• RASIPHE et RAVEN

    RASIPHE ou RASYPHE et RAVEN ou RAVENNE 

    Saints ermites martyrs du Vème siècle ; probablement anglais, ils se réfugièrent en France pour échapper aux anglo-saxons ; ermites, ils furent tués à Macé (diocèse de Sées) ; leurs reliques sont enchassées dans la cathédrale de Bayeux. Fête : 23 juillet.

     

     

    BAYEUX

    Concernant ce saint, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.

     

    TRACY-BOCAGE :  

             "Au siècle dernier, on venait de plus de vingt lieues à la ronde à la chapelle de Longvillers. Les actes de martyrs saint Rasiphe et saint Raven font mention d'un miracle opéré dans la paroisse de Tracy. Lors de la translation des corps des deux saints, de Macé à Saint-Vaast, les chevaux qui portaient ce dépôt précieux, passant par Tracy, ne voulurent pas aller au-delà. Le seigneur du lieu fut obligé de donner de jeunes chevaux qui n'avaient pas encore été dressés pour poursuivre le transport des reliques."

    in Légendes de Basse Normandie d'E. Colin (1992).

     

    “ Statue de Saint Raven, XVIIIe siècle en calcaire dans l’église Saint‑Raven‑et‑Saint‑Rasiphe : La tradition locale rapporte qu'un miracle s'est produit au village de Tracy. En 865, lors du passage des reliques des saints Rasiphe et Raven, acheminées vers Saint‑Wast, les chevaux transportant ce chargement n'auraient pas voulu aller plus loin, et seigneur du lieu aurait alors été contraint de fournir au convoi de jeunes chevaux non dressés. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

     SAINT-VAAST-SUR-SEULLES :  

             "Sous le règne de Charles le Chauve, au IXème siècle (865), Saint-Vaast vit arriver sur son territoire les habitants de Macé, près d'Alençon, qui cherchaient à mettre à l'abri des invasions normandes les dépouilles mortelles de saint Raven et de saint Rasiphe, morts à Macé et très vénérés dans la contrée. Pourquoi donc avaient-ils choisi Saint-Vaast, sinon parce qu'alors c'était une localité importante? Les substructions découvertes dans toute la vallée du Coësel, sur la rive sud du ruisseau, dans le bois aujourd'hui défriché et qui naguère entourait la motte féodale, encore fort reconnaissable, prouvent que Saint-Vaast avait une population assez nombreuse ; sans doute aussi sa situation, de même que la forteresse qui devait exister, semblaient-elles le mettre à l'abri d'un coup de main. 1047. (...) Cette même année, eut lieu à Saint-Vaast une imposante cérémonie, à l'occasion de la translation, dans la cathédrale de Bayeux, des corps de saint Raven et de saint Rasiphe, restés dans l'oubli depuis que les habitants de Macé étaient venus les déposer en ce lieu. La légende dit qu'une religieuse de l'abbaye de Cordillon eut à leur sujet une révélation, d'après laquelle Hugues, évêque de Bayeux, fit fouiller la terre et découvrir les ossements, demeurés dans l'oubli pendant deux siècles. On bâtit alors à Saint-Vaast, à la place où les corps de ces deux saints avaient reposé, une petite chapelle ; celle-ci fut remplacée, au XVIIIème siècle, par une autre plus vaste, édifiée par le marquis de Malherbe ; elle n'a malheureusement aucun caractère. Depuis la translation des reliques, bon nombre de personnes pieuses demandèrent à être enterrées auprès de l'endroit où avaient reposé saint Raven et saint Rasiphe. Aussi, dans les alentours de la chapelle, a-t-on trouvé beaucoup de cercueils en pierre. Quant aux ossements des saints, ils restèrent dans la cathédrale jusqu'en 1562, époque où le duc de Bouillon pilla la châsse qui les renfermait et les fit jeter au vent. (...) L'église de Saint-Vaast n'offre que peu d'intérêt ; on sait qu'elle avait été reprise à la fin du XVIIe siècle ; on reconnaît quelques parties romanes, très abîmées. (...) A côté se trouve la chapelle bâtie sur l'emplacement des corps de saint Raven et de saint Rasiphe ; on invoque ces deux saints pour la protection des fruits de la terre."

    in Etude sur le canton de Tilly-sur-Seulles par P. de Longuemare (1907).

     

             "C'est dit-on, dans cette paroisse que les habitants de Macé, près d'Alençon, vinrent cacher, vers 865, les reliques de Saint Raven et de Saint Rasiphe. Ces deux saints, dit la légende, avaient été injustement mis à mort à Macé, vers le VIème siècle, par ordre d'un seigneur de leur pays. Leurs corps demeurèrent dans l'oubli jusqu'en 1047 que Hugues, évêque de Bayeux, averti par la révélation d'un religieux, alla processionnellement lever leurs corps : ils furent trouvés à 20 pieds de profondeur enveloppés dans une peau de cerf. On bâtit sur la place où ils avaient reposé, une chapelle où l'on va réclamer l'intercession de ces deux saints pour les fruits de la terre. La chapelle qu'on voit a présent n'a pas de caractères d'ancienneté."

    in Statistique Monumentale du Calvados d'Arcisse de Caumont (1874).

