• URSIN

    URSIN

    IIIeme siècle ; Envoyé par les apôtres en Gaule comme évêque et protégé par Leocadius, sénateur païen de Bourges, il est considéré comme le premier évêque de cette ville. Il apparut en songe à l'un de ses successeurs pour désigner l'emplacement de son sarcophage : on y découvrit son corps intact. Fête : 9 novembre.

     

    LISIEUX :  

             "Lisieux réservait à saint Ursin un culte fervent. Au temps où Hugues d'Eu était évêque la peste s'étendit dans la population. Pour combattre l'épidémie, le prélat décida de se rendre à Bourges afin d'emprunter les reliques de la cathédrale, en l'occurrence le corps entier de saint Ursin. L'épidémie enrayée, Hugues d'Eu s'empressa de rendre à Bourges la chasse contenant les précieuses reliques. Mais dès que l'attelage s'éloignait de la ville de Lisieux la chasse devenait d'un tel poids que les chevaux ne pouvaient plus avancer. On dut ramener les reliques en la cathédrale."

    in Légendes de Basse-Normandie par E. Colin (1992).

     

             "La vie de saint Ursin ne nous est connue que par un passage de Grégoire de Tours : "La ville de Bourges fut pour la première fois évangéliser par saint Ursin, envoyé dans les Gaules par les disciples des apôtres. Cet évêque y fonda une église qu'il gouverna. A sa mort, il fut inhumé dans le cimetière commun aux portes de la ville." Beaucoup le disent envoyé par le pape saint Clément, successeur de saint Pierre. Le père Labbé affirme même, d'après un manuscrit de la bibliothèque saint-Vigor, qu'il est un des disciples de J.-C., qu'il fut témoin de la descente du Saint Esprit sur les Apôtres, du martyr de saint Etienne et du crucifiement de saint Pierre. D'autres ne le font venir à Bourges qu'au milieu du IIIe siècle. (Le Nouveau Larousse illustré dit qu'il y mourut vers la fin du IIIe siècle). Vers 558, à la suite d'une révélation, saint Aoust, Abbé de Saint-Symphorien de Bourges, et saint Germain, évêque de Paris, levèrent le corps de saint Ursin, qui n'avait encore souffert aucune corruption et l'inhumèrent dans l'eglise Saint-Symphorien au pied de l'autel. Il était invoqué contre la fièvre. En 1055, Hugues, évêque de Lisieux, voulut rendre plus solennelle la dédicace de sa cathédrale qu'il venait d'achever et faire cesser une épidémie de peste qui ravageait son diocèse et se fit confier pour un temps les reliques de saint Ursin. Aussitôt la contagion cessa. Le clergé de Bourges réclama son trésor et l'on remit la chasse sur le chariot qui l'avait apportée. Mais, arrivée en dehors de la ville, elle devint si pesante qu'il était impossible d'avancer. Elle redevenait très légère lorsqu'on voulait la ramener vers Lisieux. Alors on accéda à la volonté du saint et son corps fut déposé derrière le grand autel de la cathédrale. Ces reliques furent ensuite renfermée dans une chasse d'argent élevée sur quatre colonnes. On voit dans l'église Saint-Jacques de Lisieux un tableau jadis conservé à la cathédrale et portant cette inscription : "Comment les reliques de Monsieur Saint Ursin furent apportées par un miracle en cette église l'an 1055, par les soins de Hugo, évêque de Lisieux. Ce tableau a été refait sur l'original vieil en l'année 1681 aux dépens de la fabrique". Divisé en quatre parties, ce tableau représente : 1. - Saint Ursin avec N.S. sous un figuier, suivant l'opinion que ce saint est le Nathanaël de l'Evangile. 2. - Saint Ursin faisant la lecture à la Cène de J.-C. avec ses disciples. 3. - Les habitants de Lisieux reconduisant la châsse du saint. 4. - Le chariot portant les reliques rentre dans la ville tiré par une génisse."

    in Epron, village de la radio... pourquoi? par Louise Bernier (1989).

