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IDE
Un article extrait du site Ouest-France du 29 septembre 2013 : http://www.ouest-france.fr/normandie/bayeux-14400/sainte-ide-la-belle-inconnue-du-monastere-1040166
IDE
« Sainte Ide, la belle inconnue du monastère
La comtesse Caroline d'Arco-Zinneberg, mère Michelle-Kateri et mère Jean-Marie, Mgr Jean-Claude Boulanger, Véronique Lambert et Horst van Cuyck ont célébré samedi le 900e anniversaire de la mort de sainte Ide. |
Épouse d'un compagnon de Guillaume et mère de chevaliers des croisades, elle repose depuis 1807 chez les bénédictines. Plusieurs commémorations sont prévues pour les 900 ans de la mort de cette sainte.
L'histoire
« Originaire du Pas-de-Calais, je connaissais bien sainte Ide, notamment le culte que lui vouent les habitants de Boulogne-sur-Mer, s'amuse Jean-Claude Boulanger. Nommé évêque de Bayeux, je me suis demandé ce que faisaient ses reliques chez les bénédictines, quand j'ai poussé la porte du monastère. »
Beaucoup de Bayeusains ignorent que cette descendante de Charlemagne repose depuis plus de deux siècles dans leur ville. Née vers 1040 à Bouillon, dans les Ardennes, Ide ou Ida de Boulogne fait pourtant partie des grandes figures de l'histoire de France. Nièce du pape Étienne IX, elle a épousé le comte Eustache de Boulogne, en 1049. « Eustache faisait partie des compagnons de Guillaume le Conquérant, explique l'historienne Véronique Lambert. Il est d'ailleurs représenté sur la Tapisserie de Bayeux. »
Mère de Godefroi de Bouillon
Samedi, une messe célébrée par Mgr Boulanger, suivie d'un repas ont permis de célébrer le 900e anniversaire de la mort de sainte Ide. Une commémoration organisée à l'initiative d'Horst van Cuyck. « Un descendant de Sainte Ide, poursuit Véronique Lambert. C'est lui qui a eu l'idée de mener des recherches sur cette famille. » Une dynastie qui s'est illustrée au Moyen Âge. « Eustache et Ide ont eu trois fils qui ont fait des choses remarquables aux Croisades : le fameux chevalier croisé Godefroi de Bouillon, Baudouin, premier roi de Jérusalem et Eustache, dont le gendre devint roi d'Angleterre. »
L'histoire des reliques de sainte Ide est tout aussi mouvementée. « En ouvrant son tombeau, quelques années après sa mort, le corps était intact, raconte Véronique Lambert. On a tout de suite pensé au miracle. Décédée le 13 avril 1113, Ide a été béatifiée dès 1130. » Enterrées dans l'église de Le Wast, dans le Pas-de-Calais, ses reliques seront confiées aux sœurs du Saint-Sacrement de Paris en 1669.
Un hommage lors des Médiévales
« Après la Révolution, une religieuse les a apportées dans ses bagages chez les bénédictines de Bayeux, poursuit soeur Michelle-Katery, la mère prieure. Depuis 1807, son reliquaire est exposé dans notre église. »
Le culte de la sainte patronne de Boulogne-sur-Mer est resté bien vivant. « Les jeunes couples venaient à Bayeux pour confier leur famille à Sainte Ide », reconnaît soeur Jean-Marie, mère prieure honoraire. Une tradition qui s'est un peu estompée. « Même si de temps à autre, nous retrouvons une photo d'enfant glissée dans le reliquaire », avoue mère Michelle-Kateri.
À l'occasion des 900 ans de la mort de sainte Ide, les bénédictines veulent faire connaître cette bienheureuse au parcours hors du commun. « Une autre commémoration est prévue à Bouillon, en Belgique, en août, mais nous souhaitons poursuivre les festivités jusqu'en avril 2014, assure mère Michelle-Kateri. Pourquoi ne pas organiser un hommage à cette figure féminine du Moyen Âge, à l'occasion des Fêtes médiévales de Bayeux. »Éric MARIE. « OF--------------------------------------------------------------------
Un article extrait de la Voix du Nord du 25 septembre 2016 par BERTRAND SPIERS : http://www.lavoixdunord.fr/49673/article/2016-09-25/chasseuse-de-reliques-elle-retrouve-un-os-de-sainte-ide-dans-un-coffret
BOULOGNE
« Chasseuse de reliques, elle retrouve un os de sainte Ide dans un coffret !
