidèles est organisé chaque année. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    DONNAY :

    “ Grotte de Donnay, 1885 en schiste : La grotte est construite par Mme Fossé, châtelaine de Donnay avec des pierres du Mont Joly et l'aide des habitants de la commune, à la suite d'un voeu. Elle promet de faire édifier cette grotte si son fils quitte l'armée, ce qu'il fait pour devenir curé. Cette grotte, avec ses deux étangs de chaque côté, fait référence à Lourdes. Avant la Seconde Guerre mondiale, un pèlerinage rassemble en mai jusqu'à 5 000 pèlerins venant à pied en portant la bannière de différentes communes. Aujourd'hui, une messe est célébrée tous les ans au mois de mai. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    DOUVRES-LA-DELIVRANDE :  

             "Le sanctuaire de La Délivrande est très ancien. Il aurait des origines païennes. A l'époque gallo-romaine un temple païen consacre à la Déesse-Mère aurait existé entre Douvres et Luc. La découverte d'une Déesse-Mère, que nous relatons dans l'histoire de Saint-Aubin, semble confirmer cette hypothèse. Un premier sanctuaire de La Délivrande aurait existé au VIIe siècle. Cette première chapelle fut détruite par les "Normands" deux siècles plus tard. A cette place Beaudoin de Reviers, Vicomte de Douvres, fit construire, en 1150, une nouvelle chapelle au même emplacement, là où le mouton avait gratté le sol et fait découvrir la Vierge Noire miraculeusement échappée à la destruction du premier sanctuaire. Il en reste deux arcs romans en plein cintre décorés de zigzags et de frettes crénelées. Ils ont été apposés sur le mur extérieur de la propriété des Missionnaires, au carrefour de l'avenue de la Basilique et de la route de Cresserons à La Délivrande. Pendant la guerre de religion la statue fut brisée par les Huguenots. Le "Chapitre" remplaça la statue, par une autre, en 1580. Elle fut retrouvée à Caen par deux religieuses dans un débarras de la Préfecture. Elle a été sauvée à la fermeture du sanctuaire à l'époque de la Révolution.   Le sanctuaire vendu bien national, racheté par le maire de Luc, fut transformé en grenier à grains.   Le calme revint enfin! Entre 1852 et 1872 la chapelle romane fut progressivement détruite pour permettre sur le même emplacement la construction de la Basilique actuelle. L'architecte a utilisé les soubassements de la chapelle romane. Au cours de ces travaux des pièces très anciennes furent trouvées par des ouvriers creusant le sol. Sous un mur très calciné bâti lui-même sur des pierres de construction antérieure, il a été notamment trouvé une poterie ancienne contenant 1000 pièces à l'effigie d'empereurs romains et d'impératrices. Elles datent de 244 a 350. La Basilique actuelle : La basilique de Notre-Dame de la Délivrande est un édifice en forme de croix latine construit sur les plans de l'architecte Jacques Barthélémy. Le clocher méridional fut achevé en 1855, le monument terminé en 1878. L'ensemble de l'édifice a été construit dans le style ogival du XIIIe siècle, la crypte de style roman du XIIe siècle. La nef est bordée, de chaque côté, par trois chapelles. Le chœur terminé par une abside est entouré d'un déambulatoire. L'édifice décoré de balustrades et de clochers tous finement ajourés est très beau. Le clocher sud est massif et austère, le clocher nord plus léger et plus ajouré. La niche de la statue miraculeuse est formée d'une partie inférieure en marbre de Carrare (sculptée par Bisson de Langrune) et d'une partie supérieure décorée d'une flèche, de clochetons et de statuettes. Le maître-autel, en marbre de couleurs différentes, présente trois bas-reliefs. Chaque époque a son intérêt. La somptuosité, présidant à la réalisation de l'édifice et des œuvres et objets d'art qu'il renferme permet de mieux juger le XIXe siècle. La foi et la dévotion mariale affaiblies par l'invasion des pirates païens : les Vikings, cette fois se réveilla un siècle plus tard sur la terre de Neustrie devenue terre normande. La Vierge Noire attira de nombreux pèlerins, dont le roi Louis XI, Gaston d'Orléans. De nombreux dignitaires et prélats, des poètes, dont Victor Hugo, vinrent en pèlerinage à la Délivrande. La Délivrande fut non seulement un pèlerinage local où affluaient les paysans, les pêcheurs, mais aussi ceux qui voulaient se mettre sous la protection de la Vierge Noire. Il était devenu un grand pèlerinage marial. Beaucoup de guérisons, beaucoup de miracles furent attribués à cette vierge. En 1832 de nombreux cas de choléra avaient tué beaucoup d'habitants de Caen et de Douvres. La statue fut sortie de son ogive, promenée au travers de la ville. L'épidémie cessa. Le couronnement de la Vierge fut célébré en 1872 devant plus de 20.000 normands. Chaque année l'anniversaire du couronnement est célébré."

    in La Côte de Nacre et son arrière pays par Yvonne Bocquel (1982).

     

             Voici ce que raconte Fossard, un chroniqueur qui a rapporté la tradition locale concernant l'origine du pèlerinage de la Délivrande, dans un opuscule daté de 1642 : "En ce temps-ci vivait un Seigneur nommé Beaudouin, comte du Bessin, qui se tenait en sa baronnie de Douvres, de l'évêché de Bayeux. Le berger duquel Seigneur aperçoit que l'un de ses moutons, par plusieurs fois, se retirait du troupeau et courait en un lieu auprès de la pâture. Là, de pied et de cornes, frappait et fouillait la terre ; puis, étant las, il se couchait à la place même où est l'image de la Vierge en la Chapelle de La Délivrande. Le mouton ne prenait aucune nourriture et était néanmoins le plus gras de la bergerie. Le comte, croyant que ce lui était un avertissement du ciel, accompagné de sa noblesse et d'un saint ermite, se transporta sur le lieu, avec le peuple qui y courut des lieux circonvoisins. Il demanda de parachever la fosse que le mouton avait commencée ; on y trouva l'image de Notre-Dame". Et c'est alors que, sur ces lieux, on bâtit, vers 1100-1140, la Chapelle qui devait subsister jusqu'au siècle dernier."

    in N.D.de la Délivrande, Brochure de la Basilique (1983).

     

             ""Dame qui délivre", la Vierge Marie le fut, par exemple, pour ce pèlerin du XVIe siècle qui retrouva ici l'usage complet de sa liberté. Grâce insigne qui justifia une enquête de l'autorité diocésaine, en date du 7 février 1526 : Un marchand de Normandie, fait prisonnier sur mer par les Turcs et chargé de fers, gémit dans un dur esclavage. Il prie Notre-Dame : "Si j'obtiens de vous ma délivrance, je vous promets, aussitôt que je serai sorti de cette dure prison, d'aller visiter le temple que l'on vous a consacré sur le territoire de Bayeux, dans un lieu appelé la Délivrande". Après cette prière, il s'endort, entouré des gardiens de la prison. La nuit est orageuse. Tous sont plongés dans un profond sommeil. Subitement le captif est réveillé par le bruit qu'ont fait ses fers en tombant ; il est seul à s'en apercevoir. Libre, il trompe la vigilance de ses geôliers et prend la fuite. Cependant son cou est encore entouré d'un lourd carcan auquel sa chaîne avait été attachée ; nul effort humain ne peut l'en délivrer. Malgré cela, il se rend à la chapelle de La Délivrande et dit sa reconnaissance. Puis, prosterné devant la statue de Marie, il la conjure en pleurant de le délivrer complètement. Il a à peine terminé sa prière que le carcan s'ouvre avec bruit et se détache de son cou. Le pieux pèlerin remercie et suspend ses chaînes auprès de la statue (Ces chaînes sont aujourd'hui conservées dans un écrin, accroché dans le transept nord de la basilique). Celui qui rapporte le fait était un chanoine du Chapitre de Bayeux, Antoine Solier. Il le fait dans un opuscule daté de 1548, à une époque où la contestation, par les Réformés, de l'intercession de Marie imposait aux apologistes de ne citer que des faits notoires et incontestables."

    in N.D. de la Délivrande, brochure touristique (1983).

     

             "Antoine Solier, ce chanoine de Bayeux dont nous avons parlé déjà, était venu dans la ville épiscopale en même temps que s'y installait l'évêque-diplomate italien Louis de Canossa. Or ce prélat était lié avec le célèbre humaniste hollandais Erasme. Il pensait même le faire venir s'établir à Bayeux. C'est ainsi que notre chanoine fut amené à discuter certaines thèses d'Erasme et qu'il écrivit, en 1548, un ouvrage intitulé "Opusculum de veneratione et invocatione Sanctorum". Dans ce livre, il parle du culte des Saints et aussi des miracles dus à leur intercession, dont les deux grâces obtenues par l'intermédiaire de Notre-Dame de la Délivrande. Les voici : Un marchand normand fut fait prisonnier par les Arabes. Il promit, s'il était délivré, de se rendre en pèlerinage à Notre-Dame de la Délivrande. Libéré, il alla accomplir son voeu et déposa ses chaînes et son carcan brisés aux pieds de la statue vénérée. Sur le fait de sa libération inespéré et inattendue, se greffèrent des détails qui touchent au merveilleux : gardes endormis, carcan qui s'ouvre, etc... (Il est difficile de faire la part de l'historique et du légendaire). Et l'on eut ainsi un récit traditionnel inséparable de la visite du sanctuaire et illustré par la vue du carcan et des chaînes, témoins toujours visibles de son action de grâces. L'évènement qui sert de base à ce récit doit être du XIIIème siècle. Il faut croire que la conversion d'un avare est un évènement bien rare puisque lc chanoine cite comme un autre miracle la conversion d'un homme égoïste et avare qui gardait en son grenier son blé comme de l'or alors que sévissait une terrible disette. Mais, en masse, des rats avaient fini par repérer l'aubaine et un soir que notre homme entrait pour contempler son bien, il se vit environné puis attaqué par ces rats et fut pris d'une frousse salutaire qui le conduisit lui-même, et plus tard ses descendants, aux pieds de Notre-Dame... et certainement lui fit aussi ouvrir ses greniers aux affamés. On se doute que cette pieuse aventure se prêtait également à merveille à toutes les broderies et illustrations dont ne devaient pas se priver les narrateurs devant leur auditoire attentif et amusé. Mais ce ne sont là que deux faits parmi d'autres, dont certains bien établis en des époques plus récentes (guérisons de muets d'aveugles). Regrettons une fois de plus que les destructions des Guerres de Religion et la mise à sac des parchemins à la Révolution nous aient privés d'autres narrations précises avec les noms, dates, et lieux."

    in Histoire de Douvres la Délivrande jusqu'en 1870 par l'abbé Jean Marie (1987).