     

    Saint Ursin (30 décembre) : Les origines de saint Ursin sont demeurées, une énigme, mais nous savons qu'il choisit Lisieux pour sa patrie posthume. Sa vie ne nous est guère connue que par un passage de Grégoire de Tours, le père de nos historiens. “La ville de Bourges fut pour la première fois évangélisée par saint Ursin, envoyé dans les Gaules par les disciples des apôtres. Cet évêque y fonda une église qu'il gouverna. A sa mort il fut inhumé dans le cimetière commun aux portes de la ville”. Vers 1055, Hugues d’Eu, évêque de Lisieux, voulant rendre plus solennelle la dédicace de sa cathédrale, qu'il venait d'achever, et trouver un protecteur pour son peuple, affligé d’une cruelle épidémie, se fit confier pour un temps les reliques du saint, et aussitôt le fléau cessa. Le clergé de Bourges ayant réclamé son trésor, la châsse fut remise sur le chariot qui l'avait apportée. Arrivées en dehors de la ville au milieu d’un coteau nommé depuis côte Saint-Ursin, les reliques devinrent si lourdes qu'il fut impossible aux chevaux d'avancer. Elles redevenaient très légères, lorsqu'on les ramenait vers Lisieux. La volonté du saint était manifeste. Son corps fut ramené à la cathédrale et déposé derrière le grand autel, avec ceux de saint Patrice et de saint Bertivin. L'église Saint-Jacques de Lisieux possède un tableau, provenant de la cathédrale avec cette inscription : “Comment les reliques de Monsieur Saint Ursin furent apportées par un miracle en cette église, l'an 1055, par les soins de Hugo, évêque de Lisieux. Ce tableau a été refait sur l'original vieil en l'année 1681, aux dépens de la fabrique”. Vers la même époque, le seigneur d'Epron fit bâtir dans son domaine une chapelle dédiée à saint Ursin, qui depuis est devenue église paroissiale. C'était un lieu de pèlerinage fréquenté par les habitants de la région souvent décimée par les fièvres. Un chemin venant du pays d'Auge à Epron, passant par le bac de Colombelles, portait dans la traversée d'Hérouville le nom de Haute Sente Saint-Ursin. L'ancienne paroisse de Courtisigny, près Courseulles, disparue au XIVe siècle, était sous le vocable de ce saint, qui est encore second patron de Saint-Gatien-des-Bois, au doyenné de Honfleur. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.

     

    “ Il était réservé à la cathédrale de subir une grande dévastation. Ce fut au temps des guerres de religion, au mois de mai 1562.

    Une troupe de huguenots, à la tête desquels étaient Guillaume de Hautemer, seigneur de Fervaques, se disant capitaine-gouverneur de la ville, devenu plus tard maréchal de France, et Louis d'Orbec, seigneur de Bienfaite, bailli d'Evreux, s'introduisirent dans la cathédrale, le 5 mai, et s'établirent ensuite dans la ville. Là, après avoir fait leurs préparatifs durant plusieurs jours, en s'emparant des portes de la ville et des clefs de la cathédrale, ils fouillèrent toutes les maisons pour en désarmer les habitants, et ayant convié tous les religionnaires des environs à venir les rejoindre, ils firent irruption tout à coup, vers dix heures du matin, le 9, dans la cathédrale, armés de pistolets, de marteaux de fer, de hallebardes, de piques et de bâtons. Ils tirèrent des coups de feu sur les images des saints et du crucifix, brisèrent les portes, pillèrent les trésors de la cathédrale, composés de vases d'argent enrichis de pierreries à l'usage du culte, du poids de plus de 850 marcs d'argent, brûlèrent tous les ornements, les linges de l'église, les titres et papiers du chapitre et profanèrent les images des saints.

    De là, se répandant dans la ville, ils dévastèrent les maisons des chanoines en les menaçant, si on ne les laissait faire leur volonté, de mettre le feu aux quatre coins de la ville. Ce pillage dura jusqu'à la fin du mois, surtout chez les bourgeois suspectés d'appartenir à la religion romaine.

    Fervaques, le plus acharné de tous, abreuvait d'outrages tous les ecclésiastiques, leur défendant, sous peine de la vie, de se livrer à aucun exercice religieux. Un prêtre, trouvé disant la messe dans une maison bourgeoise, fut saisi et conduit en prison par les rues, vêtu de ses habits sacerdotaux, tenant un calice dans ses mains comme s'il faisait l'office religieux.

