• VIGOR

    VIGOR

    Contemporain de Clovis au VIème siècle et disciple de Saint Vaast, il toucha la terre normande à l'embouchure de la Seulles et s'établit à Reviers comme ermite avant d'être appelé comme évêque de Bayeux. Il fonda, aux portes de Bayeux, un monastère qui porte son nom (St-Vigor-le-Grand) et, vers 550, l'abbaye de Cerisy sur une terre donnée à la suite d'un miracle par Volusianus, ami ou fils d'un ami de Sidoine Apollinaire. Il s'oppose résolument au paganisme. La légende raconte qu’il délivra sa ville d'un serpent en le noyant dans la Drôme. Deux communes du Calvados portent le nom de Saint-Vigor : Saint-Vigor-des-Mézerets et Saint-Vigor-le-Grand. Fête : 1er novembre. 

     

    BAYEUX-SAINT-VIGOR-LE-GRAND :  

             "514-537 (Evêque de Bayeux). D'Arras, en Picardie. Inhumé à Saint-Exupère."

    in Monographie d'un canton type : Canton de Bayeux par E. Michel (1911), Office d'édition & de diffusion du livre d'histoire 1994.

     

             "La tradition et les légendes qui, à défaut d'autres autorités, sont nos guides, rapportent que ce fut St.Vigor qui détruisit les restes du culte druidique sur le mont Phaunus et que St.Loup en fit autant sur les bords de la Drôme, rivière qui coule à l'ouest et sous les murs de Bayeux."

    in Coutil : Inventaire Mégalithique du Calvados (1902).

     

             Saint Vigor, évêque de Bayeux, "remporta dans cette ville de grands triomphes sur l'idolâtrie, sut délivrer d'un horrible serpent les terres d'un seigneur riche et puissant appelé Volusien. En considération d'un si grand service, Volusien céda à saint Vigor la terre de Cerisy pour y fonder un monastère. Par une rencontre, qui semble ôter encore un degré de crédibilité à cette histoire, c'est dans la rivière Drôme, ainsi que la Bête Saint-Loup, que fut précipité le serpent de saint Vigor."

    in Amélie Bosquet : La Normandie Romanesque et Merveilleuse (1845).

     

             "Moins certain est le culte dédié à Vigor, cet évêque de la première moitié du VIe siècle (cité par Fortunat dans la Vita Paterni) dont la vie ne parait pas rédigée avant l'époque carolingienne, même si elle consigne visiblement des souvenirs anciens. Cependant, dans la mesure où sa fête est célébrée le ler novembre est mentionnée par le manuscrit de Corbie, il est vraisemblable qu'elle existe avant les invasions normandes. Mais les fouilles menées par L. Musset sur le site du monastère de Saint-Vigor, au sommet du mont Chrismat, là où l'évêque fut inhumé, n'ont livré aucun monument préroman. Toutefois, parmi les tombes d'époque franque qui furent découvertes, il est un sarcophage dont le contenu fut préservé par la construction romane, peut-être parce qu'il contenait des restes vénérés."

    in Histoire Religieuse de la Normandie ouvrage collectif sous la direction de N.-J. Chaline ; article "Aux origines du culte des saints en Normandie" de B. Beaujard. C.L.D. 1981.

     