     

             1826 : "Cette année là, une personne de Gavrus, Madame de Jumilhac, malade depuis deux ans et condamnée par les médecins, obtient de sa famille qu'on la transporte à La Délivrande. Au cours de la messe dans la Chapelle, elle peut subitement se lever, alors qu'elle était alitée depuis des mois ; quand elle rentre chez elle, elle est complètement guérie. Cet événement met le Père Saulet en contact avec sa famille, et particulièrement avec sa soeur, Henriette d'Osseville. Guidée par lui, cette dernière se prépare à la vie religieuse et fonde, en prenant le nom de Mère Sainte-Marie, la congrégation de la "Vierge Fidèle" pour l'accueil et l'éducation des orphelines. Le tympan du portail nord de la Basilique perpétue le souvenir de cette guérison et de cette fondation. Aujourd'hui, les "Soeurs de N.D. de Fidélité" sont toujours à La Délivrande, mais aussi en plusieurs régions de France, en Belgique, en Angleterre, en Suisse, en Italie ; elles s'y consacrent surtout à l'enseignement et à l'éducation. Après être allées en mission à l'île de la Dominique (1857-1934) et en Guinée (1953-1967), elles sont depuis 1970 au Zaïre. (...)

    Un autre tympan de la Basilique, celui du parvis, garde le souvenir d'un autre fait extraordinaire de La Délivrande : la cessation subite du choléra en 1832. Cette année là, l'épidémie qui fait des ravages en Europe et en France atteint la région normande. A La Délivrande, on dénombre en quelques semaines 83 morts ; presque toutes les familles sont atteintes, les gens se réfugient sous des tentes dans la campagne... C'est alors que s'impose peu à peu l'idée de recourir à la "Bonne Mère" par une procession exceptionnelle où serait portée dans les rues de la bourgade la Statue de la Madone. L'évêque autorise cette procession : elle a lieu dans l'après-midi du 15 Août. Près de deux mille personnes y participent ; les malades, sur le pas de leur porte ou à leur fenêtre, s'y associent. Quelques jours après, le Docteur Liégard, un médecin de Caen, que le Préfet avait chargé de suivre l'épidémie de choléra à La Délivrande, peut écrire dans ses rapports à l'administration et à l'évêque : "L'épidémie s'est arrêtée presque tout-à-coup, le mercredi 15, après la procession qui eut lieu dans l'après-dinée... Ce qui m'a paru le plus digne d'attention, c'est la rapidité et la sûreté avec lesquelles la convalescence a marche chez nos malades. Point de nouveaux cas, et parmi les quarante convalescents aucun n'a éprouvé de rechute. Tous ont été rendus en peu de jours à leurs occupations ordinaires...""

    in Brochure Touristique de la Basilique 1983.

     

             "Alors que l'orage était passé sans dégâts, en 1832 une immense épreuve, qui fit des milliers de victimes, s'abattit sur la région de Caen : le choléra. Il apparut à la Délivrande le 8 juillet ; rien que pour cette ville, le l5 août, 75 personnes étaient mortes. Toutes les familles étaient touchées ; on quittait le bourg ; on campait dans La Fossette (vers Cresserons). A la demande de la population, l'évêque autorisa une sortie solennelle de la statue vénérée. La foule, confiante, était revenue : elle chantait, suppliait, criait sa prière. Cinquante malades étaient sur le parcours. Ce fut le miracle, car il n'y eut plus, dès ce moment, aucune mort (avant 1866), même s'il y eut encore des personnes alitées. A tel point, que des habitants d'autres paroisses vinrent se réfugier en ce havre de salut". Un médecin de Caen, chargé par le Préfet de faire une enquête put écrire : "L'épidémie s'est arrêtée presque tout-à-coup le Mercredi 15 août après la procession... Point de nouveaux cas, et parmi les quarante convalescents aucun n'a éprouvé de rechute. Tous ont été rendus en peu de jours à leurs occupations habituelles". Une sculpture, sur le tympan Sud de la basilique, rappelle ce miracle bien connu. Un autre fait moins notoire allait réjouir les personnes pieuses. L'archevêque de Paris, Mgr de Quelen (que l'on affirme apparenté aux descendants de Beaudoin de Reviers) était venu à la Délivrande prier pour la conversion de Charles de Talleyrand-Périgord, ex-évêque d'Autun, ancien ministre des Relations Extérieures, grand chambellan et prince de Bénévent sous l'Empire, enfin ministre de la France au Traité de Vienne. Et voilà que celui, dont on disait, à tort ou à raison, qu'il avait trahi tout son monde, allait "tromper même le Diable". Ce cynique illustre personnage fit, avant sa mort, publiquement, une rétractation de toute sa conduite et morale. Une inscription sur la "brebis retrouvée" rappelle cette grâce dans le parc de la Vierge-Fidèle."

    in Histoire de Douvres la Délivrande jusqu'en 1870 par l'abbé Jean Marie (1987).

     

    “ Basilique Notre-Dame-de-la-Délivrande, en calcaire édifiée de 1855 à 1878 ; Architecte : Jacques Eugène Barthélemy, Place de la Basilique : En 1854, le Père Saulet, supérieur des Chapelains du Pèlerinage de La Délivrande et fondateur des communautés religieuses de la Vierge fidèle et de la Sainte-Famille, décide de remplacer la chapelle, édifiée par Baudouin de Reviers, par un édifice plus important. Le choix iconographique des tympans, œuvre du sculpteur Fulconis, résume le développement de la ferveur populaire pour le culte de la Vierge. Sur le portail principal est représentée la fondation au VIIème siècle du pèlerinage par Régnobert, évêque de Bayeux, et la découverte de la statue primitive au début du XIIe siècle. Les choix iconographiques retenus pour les tympans de deux des trois portails, œuvres du sculpteur Fulconis, résument le développement de la ferveur populaire propre à ces lieux : “ la sanction de saint Régnobert ”, qui marque l'origine du pèlerinage au VIe ou VIIe siècle, et sur le porche sud, “ la procession du choléra ”, entreprise le 15 août 1832 par les habitants de la Délivrande qui s'en remettent à la Vierge pour juguler la terrible épidémie déclenchée à Paris, la même année. Les vitraux, détruits lors du débarquement, ont été remplacés. L’ensemble du mobilier liturgique néogothique abrité dans l'édifice a été réalisé par des artisans de la région. En 1895, l'église est érigée en basilique. (CL. M. H. 1975) […]

    Ex-voto : vers le XIIIe siècle en fer, Basilique Notre-Dame-de-la-Délivrande : Ces chaînes ont été déposées aux pieds de la statue de la Vierge Noire par un marchand normand. Fait prisonnier par des pirates des mers et emprisonné par eux dans un pays lointain, il promet à la Vierge de La Délivrande de se rendre en pèlerinage dans sa chapelle s'il obtient sa libération. Délivré, il dépose ses chaînes de prisonnier en ex-voto pour la remercier d'avoir accompli son vœu. […]

    Statue miraculeuse (Vierge noire), 1580 en calcaire polychrome, (H. : 129 cm), Basilique Notre-Dame-de-la-Délivrande : La statue miraculeuse de la Délivrande est l'une des rares Vierges noires normandes, alors qu'il en existe de nombreuses en France et en Europe occidentale, sur les routes de pèlerinage. Probablement exécutée dans la région, elle remplace une statue plus ancienne, détruite par les protestants en 1561, et constitue un très bel exemple de statuaire populaire. Une autre statue équivalente se trouve dans le village de Meuvaine, dans le Bessin. L'origine des sanctuaires mariaux se confond avec les lieux de culte païens dédiés aux déesses mères. Une hypothèse est avancée selon laquelle la couleur noire des chairs de la Vierge et de l'Enfant proviendrait de l'influence des cultes orientaux, notamment autour des déesses Cybèle et Iris, importés par les légions romaines en période pré-chrétienne. Cette statue est couronnée à Rome en 1872. Depuis cette date, le jeudi qui suit chaque 15 août, une grande fête rassemble des centaines de pèlerins dans le village. […]

    Manteau sacerdotal : Fin du XIXème siècle en soie beige et fil d’or et d’argent, Musée des manteaux de la Vierge,  Basilique Notre-Dame-de-la-Délivrande : Le père Picot, supérieur des missionnaires de La Délivrande de 1861 à 1886, fait réaliser pour la statue de la Vierge miraculeuse une robe et un manteau de drap d'or. À partir de bijoux offerts par les fidèles normands, une couronne pour la Vierge et pour l'Enfant sont fondues et ciselées par des orfèvres parisiens implantés à Tailleville. La Vierge est ainsi habillée pour sa présentation à Rome le jour de son couronnement en 1872. Depuis lors, 24 costumes ont été offerts, parmi lesquels celui envoyé par Marie-Antoinette ou celui de l'atelier de haute couture de Nina Ricci. Ils sont regroupés dans un musée disposé dans une aile de la basilique, qui conserve également de nombreux objets de culte, dont des habits sacerdotaux. La Vierge est habillée suivant la liturgie. Ainsi, le vendredi saint revêt-elle un manteau de velours violet, évoquant le deuil. […]

    Ex-voto : début du XXe siècle en bois peint et tissu, Basilique Notre-Dame-de-la-Délivrande : Exposée dans une chapelle latérale de la basilique, cette maquette de bateau a été offerte par des pêcheurs de Port-en-Bessin, en reconnaissance de la protection dont a bénéficié le mousse du chalutier Stella maris au cours d'une tempête en mer. Louis XI, lors de son pèlerinage en septembre 1470, est attristé devant l'état de la chapelle, “ preste à tomber en ruine ”, mots qu'il aurait prononcés selon l'abbé Jean. Le souverain offre alors, entre autres, 16 maquettes de bateaux en cire, en souvenir des 16 navires flamands capturés par les escadres unies de l'amiral Louis de Bourbon et de l'Anglais Wornick à l'embouchure de la Seine. ”

    In Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic Éditions 2001.