    Quand on eut découvert et brisé une châsse couverte de drap d'or et resplendissante d'or, d'argent et de pierres précieuses, dans laquelle étaient enfermées des reliques de plusieurs saints et de saint Ursin, second patron de la cathédrale, Fervaques, dans son profane empressement, coupa avec sa dague les cordons qui fermaient le sac de cuir de cerf qui contenait ces reliques, et s'écria : "Ce sont des os de cheval ; ses complices ajoutaient : de chien et de mouton, et répétaient à diverses reprises : si vous voulez qu'elles vous servent encore à gagner de l'argent, prenez-les, sinon elles vont être brûlées".

    Les complices de Fervaques le secondaient avec empressement dans ses déprédations, et l'un d'eux, nommé Faucon, gardien d'une des portes de la ville, simulant que le duc d'Aumale venait au secours des habitants, et voulant faire acte d'intimidation, maltraita tellement un pauvre homme inoffensif, qui se trouvait dans une rue, que ce dernier en mourut ; ses sicaires et lui l'achevèrent sur-le-champ à coups d'épée et de pistolets.

    Mais ce qui mit le comble à ses profanations, ce fut le mariage d'un nommé Castel, moine défroqué, qu'il avait fait venir de Rouen. La cérémonie eut lieu aux frais de Fervaques, qui logea les époux dans sa propre maison, les vêtit, les nourrit et les conduisit partout avec lui pour être témoins des désordres qui se commettaient.

    La relation de ces faits fut adressée, le 13 août, par les chanoines, au bailli de l'évêque, qui fit une information et décerna, le 7 septembre, des ordonnances de prise de corps contre Fervaques et Louis d'Orbec ; mais ceux-ci avaient eu soin de se tenir à la tête de leurs compagnies d'hommes d'armes, et, bravant la justice, ils continuèrent leurs déprédations dans tout le pays.

    L'information suivit son cours, et le parlement de Rouen, qui avait évoqué l'affaire, condamna d'abord, par arrêt du 27 août, les nommés Germain et Guillaume Lelièvre à être pendus ; puis, le 28 septembre, à la même peine, les nommés Heuste, Legras, Logier et Buquet, et, le 10 octobre, le nommé Desperrois. Les exécutions se firent à Louviers, où siégeait le parlement.

    Que faisait alors Fervaques, grand guerrier d'ailleurs ? On le voit tour à tour servant toutes les causes : le roi et la Ligue, tantôt les catholiques et tantôt les protestants : d'abord à la cour de Henri III et de Catherine de Médicis, passant ensuite au service du roi de Navarre, puis revenant à Henri III, qui lui pardonne et le décore de ses ordres, et le quittant enfin pour s'attacher définitivement au roi de Navarre, dont il devient le fidèle serviteur. Celui-ci, devenu plus tard Henri IV, le fait siéger, par lettres-patentes, au parlement et aux états de la province, le fait gouverneur de Normandie et enfin maréchal de France.

    Ainsi, les malheureux, au nombre de sept, qui avaient prêté appui à Fervaques dans les saccagements de la cathédrale et des églises des environs, payèrent de leur tête ces actes de vandalisme, tandis que leur instigateur mourait ensuite tranquillement, en 1613, âgé de soixante-quinze ans, dans son château de Fervaques près Lisieux, comblé de biens et d'honneurs, ayant pour sépulture un caveau de la cathédrale dans la chapelle de la Vierge. ”

    In Notice historique sur l'ancien évêché-comté de Lisieux.- Caen : Typographie F. Le Blanc-Hardel, 1871.- 38 p. ; 27 cm.- (Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 3° série, t. XXVIII.) de Henri de Formeville, (1798-....).

     

     

    « Le Miracle de la Châsse de Monsieur Sainct Ursin

    par

    Etienne DEVILLE

    (On le trouve à Lisieux chez l'auteur, qui ne le vend pas. MCMXX)

    En ce temps-là, la ville de Lisieux était en liesse et se préparait, par des fêtes somptueuses, à célébrer la dédicace de la cathédrale romane que venait de terminer l'évêque Hugues d'Eu.

    C'était au milieu du XIe siècle, en 1055 exactement. La piété des Lexoviens avait permis l'achèvement de la basilique, commencée par l'évêque Herbert, où devait avoir lieu, dans la suite, le 15 mars 1091, l'ordination du moine historien normand Orderic Vital.

    Soudain, un mal terrible, la peste noire, s'abattit sur la paisible cité, causant chaque jour de grands ravages, dont rien ne semblait pouvoir arrêter le cours.

