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ARNOUL
ARNOUL
Deux saints portent ce nom : un évêque de Metz au VIIe s. et un évêque de Tours, martyr au VIe s. ; fête le 18 juillet. Une commune du Calvados porte son nom : Saint-Arnoult.
« ARNOUL — saint martyr du sixième siècle, compté parmi les évêques de Metz , patron des brasseurs de bière. Il fut martyrisé, dit-on, au diocèse de Reims. Tandis qu'on emportait son corps pour l'enterrer à Tours, selon le désir qu'il en avait témoigné, son corps demeura miraculeusement immobile dans la forêt d'Yveline, à huit lieues de Chartres. On fut obligé de l'enterrer au milieu du chemin : on y bâtit ensuite une église où l'on garde son corps, et autour de laquelle se forma un gros bourg qui porte le nom de Saint Arnoul (1). » (1) Histoire de l'auguste et vénérable église de Chartres, chap. 9.
Extrait de Critique des reliques et des images miraculeuses par J.-A-S. Collin de Plancy. Tome Premier, Paris Guien et Compagnie, Libraires, Bd Montmartre 1821.
SAINT-ARNOULT :
"L'existence de deux saints portant le même nom et fêtes le même jour pose un problème de choix. Au saint Arnoul, évêque de Metz au VIIe siècle, nous préférerons saint Arnoul, évêque présumé de Tours et martyr au VIe siècle, pour des raisons géographiques (qui ne nous procurent aucune certitude). Arnoul est né vers 470 de dignitaires francs baptisés. Marié à une nièce de Clovis, il se sépara de son épouse afin de partir pour des pèlerinages. Il passa ainsi à Tours dont il devint peut-être évêque avant de reprendre son errance. Il aurait été attaqué si virilement par des parents de sa femme lors d'un passage à Reims qu'il n'aurait pas survécu à cette agression. Son culte s'est répandu en Normandie où on lui prête la faculté de rendre la vigueur aux enfants "languissants". Peut-être faut-il attribuer ce pouvoir magique reconnu par la tradition populaire à la robustesse des membres indispensable au saint lors de ses multiples pérégrinations. Actuellement, ce culte ne parait être demeuré vivant qu'en un seul lieu, à Touques (canton de Trouville), dans l'ancienne paroisse de Saint-Arnoult. On l'invoque pour les petits enfants ayant des difficultés à marcher. Une source miraculeuse attire les mères inquiètes qui plongent les jambes de leurs petits dans son eau."
in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.
“À proximité du chevet de l'église du prieuré, au milieu des arbustes et autres végétations, naissent deux sources qui, autrefois, étaient les lieux de pèlerinages. Une, consacrée à Saint-Clair (décidément apprécié) était plus particulièrement fréquentée par les malvoyants ; ses eaux, prétendait-on, soulageant les maux atteignant les yeux, en souvenir du saint évêque de Nantes qui, dit la légende, rendait la vue aux aveugles en apposant ses mains sur leurs paupières, vers l'an 200. La seconde est appelée “Fontaine de Saint-Arnoult”. Son eau, autre légende, redonnait des forces aux enfants de faible constitution. Le guide Joanne, édité en 1894, nous apprend qu'en cette fin du XIXe siècle, “On conduisait à cette fontaine un grand nombre d'enfants débiles, à certaines périodes de l'année. Une paysanne, habitant à proximité de cette source, s'était même attribué le soin, moyennant rétribution, de les plonger dans l'eau, mais aussi d'aider également les adultes à s'y baigner”.
in Nos Villages Augerons de Jean Bayle, Éditions Charles Corlet 1998.