     

    “ Douvres : chapelle-église de Notre-Dame-de-la-Délivrande. C'est un des grands pèlerinages normands. Nous avons signalé plus haut son origine légendaire. Une image populaire d'Epinal nous montre, parmi cinq pèlerins en prières devant la statue de la Vierge, un marin avec son cierge. La scène est accompagnée du texte de trois cantiques. Un des couplets de l'un d'eux s'exprime ainsi :

    Battu des flots, vain jouet du trépas, La foudre grondant sur sa tête,

    Le nautonnier se jette dans ses bras, L'invoque et voit fuir la tempête ;

    Tel le chrétien, sur ce monde orageux, Vogue toujours près du naufrage,

    Mais à Marie adresse-t-il ses voeux Il aborde en paix au rivage. ”

    In Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par Dr. Jean Fournée, Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, n° spécial des cahiers Léopold Delisle 1973.

     

    “ Dans L'Hermite en Province, t. VIII, publié en 1827, l'aeadémicien E. Jouy a consacré une page aux ex-voto de la chapelle de La Délivrande (Douvres-La Délivrande) :

    “ De petits vaisseaux avec tous leurs agrès, des murs de fer blanc, de vieilles béquilles, des jambes et des bras moulés en cire ou sculptés en bois, sont appendus aux voûtes de ce petit temple. On y remarque un cadenas offert à la Vierge par un voleur très dévôt. Pour prouver son innocence, le saint personnage demanda à être conduit devant la statue de Notre-Dame, en l'honneur de laquelle il fit célébrer une messe, et, au moment du sacrifice, le cadenas qui retenait ses fers s'ouvrit et tomba de lui-même. Le juge d'instruction de ce temps-là ne résista pas, dit-on, à une pareille preuve, et l'accusé fut mis en liberté aux acclamations de la multitude ”.

    Il conclut : “ Tous ces ex-voto rappellent plutôt les traditions du paganisme que le culte épuré du Christ ”.

    Mais l'auteur, avec l'indulgence ou la sénilité du vieux “ philosophe ” qu'il prétendait être, estimait qu'il lui était permis de “ passer quelque chose à des hommes peu éclairés et placés chaque jour en présence du danger ” (op. cit., pp. 289‑290). ”

    In Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par Dr. Jean Fournée, Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, n° spécial des cahiers Léopold Delisle 1973.

     

    “ Il faut remonter au Moyen Age pour trouver l'origine du culte rendu depuis des siècles à Notre‑Dame de la Délivrande. Le pèlerinage de Douvres‑la‑Délivrande remonterait, en effet, au VIe ou au VIIe siècle. A cette époque très lointaine, un berger aurait été intrigué par l'obstination d'un de ses moutons à gratter la terre au même endroit. On aurait alors creusé le sol et l'on aurait extrait une statue d'une Vierge noire. Naturellement, une vénération naît spontanément et le seigneur de l'endroit fait édifier, pour répondre à un élan personnel, à un vœu général et à une logique de croyant, une chapelle. Un pèlerinage qui attire de très nombreux fidèles venus de toute la région s'instaure tout de suite. Mais l'édifice souffre beaucoup au moment des guerres de Religion et de la Révolution. Il n'est pas remis en état. Aujourd'hui, il ne subsiste que des vestiges conservés pour justifier l'ancienneté des ferveurs.

    Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, une basilique remplace cette chapelle initiale. La construction est très imposante et de belle facture. A l'intérieur, la statue de la Vierge noire est habillée, mais en respectant l'ordre des cérémonies de la liturgie romaine. Sur l'ensemble des murs intérieurs, des ex‑voto par milliers témoignent d'une fidélité et des actes de reconnaissance pour des grâces accordées àla suite d'invocations personnelles.

    Les pèlerins viennent journellement se recueillir dans le sanctuaire de cette Vierge noire ou solliciter une intervention en faveur d'un malade ou pour régler un problème délicat. Car la Vierge de la Délivrande écoute tous les appels quels qu'ils soient.

    Dans la basilique, on ne peut manquer de remarquer le coffret vitré placé au pied de la statue et renfermant des chaînes. Ce sont, affirme-t‑on, des chaînes déposées par une victime de pirates des mers. Prisonnier enchaîné, il aurait fait le voeu de venir prier Notre‑Dame de la Délivrande en son sanctuaire s'il se sortait de ce mauvais pas. Non seulement il tint parole, mais il déposa ses chaînes en guise de reconnaissance.

    Un pèlerinage très important a lieu tous les ans, le jeudi suivant le 15 août. Il attire une foule considérable. Ce jour‑là, la statue, habillée comme il se doit, figure en tête de la procession.

    L’ex‑voto déposé par le marchand captif des pirates et libéré pourrait laisser croire que le nom de Délivrande viendrait de “ délivrance ”. Dans la réalité, il semble bien que, à l'origine, le nom Délivrande était formé sur “ d'Yvrande ” (il existe d'ailleurs une commune du département de l'Orne du nom d'Yvrandes), sans relation avec une quelconque idée de délivrance. L’évolution aurait pu être “ d'Yvrandes ” ou “d'Ivrande(s) ”, puis “ Délivrande ” sous l'influence vraisemblable du très voisin “ délivrance ”.

    Quoi qu'il en soit, il nous paraît souhaitable d'opérer une distinction en Notre‑Dame de la Délivrande et Notre-­Dame de la Délivrance, invoquée, en Normandie, dans d'autres lieux.

    Par exemple, dans le Calvados, à Anctoville (canton de Caumont-l’Eventé) et à Castillon (canton de Balleroy), les églises Saint‑Nicolas et Saint‑Cassien, respectivement, présentent un autel dédié à Notre‑Dame de la Délivrande que des pèlerins viennent invoquer comme on le fait à la basilique désignée ci‑avant. Mais, au Molay‑Littry (canton de Balleroy), c'est Notre‑Dame de la Délivrance que l'on sollicite lors des pèlerinages. De même à Saint‑Julien‑de­-Mailloc (canton d'Orbec) où existe une chapelle dédiée à la Vierge en remerciement de son aide lors de la libération du joug des Anglais pendant la guerre de Cent Ans. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    ÉPRON :

             “ Notre‑Dame de la Paix : Dans le Calvados, on peut la prier à Épron (canton de Caen), dans l'église paroissiale reconstruite après la dernière guerre. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    EQUEMAUVILLE :

    “ Chapelle Notre-Dame-de-Grâce, entre 1000 et 1615, Côte de Grâce : Cette chapelle est précédée par un premier édifice construit par Richard II, duc de Normandie “ avant l'an 1023 ”, en remerciement à la Vierge qui l'aurait sauvé d'une violente tempête. Un glissement de terrain, au milieu du XVe siècle, cause sa destruction, à l'exception du mur où est adossée la statue. La nouvelle chapelle est construite davantage en arrière, sur un terrain donné par Mlle de Montpensier. Sa façade est précédée par un porche semi cylindrique percé en plein cintre de trois arcades, qui rappelle l'art roman. (Cl. M. H. 1938)

    De nombreux     ex-voto - maquettes, plaques de marbre ou tableaux - rappellent le         passage dans cette chapelle de nombreux personnages illustres, notamment Pierre Berthelot. Ce dernier, dit “ Pierre Denis de la Nativité ”, est né à Honfleur en 1000. Engagé dans la marine à 12 ans comme mousse, il vient souvent prier Notre-Dame de Grâce entre 1608 et 1619, date à laquelle il part      pour les Indes orientales où il devient pilote en chef de la flotte portugaise. Entré dans les ordres religieux à la Noël de 1635, il tente d'évangéliser les musulmans d'Aceh. Fait prisonnier, il est martyrisé en 1638. ”

    In Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic Editions, 2001.

     

    ESSON :  

             "La chapelle de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle dont fait mention la légende du Corps Nu, située sur la colline qui domine Caumont-sur-Orne est difficile d'accès. Le chemin qui y mène se révèle rude. C'est pourtant ce chemin que doivent gravir les jeunes filles qui ne veulent pas coiffer Sainte-Catherine. Pour obtenir satisfaction et trouver rapidement un beau soupirant, elles doivent affronter une épreuve assez difficile : gravir la pente à reculons. Mais, dit-on, la méthode est efficace."

    in Légendes de Basse-Normandie d'E. Colin (1992).

     

    ÉVRECY :

             “ Statue de la Vierge Noire du XIXème siècle sur la D 41 : Cette statue est érigée après la guerre franco-allemande de 1870 par la châtelaine d’Évrecy, fidèle à sa promesse d’honorer la sainte Vierge si l’ennemi ne franchissait pas les portes du bourg. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic Éditions, 2001.  

     

    FALAISE :  

             "Ce ne serait pas connaître entièrement Falaise que de ne pas visiter le faubourg de Guibrai. Notre guide nous conduisit sur le champ de la fameuse foire à laquelle ce faubourg a donné son nom. "La foire de Guibrai, dit-il, est pour le nord de la France ce que celle de Beaucaire est pour le midi. Vous avez du l'entendre citer pour le commerce considérable de chevaux que l'on y fait. Il n'est pas rare qu'on en vende au-delà de quatre mille et on estime que la somme totale des transactions que l'on y passe s'élève à six ou sept millions. La foire aux chevaux commence le 8 août, huit jours avant celle des marchandises, qui n'ouvre que le 15 du même mois après-midi. J'ai cru apercevoir que vous n'aimiez pas les origines obscures, mais rien n'est plus clair ni mieux établi que l'origine de cette foire. Tout le monde sait qu'elle est due à la découverte miraculeuse que fit un mouton de la statue de la Vierge. Pour constater le prodige et loger la statue, on construisit une chapelle qui attira bientôt au 15 août de chaque année, jour de la fête principale de la Vierge, un grand concours de pèlerins et en même temps de marchands d'images et de chapelets. Avec l'aide de Dieu, la protection de Guillaume-le-Conquérant et le développement de l'industrie, la chapelle devint une grande église, et la vente des choses profanes succéda à la vente des choses saintes. Quant au nom de Guibrai, il viendrait d'une contraction des mots sous lesquels on désigna, dans le principe, la statue miraculeuse. On l'appelait en effet "la Notre-Dame qui brait", par allusion à la manière dont elle avait été découverte. (E. Jouy - 1827) "

    in Calvados géographique, économique, touristique, les Editions Nouvelles (1970).

