• WAMBERT

    WAMBERT ou VAMBERT

    Prêtre de St.-Pierre-sur-Dives au IXe siècle martyrisé par les normands.

     

    SAINT-PIERRE-SUR-DIVES :  

             "Dans les dernières années du IXe siècle, la Dives vit arriver avec effroi quelques unes de ces barques plates et légères, espèces de dragons, qui portaient partout la désolation, la mort. Après avoir franchi la large embouchure de la rivière, les Normands en remontèrent facilement le cours, faisant le vide derrière eux. Ils s'arrêtèrent en face de Saint-Pierre. Ce fut une panique, lorsqu'on vit les pirates descendre de leurs barques et s'avancer fièrement, l'oeil en feu et couverts de leurs armures, vers le paisible village de l'Epinay. La foudre tombant avec fracas sur la bourgade n'aurait pas produit une pareille épouvante. Les paysans s'enfuient ou se cachent. Mais Saint-Pierre possédait une église desservie par le curé Wambert, prêtre selon le coeur de Dieu. Il se porte au devant des Normands, les supplie d'épargner son troupeau et, suivant l'exemple de son divin maître, s'offre comme une victime innocente. Leur haine contre la religion catholique et ses ministres s'assouvit sur le prêtre dévoué, et la tête de Wambert tomba sanglante sous la hache des inflexibles bourreaux. Le pays ne fut pas épargné : ils n'y laissèrent que des ruines. Mais il est certain que les habitants eurent la vie sauve, car, après le départ des Normands, on les voit recueillir avec un religieux respect les reliques de leur vénéré pasteur, et honorer sa mémoire d'un culte solennel. Le martyrologe romain l'a mis au nombre des saints. (...) Voici, sous la date de 1273, le cérémonial de la procession qu'on devait faire le 26 juin, jour de la fête de saint Wambert. Avant la grand'messe, le célébrant, revêtu de l'étole et du manipule, portait respectueusement dans ses mains le chef du saint martyr. Deux prêtres le suivaient, et, dans une châsse en forme de sarcophage, ils offraient à la vénération des fidèles le corps du bienheureux. En tête du cortège, marchaient les clercs qui portaient l'eau bénite, la croix, les cierges et l'encens. Lorsqu'on était arrivé au vestibule de l'église, au lieu désigné sous le nom de Porte de Galilée, on déposait la châsse sur une espèce d'arc de triomphe, sous lequel devaient passer les assistants, pour rentrer au choeur. (...) En 1562, (...) les reîtres de Coligny s'avancent vers Saint-Pierre-sur-Dives. Ils se précipitent comme un torrent sur l'église de Notre-Dame-de-l'Epinay, renversent la chaire, mutilent les statues du jubé, la tombe de Lesceline, brûlent une quantité de titres, le chartrier, les ossements sacrés et parmi eux, les restes précieux de saint Vambert, brisent les verrières, le bois de la vraie croix, détériorent les peintures et les inscriptions murales, pénètrent dans la sacristie, enlèvent les vases sacrés et les ornements et réservent l'église pour en faire un prêche."

    in Histoire de Saint-Pierre-sur-Dives d'A. Bisson, Rééd. Res Universis 1988, d'après Saint-Pierre-sur-Dives et son abbaye parue en 1895.

     

    Saint Wambert : Un ordinal de, l'abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives, écrit vers 1273, et cité par Dom Martène dans son grand ouvrage sur les cérémonies monacales porte cette mention : “Tous les ans les religieux de la maison célèbrent la fête de saint Wambert, évêque et martyr, dont le corps et la tête sont conservés dans l'église”. St-Pierre-sur-Dives et la région de Falaise étaient jadis du diocèse de Séez, qui faisant coin entre les diocèses de Bayeux et de Lisieux, s'avançait jusqu'à Mézidon. Wambert, désigné comme évêque, n'occupa aucun siège épiscopal. C'était un chorévêque, c'est-à-dire une sorte de préfet apostolique, auquel l'évêque de la cité déléguait une partie de ses pouvoirs, afin de lui permettre de remplir certaines fonctions épiscopales dans les bourgs et les campagnes encore païennes. Au IXe siècle, Wambert fut chargé par l'évêque de Séez d'évangéliser le pays d'Hiesmois, dont le bourg actuel d'Exmes formait le centre. A Caen, la rue Saint-Jean qui conduisait vers ce pays portait le nom de Rue Exmoisine. C'était au temps des invasions normandes. Ces barbares remontèrent la Dives sur leurs barques légères, pillant et brûlant tout sur leur passage. Wambert s'avança au devant des envahisseurs et leur demanda d'épargner son troupeau. Il ne fut pas écouté : le bourg fut dévasté, l'église incendiée et lui-même fut massacré. De pieux fidèles recueillirent secrètement les restes de leur dévoué pasteur. Voici le cérémonial de la procession qui dès le XIIIIe siècle, se faisait le 26 juin en l'église Saint-Pierre : Tous les moines assistaient, revêtus de chapes, aux offices du jour. La messe célébrée comme aux plus grandes fêtes, était suivie d'une procession autour du cloître. Au retour, deux religieux élevaient la châsse qu'ils portaient, et tous les assistants passaient par-dessous pour se mettre sous la protection du saint martyr. A l'issue des vêpres, la communauté se rendait processionnellement à la chapelle de l'infirmerie, dédiée en 1214 en l'honneur des saints Eloi et Wambert, par Sylvestre, évêque de Séez. Le culte du saint martyr fut longtemps populaire. En 1869, un nommé Aubin trouva à Donville, paroisse réunie à Saint-Pierre-sur-Dives, une médaille ancienne, en cuivre, de forme ovale. L'avers représentait le buste du saint ayant devant lui une crosse et une tête de cerf avec cette inscription : Sainct Wambert. Le culte de ce saint a été rétabli en l'église de Saint-Pierre-sur-Dives. Son office y est célébré solennellement le 26 juin, d'après les prescriptions de l'ordinal de l'Abbaye et les rubriques d'un ancien graduel soigneusement conservé à la paroisse. ”

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.

     

    “ Le passage sous la pierre, ou à travers la fente d'une pierre, qu'on retrouve dans de très vieilles civilisations, n'est pas réservé aux trilithes que nous a légués la préhistoire. Il s'est étendu au rituel des pèlerinages : on passe sous l'autel, sous la châsse du saint, sous sa pierre sépulcrale quand c'est possible (sinon on en fait le tour). On lit dans l'Antiquum Ceremoniale de l'abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives un texte qui nous renseigne pour le XIIIe siècle (le manuscrit est de 1275). Quand on promenait la châsse de saint Wambert, le 26 juin, et que la procession était parvenue ad januarn Gatileae, c'est-à-dire à la porte de la nef de l'église abbatiale, tous les fidèles passaient sous la châsse (transeant omneg subter feretrum). ”

    In Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par Dr. Jean Fournée, Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, n° spécial des cahiers Léopold Delisle 1973.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :