• REGNOBERT

    REGNOBERT 

    Second évêque de Bayeux du IIIème (ou VIIème siècle) ; la tradition lui attribue la fondation de quatre églises de Caen dont les patronages appartenaient à l'évêque de Bayeux : Saint-Pierre, Saint-Jean,  Saint-Sauveur-du-Marché et Notre-Dame-de-Froide-Rue où l'on célébrait tous les ans la fête de ce saint évêque. Fête le 16 mai.

     

    BAYEUX :  

             "Naquit à Noron, près Bayeux. La tradition lui attribue la fondation de la chapelle de la Délivrande. Fut inhumé dans l'église Saint-Exupère."

    in Monographie d'un canton type : Canton de Bayeux par E. Michel (1911), Office d'édition & de diffusion du livre d'histoire 1994.

    "Église St Exupère : La fondation de l'église remonte à une époque très ancienne. Plusieurs des premiers évêques de Bayeux y furent inhumés. L'église actuelle a été remontée au XIXe.

    En 1679 Mr Bier curé de St Exupère, à l'occasion de travaux dans le choeur, étudia les sépultures des saints évêques. Il en trouva 7. Les ossements furent partagés entre diverses personnes afin d'en faire des reliques. On trouve : St Rufinien sous le maître autel, St Manvieu au pied du mur méridional, entre l'autel et la tour ; St Contest, au nord devant l'autel de St Clair; St Patrice, au midi devant l'autel de la Sainte Vierge ; St Gerbold, contre le mur septentrional, entre l'autel et la sacristie ; St Frambold, sous le crucifix ; St Geretrand, proche, à sa gauche.

    Le curé dit aussi s'être procuré les restes de St Regnobert et St Zénon, son diacre qui, ainsi que St Exupère et St Loup furent enterrés dans cette église.

    Le tombeau de St Exupère est sous le maître autel. En 1853, l'abbé E. Le Comte, curé de St Exupère, fit des fouilles dans les caveaux où furent inhumés les premiers chefs de l'église de Bayeux. Cette recherche récente fut couronnée de succès. Une crypte a été construite à cette époque pour recevoir tous ces vénérables restes."

    in Églises et chapelles du Bessin de Dominique Achard ; éditions de Neustrie 1999.

     

    Concernant ce saint, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.

     

    BERNESQ :

             “ Ainsi à Bernesq, dans le canton de Trévières (Calvados), le jour de la Saint-Regnobert, un “ mai ” était dressé sur la place du village, sommé d'une branche de laurier qu'il fallait abattre à coups de fusil. Les tireurs adroits essayaient aussi de décrocher une couronne, faite de mousse, de fleurs et de rubans, à l'intérieur de laquelle on plaçait des oeufs coloriés. Du premier au deuxième dimanche de la fête, la couronne restait suspendue dans le bourg. Le deuxième dimanche on la hissait près du mai et on la suspendait entre deux arbres, en utilisant une petite chaînette. Il fallait parvenir à sectionner la chaînette d'un coup de fusil. ”

    Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Étude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.

     

    CAEN :  

             "Saint-Jean est une des églises dont la fondation est attribuée à saint Regnobert ; on est certain qu'elle existait en 1059, puisqu'elle est mentionnée, à cette date, dans la charte de fondation de l'abbaye de Troarn. A l'époque des croisades, elle fut enrichie de précieuses reliques, parmi lesquelles l'abbé de La Rue cite des pierres de la montagne du calvaire, du Saint-Sépulcre, de la crèche de Bethléem, de la colonne où Jésus fut attaché chez Pilate, et même des pierres roulées par le torrent de Cédron et le Jourdain. Ces reliques ont disparu."

    in La Normandie Monumentale et pittoresque, tome II : le Calvados, 1895 ; rééd. Corlet 1987.

     

    NOROLLES/BAYEUX/FAUGUERNON :  

