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OUEN
OUEN
Quatre communes du Calvados portent son nom : Saint-Ouen-des-Besaces, Saint-Ouen-le-Houx, Saint-Ouen-du-Mesnil-Oger et Saint-Ouen-le-Pin.
ROTS :
“Saint Ouen (24 août) : La légende de saint Ouen est figurée dans les bas-reliefs des portails de la Calende à la cathédrale de Rouen, des Marmousets à l'abbatiale Saint-Ouen et dans une verrière de l'église Saint-Ouen à Pont-Audemer ; son histoire a été écrite par l'abbé Vacandard. Sancy, au diocèse de Soissons, vit naître saint Ouen en 600. Son père Authaire et sa mère Aigu, de race franque, reçurent dans leur villa d'Ussy-sur-Marne, saint Columban, le modèle de la vie cénobitique. Sa visite impressionna vivement le jeune Ouen, âgé de 10 ans. Adulte, il reçut à la cour de Clotaire II l'éducation palatine et devint bientôt référendaire ou chancelier du roi. A la mort de saint Romain, évêque de Rouen, le clergé désigna pour lui succéder ce haut dignitaire, qui fut sacré dans sa cathédrale en 641. Ouen dépensa ses richesses à soulager les pauvres et les prisonniers, à racheter les esclaves ou rendre leur sort meilleur. Il organisa son diocèse, élevant les oratoires des villas au titre d'églises et les pourvut d'un prêtre, assisté de clercs. Il parcourait souvent son diocèse, prêchant, baptisant et confirmant. Son épiscopat fut l'ère des fondations monastiques : alors surgirent les abbayes de Saint-Wandrille, Saint-Germer, Saint-Saëns, Jumièges, Fécamp pour les hommes, de Pavilly et de Montivilliers pour les femmes. En visitant la province dont il était le métropolitain, vers 655, Bernuin abbé de Nanteuil en Cotentin, le pria de lever le corps de saint Marcouf. Le prélat désirait s'en réserver le chef ; il dut se contenter d'une parcelle. En revenant, il déposa momentanément sa relique dans l'église Notre-Dame de Caen, aujourd'hui Saint-Sauveur ; une vieille inscription rappelait cet épisode. Passant par le pays de Mérezais, au diocèse d'Evreux, il jeta les fondements d'un monastère qui prit le nom de La Croix Saint-Leufroy. Saint Ouen fut un des signataires du concile de Chalon-sur-Saône, tenu en 647 pour réformer la discipline de l'Eglise. A 80 ans, il se rendit à Cologne pour réconcilier Warathon, maire du palais de Neustrie, avec Pépin, roi d'Austrasie. Il revint chargé de reliques. Ce voyage l'épuisa et il mourut à Clichy, le 24 août 684, en grand serviteur de l'Eglise et de l'Etat. Son corps, inhumé dans la basilique Saint-Pierre, à. Rouen, fut levé en 688 et placé dans une châsse derrière l'autel. Le monastère fut brûlé en 841 par les Normands et les reliques transférées à Gasny, près Mantes, d'où elles furent rapportées à Rouen en 918. Une nouvelle translation se fit en 989 ; à cette occasion, Richard Ier, duc de Normandie, donna à Saint-Ouen de Rouen sa villa de Rots (Calvados). Les reliques de ce grand prélat furent brûlées par les Protestants le 3 mai 1562. Aucun saint normand ne compte plus d'églises sous son patronage. Au XVIIe siècle, Dom Pommeraie en mentionnait 40 dans le diocèse de Rouen ; nous en trouvons 29 dans celui d'Evreux, 13 à Séez et 11 à Coutances. Dans notre diocèse, existent ou existaient sous son vocable : St-Ouen-du-Château et St-Ouen-des-Faubourgs, à Bayeux ; St-Ouen-de-Villers, à Caen St-Ouen-des-Besaces, St-Ouen-du-Mesnil-Oger, St-Ouen-le-Houx, St-Ouen-le-Pin, Hérils, Périers-sur-le-Dan, Rots, Bures (Troarn), Les Iles-Bardel, Le Pré-d'Auge, Livarot, Monteilles, La Vespière, Brocottes, Genneville, Le Reculey, Le Mesnil-au-Grain. Un vieil auteur a écrit : si Rome est heureuse d'avoir saint Pierre, la Normandie n'est pas moins heureuse d'avoir saint Ouen. A la Croix-Saint-Ouen (Oise), des pèlerins viennent invoquer saint Ouen pour la surdité ; le malade descend dans un caveau, passe la tête dans une niche de pierre et implore l'assistance du thaumaturge. La consonance des mots Ouen et ouïr semble expliquer cette invocation. Pour le même motif, les cuisiniers et rôtisseurs d'oues (oies) de Rouen avaient choisi ce saint comme patron. ”
in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.