    Les Lexoviens désolés adressaient au Seigneur d'ardentes supplications, mais leurs prières restaient toujours sans écho.

    Ce fut alors que quelqu'un se souvint avoir ouï dire qu'il se trouvait, à Bourges, les reliques insignes d'un saint archevêque qui avait déjà opéré maint prodige et procuré de miraculeuses guérisons de maladies contagieuses.

    Cette nouvelle ranima aussitôt une lueur d'espérance dans le coeur des malheureux Lexoviens, qui placèrent aussitôt leur confiance et leur espoir dans la puissante intervention de ce saint guérisseur.

    L'évêque et les chanoines de Lisieux firent alors une pressante démarche auprès des chanoines de Bourges, à l'effet d'obtenir la cession momentanée des reliques du saint archevêque.

    Les envoyés du chapitre de Lisieux s'acquittèrent si bien de leur mission qu'ils revinrent bientôt, ramenant avec eux la châsse précieuse renfermant le corps de Saint-Ursin.

    Quelques notables de Bourges avaient tenu à escorter les saintes reliques, honneur qui disait assez aux Lexoviens de quelle estime Saint-Ursin jouissait dans la capitale du Berry.

    Le corps de Saint-Ursin était à peine arrivé à Lisieux, que le fléau cessa tout à coup, et les supplications firent place à un enthousiasme général. La châsse du saint fut l'objet de la reconnaissance publique et, pendant les fêtes de la dédicace de la cathédrale, occupa la place d'honneur dans le sanctuaire nouvellement consacré.

    Les notables de Bourges qui avaient assisté aux fêtes splendides de la consécration de la basilique lexovienne, se rémémoraient toutes ces choses pour les raconter chez eux à leur retour.

    Ce moment du retour, que les uns attendaient impatiemment, mais que les autres redoutaient anxieusement, arriva bientôt.

    La fierte de Saint-Ursin fut alors replacée sur le chariot qui l'avait amenée, doucement posée sur une étoffe de brocart pendant de chaque côté.

    Les chanoines de Lisieux, en grand costume, croix en tête, les bourgeois, le peuple, toute la cité, voulurent, une dernière fois, témoigner leur reconnaissance à Saint-Ursin, et une procession générale s'organisa pour escorter, par-delà la ville, le reliquaire étincelant de dorures et d'émaux, renfermant le corps saint qui avait été pour eux d'un si grand secours.

    La longue théorie, chantant des psaumes, priant dévotement, se mit en route et gravit lentement la rude montée de la forêt Rathouin, laquelle se trouvait alors à l'endroit où s'élève aujourd'hui la croix de Saint-Ursin.

    Arrivé à cet endroit, le chariot qui portait la châsse s'arrête soudain à la grande stupéfaction de l'assemblée ; le reliquaire est devenu si pesant que le cheval ne peut plus faire un pas. C'est en vain que le conducteur l'excite et le frappe de son fouet, rien ne le peut faire avancer. Epuisé par d'inutiles efforts, le cheval est remplacé par une génisse qu'un toucheur aiguillonne aussitôt. Même impossibilité pour la pauvre bête qui ne parvient pas à faire avancer le véhicule.

    Alors, le pieux évêque de Lisieux, se faisant l'interprète de la multitude inquiète, s'avança près de la châsse et adressa au saint cette prière : "O Saint-Ursin, si votre désir est de demeurer parmi nous ou de retourner à Bourges, manifestez votre intention, exaucez nos prières !".

    Ramenée vers la ville, la châsse devint aussitôt légère, et la génisse la traînait sans difficulté. Dirigée vers Bourges, elle redevenait aussitôt tellement pesante qu'il était impossible de faire un pas de plus.

    L'évêque Hugues et tout le peuple de Lisieux comprirent aussitôt que la volonté de Saint- Ursin était de demeurer dans la ville qu'il avait si miraculeusement délivrée.

    La procession reprit donc le chemin de la cité et la châsse de Saint-Ursin, au milieu des chants de reconnaissance et des acclamations populaires, fut reportée dans la cathédrale dont elle devint le palladium ; et c'est ainsi que Saint-Ursin, archevêque de Bourges, devint le saint patron de la ville de Lisieux.