             "Norolles est une localité importante, située dans la plaine du Lieuvin ; mais son territoire s'étend jusque sur les bords de la rivière de Touque. On y trouve quatre fiefs ou manoirs plus ou moins curieux. Son nom jouit du privilège, fort rare dans notre contrée, d'être mentionné dans l'histoire pendant la période carolingienne. C'est à propos de l'enlèvement des reliques de saint Regnobert, évêque de Bayeux. Trigan, dans son Histoire ecclésiastique, t.II, p. 157 à 144, s'est étendu avec complaisance sur ce fait, dont il a cherché à expliquer et à discuter toutes les phases. Son récit est trop long pour entrer dans le cadre de ce travail. Voici un résumé bien suffisant, qui est emprunté à un mémoire de M. Auguste Le Prevost publié en tête du premier volume de l'Annuaire Normand, p. 19 et 20 : "Dans les derniers jours de 846 ou 847, un personnage du Lieuvin, nommé Hervé, dont la mère était propriétaire d'une église de St.-Victor, qui paraît être St.-Victor-d'Epine, se détermina, à la suite de visions réitérées, et après avoir pris l'avis de Fréculfe, évêque de Lisieux, à aller chercher à Bayeux les corps de saint Regnobert, évêque de cette ville, et de saint Zénon, diacre, pour les apporter dans son domaine. Assisté de deux vénérables prêtres, nommés Guinemare et Hardouin, il s'introduisit secrètement dans Bayeux, alors occupé par les Bretons qui s y étaient établis et dévastaient tout le voisinage, dit l'historien contemporain de cette translation. Nous apprenons ainsi que, pendant que les Normands ravageaient le territoire des Bretons, ceux-ci venaient déjà en faire autant sur nos côtes de la Basse-Normandie. Peut-être, d'après cela, fut-ce pour faire la part du feu que Charles-le-Chauve leur céda plus tard le Cotentin. Quoi qu'il en soit, à la faveur des ténèbres et du délaissement occasionné par l'invasion bretonne, Hervé put entrer, sans être remarqué, dans l'église extra-urbaine, déjà désolée et profanée, de St.-Exupère, et en enlever les reliques, objet de ses pieuses recherches puis, le lendemain, faisant grande diligence, probablement pour se soustraire aux réclamations des Bayeusains, il les apporta, à la faveur d'un brouillard épais, jusqu'à un lieu nommé Nogerolae (Norolles, près Lisieux). Ce ne fut plus ensuite qu'à petites journées, au milieu des processions et des chants d'allégresse, qu'il arriva à St.-Victor, où les corps des deux saints restèrent quelque temps déposés sur l'autel. De là ils furent transférés, un peu plus tard, dans une petite et modeste église, construite aux frais d'Hervé, tout exprès pour les recevoir, en un lieu nommé Suiacum villa, et que les évêques de Lisieux, de Bayeux et d'Avranches vinrent bénir, sur la demande du fondateur..." L'église est située sur la pente du coteau qui limite la droite de la vallée de Touques, et qui en cet endroit forme une gorge sauvage arrosée par un ruisseau. Elle est sous l'invocation de saint Denis : c'est un vocable évidemment fort ancien. Cependant rien ne peut faire présumer que ce fut le lieu de la station des précieuses reliques. Il ne s'agit point ici d'élever une discussion : je remarquerai seulement que l'église de Fauguernon, paroisse limitrophe, est sous le vocable de St.-Regnobert, et qu'il se trouvait en outre dans la même paroisse une chapelle aussi dédiée à ce saint."

    in Statistique monumentale du calvados d'Arcisse de Caumont (1859).

     

             "(...) Autre exemple concernant directement le Pays d'Auge et ses attaches monastiques avec le Bessin. En l'an de grâce 846, un nommé Hervé fut l'objet de visions l'enjoignant de se rendre à Bayeux quérir les saintes dépouilles de l'évêque Regnobert et de son diacre Zénon, pour lors entreposées dans l'église St.-Exupère, récemment dévastée par les raids bretons, les dits Bretons (Anglais bien sûr) ayant eux-mêmes été chassés de leur île par les Vikings... Hervé demanda pieusement l'avis de son évêque lexovien Fréculfe. Celui-ci l'exhorta à l'ouvrage et lui prêta deux clercs nommés Guinemare et Hardouin. A la faveur de la nuit et d'un brouillard trop propice pour n'être pas d'origine miraculeuse, on réussit dans l'entreprise et revint à toutes jambes, par la voie romaine je suppose puis par St.-Ouen-le-Pin, le Pré-d'Auge, Manerbe, Norolles et Fauguernon où l'on célèbre toujours St. Regnobert (fête le 16 mai). Ce dernier finira son périple du côté d'Auxerre et ne reviendra en Bessin, sous forme de parcelle osseuse, qu'en... 1714."

    in Randonnées et Patrimoine en Pays d'Auge, T.III, de J. Lalubie (1987).