“ L'évêque de Reims. Arnolphus, personnage énigmatique du VIe siècle, semble à l'origine de Saint‑Arnoult. D'après la légende, il serait passé à Saint‑Arnoult-sur‑Touques après être passé à Saint-Arnoult‑en‑ Yvelines. Le village a dès lors pris une importance considérable grâce à son identité religieuse. Dès le milieu du XI siècle, et jusqu'au XVIIIe siècle, les seigneurs de France font construire leur demeure sur les différents fiefs de Saint-Arnoult. Les ruines des châteaux de Lassay et d'Estimauville subsistent encore. Dotée de deux fontaines réputées miraculeuses, la paroisse est, jusqu'au milieu du XXe siècle, un lieu de pèlerinage important, notamment le 23 juin et le troisième dimanche de septembre. (…) Fontaines, XIe siècle : L’une des deux fontaines miraculeuses de Saint‑Arnoult‑sur‑Touques est dédiée à saint Clair, qui a le don de guérir les maladies oculaires. La seconde est placée sous le patronage de saint Arnoult. À partir du XIe siècle, les parents viennent parfois de très loin y plonger leur enfant de faible constitution, afin de loi redonner force et vigueur. Ces pèlerinages ont eu lieu jusqu'aux années 1970. ”
in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.
“ Il existe plusieurs saints portant le nom d’Arnoul. Le premier, évêque de Soissons, fêté le 15 août, aurait vécu de 1040 à 1087. Le second, évêque de Gap, vivant au XIe siècle, fêté le 19 septembre, serait mort en 1070. Deux autres sont fêtés le 18 juillet. L’un, évêque de Metz, grand-père de Pépin d'Héristal, aurait vécu de 580 à 640. L’autre serait né vers 470 et mort en 534. Celui qui nous intéresse est sans doute ce dernier. Sa vie nous est connue à travers la légende. Selon cette légende, il serait né de parents appartenant aux Francs de haut rang qui avaient reçu le baptême des mains de saint Rémi, évêque de Reims. Clovis le fit comte de Reims avant qu'il n'épouse sa propre nièce, Scariberge. Deux fils naquirent de cette union. Puis, les deux parents décidèrent de se séparer. Arnoul entreprit alors de longs voyages vers la Palestine, puis à Rome, puis à Toulouse et à Tours où il visita le tombeau de saint Martin et où il fut déclaré évêque par acclamation (vraisemblablement à titre transitoire). Il quitta néanmoins Tours pour reprendre sa vie de pèlerin. Il alla prêcher en Espagne. Il revint finalement à Reims où il fut victime d'un attentat qui lui coûta la vie. Une légende parallèle mentionne que le corps d’Arnoul fut ramené dans les Yvelines par Scariberge, son épouse, qui fit construire un tombeau. C'est à partir de cette sépulture que fut édifié le prieuré de Saint‑Arnoult‑enYveline.
Saint Arnoul est guérisseur, mais, actuellement, il n'est plus guère invoqué qu'en un seul endroit en Normandie. A Saint‑Arnoult‑sur‑Touques (canton de Trouville‑sur‑Mer), dans le Calvados, existe toujours une fontaine Saint‑Arnoul (ou Saint‑Arnoult). Cette fontaine, protégée par un vieux mur, reçoit encore la visite de parents venus pour soigner leurs enfants atteints de rachitisme ou manquant de force. Les vertus de l'eau étaient déjà connues très anciennement. Au moins vers le Xe siècle, on venait déjà plonger les enfants chétifs dans cette fontaine. La pratique de l'immersion s'est ainsi perpétuée durant des siècles puisque des pèlerinages très suivis avaient lieu jusqu'à une période récente. De nos jours, ces déplacements collectifs ont cessé, mais les visites individuelles se poursuivent comme par le passé. Et, même si le corps de l'enfant n'est pas totalement immergé, on use largement de l'eau salvatrice. Si l'on se réfère à des témoignages sérieux, il y a quelques décennies, les pèlerins se bousculaient devant la fontaine et il fallait avoir recours à une voisine de la fontaine qui, moyennant gratification, se chargeait d'opérer le bain dans l'eau de la fontaine. Une fontaine Saint‑Clair, également fréquentée, se situe à proximité de la fontaine Saint‑Arnoul.
in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.
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