    Longtemps, longtemps après, les chanoines de Lisieux voulurent avoir, dans leur cathédrale, une représentation fidèle du miracle qui attirait chaque année des foules de pèlerins sous les frondaisons de la forêt Rathouin.

    Ils s'adressèrent à un artiste dont l'histoire n'a malheureusement pas conservé le nom, et lui exposèrent l'objet de leur désir. Ceci se passait au début du XVIe siècle, sous le règne du roi François Ier, de fastueuse mémoire.

    L'artiste anonyme exécuta sa composition qui fut placée dans la cathédrale Saint-Pierre, dans la chapelle dédiée à Saint-Ursin. Cette chapelle se trouvait dans le déambulatoire sud, elle est aujourd'hui sous le vocable de Saint-Antoine de Padoue.

    Pendant près de deux siècles, la naïve peinture charma les regards des Lexoviens, qui ne manquaient jamais de la faire admirer et de la commenter aux étrangers et aux pèlerins, que la curiosité ou la dévotion amenaient dans la vieille cité épiscopale.

    Mais un jour vint où la vétusté, les ans, la poussière rendirent incompréhensible le vieux tableau de jadis. Les chanoines songèrent alors à en faire exécuter une copie qui devait remplacer "l'original vieil".

    Ils eurent recours à un peintre nommé Villers, lequel, moyennant la somme de 45 livres 7 sols, repeignit sur toile le fameux polyptique de la légende de Saint-Ursin.

    Un siècle plus tard, la Révolution survint, le tableau connut les affres de l'exil et échoua dans la boutique d'un brocanteur de la ville.

    La main pieuse d'un confrère de la Charité de l'église Saint-Jacques le découvrit au milieu d'inutiles ferrailles ; il l'acquit de ses deniers et en fit don à sa confrérie, qui le plaça dans sa chapelle, au-dessous de la curieuse verrière que la Charité avait fait peindre en 1526, et qui représente la légende du pendu miraculeusement délivré par Saint-Jacques.

    Aujourd'hui encore, le tableau de Saint-Ursin retient l'attention des visiteurs de la charmante église Saint-Jacques, élevée à la fin du XVe siècle par l'architecte Guillemot de Samaison, et tous lisent, avec curiosité, la légende suivante tracée sur le tableau :

    COMMENT LES RELIQUES DE MONSIEUR SAINCT URSIN FURENT APORTEES PAR MIRACLE EN CETTE VILLE EN L'AN 1055 PAR LES SOINS DE HUGO, EVESQUE DE LISIEUX. CE TABLEAU A ESTE REFAIT SUR L'ORIGINAL VIEIL EN L'AN 1681. AUX DESPENS DE LA FABRICQUE RETOUCHE L'AN 1815.

    Cette inscription, dans son laconisme archaïque, laisse perplexes ceux qui s'efforcent d'en pénétrer le sens, et la vue des deux cortèges ne leur apprend pas beaucoup "comment les reliques de Monsieur Sainct-Ursin furent aportées par miracle en cette ville".

    Si l'on se reporte à un vieux livre imprimé à Lisieux au XVIIIe siècle, la Vie des saints patrons du diocèse de Lisieux, on y trouve une longue description de ce tableau et on constate que, tel qu'il nous est parvenu, il est amputé d'un panneau qui disparut probablement au moment de la Révolution. On y apprend aussi que Saint-Ursin fut un personnage considérable dont il est question dans l'Evangile, qu'il eut l'honneur de s'entretenir sous le figuier avec Jésus-Christ et que le divin Maître le choisit pour faire la lecture à la dernière Cène, le Jeudi Saint.

    C'est précisément ce dernier trait de sa vie qui se trouvait sur le panneau qui manque aujourd'hui.

    Le tableau de Saint-Ursin, dans son état actuel, ne comporte que la conversation de Saint-Ursin avec le Christ et les deux scènes du miracle qui se produisit sous les chênes séculaires de la forêt Rathouin.

    La page d'histoire locale a été heureusement respectée et, malgré les restaurations inhabiles et les retouches maladroites dont il a été l'objet, le tableau de Saint-Ursin se présente encore avec toute sa poésie, sa naïveté, son parfum de vieille légende qui charmaient tant nos aïeux ! » 

    DEVILLE, Etienne : Le Miracle de la Châsse de Monsieur Sainct Ursin.- Lisieux : chez l'auteur, 1922.- 11 p.-2 f. de pl.


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