     

             "Selon la légende, un mouton grattant le sol dans le bois de Vaux, mit à découvert une statuette de la Vierge tenant l'enfant Jésus dans ses bras. Ainsi, sur ce lieu devenu miraculeux, s'élève au VIIIe siècle une chapelle. Un pèlerinage a lieu le 15 août et chaque année il rassemble de plus en plus de pèlerins. Robert le Libéral ou le Magnifique puis son fils Guillaume le Conquérant, encouragent la foire qui s'organise autour de ce pèlerinage. Pour attirer marchands et acheteurs, ils accordent des privilèges pour le transport des marchandises. En contrepartie les retombées financières sont importantes pour le Trésor royal et pour la ville."

    in La Poste en Basse-Normandie de P. Demangeon (1995).

     

    LA FERRIÈRE-HARANG :

             “ Chapelle Notre-Dame-de-la-Ferrière-Harang en schiste, XIXe siècle dans le cimetière de l’église : Cette chapelle est érigée à l’intention des pèlerins intercédant pour la guérison de la peste. Dans la nef, deux copies du XIXe siècle d’après des originaux italiens représentent l’Immaculé Conception et l’Ecce Homo. L’autel et le retable qui l’orne sont en partie conservés du XVIIIe siècle. Dans une niche, l’ensemble représentant le Christ entouré de la Vierge et de saint Jean en bois polychrome proviennent d’une poutre de gloire. Cette chapelle est toujours un lieu de culte, la grâce divine étant désormais implorée pour remédier au chômage ou guérir les cancers. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Tome 1, Flohic Editions 2001.

     

    FIRFOL :

    “ Statue de Notre-Dame de la Paix, fin du XVe siècle et début du XVIe siècle en pierre, chemin de Rondel : Cet oratoire a été créé en remerciement de la sauvegarde de la commune lors du passage des troupes prussiennes en 1870. La statue, volée et retrouvée miraculeusement, provient de l'ancienne chapelle du prieuré Saint-Christophe. ”

    In Le Patrimoine des Communes du Calvados, éditions Flohic 2001.

     

    “ A Firfol (canton de Lisieux), un oratoire lui est consacré sur le chemin de Rondel. Il n'a pas été réalisé, comme on pourrait le penser, à la suite de la dernière guerre. Son origine remonte à 1870, mais on honorait Notre-­Dame antérieurement, vraisemblablement depuis la fin du Moyen Age. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    GRANDCAMP :

    “ Grandcamp . dans l'église, la chapelle mariale s'orne d'un vitrail moderne représentant des marins en prière devant la statue de la Vierge, et, dans le bas-côté, un autre vitrail rappelle le baptême d'un bateau portant son nom. ”

    In Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par Dr. Jean Fournée, Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, n° spécial des cahiers Léopold Delisle 1973.

     

    HEROUVILLE-SAINT-CLAIR :

    “ A Hérouville‑Saint‑Clair, une grotte attire de nombreux pèlerins. Cette grotte, aménagée au “ Petit‑Lourdes”, présente une statue de Notre‑Dame de Lourdes. Elle se situe au pied d'un sanctuaire très important dédié à Notre­Dame que de nombreux pèlerins sollicitent chaque jour. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    HONFLEUR :  

             "Pour en revenir à la Côte de Grâce, se dresse là, au-dessus de l'estuaire, la délicieuse chapelle Notre-Dame-de-Grâce qui réussit le rare exploit d'associer un tourisme effréné à un climat délicieusement intime et sincère de pèlerinage marin. On raconte que la chapelle fut fondée "avant l'an 1023" par Richard II, Duc de Normandie, qu'une intervention de la Vierge sauva d'une violente tempête, alors qu'il allait combattre Knut le Danois, roi d'Angleterre. Il est probable que plusieurs chapelles, à la nomination du Bec-Hellouin, se succédèrent depuis cette époque, toujours est-il que la falaise s'écroula en 1558 entraînant avec elle la chapelle disloquée. Or, les pèlerins s'obstinant à venir y prier, au risque de se rompre le cou, on décida d'édifier plus en arrière, sur un terrain donné par Melle. de Montpensier elle-même, une nouvelle chapelle, datée de 1606 à 1621, celle que nous voyons présentement. Elle fut alors confiée aux Capucins d'Honfleur qui la desservirent "jusqu'à la Grande Révolution" dit un vitrail. (...) Ici la Vierge est souveraine. La Vierge et la mer... N.D. de grâce elle-même se tient à l'angle nord de la croisée du transept. les quatre vitraux de la nef narrent sa naïve et longue histoire, telle que résumée plus haut, jusqu'à son couronnement solennel en 1913, au nom de sa S.S. le pape Pie X par Mgr. Lemonnier, évêque de Bayeux."

    in Randonnées et Patrimoine en Pays d'Auge, T.II de J. Lalubie (1983).

     

             "Le nom de la rue de Grâce nous remet en mémoire une touchante coutume locale. Le 31 décembre, il est d’usage que les hommes, les enfants se rendent à la chapelle de Notre-Dame-de-Grâce, à minuit. Un peu avant l'heure à laquelle commencera le Nouvel an, on se met en marche par groupe et l'on gravit au chant des cantiques le chemin rude de la cote. Minuit sonnant, les pèlerins s'agenouillent autour de la chapelle et récitent des prières. Il y a bien peu d'années encore, la chapelle était ouverte et on y célébrait la messe." in Vieilles rues et vieilles maisons d'Honfleur du XVème siècle à nos jours...

    in Le Vieux Honfleur N°2 (1900) de Ch. Bréard.

     

             "Le plateau de Grâce domine de ses 90 mètres d'altitude l'embouchure de la Seine, véritable promontoire, abritant des attaques de la mer, le port de Honfleur. Il est ombragé par les ormes que Mademoiselle de Montpensier, La Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV y fit planter il y a trois siècles. Mais l'attrait de cet endroit est la chapelle, lieu de pèlerinages très fréquenté depuis nombre d'années. L'édifice actuel, qui aurait été dressé sur un terrain appartenant Mme. de Montpensier (qui fournit même le bois de Construction entre 1600 et 1615, aurait succédé à une précédente chapelle,  détruite le 1er septembre 1538 par un éboulement du bord de la falaise, où elle se situait à l'emplacement de l'actuel calvaire. La première, donc, fut, dit-on, la conséquence d'un vœu fait que son bateau allait couler, par Richard II, duc de Normandie ou son fils, Robert le Magnifique (ou le Diable) (aucune certitude n'a pu être apportée à ce sujet par les chercheurs historiens). Promesse avait donc été faite, par ce naufrage en perdition, d'élever, s'il échappait à la mort, trois temples en l'honneur de la Vierge. Ce qui fournit (de loin) l'explication du pèlerinage, traditionnellement suivi depuis 1862, par les marins (dont Notre-Dame de Grâce est devenue la sainte patronne), chaque lundi de Pentecôte, et la présence sur les murs intérieurs d'ex-voto apposés par ceux-ci ou leurs familles. Pourtant, d'autres versions sont affirmées, concernant les motifs de cette construction mais toutes font mention de tempête, de naufrage et de voeu en cas de sauvetage. Le projet de la reconstruction de la chapelle fut lancé par un officier du Grenier à Sel, nommé Gonnier. La population approuva pleinement cette idée, et, en 1606, marins et bourgeois, de Honfleur et des environs se mirent en devoir de mener à bien cette réalisation d'abord couverte en paille, une toiture en ardoises fut posée en 1629, avant qu'en 1656 une cloche vint prendre place dans son habitacle. Dès 1615, des capucins s'installèrent dans les locaux qu'ils utilisèrent pour les services religieux jusqu'en 1790, où la Révolution ordonna la fermeture du couvent, et fit vendre l'immeuble comme faisant partie des Biens Nationaux. Mis en vente par adjudication, l'ensemble fut racheté par le maire, M. Cachin (une rue de Honfleur porte son nom en signe de reconnaissance), au nom de la ville, qui dut ouvrir une souscription publique pour régler le coût de cette dépense, trop élevée pour le budget communal. Mais, au cours des années de la Révolution, la chapelle fut l'objet de dépravations, de pillages, de l'enlèvement de toutes ses richesses, revendues par les voleurs. Seuls quelques ex-voto purent être sauvés de la disparition, auxquels, après restauration des lieux, grâce à de nombreux dons, d'autres vinrent s'ajouter par la suite. Notre-Dame de Grâce, ô Vétuste Patronne a, depuis, conservé son charme et son mystère, placée qu'elle est sous la protection de Notre-Dame d'En-Haut. Il n'y avait pas deux jours que l'équipage d'un bateau avait remis pied à terre, que les marins venaient rendre visite à Notre-Dame de Grâce pour la remercier de les avoir sauvés du danger au cours de leurs expédition lointaine, et, ainsi, leur permettre de lui rendre un hommage de reconnaissance. Reconnaissance, mot qu'on retrouve le plus souvent sur chaque ex-voto. On affirme que, leurs dévotions achevées, souvent une miniature de leur bateau placée dans une bouteille, offerte en souvenir, les marins allaient se reposer sous les grands arbres, contemplant cette mer cruelle qu'ils reprendraient dans peu de temps, avant de redescendre en ville. Parmi ces ex-voto, deux attirent plus particulièrement l'attention, un de Bonaparte, l'autre de Soeur Thérèse de Lisieux venus en pèlerinage. Une peinture d'un bateau en détresse porte l'inscription : Voeu fait à N.D. de Grâce par le capitaine Belet et son équipage sur le navire, le Saint-André, le 11 avril 1754".

    in Ports et Plages de la Côte Fleurie de Jean Bayle, éditions Ch. Corlet 1997.

     

    “ Honfleur : chapelle Notre-Dame-de-Grâce. Cette chapelle, si connue, est en réalité sur le territoire d'Equemauville. La légende veut qu'elle ait été fondée par un de nos premiers ducs, échappé miraculeusement à un naufrage et qui aurait fait voeu de bâtir, en reconnaissance, plusieurs chapelles mariales. Ce serait l'origine, non seulement de Notre-Dame-de-Grâce, près de Honfleur, mais de Notre-Dame-de-Salut à Fécamp et de La Délivrande, près de Caen. Très vénérée des marins, Notre-Dame-de-Grâce s'élève an sommet de la colline qui domine la mer, vers l'ouest.