             "Saint-Vigor-le-Grand, aux portes de Bayeux, fut le site d'un monastère fondé au VIe siècle par l'évêque de ce nom ; rétabli vers 1063, il devint en 1096 un prieuré de Sainte-Bénigne de Dijon. La localité conserve deux monuments liturgiques assez exceptionnels, presque certainement pré-normands : le trône épiscopal déposé aujourd'hui à l'église paroissiale, et les fonts baptismaux dont les débris sont depuis 1979 réunis à l'ancien prieuré. Des fouilles menées après 1938 par Dom G. Aubourg et après 1964 par le signataire de ces lignes ont décelé, sous l'église priorale aujourd'hui rasée, un niveau romain et des sépultures mérovingiennes. Deux inscriptions aujourd'hui perdues passent pour y avoir existé ; seule la seconde paraît de bon aloi. - Selon la très médiocre Vie de saint Révérend, ce saint, visitant le Mons Phas (nom donné au site de l'abbaye), "y construisit un oratoire en l'honneur de saint Jean et y écrivit le titulus de son nom sur le mur". La chapelle en question a depuis longtemps disparu. Référence : Vie de saint Révérend, éd. J. Lair, Bibl. Ecole des Chartes, 1862, p. 122, ou AA.SS., Nov. I, p. 305. - Pierre inscrite qui existait au XVIIIe siècle encastrée dans le mur du collatéral nord de l'église du prieuré, près de la porte du cloître ; elle mesurait environ 0,45 m X 0,30 m. Texte selon Dom Boudier : Hic requiescit bonae memoriae Theudomiris abbas (Trigan lit : Hic jacet...). Dom Boudier assure qu'elle était "en caractères qui peuvent être véritablement du VIe siècle" ; l'abbé Trigan la dit seulement "en caractères fort anciens". Ce texte soulève deux questions principales : son authenticité à nos yeux probable, mais invérifiable et ses rapports avec la Vita Vigoris, texte carolingien qui reprend presque certainement un noyau plus ancien. Cette vie met en scène un personnage qui se confond sans doute avec notre abbé : "assumpto igitur uno secum puerulo nomine Teodemiro, (Vigor) pervenit in regionem Bajocassinam". La tradition, depuis Dom Boudier et Trigan, conclut volontiers de ce passage et de l'inscription, que ce Théodemir fut le premier abbé de Saint-Vigor ; l'interprétation n'est pas invraisemblable. Reste évidemment la possibilité d'une déduction inverse : l'inscription fabriquée après coup pour servir de renfort à la Vita. Nous n'y croyons guère : la Vita ne dit pas que Théodemir fut abbé, l'inscription ne dit pas que l'abbé était le disciple de Vigor, ce qu'un faussaire n'eut guère manqué de souligner. Quand des falsificateurs du XIe siècle ont fait appel à l'épigraphie pour consolider leurs pieuses imaginations, ils se sont en général montrés beaucoup plus hardis (ainsi, pour rester en Normandie, au sujet des "martyrs" d'Acquigny). D'ailleurs Théodemir méritait-il un faux ? Il ne fut jamais qu'un comparse, complètement relégué dans l'ombre par la gloire posthume de Vigor. Références : [Dom Boudier] Abrégé chronologique du monastère de SaintVigor, Coll. Mancel (Caen). ms. 184. p. 9, Abbé TRIGAN, Hist, éccles. de la province de Normandie, t. I. Rouen, 1759? p. 103 ; Abbé FAUCON, Essai historique sur le prieuré de Saint-Vigor-le-Grand, Bayeux, 1861, p. 62 ; AA.SS, Nov., I, p. 305, note."

    in Histoire Religieuse de la Normandie, ouvrage collectif sous la direction de N.J. Chaline ; article de L. Musset ; éd. Ch. Corlet 1981.

     