On doit à une historienne belge, Véronique Lambert, médiéviste de formation, d’avoir (re)découvert la relique de sainte Ide à la cathédrale de Boulogne. Elle en a même fait sa spécialité : elle est chasseuse de reliques, en quelque sorte, à travers l’Europe !
La généalogie permet de remonter le temps. C’est un peu ce qu’a fait une historienne belge, Véronique Lambert, de Courtrai. À l’origine, c’est à la demande d’un Flamand, Horst Van Cuyk, persuadé d’être le descendant d’une des sœurs de Godefroy-de-Bouillon, dénommée Ide comme sa mère, la fameuse sainte Ide. La jeune Ide épousa le seigneur du pays de Cuijk à la frontière des Pays-Bas et elle est considérée comme fondatrice de sa famille.
Sollicitée par Horst van Cuyk, Véronique Lambert a fait d’importantes recherches pour retrouver les ossements de sainte-Ide, disséminés un peu partout en France mais aussi en Europe. C’est elle qui a retrouvé le fameux coffret qui se trouvait dans la sacristie de la cathédrale, un peu oublié de tous. Ce qui ne lasse pas de surprendre l’historienne tant la personnalité d’Ide de Boulogne, épouse d’Eustache II qui batailla aux côtés de Guillaume le Conquérant pour prendre le trône d’Angleterre lors de la fameuse bataille d’Hastings (1) en 1066, il y a donc tout juste 950 ans, est un personnagé-clé de cette époque.
Jusqu’en Autriche On sait peu de choses sur Ide de Boulogne, morte le 13 avril 1113 en l’abbaye de La Capelle qu’elle avait fondée (Les Attaques aujourd’hui près de Calais). Sa dépouille fut transportée à l’église de Le Wast pour y être enterrée. On lui attribue une série de miracles et un culte local mais qui tomba en désuétude. Sa châsse fut ouverte en 1669, cinq siècles après sa mort, et les ossements transportés précieusement à Boulogne puis à Paris. De là, ces reliques prirent la route de Bayeux au XIXe siècle où ils se trouvent encore. Enfin pas tous. Car plusieurs ossements furent placés dans diverses reliques dont celles retrouvées à Notre-Dame-de-Boulogne mais aussi dans l’église d’Ostrohove et celle de Le Wast. L’abbaye de Wisques, près de Saint-Omer, en possède également, tout comme la famille Van Cuyk, dans une chapelle qui lui est dédiée... en Autriche.
Ces reliques étaient le plus souvent placées dans de précieux coffrets parsemés de pierreries. Celui de la cathédrale de Boulogne a disparu. On le voit encore sur des photos de 1913. Qu’est-il devenu depuis ? Mystère ! Une intrigue supplémentaire placée sur la route de Véronique Lambert, qui finira peut-être un jour par la retrouver...
Eustache II de Boulogne a-t-il tué le roi Harold d’Angleterre ?
Au XIe siècle, le comté de Boulogne était très important d’un point de vue stratégique et économique. La majorité du trafic avec l’Angleterre transitait par le port de Wissant, notamment la laine pour la draperie flamande. Eustache II a tenté d’accroître son pouvoir par des alliances politiques et familiales. Ennemi d’Harold Godwinson, le comte le plus puissant de l’Angleterre, Eustache s’allie avec Guillaume le Conquérant et joue un rôle important dans la bataille d’Hastings en 1066.
Une flèche dans l’œil
Les récits relatifs à son rôle exact dans la bataille diffèrent. Un autre auteur anglais estime même que c’est lui qui a tué le roi Harold d’une flèche dans l’œil ! Malgré les largesses du nouveau roi Guillaume en sa faveur, Eustache, qui ne manque pas d’ambition, retourne sa veste une fois rentré à Boulogne et attaque en 1067 le château d’Odon de Bayeux à Douvres. L’attaque est un fiasco : un membre de sa famille est fait prisonnier, le comte condamné et les terres qu’il détenait en Angleterre confisquées. Les ambitions d’Eustache allaient probablement plus loin que l’acquisition de quelques fiefs, peut-être aussi loin que la couronne, estime l’historien américain dans son livre.
Dans la Tapisserie de Bayeux, si le rôle d’Eustache est bien souligné, la narration laisse place à de nombreuses ambiguïtés. « Un Normand pouvait lire l’histoire officielle de la conquête de l’Angleterre, tandis qu’un partisan d’Eustache II pouvait interpréter la Tapisserie fort différemment », précise Véronique Lambert. »
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