    Une image populaire, datant probablement des environs de 1850, représente la Vierge entre deux navires, avec l'inscription : “ Notre Dame de Grâce, étoile de la mer, priez pour nous ”. Au-dessous, on voit le Christ en croix, se détachant sur un paysage maritime, deux Normandes en coiffe et quatre marins tenant un cierge. La légende s'exprime ainsi : “Tous les marins qui passent devant le Calvaire, qui est également sur la côte et qu'on aperçoit de très loin en mer, se mettent sous la protection de Marie. La nef de cette chapelle est remplie de tableaux représentant des vaisseaux sur le point de faire naufrage et miraculeusement sauvés de la tempête parce qu'ils avaient fait des voeux à Notre-Dame-de-Grâce ”. ”

    In Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par Dr. Jean Fournée, Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, n° spécial des cahiers Léopold Delisle 1973.

     

    “ A l'origine du culte rendu à Notre-Dame de Grâce on ne trouve ni apparition, ni source jaillie miraculeusement, ni découverte d'une statue enfouie dans le sol, ni surgissement d'une plante à fleur merveilleuse. La chapelle résulte de la volonté de respecter un voeu, c'est donc un acte de foi.

    La première chapelle fut, en effet, construite à l'initiative de Richard II, duc de Normandie, au début du XIe siècle (on avance une date voisine de 1023). Richard II, surpris en mer par une très violente tempête, aurait fait ce vœu et l'aurait respecté. Cette chapelle initiale, édifiée trop près de la côte, fut engloutie à la suite d'un éboulement en 1538. Elle fut remplacée par l'actuel sanctuaire dont la construction débuta en 1600 sur un terrain situé légèrement en retrait mais à environ cent mètres au‑dessus du niveau de la mer. Quant à l'attribution du vocable “ Notre-­Dame de Grâce ”, on ignore à quelle époque il fut donné.

    De la première chapelle il ne reste (encore ne peut‑on l'affirmer) qu'une statue en pierre d'une hauteur de quatre‑vingts centimètres environ, actuellement placée au‑dessus de la porte d'entrée, sous un porche. Une très belle statue de Notre-Dame tenant l'Enfant Jésus, se trouve dans la chapelle actuelle. C'est une oeuvre de grande qualité d'une hauteur de 1,60 mètre, réalisée en bois doré, datant de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe siècle.

    Notre‑Dame de Grâce fait l'objet de pèlerinages importants qui réunis des groupes français ou étrangers. Des pèlerins individuels viennent invoquer Notre­Dame en sa chapelle. On estime à nettement plus de cent mille le nombre de ceux qui, chaque année, sollicitent les bienfaits de Notre-­Dame considérée à la fois comme une protectrice (en particulier des marins et de la ville de Honfleur) et comme une guérisseuse. On lui demande de veiller sur l'avenir des enfants ou de la famille, mais aussi le rétablissement de tel ou tel malade ou de soi‑même. Le lundi de la Pentecôte on a relevé le pèlerinage pittoresque des marins portant des maquettes de bateaux. Il en résulte que la statue est entourée de lumières et que de nombreux ex‑voto tapissaient encore les murs avant les vols qui ont contraint la mairie de Honfleur (propriétaire du monument) à les retirer pour être restaurés et remis en place sous la protection d'un système de sécurité antivol.

    A l'intérieur figurent de nombreuses statues de saints (en bois) mais seuls sainte Anne (portant Marie qui porte Jésus), sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et saint Joseph sont honorés d'invocations et de veilleuses votives. La chapelle est édifiée sur le territoire de la commune d'Equemauville. On s'y rend depuis Honfleur en empruntant la route longeant la Côte de Grâce (route en assez forte pente), ou depuis Equemauville par la route départementale 62. ”  

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    HOTTOT-LES-BAGUES :

    “ A Hottot‑les‑Bagues (canton de Caumont-­l'Eventé), un oratoire présente une statue s'apparentant à celle de Notre‑Dame de Lourdes. Elle est d'ailleurs invoquée comme telle par les pèlerins. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    LANDELLES-ET-COUPIGNY / RULLY :

             “ Notre‑Dame de Consolation : Sous ce vocable, Notre‑Dame est honorée en Normandie, par exemple à Landelles‑et-­Coupigny (canton de Saint‑Sever) dans le Calvados où une chapelle lui est dédiée au début du XXe siècle. Le culte y est toujours vivant. il en va de même à Rully (canton de Vassy) dans la chapelle de même nom construite après la Grande Guerre. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    LÉNAULT :

             “ Chapelle Notre-Dame de Pitié en brique et schiste du XVIIe siècle à Marsangle : Cette petite chapelle est située à quelques mètres du pont jeté sur la Druance. La tradition veut qu’un jour, un agneau ait gratté le sol et fait apparaître une statue de la Vierge à mi-corps, représentée la tête couverte d’un voile et contemplant avec affliction son fils étendu devant elle. La chapelle est édifiée sur les lieux mêmes, et la statue remise en place n’a cessé depuis lors d’attirer de nombreux pèlerins. En 1675, elle est restaurée par le tabellion de Lénault, Gaston Sébire. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Tome 1, Flohic Editions 2001.

     

             “ Notre‑Dame de Pitié : A Lénault (canton de Condé‑sur­-Noireau), dans le Calvados, une chapelle Notre‑Dame de Pitié est édifiée an lieu‑dit “Marsangle ”. De nombreux pèlerins viennent invoquer la Vierge en ce sanctuaire construit à la suite de la découverte fortuite d'une statue de la Vierge (par un agneau). ” 

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    LION-S/-MER :

             "L'église de Lion est sous l'invocation de Saint-Pierre ; elle avait autrefois pour annexe celle de Cresserons dont le vocable était Saint-Jacques. On raconte ainsi l'origine de l'église de Lion : Un pèlerin revenait de la Terre Sainte, portant avec lui une relique qu'il avait recueillie dans un temple. C'étaient quelques gouttes du lait de la Sainte-Vierge, contenues dans une fiole de verre qu'il avait précieusement enfermée dans un sac de cuir. Il allait porter ses reliques à Notre-Dame de la Délivrande, lorsque s'étant égaré dans la campagne et harassé de fatigue, il s'arrêta à une petite distance de la mer, attacha son sac précieux à une aubépine et ne tarda pas à tomber dans un profond sommeil. A son réveil, il voulut reprendre son sac ; mais l'aubépine avait tellement grandi qu'il ne pouvait plus l'atteindre. Il prit la résolution de l'abattre avec une hache, mais le fer n'entamait pas même le tronc, qui semblait grossir à chaque coup. Les habitants de Lion, émerveillés de ce prodige coururent en avertir Eudes Ier, évêque de Bayeux, qui se trouvait à la Délivrande. Le prélat vint en toute hâte, s'agenouilla, pria et détacha sans aucune difficulté le sac qu'il remit à son propriétaire. Eudes Ier, en souvenir de ce fait mystérieux, fit construire l'église."

    in Ouistreham, Lion et Luc-s/-Mer par E. Liot (rééd. 1981).

     

    LISIEUX :

    “ A Lisieux, sur le chemin de Lourdes, une chapelle est dédiée à Notre‑Dame de Lourdes. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    LE LOCHEUR :

    “ Au Locheur (canton de VillersBocage), c'est un oratoire qui témoigne de la fidélité à Notre‑Dame de Lourdes. ”

     in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    MAY-SUR-ORNE :

             “ Notre-Dame de May est sollicitée à May-sur-Orne (canton de Bourguébus). ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    LE MESNIL-BACLEY :

    “ Prieuré du Val-Boutry, XIIe siècle : Le territoire du Mesnil-Bacley renferme le prieuré du Val-Boutry, dépendance de l'abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives. Cet établissement religieux dont l'origine paraît remonter au XIIe siècle possédait, outre des terres et des bois assez importants, une mouvance féodale sur une partie de la paroisse. Dédiée à Notre-Dame, la chapelle a été longtemps fréquentée par des pèlerins pour éviter les fièvres du lait des accouchées et aussi pour soigner le “ carreau ”, maladie infantile des intestins.

    Au-dessus de la porte d'entrée du prieuré du Val-Boutry, un vitrail relate la légende suivante : pendant la Révolution, la statue de Notre-Dame est précipitée dans la fontaine. Découverte par hasard par les moines de l'abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives, elle est rapidement l'objet d'une dévotion : pour éviter la fièvre du lait, les femmes récemment accouchées viennent prier Notre-Dame et boire deux ou trois verres d'eau à la source. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Tome 1, Flohic Editions 2001.

     

    MONTCHAMP :

    “ Grotte de Lourdes, XXe siècle : En 1903 ou 1904, l'abbé Hamon, curé de Montchamp, envoie en pèleri­nage à Lourdes une personne gravement malade. Celle‑ci en revient guérie. Labbé, qui porte une grande dévotion à la Vierge, fait aménager une grotte en témoignage du miracle. L’endroit est inauguré en 1908. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    “ A Montchamp (canton de Vassy), une grotte est réalisée à la suite d'une guérison miraculeuse obtenue à Lourdes par une habitante de la commune. Le lieu de culte attire des pèlerins qui le fleurissent régulièrement. Le mur situé sous la statue porte un certain nombre d'ex‑voto exprimant la reconnaissance de pèlerins exaucés. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    OUISTREHAM :

    “ On sait quel fut traditionnellement l'attachement des marins à la Vierge Marie qu'ils invoquaient pour les protéger dans les tempêtes et que leurs familles sollicitaient pour leur éviter de périr en mer. il n'est donc pas étonnant que des chapelles lui aient été élevées le long des côtes normandes, sous différents noms comme nous le constaterons. Nous donnerons quelques exemples connus.

    Dans le Calvados, à Ouistreham, sur le boulevard du Docteur Charles Poulain, une statue tournée vers la mer représente Notre-­Dame des Flots qui fut très largement honorée il n'y a pas si longtemps et qui ne doit pas être totalement oubliée aujourd'hui, C'est une Vierge Noire. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    OUVILLE-LA-BIEN-TOURNEE :  

             "Ainsi nommée parce que son église, contre l'usage constant des premiers siècles de l'ère chrétienne aurait été tournée du sud au nord au lieu de l'être de l'Ouest à l'est, ou, comme certains le prétendent, par reconnaissance pour Notre-Dame, qui accordait aux prières des femmes enceintes un heureux accouchement en faisant que l'enfant à naître se présentât de la manière la plus favorable dès son entrée dans le monde."

    in Légendes de Basse-Normandie d'E. Colin (1992).