    Saint Vigor (5 novembre) : Saint Vigor est un des célèbres évêques missionnaires de l'époque mérovingienne ; c'est le saint Martin Normand. Sa vie a été écrite entre le VIIe et le IXe siècles, probablement par un curé de l'église Saint-Pierre, fondée par lui, et devenue Saint-Vigor-le-Grand. Il eut pour origine une famille considérable de l'Artois, qui le mit à lécole de saint Waast, évêque dArras. Bientôt l’élève fut admis au nombre des clercs de la maison épiscopale. Il désirait se consacrer entièrement à Dieu. Trouvant dans sa famille un obstacle insurmontable, il la quitta secrètement, en compagnie d'un ami, nommé Théodemir. Après un voyage mouvementé, ils arrivèrent à Reviers. Cette localité, située au croisement de deux voies romaines, leur parut un champ propice pour l'évangélisation. Les disciples vinrent en grand nombre et Vigor fonda un monastère qui fut détruit par les Normands. Là, il ressuscita, à la prière de sa mère, un enfant qui venait de mourir. Un riche seigneur du Bessin, nommé Volusien, dont les terres étaient désolées par un cruel serpent, pria Vigor de l'en délivrer. Le saint aborde le monstre, lui passe son étole au cou et ordonne à Théodemir d'aller le précipiter dans la mer. En récompense, il reçoit le domaine de Cerisy, où fut édiflée une puissante abbaye. Contest, évêque de Bayeux, étant mort, Vigor fut proclamé son successeur et sacré en 515. Il consacra tout son épiscopat à détruire le vieux paganisme. Chassés des villes, les païens s'étaient réfugiés dans les campagnes, principalement sur les hauteurs où ils avaient leurs fana, ou temples. Sur le mont Phaunus, près Bayeux ils adoraient Bélénus, et une statue de femme, qui, semble-til, représentait la Diane antique. Un jour que l'évêque s'y était rendu, il fut accablé d'injures. En vertu de la loi qui accordait au fisc les lieux consacrés au culte païen, le roi Childebert fit don de cette colline à saint Vigor, qui substitua au temple un baptistère dédié aux saints Pierre et Paul. Le mont Phaunus devint le mont Chrismat. Les vieux légendaires rapportent que ce saint chassa des serpents d'un grand nombre de lieux : Cerisy, Saint-Vigor-d'Ymonville, près le Havre, Cambremer, etc. C'est l'image du triomphe du christianisme sur le démon l'antique serpent. Tous les pagi de son diocèse furent évangélisés : le Pays d'Auge avec Cambremer, Crèvecoeur, Saint-Pair-du-Mont, le Cinglais, où nous trouvons sous son vocable les églises de Bretteville, de Donnay, de Villers-Canivet, et des chapelles à Cesny-Bois-Halbout et à Urville ; le pays de Caen avec Colleville, Rots, Colomby-sur-Thaon, Reviers, Louvigny, Maiset, Cheux, Coulombs, Authie; le Bocage où il existe des traces de son passage à Saint-Vigor-de-Maiserets, Danvou, Coulvain, Saint-Vigor-des-Monts, Athis et le Mesnil-Gondouin ; dans le Bessin pullulent les sanctuaires élevés en son honneur. Saint Vigor mourut le ler novembre 637 et fut inhumé dans le sanctuaire du Mont Chrismat, détruit par les Normands au IXe ou Xe siècle. Un clerc de Bayeux, nommé Avitien, s'empara des reliques, ensevelies sous les ruines, et les transporta au monastère de Saint-Riquier. Dans la suite, les ossements furent partagés entre diverses églises, dont Pont-de-l’Arche, Pontoise, Saint-Waast d’Arras, Saint-Cyprien de Poitiers, Saint-Vigor près Bayeux sont les principales. Très nombreux sont les monuments concernant saint Vigor : d'anciens fonts baptismaux et un siège en marbre de Vieux (Ve s.), .une inscription de l'église d'Authie (XIe s.), une clef de voûte de l'église de Cheux (XIIe s.), un médaillon de la cathédrale de Bayeux (XIIIe s.), une statue provenant de Crèvecoeur, conservée au Musée des Antiquaires, à Caen, une autre dans l'église de Saint‑Supplix, près Bayeux (XVe s.), etc... Jadis, ce saint était très invoqué contre les incendies. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.

     

    “ Saint Vigor, évêque de Bayeux, fonde au VIème siècle un monastère sur le Mont Phaunus, alors recouvert d'une chênaie et centre du culte druidique dans le Bessin. Le territoire de la commune qui garde son nom comprend jusqu'à la fin de l'ancien régime de nombreux autres édifices religieux. Sur l'ancienne voie romaine conduisant de Bayeux aux Veys, une chapelle du XIIIème siècle à l'usage des pèlerins est dédiée à saint Jacques et au hameau de Pouligny, par ailleurs célèbre pour ses découvertes archéologiques. La Fontaine Saint-Révérend rappelle la grotte où ce saint, lui aussi bayeusain, se retirait. À proximité du prieuré Saint-Vigor, la chapelle Sainte-Marie l'Égyptienne a existé jusqu'en 1792. L'église Saint-Floxel, du nom du martyr bayeusain, s'élevait en limite de Bayeux, jusqu'en 1709. Enfin, sur la route royale, près de Saint-Exupère, les chanoines de Saint-Augustin établis au prieuré de Saint-Nicolas-de-la-Chesnaye, avaient pour mission de soigner les lépreux. Saint-Vigor était aussi le siège dune baronnie et comprenait trois fiefs nobles, La commune est agrandie en 1856 du hameau de Saint-Sulpice. L'époque contemporaine est marquée par le débarquement et l'établissement en juin 1944 d'un hôpital militaire britannique de 600 lits. ”

    in Le Patrimoine des communes du Calvados, tome 1, Flohic Editions 2001.

     

    Concernant ce saint, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.


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