• WALFRIDE

    WALFRIDE ou BALTFRIDE

    Evêque de Bayeux (IXe siècle) ; il dut fuir Bayeux devant les normands et fut assassiné en 858 à Evrecy. 

     

    BAYEUX :  

             "846-858 (Evêque de Bayeux). D'après un manuscrit du Chapître, il fut massacré par les Danois en sa terre d'Evrecy."

    in Monographie d'un canton type : Canton de Bayeux par E. Michel (1911), Office d'édition & de diffusion du livre d'histoire 1994.

     

    EVRECY/BAYEUX : 

             "...les évêques de Bayeux possédaient à Évrecy, dans le voisinage du monastère détruit, à la fin du IXe siècle, "une terre" plus tard élevée en châtellenie, sur laquelle devait exister une demeure d'une certaine importance. Ce lieu allait être, en l'an 858, le théâtre d'un tragique évènement, que nous trouvons raconté dans un très curieux manuscrit déposé à la bibliothèque du chapitre de Bayeux. A cette date, le siège de cet évêché était occupé par Walfride (ou Balfride), plus tard canonisé sous le nom de saint Walfride. C'était au plus fort des invasions des hommes du nord. Une troupe de ces pirates commandée par un nommé Hastinc, ravageait le Bessin, "ce qui obligea, dit notre texte, saint Walfride de se retirer en sa terre d'Evrecy, de peur de tomber entre les mains inhumaines de ce cruel barbare qui permettait toute licence à ses troupes..." Ceci se passait en 855. Dans sa fuite précipitée, l'évêque oublia de mettre en lieu sûr les reliques de sa cathédrale, notamment celles de saint Regnobert et de saint Zénon, son archidiacre. "Pour cette affaire, continue le manuscrit, il se trouva dans la ville un homme pieux et dévot, seigneur du Mans, appelé Hervé, qui voyant que l'évêque s'était sauvé, leva et emporta les saintes reliques... lequel les fit transporter en son pays... après leur avoir fait bâtir une église..., que saint Wilfridus, évêque de Bayeux, accompagné de celui d'Avranches et de Lisieux, bénit et consacra. Or quelques principaux du chapitre et de la ville, examinant sur le départ si prompt de leur évêque, et sur l'honneur que Hervé lui faisait de consacrer l'église, ces choses les troublèrent et leur donnèrent à penser que saint Wilfridus, leur évêque, était d'accord avec Hervé et contribuait à la facilité d'enlèvement de ces reliques, qui étaient une perte, pour la ville, très considérable, et pour tout le diocèse, qui les réclamait, ... conspirèrent entre eux de l'aller tuer en sa terre d'Evrecy, où ils le trouvèrent et le mirent à mort, l'an 858, Dieu permit cette mort à cause d'avoir abandonné son évêché".(Biblioth. du chapitre de Bayeux). Tel est le fait raconté en toute sa tragique naïveté. Il méritait, il nous semble, d'être retenu, à la fois comme caractéristique des moeurs de l'époque, et comme preuve documentée de la possession, par les évêques de Bayeux, avant le Xe siècle, d'une terre en la paroisse d'Évrecy."

    in Histoire d'Evrecy de Lanfranc de Panthou, Res Universis 1988, réédition de Monographie de la commune d'Evrecy, 1900.

     

    Saint Baltfride, évêque de Bayeux : La tradition est complètement muette sur saint Baltfride, 23e évêque de Bayeux. Rien de surprenant : il vécut et mourut à l'époque où les Normands, farouches sectateurs d'Odin, ravageaient la Neustrie et voulaient imposer leur religion aux vaincus. Ce prélat dut, par la force des événements, passer une partie de son pontificat hors de son pays. Sa science et son mérite lui valurent l'honneur de faire partie de tous les conciles et grands synodes de l'époque. Sa première souscription donnée en 843, à Germiny, au bas d'une donation pour Corbie, a paru douteuse à Duchesne, mais il souscrivit bien authentiquement à la translation de l'abbaye de Saint-Rémy de Sens faite par l'archevêque Vénilon en 846. Pendant ces temps troublés, les fidèles se dévouaient pour sauver du fanatisme de l'envahisseur les reliques de leurs saints locaux, qu'ils considéraient comme leur plus précieuse sauvegarde. En l’année 846, un Lexovien nommé Hervé, vint secrètement demander à Baltfride, l'autorisation d'enlever les restes de saint Regnobert et de saint Zénon pour les soustraire, à la profanation. Cette question était déjà fortement agitée. L’évêque de Bayeux était alors à Paris, appelé par le roi Charles le Chauve pour se disculper devant un concile d'avoir favorisé le vol de la chasse de saint Regnobert. Les conseillers du roi reconnurent facilement le mal fondé de l'accusation et rétablirent l'inculpé sur le siège épiscopal dont il avait été dépossédé. Rentré à Bayeux, Baltfride accorda avec joie la permission demandée et le 23 mars 847, assisté de Fréculfe, évêque de Lisieux et d'Ansgot, évêque d'Avranches, il consacra à Bayeux, l’église Saint-Sauveur, avec un grand autel qui renfermait les reliques de saint Regnobert et de saint Zénon. Nous le voyons dans la suite assister à tous les conciles de l'époque : au IXe concile de Paris en 849 qui supprima les chorévêques de France ; au concile de Soissons le 26 avril 853, qui confirma Hincmar dans son archevêché de Reims. Enfin, le 25 août 855, il se rendit au concile réuni à Bonneuil-sur-Marne par les métropolitains Amaury, de Tours, Venilon, de Sens, Hincmar, de Reims et Paul, de Rouen, avec 25 évêques et 13 abbés, pour confirmer les privilèges de l'abbaye de Saint-Calais au diocèse du Mans. Les annales de Saint-Bertin nous apprennent que Baltfride fut massacré par les Normands en 858, victime, peut-être, de son attachement aux reliques. La ville de Bayeux fut saccagée et brûlée et le lieu de la sépulture du martyr demeura inconnu. Au XVIIIe siècle, une convulsionnaire extatique nommée Marie Letoc dirigée par l'abbé Heurtin, vicaire d'Evrecy, qui joua un grand rôle dans l'affaire des possessions, voyait dans ses extases Baltfride, évêque de Bayeux, accompagné de Hugues, son grand vicaire. Ils lui disaient qu’ils avaient été martyrisés par les Danois au IXe siècle et que leurs corps reposaient dans une ancienne chapelle attenante à l'église d’Evrecy et bâtie par Baltfride lui-même. Le nom de cet évêque fut peint au XIIIe siècle sur les voûtes de la cathédrale de Bayeux avec l'épithète de saint, que lui décernent aussi, le martyrologe gallican et les historiens locaux. Aujourd’hui sa mémoire et son culte sont tombés dans l'oubli.”

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.


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