     

    Là aussi il y a tout d'abord la Mère du Christ. Les futures mères vont l'invoquer à Ouville-la-Bien-Tournée, dans le Lieuvin. Dans son Histoire de Lisieux (Lisieux, 1945, t. 11, p. 457), Louis du Bois cite le texte même du Pouillé diocésain, où on lit ceci : “ Le nom de Bien-Tournée y conduit une quantité de femmes enceintes, tous les ans, qui s'y rendent en dévotion, et de fort loin, pour obtenir, par l'intermédiaire de Notre-Dame la bien tournée, un heureux accouchement ”, c'est-à-dire, ajoute l'auteur, “ pour lequel l'enfant se trouve tourné naturellement ”. ”

    Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.

     

    PONT L'EVÊQUE :  

             "Le fonds légendaire du Pays d'Auge semble beaucoup moins important que celui du Bocage ou que celui du Bessin. Or, les Augerons devaient posséder autant de légendes que les habitants des autres régions normandes, mais sans doute ne s'est pas trouvé, au moment voulu, quelqu'un pour les rassembler.

    Pour Pont-l'Evêque, j'ai recueilli un texte tiré de "Vieilles cours et vieux logis de Pont-l'Evêque" de Jean Bureau, qui concerne le nom de la place des Maisons brûlées et dont l'interprétation peut être autant celle d'un miracle que celle d'une légende. "Le feu avait pris dans le four d'un boulanger. L'incendie s'était rapidement propagé. Malgré l'intervention des habitants de la ville et des paysans de la région le feu menaçait le centre de la cité. C'est alors que la directrice du monastère des dominicaines organisa une procession au cours de laquelle deux jeunes pensionnaires présentèrent devant le feu l'image de la Sainte Vierge et récitèrent des prières.  A l'instant même la pluie se mit à tomber apportant l'aide nécessaire du ciel pour éteindre l'incendie." "

    in Légendes de Basse Normandie par Edouard Colin, éd. Corlet - L'Orne en Français (1992).

     

    PORT-EN-BESSIN :

    “ Port-en-Bessin : Caumont signale dans l'église un tableau votif représentant une tempête et l'image de la Vierge avec l'inscription : “ Voeu fait par Jean Hérard et son équipage le 16 août 1752 ”. ”

    Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.

     

    RECULEY (Le) :

             "Les usagers de la route de Caen connaissent bien la chapelle du Bocage à la silhouette élégante. Située à six kilomètres de Vire, elle est un lieu fréquenté des Bocains. Bâtie sur le territoire de la commune du Reculey au lieu-dit "La Butte aux chênes", elle tient, avec ses tours élancées, une place de choix, sur un plateau de forme élevée. Elle fut édifiée en 1875, selon le style néogothique de l'époque. A l'origine, le docteur Lecreps, médecin virois, devait en faire un lieu d'attente, une sorte d'oasis destinée à procurer aux voyageur quelques heures de repos. "J'y placerai des bancs, disait-il, parce que le voyageur viendra s'y reposer ; après avoir goûté un sommeil réparateur, il y puisera au réveil une bonne pensée." En 1828, un pèlerinage y fut fondé, dans un oratoire primitif, par le médecin virois. Le sanctuaire devint alors, lieu de recueillement et de prière, une halte spirituelle au bord de la route. A l'origine du pèlerinage, une statue de pierre (au chevet du sanctuaire) : une Vierge accueillante présentant son fils. A l'intérieur de la chapelle, une fontaine baptismale de granite (XVIe siècle). L'autel a été construit en 1951 pour abriter les cérémonies extérieures. Le fondateur y a son tombeau à droite du parvis, alors qu'à gauche, se trouve le chemin de Croix. J.-B. Lecreps : Né à Vire en 1789, le 7 juin, Jean-Baptiste Lecreps était fils d'un avocat. La Révolution incita Anne Lecreps, épouse de l'avocat, à quitter Vire pour se retirer dans une maison de campagne à Sainte-Marie-Laumont, "Le Haut-Sujet". C est là qu'elle se consacra entièrement à l'éducation de ses quatre enfants. En 1810, J.-B. Lecreps, après des études au Collège de Vire, entra à la Faculté de Médecine  de Caen, puis il monta à Paris et acheva ses études médicales dans la capitale. Pourvu du titre de docteur, J.-B. Lecreps revint à Vire où il se fixa définitivement le 10 décembre 1816. C'est surtout dans les affections cancéreuses qu'il se perfectionna. L'année 1822 fut un tournant dans la vie du docteur. Malade, il faillit mourir... Par miracle, il recouvra la santé et promit à la Vierge de lui bâtir une chapelle et c'est, en 1828, qu'il fit construire un petit oratoire en l'honneur de Notre-Dame à "La Butte aux Chênes" au Reculey. En 1825, le docteur Lecreps avait accepté la charge de médecin des hospices de Vire. En 1841, souffrant d'hydropisie, il mourut, la même année que sa mère. Son corps fut transporté, à bras d'hommes, jusqu'à la chapelle du Bocage où il repose à tout jamais. Aujourd'hui, les nombreux pèlerins qui se rendent au Reculey, ont une pensée pieuse pour le médecin qui soignait l'âme et le corps des malades, avait vocation d'être saint, et qui consacra ses deniers à bâtir une chapelle digne de Marie..."

    in Radioscopie d'un canton du Bocage : Bény-Bocage et alentours par M. Dubocq ; éditions Ch. Corlet (1985).

     

    “ Chapelle Notre-Dame-du-Bocage, XIXe et XXe siècles, en granit et calcaire à La Butte-aux-Chênes : En 1828, le docteur virois Jean Baptiste Lecreps fonde un pèlerinage à l'emplacement de l'actuelle chapelle et, en juillet, l'oratoire et la statue du pèlerinage sont bénis. En 1831, le bienheureux Maubant accomplit le pèlerinage, avant son départ en Corée. Le docteur Lecreps meurt le 10 septembre 1841, et il est inhumé près du sanctuaire. La chapelle, élevée ultérieurement à l'emplacement de l'oratoire, est bénite le 3 mai 1875, et les deux clochers sont édifiés en 1894, par M. l'abbé Vengeon. Mgr. Lemonnier, évêque de Bayeux, consacre la chapelle en 1913. Le parvis et le podium sont réalisés entre 1946 et 1947 à l'initiative de l'abbé Richomme. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Tome 1, Flohic Editions 2001.

     

    “ Sur le territoire de la commune du Reculey (canton du Bény‑Bocage), a été construite au cours des XIXe et XXe siècles une chapelle placée sous le vocable de Notre‑Dame. Ce sanctuaire se situe au bord de la route départementale 577 qui relie Vire à Caen (à quelque sept kilomètres de Vire), au lieu‑dit “ La Butte aux Chênes ”. Cette chapelle apparaît comme une construction très importante qui s’apparente à une grande église avec ses deux beaux clochers de fort belle facture. Elle a pris la place d’un modeste oratoire primitivement édifié au même endroit à l’initiative d’un médecin de Vire qui organisa un pèlerinage à Notre-Dame au début du XIXe siècle. Des travaux ultérieurs donneront à l’édifice sa forme et son importance actuelles. La chapelle Notre-Dame-du-Bocage fait toujours l’objet de pèlerinages réunissant de très nombreux fidèles. Et, quotidiennement des pèlerins se rendent à cette chapelle pour exprimer leur piété et surtout leurs demandes de secours. On invoque Notre-Dame-du-Bocage pour de multiples causes. A l’époque actuelle, les problèmes qui se posent aux hommes ayant beaucoup évolués, les sollicitations sont en conformité avec ces problèmes très divers, les maux du corps n’étant plus la seule préoccupation des fidèles ainsi qu’en témoigne le registre mis à la disposition des pèlerins. Il n’y a pas si longtemps (et sans doute cette pratique est-elle toujours en vigueur pour certains), on venait présenter les jeunes enfants atteints de gourme (impétigo). Le rite mérite d’être relevé. Pour obtenir une guérison, on demande une messe à Notre-Dame, mais selon une tradition, il ne faut pas s’en tenir là. On sème des miettes de pain blanc autour de la chapelle. Ces miettes sont destinées aux oiseaux. A la sortie de la messe, on vient constater. Si les miettes ont été mangées, le mal disparaîtra comme les miettes, mais si elles n’ont pas été mangées, on ne peut rien espérer du “ viage ” à Notre-Dame-du-Bocage. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    ROSEL :

    “ La “ Bonne Vierge ”, 1782 en Bois peint (L. : 50 cm), Route des Canadiens : La statue a été réalisée à Paris et apportée à Rosel par M. Le Gris, propriétaire du château dressé à proximité, et intendant de Louis XVI. “ La bonne Vierge ” est une Notre‑Dame des Champs, implorée avant les semences pour que la récolte soit bonne, et donnant lieu à des processions. Elle a été dégradée pendant la Révolution, en 1793, ainsi que lors des combats de juin 1944. Dans le cœur de la Vierge sont disposés les procès‑verbaux signalant les dates des cérémonies au cours desquelles la statue, rénovée ou vêtue d'une nouvelle tenue, est replacée dans l'arbre. Le nom des personnes assistant à la cérémonie est inscrit sur le procès-verbal, le dernier étant dressé en 1992. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic Éditions, 2001.

     

    SAINT-JOUIN :

             “ Ex Voto, vers 1930, bois, ferme Becquemont : Cet ex-voto qui prend la forme d’une petite chapelle abritant une statue de la Vierge, est fleuri et peint régulièrement. Un chauffeur laitier, ayant réchappé “ par miracle ” à un accident en ce lieu, fait édifier cet ex-voto par reconnaissance. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic Éditions, 2001.

     

    SAINTE-MARIE-OUTRE-L'EAU :  

             "Vers 1830, deux hommes de Pont-Farcy déposèrent dans le creux d'un chêne une petite statue "Notre Dame du Bon Souvenir". Lorsque l'arbre fut tombé, une dizaine de familles décida de construire, en 1925, une première grotte pour y déposer une Vierge. En 1937, M. Briquet, avec d'autres habitants de la commune réalisèrent la grotte actuelle, d'après le modèle de celle de Lourdes. Ensuite, une petite chapelle fut édifiée puis intronisée en 1946. Jusque dans les années 70, des processions aux flambeaux et des messes y étaient régulièrement célébrées. Ce site demeure un lieu de pèlerinage et de promenade très prisé dans la région lors des cérémonies de mariages et de communions notamment".

    in recueil de fiches de Promenades dans le Bocage Virois, Canton de Saint-Sever.