     

    Saint Raven et Saint Rasiphe (24 juillet) : Les saints Raven et Rasiphe rappellent, en beaucoup de points, les saints Cosme et Damien. Ils naquirent en Grande-Bretagne. Très versés dans l'art de la médecine, ils soignaient les pauvres avec le plus grand dévouement. Raven fut élevé au sacerdoce et Rasiphe au diaconat. Leurs exhortations et leurs exemples amenèrent la conversion d'un grand nombre de païens. Le préfet romain qui gouvernait le pays et favorisait le culte des idoles, les persécuta et les condamna à l'exil. Ils abordèrent en Gaule et se réfugièrent au diocèse de Séez, évangélisé par saint Latuin, leur compatriote. Pour échapper à la persécution, les deux saints se cachèrent dans un lieu désert, où s'éleva, plus tard, le bourg de Macé. Là, ils se livrèrent à la prière et à la mortification. Plusieurs guérisons les ayant fait connaître, de nombreuses personnes eurent recours à leur art et trouvèrent la santé de l'âme en même temps que celle du corps. Le bruit de leur renommée parvint aux oreilles de leur persécuteur, qui était venu séjourner dans la ville de Séez. Il envoya contre eux une troupe de soldats, qui les mutilèrent horriblement et les laissèrent pour morts non loin de la fontaine ou ils avaient coutume de baptiser. Ils vécurent encore trois semaines sans que personne osât leur porter secours et moururent, Raven, le 23 juillet, et Rasiphe, le lendemain. Des chrétiens les ensevelirent dans deux cercueils de pierre. Longtemps après, un prénommé Hérembert, éleva sur leur tombeau un oratoire qui devint l'église de Macé. Un pèlerinage s'y établit et il s'y opéra de nombreuses guérisons, notamment celle d'une paralytique de Lisieux, nommée Ebleterre, et d'une démoniaque de Nonant-le-Pin, appelée Edelburge. Craignant que leurs reliques ne fussent profanées par les Normands, qui occupaient la vallée de la Dives, les habitants de Macé les enveloppèrent dans une peau de cerf et se mirent en route vers le Nord-Ouest. Parvenus à Tracy-Bocage, les chevaux refusèrent complètement d'avancer. Deux cavales indomptées, fournies par le seigneur du lieu, devenues subitement dociles, les portèrent jusqu'à Saint-Vaast. Une chapelle fut bâtie en leur honneur, mais le précieux trésor tomba bientôt dans l'oubli. En 1047, sur la révélation d'une moniale de Cordillon, abbaye voisine, Hugues, évêque de Bayeux, leva les corps, les transféra dans la cathédrale qu'il faisait reconstruire, où il leur dédia une chapelle. Ces reliques furent, en 1562, portées à Caen, avec leur châsse, sous prétexte de conservation, mais le duc de Bouillon, leur pseudo protecteur, fit fondre les reliquaires et jeter les précieux restes dans un cloaque. Cependant, le maréchal de Fervaques, qui commandait sous les ordres du duc de Bouillon, recueillit plusieurs des ossements des deux saints et les plaça dans l'église collégiale de son château de Grancey, en Champagne. Ils y sont toujours conservés, mais les authentiques ont été perdus. Avant la Révolution, il y eut à l'oratoire de Saint-Vaast, jusqu'à 97 pèlerinages dans une même année. Cette chapelle a été reconstruite en 1865 par un membre de la famille de Malherbe, au moyen d'un trésor trouvé dans les ruines d'un château voisin. Bien que l'antique ferveur se soit ralentie, les saints martyrs sont toujours invoqués contre les vers blancs. L'église de Tracy-Bocage leur est dédiée. Le prénom de Raven a toujours été très usité et se transmet comme un apanage dans la noble famille de Morel. Nombreux sont aussi les prénommés Rasiphe en Basse-Normandie. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.

     

    “ Eglise Saint‑Vaast du XIIIe et XVIIIe siècles : Quelques parties de l'édifice sont de style roman et datent du XIe siècle, d'autres sont peut‑être du XIIIe siècle. Le clocher-peigne date du XVIIIe siècle. L’extérieur de l'église a été repris en sous‑oeuvre. La tradition rapporte que les habitants de Macé, près d'Alençon, ont caché dans cette paroisse, vers 865, les corps de saint Raven et de Rasiphe injustement mis à mort au VIème siècle, sur ordre d'un seigneur de leur pays. (…) Dans l’église se voit un tableau de saint Raven, XVIIIe siècle, huile sur toile : Réunis dans une même tombe, Saint Raven et saint Rasiphe sont tous deux représentés dans l'église à travers deux statues du XVIIIe siècle et deux tableaux. (…) Chapelle dans le cimetière : La présence des dépouilles de saint Raven et de saint Rasiphe à Saint­-Vaast‑sur‑Seulles était oubliée, lorsqu'en 1047, un religieux en avertit Hugues, évêque de Bayeux. Ce dernier vint alors processionnellement lever les corps, retrouvés à 20 pieds de profondeur enveloppés dans une peau de cerf. Une chapelle a été bâtie derrière l'église paroissiale, à l'endroit de la découverte des corps. (…) Pierre tombale dans la chapelle du cimetière : La chapelle du cimetière est désaffectée. Cependant, une pierre tombale marque toujours l'emplacement de la tombe de saint Raven et de saint Rasiphe. Au IXe siècle, les reliques des deux saints ont été transférées dans la cathédrale de Bayeux. Ils ont longtemps été invoqués pour que les récoltes soient bonnes. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.


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