     

    NORON-LA-POTERIE :

             "On remarque à peu de distance de l'église, des fossés qui circonscrivent une très grande partie des bois du Vernay : ce sont les "Fossés de Saint-Regnobert" ; ils mesurent 10 mètres de largeur et 5 mètres de profondeur. Ce saint, d'après 1a tradition, aurait creusé ces fossés en traînant une bêche derrière lui. (De Caumont : Stat. mon., t. III, p. 341, et Cours d'antiq., t. V, p. 244-247)."

    in Camps, enceintes, mottes et fortifications antiques du Calvados de R. Doranlo ; Caen H. Delesque imprimeur-éditeur, 1915.

     

    Saint Regnobert (16 mai et 1er dimanche de septembre) : Les actes des saints, les anciennes listes épiscopales, les traditions prouvent que saint Regnobert fut le second évêque de Bayeux, le successeur immédiat de saint Exupère et qu'il n'a rien de commun avec le Ragnebert, évêque de Bayeux, qui souscrivit à un concile en 625. La date de l'épiscopat du premier évêque demeurant indéterminée, il est impossible, faute d'autres documents, de fixer la date du second. D'origine germaine ou plutôt gauloise, Regnobert était le fils du comte de Noron. Tandis que ses parents allaient adorer les idoles au Mont Phaunus, près Bayeux, le jeune homme se rendait au petit oratoire fondé par saint Exupère en l'honneur de la Sainte Vierge. Instruit par les prédications de l'évêque, il fut admis au nombre des catéchumènes, reçut le baptême et se mit aussitôt à prêcher la parole de Dieu. Ayant rencontré à la porte du temple païen un aveugle qui implorait sa guérison, il le conduisit à Exupère, qui lui rendit la vue. Regnobert prit part à la guérison de sept énergumènes, opérée par le même Pontife. Elevé au sacerdoce, il fut, après la mort de saint Exupère, proclamé évêque à sa place. Au retour de son sacre, un paralytique se porta à sa rencontre pour demander sa guérison. Le saint lui fit remettre son bâton pastoral par son diacre Zénon. A peine le malade l'eut-il pris entre ses mains, qu'il se mit à marcher sans effort. Quelques jours plus tard, alors qu'il était assis dans sa chaire pontificale, l'évêque délivra miraculeusement une femme d'un flux de sang, dont elle était affligée depuis cinq ans. Il guérit en même temps plusieurs autres infirmes, ce qui lui valut la conversion d'un bon nombre de païens. Regnobert agrandit l'oratoire bâti par saint Exupère au centre de Bayeux, éleva tout près une chapelle en l'honneur de saint Etienne, premier martyr, et une autre dédiée à saint Jean, sur le mont Phaunus. L'historien Ceneau lui attribue l'érection de trois églises à Caen, ce qui parait bien invraisemblable, et la fondation de la chapelle de Notre-Dame de la Délivrande. Fatigué par un très long épiscopat, Regnobert mourut et fut enterré avec Zénon, son diacre, auprès de saint Exupère. En 847, une troupe de Bretons prit Bayeux et profana l'église où reposaient les évêques. Alors, un Lexovien, nommé Hervé, enleva les corps de saint Regnobert et de son diacre et les transporta à la faveur d'un brouillard épais jusqu'à Norolles, près Lisieux. De là, le convoi se rendit processionnellement jusqu'à Saint-Victor-d'Epines. Un peu plus tard, ils furent transférés dans une église bâtie par Hervé, en un lieu nommé Suiacum, qui fut consacrée pat, Fréculphe, évêque de Lisieux, Baltfrilde, évêque de Bayeux, et Ansegaud, évêque d'Avranches. 'Pour les soustraire aux invasions des Normands, ces reliques furent portées d'abord à Quingey, près Besançon, puis dans la collégiale Sainte-Eugénie de Varzy, où, elles furent conservées dans un sarcophage de pierre jusqu'au XIIIe siècle. Alors Hugues, évêque d'Auxerre, en fit la translation dans une châsse, tout en s'en réservant quelques parcelles pour la dédicace d'une église qu'il élevait en l'honneur du saint dans sa ville épiscopale. En 1771, l'évêque de Bayeux obtint, pour sa cathédrale un fémur de son deuxième pontife, qu'elle a conservé jusqu'à nos jours. Une reconnaissance des reliques faite à Varzy, en 1884, a fait découvrir des authentiques de l'époque mérovingienne, vrai monument de paléographie dont l’une portait en latin cette inscription : Ici est le corps de saint Regnobert, évêque de Bayeux, et une partie du corps de saint Zénon, son archidiacre. L’église de Fauguernon, du canton de Lisieux, est sous l'invocation de saint Regnobert. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.


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