     

    “ Grotte de Bion, 1932, en béton, Le Bion : Une statue de Notre‑Dame des Bons Souvenirs est à l'origine de ce lieu de culte. Elle a été placée dans un tronc de chêne par deux hommes de Pont­ Farcy. Afin de développer le culte, une fausse grotte, dans laquelle est placé un autel, est construite à quelques dizaines de mètres. Des offices en plein air sont célébrés lors de processions. Ce site évoque la dévotion à Notre‑Dame de Lourdes, dont l'essor est contemporain. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    SAINT-JULIEN-DE-MAILLOC :

    “ Chapelle Notre-Dame-de-la-Délivrance, XVIe et XIXe siècles, en calcaire, route d’Orbec : Selon la tradition, cette chapelle est élevée au lendemain de la guerre de Cent Ans, pour remercier à la Vierge d'avoir délivré la Normandie de l'envahisseur anglais. Elle succède probablement à un édifice antérieur. Sur le pignon occidental, un clocheton sans doute construit au XVIIème siècle, de forme circulaire et surmonté d'une coupole, est remplacé ultérieurement par un petit clocher néo-gothique de forme octogonale. Une tempête abat ce dernier en 1987. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    SAINT‑MANVIEU‑NORREY :

    “ Statue Notre-Dame-de‑Consolation du début du XXe siècle dans l’église de Saint‑Manvieu : D'origine inconnue, cette statue de la Vierge a été ramenée dans les filets de pêcheurs de Trouville. Récupérée par la famille de Broglie qui l'a placée dans l'église de Saint‑Manvieu, elle a été bénite le 6 août 1904 par Mgr de Caumont sous le vocable de Notre‑Dame‑de‑ Consolation‑de-Marcelet. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    SAINT-PIERRE-SUR-DIVES :  

             "Une fois encore la légende et l'histoire s'interpénètrent. Vers la fin du Xe siècle, la terre d'Epinai dépendait du comté d'Exmes donné par Richard II le Bon à Guillaume son frère naturel. Mais le nouveau comte ne sut pas prouver sa reconnaissance à son bienfaiteur. Au contraire, il s'insurgea contre lui. Vaincu, il fut enfermé au château de Rouen. C'est là que Lesceline, fille du gouverneur du château, Turquetil Hesselin, l'aperçoit. Les malheurs du comte et sa jeunesse l'attendrissent au point qu'elle en devient éperdument amoureuse. Quand Guillaume eut connaissance des sentiments qu'il inspirait à Lesceline il manifesta aussitôt le désir de l'épouser. Fou d'impatience de vivre ces jours heureux, il entreprend de s'évader et y réussit grâce à un ami qui lui avait procuré une corde cachée dans une bouteille. Libre, il court aussitôt vers son frère pour obtenir son pardon, que Richard lui accorde. Mariés Lesceline et Guillaume décident de s'établir sur les bords de la Dives et pour profiter de ce cadre digne de leur bonheur, d'y construire un château. Nous étions à l'époque des pèlerinages. Une vieille femme qui se rendait à celui de Courcy pour implorer Saint-Féréol s'arrête devant les fondations de la construction. Elle se met à genoux, se recueille longuement, fait le signe de croix et s'apprête à repartir. L'un des ouvriers l'ayant observée s'approche d'elle et lui dit : "- Brave femme, vous êtes dans l'erreur, ce n'est pas une église que nous bâtissons, mais une demeure pour notre comte. Je sais ce que je fais, répondit-elle, c'est vous qui êtes dans l'erreur car vous bâtissez, un sanctuaire à la Vierge Marie". Peu de temps après, le comte Guillaume décédait et Lesceline transformait le château en une demeure pour une communauté de religieuses qu'elle confia aux bénédictines. L'église du monastère fut dédiée à la Sainte-Vierge. La prédiction de la vieille femme s'était réalisée et pendant le Moyen-Age Saint-Pierre-sur-Dives porta le nom de Notre-Dame-de-L'Epinay."

    in Légendes de Basse-Normandie d'E. Colin (1992).

     

    SAINT-SEVER :

             “ Jean Seguin signale, en forêt de Saint-Sever (Calvados), la “ Vierge aux Maris ”. La statue (qui n’a guère plus de cent ans d’âge), se trouve à l’intersection des routes du Gast et de Vengeons (Rev. De l’Avranchin, fasc. 139, 1929, p. 466) ”

    Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.

     

             “ Dans la région viroise, les ménages sans enfants vont l’invoquer à la chapelle de l’ermitage de Notre-Dame des Anges, en forêt de Saint-Sever. ”

    Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.

     

    TILLY-SUR-SEULLES :

    "Chapelle Notre-Dame du Rosaire de St Pierre-Tilly sur Seulles : Il faut voir ce petit édifice sans prétention, minuscule, mais riche d'une ferveur intense, à l'entrée de Tilly lorsqu'on vient de Caen, et sur la droite. Le 18 mars 1896, jour de la St Gabriel, la Vierge apparaît à trois religieuses et une soixantaine d'enfants, puis le 24 mars, le 25, jour de l'Annonciation, les 27, 28, 29, 30, 31. Les apparitions se poursuivirent en avril, neuf fois, en mai, trois fois et deux fois en juin. En juillet la Vierge apparut le 2 et le 3. Puis le 25 eut lieu la dernière manifestation. En soirée de nombreuses personnes virent sur le champ au dessus duquel les phénomènes se produisirent, une basilique extraordinaire.

    Par la suite, une jeune fille, Marie Martel, originaire de Cristot, vient régulièrement sur le lieu sacré et "reçoit" des visions. La première consiste en une apparition de la Vierge qui dit "je suis l'Immaculée". A de très nombreuses reprises Elle apparaît à Marie Martel qui entre en état extatique et la divine Mère de Dieu dit "pénitence" puis "ave" puis "Reine du Très Saint Rosaire", puis "mystères joyeux", "mystères douloureux", "mystères glorieux" ; la récitation du Rosaire devant être entre autre, le support à la méditation sur ces mystères. Ensuite toute une série de visions va lui être accordée qui lui permettra de donner de nombreux et précis détails concernant la basilique Orientée liturgiquement, 120 m de long et 32 de large. Les quatre angles sont surmontés de quatre clochers ornés de filets d'or. En avant du choeur, un immense dôme à triple rangée de 15 clochetons, au dessus du transept. De chaque côté il y a 15 fenêtres avec autant de clochetons. Les gros piliers à l'intérieur sont formés d'une colonne centrale entourée de 14 colonnettes. 15 marches mènent à l'entrée. Des roses sont partout en décoration et à l'intérieur se trouvent 15 autels, etc...

    Le Révérend Père Lesserteur, professeur de théologie, fut le rapporteur de ces faits auprès du congrès marial de Fribourg, le 19 août 1902. Il demanda qu'une enquête officielle soit ouverte, ce qui fut accordé sans restriction.

    Aujourd'hui, certes, en des temps par trop "pragmatiques", la ferveur est quelque peu retombée, mais on vient toujours prier ou en pèlerinage sur les lieux de l'apparition et, malheureusement, la basilique n'a toujours pas été construite.

    Peut être convient-il de méditer à cela ...! Pour la "multitude", les préoccupations... sont d'une toute autre nature que celles d'une extase mystique."

    in Églises et chapelles du Bessin de Dominique Achard ; éditions de Neustrie 1999.

     

    “ Chapelle-du-Très-Saint-Rosaire, XXe siècle dans le champ des Apparitions : Le 18 mars 1896, la Vierge apparaît à trois religieuses du Sacré‑Coeur et à une soixantaine d'enfants. La même apparition se produit sept autres fois en mars, neuf fois en avril, trois fois en mai, deux fois en juin, et enfin trois fois en juillet. Une couturière, Marie Martel, originaire de Cristot, a plus tard la vision d'une basilique dont elle dessine les plans. La basilique n'est pas construite, mais une chapelle en bois est bâtie en 1897, dans le champ des Apparitions. Le RP Lesserteur, professeur de théologie, rapporte les événements au congrès marial de Fribourg en 1902, mais l’Église ne donne pas suite à ses conclusions. Détruite en 1944, la chapelle est reconstruite en pierre et est bénite le 31 mai 1953. Une première messe y est célébrée le 31 mai 1972, avec l'autorisation de l'évêque de Bayeux. Fleurie et tapissée d'ex‑voto, la chapelle est peinte en bleu et blanc. Des bougies y sont allu­mées en permanence, et les pèlerinages s'y succèdent. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    “ La Vierge du Rosaire : Des apparitions sont signalées à la fin du XIXe siècle à Tilly‑sur‑Seulles (Calvados). Une chapelle est construite sur le lieu même. Aujourd'hui, les pèlerins continuent de se rendre dans ce modeste mais joli sanctuaire. Ils y prient, formulent leurs demandes diverses, allument des cierges. Des pèlerinages y ont lieu. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    TORDOUET :

    “ Oratoire, 1874, en calcaire, Le Mesnil-Donné : Cet oratoire, dédié à la Vierge Marie, la représente les bras tendus dans un geste de protection. La statue est placée sous une structure ouverte composée de quatre piliers soutenant un toit à quatre pans. Une frise ajourée orne la corniche. Cet édifice, d'origine votive, est élevé après la guerre de 1870, à la suite d'un vœu fait par les villageois pour préserver leur village des Prussiens. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    LE TRONQUAY : 

             "A l'origine de la paroisse du Tronquay on trouve une tendre légende : celle d'une statue de la Vierge, découverte au pied d'un chêne par des bûcherons. On la plaça sur une fourche de l'arbre épargné et l'appela Notre-Dame de la Troche. Remplacée maintes fois à la suite de bien des vicissitudes, on la voit maintenant dans un oratoire qui vient d'être restauré à l'extrémité du bourg. Ce bourg où Jacques, marquis (de Balleroy, seigneur du lieu), fit édifier une église quand s'y furent installées, en des cabanes de bois et de terre, assez de familles. On la plaça bien entendu sous le vocable de St-Jacques. Mais, construite à l'économie comme celle de Philippe d'Espiney au Molay, l'église dut être abattue... Les chapelles privées se révéleront en général d'une qualité d'exécution bien supérieure à celle des églises. Rendons alors hommage aux grands élans collectifs - seigneurs et gens du ban - qui nous ont légué aux temps romans et début de l'ogive des sanctuaires modestes dans leurs dimensions mais aux proportions et au fini aussi admirables que ceux des cathédrales."

    in Le Bessin oublié de C. Pézeril (1991).