“347 -ROTS (Calv.), Saint-Ouen, relief à l'angle de la nef et du bras sud. Inséré dans le parement, à l'intérieur de l'église, contre la tourelle d'escalier placée à l'angle de la nef et du bras sud du transept, ce relief présente deux personnages sous arcade. A droite un saint évêque bénissant d'une main et tenant sa crosse de l'autre. A gauche une figure plus énigmatique dans la mesure où l'aspect actuel ne correspond pas exactement à l'iconographie primitive : l'homme barbu qui tient un marteau enveloppait jadis de son bras droit une autre personne, sans doute un enfant, dont les pieds sont encore visibles. on est tenté de penser à l'illustration d'un des miracles effectués à Rots, église dépendant de Saint-Ouen de Rouen, par les reliques de saint Ouen, lors de leur translation, vers 1047 (AA, SS, Aug, IV, p. 836) : les Miracula Sancti Audoeni content en effet la guérison d'un enfant muet dans l'oratoire de saint Ouen, aussitôt après le récit de l'arrêt du cortège à Rots. Le reflet montrerait ainsi l'enfant, protégé par saint Éloi, reconnaissable à son marteau, et saint Ouen, patron de Rots, hagiographe de saint Éloi, et dont les reliques furent déposées pour peu de temps dans l'église du XI siècle remplacée plus tard par celle qui abrite maintenant les deux personnages sous arcade. Le style du relief est nettement du XIIe siècle, en particulier le traitement des visages (yeux globuleux saillants, moustaches torsadées) et le décor géométrisé sur les vêtements. On peut rapprocher ces figures de celles de la façade de Meuvaines, Il ne paraît pas nécessaire de dater ce relief antérieurement à la construction de l'église, vers 1130-1140. M. B.”
in "Les Siècles Romans en Basse-Normandie", Art de Basse-Normandie n° 92, printemps 1985.
“ Le lavoir, 1880, sente du Vivier : Le cours de la Mue, qui prend naissance à Cheux à la “ fontaine des Romains ”, alimente quatre fontaines et lavoirs de Rots : la fontaine bénie ou Benest, bénite par saint Germain au VIème siècle, la fontaine Saint‑Ouen, qui porte le nom du saint qui a créé au VIIème siècle un pèlerinage à Rots, la fontaine de Courcelles, utilisée pour le rouissage du chanvre et du lin, et le lavoir du Vivier. Celui‑ci est situé près de la voie de la Brecque‑Halley, à la sortie du parc du château. ”
in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.
“ On admettait naguère, sur la foi de dom Bessin, qui publia en 1717 un recueil d'actes des conciles normands, que l'assemblée de Caen s'était réunie en 1042. Cette date est tout à fait irrecevable, compte tenu du témoignage de Hugues de Flavigny qui atteste qu'en 1042 la Trêve de Dieu n'était pas encore instituée en Normandie; on sait d'ailleurs que la tentative alors faite par Richard de Saint-Vanne avait échoué. Richard mourut en juin 1046 ; si le premier concile normand de la Paix avait eu lieu de son vivant, Hugues de Flavigny n'aurait pas manqué de porter ce succès au crédit du saint homme dont il raconte admirativement la vie.
On lit, dans le recueil des Miracles de saint Ouen composé à Rouen entre 1087 et 1092, une anecdote propre à confirmer la date de 1047. L'abbaye de Saint‑Ouen possédait le patronage d'une petite église paroissiale, Rots, située à deux lieues environ à l'ouest de Caen ; elle voulut y exposer à la vénération des fidèles les reliques du saint que l'on avait apportées à Caen pour le concile. La procession qui escortait la châsse avait parcouru la moitié du chemin lorsque arriva au galop un messager du Bâtard : le duc demandait instamment qu'on voulût bien l'attendre pour achever la route, car il tenait à porter le corps saint “ sur ses propres épaules ” jusqu'à l'église de Rots. En 1042, le jeune duc avait 14 ans ; en 1047, 19 ans. Il n'est pas douteux que l'épisode raconté par l'auteur des Miracles est mieux à sa place à la seconde date qu'à la première.
Peut‑être est‑il possible de préciser davantage la date de l'assemblée de Caen. C'est encore dans les Miracles de saint Ouen que l'on trouve une indication utile à cet égard. L'auteur du recueil signale, dans la foule qui se rendait à la grande foire de Caen, un prêtre porteur d'une pièce de lin “ qu'il apportait à la foire pour la vendre ” ; cette marchandise lui fut volée et l'on put identifier le voleur grâce à un miracle survenu dans la chapelle où étaient exposées les reliques apportées pour le concile. Si la foire en question est bien celle du Pré, qui se tenait à la Saint‑Denis, l'assemblée aurait eu lieu dans la première quinzaine du mois d'octobre 1047. ”
In Guillaume le Conquérant de Michel De Boüard, éditions Fayard 1984.
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