     

    “ Chapelle Notre-Dame, XIXe siècle, en pierre, Route de l'Église : En 1748, lors d'un défrichement, une statue de la Vierge nichée dans la fourche d'un chêne est découverte. En 1857, la population donne 2 845 francs pour construire une chapelle afin de donner un toit à l'oeuvre d'art. Elle est bénite le 24 mai 1868. En 1957, lors de la célébration de son centenaire, l'édifice est doté de vitraux racontant son histoire. Un “ miraculé ” y a déposé ses deux cannes en ex-voto. Dans le langage populaire, la chapelle Notre-Dame-de-la-Troche, du nom du quartier, est devenue Notre-Dame-du-Tronc pour recueillir les dévotions.

    La  Troche,  vers 1955, vitrail, église Saint-Jacques : Côté nord, au-dessus d'un autel placé sous l'invocation de la Vierge, ce vitrail commémore la découverte par deux bûcherons du Tronquay d'une statuette de la Vierge dans un tronc d'arbre. Une chapelle est érigée à trois cents mètres de là. Ce vitrail est offert en 1955 par un chanoine prémontré, prêtre de la  paroisse. ”

    In Le Patrimoine des Communes du Calvados, Tome 1, Flohic Editions 2001.

     

             “ Notre‑Dame du Tronc : La chapelle qui lui est dédiée au Tronquay (canton de Balleroy) est visitée. On y déposait parfois des témoignages, des cannes, par exemple, en guise d'ex‑voto. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    LA VESPIÈRE :

    “ Chapelle funéraire de la famille Du Merle, 1858, en pierre au cimetière : La chapelle construite par la famille du Merle est devenue un lieu de dévotion dédié à la Vierge, depuis la découverte en 1859, dans le parc du château, d'une statue de Vierge à l'Enfant. Selon Marie du Merle, les villageois emmenaient “ les petits enfants y faire leurs premiers pas. ” Les murs se

    couvrent alors d'ex-voto, tandis qu'y sont déposées des béquilles et des cannes. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

             “ Notre‑Dame de la Vespière : La légende nous instruit sur l'origine de la vénération à Notre‑Dame de la Vespière. Un jour, une brebis grattait le sol avec insistance dans un pré situé non loin de l'église. Intrigués de cet entêtement, les habitants décidèrent de fouiller à cet endroit. Ils découvrirent, à leur grande surprise, une grosse pierre grise. Leur étonnement devint extrême quand ils découvrirent que le socle portait une grande statue de la Vierge, couronnée portant l'Enfant Jésus sur le bras, Puis, à la réflexion, on pensa que cette statue avait pu être enterrée à cet endroit au moment de la Révolution. Quoi qu'il en soit, une vieille famille d'Orbec (Calvados), qui habitait le château voisin (la famille Dumerle), décida de faire construire une chapelle pour mettre la statue à l'abri et la présenter à la dévotion des fidèles. La statue fut remise en état et la chapelle solennisée le 14 avril 1859. La Vierge apparaissait comme une Vierge noire mais, par la suite, on lui a donné une couleur claire. Depuis cette date, Notre‑Dame de la Vespière (canton d'Orbec) fait l'objet d'un culte très suivi. On organise des manifestations collectives, mais de nombreux pèlerins viennent présenter leurs demandes. Il en vient de très loin. Les innombrables ex-veto portés par les murs apportent la preuve de l'importance et de l'actualité du culte. Que demande‑t‑on à Notre‑Dame de la Vespière ? Les requêtes les plus variées lui sont adressées, depuis la guérison des divers maux qui frappent les humains (voire les animaux), jusqu'à la réussite aux examens (y compris l'obtention du permis de conduire), et jusqu'à la déli­vrance de soucis matériels ou à l'issue favorable de problèmes affectifs. ”

    in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.

     

    VIGNATS :

    “ Dans le Calvados, le pèlerinage de Notre-Dame-du-Repos, à Vignats, a eu pour origine une statue de la Vierge dans le creux d'un chêne. L'arbre fut abattu par.le huguenot Pierre Le Mancel, sieur d'Eraines, lequel fut tué, dit-on, sur l'emplacement même de son forfait. En 1632 une chapelle fut érigée pour recevoir la statue de la Vierge qu'on avait pu sauver. ”

    In Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par Dr. Jean Fournée, Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, n° spécial des cahiers Léopold Delisle 1973.

     

    VILLERS-CANIVET :  

             Il existait une abbaye de femmes à Villers-Canivet : "...Villers-Canivet était devenu un lieu de pèlerinage pour les fidèles qui cherchaient la purification de leur âme. L'évêque de Sées, Guillaume Maugié, se trouvant à Falaise, accorda le 20 avril 1369, vingt jours d'indulgence aux pèlerins qui visiteront et feront des oblations au prieuré, en considération de l'un des corps des onze mille vierges, déposé dans l'église, ainsi qu'en l'honneur du lait de la Vierge Marie, renfermé dans un vase enrichi de saphirs : (...) "aussi la sagesse de Dieu qui dispose de tout avec une affectueuse bonté, a-t-elle, pour reconnaître les louanges que vous devez chanter et que vous chantez sans cesse en son honneur, voulu que le corps de ladite Vierge fut déposé dans votre monastère ainsi que nous le voyons consigné dans une lettre du Révérend Père en Jésus Christ, Guillaume Maugié, d'heureuse mémoire évêque de Sées lettre scellée comme on peut le reconnaître à première vue, de son sceau et de son contre sceau. Et pour que vierges vous-mêmes, vous nous appliquez à vénérer le corps de ladite vierge avec toute la dévotion dont vos esprits sont capables. Nous (votre évêque) nous réjouissant de l'arrivée et de la proximité de ladite vierge confiant d'ailleurs dans la miséricorde de Dieu et de la bienheureuse mère et Vierge Marie, et dans les rites et l'intercession des bienheureux Gervais et Protais, nos patrons, et de ladite Sainte Vierge et de tous les saints, nous accordons dans notre miséricorde à ceux qui viendront en pèlerinage à votre église et y feront dévotement leurs oblations en l'honneur de la Sainte et glorieuse Vierge Marie (dont quelques gouttes de lait sont avec vénération conservées chez vous, comme on le dit, dans un vase de saphirs) et de la Sainte Vierge susdite et des autres saints dont les reliques reposent honorées dans votre église, nous leur accordons vingt jours d'indulgence pour les pénitences qui auraient du leur être infligées en raison de leurs fautes, en témoignage de quoi notre sceau a été appendu a la présente".(En Palestine, au temps des croisades, on montrait une grotte dans laquelle la Vierge et l'Enfant Jésus se seraient reposés lors de la fuite en Egypte. Les pèlerins, en guise de souvenir, en grattaient la paroi crayeuse, obtenant une poudre blanchâtre que l'on versait dans de l'eau pour mieux la conserver, et qu'on appelait lait de la Vierge). Comme on le voit avec cette charte, le Seigneur eut la bonté de déposer dans cette église de très précieuses reliques. Malgré leur nombre considérable, vingt-quatre abbayes cisterciennes seulement possédaient des reliques des Onze Mille Vierges, fournies par Cologne. Celles-ci attirèrent les pèlerins qui firent accroître la réputation du monastère. Savigny qui était l'abbaye mère de Villers-Canivet était un centre de pèlerinage important. Lors de la translation des reliques cette abbaye voyait passer cent mille pèlerins. Le chiffre est certainement exagéré, mais il nous donne une idée de l'importance des pèlerinages. D. Pichot écrit : "Si les Saints de Savigny sont plus fréquentés par les Normands, c'est en partie parce que la "publicité" est bien organisée chez eux. Les nombreuses fondations normandes propagent la célébrité de leurs saints. Il est remarquable de voir que les centres fournissant le plus de miraculés sont aussi le siège d'une abbaye fille de Savigny, que ce soit à Villers ou Aunay". Nous ne saurions dire combien de pèlerins venaient à Villers-Canivet mais, tout comme à l'abbaye mère, c'était sans doute la même catégorie de personnes qui se déplaçaient : les gens du peuple et les malades. Dans beaucoup de cas, nous dit encore D. Pichot la personne est vouée au saint, et l'on fait faire un cierge de la grandeur de l'homme, ou plutôt, vu le prix de la cire, de la longueur du membre malade, mesure avec de la mèche. Sans doute les pèlerins faisaient-ils de nombreux cadeaux autre que la cire, ce qui ne pouvait que contribuer à renforcer la fortune abbatiale. (G. de Tervarent, La légende de sainte Ursule, 1931. Au IVe s., Cologne possédait une basilique où l'on vénérait des vierges martyres massacrées par les Huns au retour d'un pèlerinage à Rome. Au IXe siècle s'établit, à proximité, un monastère de femmes : on commence à parler de 11 vierges martyres. Un siècle plus tard, l'une d'elles, Ursule (IIIe siècle?), deviendra une sainte très populaire. Elle est en tête de la liste des martyres qui, de 11 sont devenues 11000 (ce nombre serait issu d'une inscription XI.M.V. (11 vierges martyres), interprétée onze mille vierges. Au XIIIe siècle, 24 abbayes cisterciennes possédaient des reliques. G. de Tervarent n'a retenu que les localisations qu'une date confirme ; Villers-Canivet ne figure pas sur cette liste. Les reliques étaient utilisées comme présents, non seulement entre maisons d'un même ordre, mais encore entre celles d'ordres différents. C'est sans doute ainsi que nos moniales furent en possession de ces précieuses reliques). Malheureusement nous n'avons pas la chance de posséder dans les archives de notre monastère un livre des miraculés comme celui de Savigny qui nous donne quantité de miracles et de renseignements précieux sur la vie des gens au milieu du XIIIe siècle. Nous citerons cependant deux cas : Alice, de Villers (Villers-Canivet?), femme de Gauthier Bonart, était muette depuis longtemps. Ses amis la vouèrent aux Saints, et aussitôt le lien qui retenait sa langue se rompit. Jean Polain, clerc de Soignoles (près de Villers-Canivet), souffrait d'une grande maladie - faiblesse d'estomac - depuis cinq semaines. Chaque fois qu'il prenait de aliments il vomissait, de plus il avait perdu l'usage de ses membre inférieurs et il souffrait tant, qu'on disait qu'il allait mourir prochainement."

    in L'abbaye de Villers-Canivet de P. Rocher (1995).


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