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Les reliques de la cathédrale de Bayeux par F. Neveux - 2000
Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle 1996 ; Presses Universitaires de Caen 2000. Les reliques de la cathédrale de Bayeux par F. Neveux
Histoire des reliques médiévales
Les reliques du haut Moyen Âge avaient été dispersées au cours du IXe siècle, à la suite des invasions scandinaves. On peut suivre le périple de certaines d'entre elles. Le corps du premier évêque de Bayeux, saint Exupère, fut emmené à l'abri sur les terres du comte de Corbeil 14. Au Xe siècle, une collégiale fut construite pour abriter le corps du saint, appelé saint Spire. Ces reliques ne devaient pas revenir à Bayeux, mais le chef de saint Exupère était sans doute resté sur place 15. Le corps de saint Loup, autre évêque de Bayeux, aurait suivi celui de saint Exupère à Corbeil 16. Quant aux reliques de saint Vigor, évêque du VIe siècle né en Artois, on les retrouve dans la région parisienne, mais aussi à l'abbaye de Saint-Riquier, dans le Ponthieu 17.
Le cas des reliques de saint Régnobert est plus troublant. On connaît en effet le corps d'un saint Régnobert, réfugié à Varzy, dans le diocèse d'Auxerre 18. Au début du XIIIe siècle, l'évêque d'Auxerre aurait accepté de restituer ces reliques à la cathédrale de Bayeux. Par ailleurs, à Saint-Vivant-sous-Vergy, près de Dijon, sont conservés les corps d'un saint Régnobert (ou Ragnebert) et de son diacre Zénon 19. Ces corps seraient accompagnés d'authentiques les attribuant explicitement à l'évêque de Bayeux et à son compagnon. Il y a donc eu en Bourgogne deux corps pour un seul saint bayeusain 20 ! Les clercs du Moyen Âge se posaient déjà des questions. Sur les voûtains du chœur de la cathédrale sont peints en vis-à-vis deux figures d'évêques nommés Sanctus Regnobertus et Sanctus Ragnebertius 21. On a pu penser qu'il y avait à Bayeux deux saints portant presque le même nom : l'un au IVe siècle (Régnobert) et l'autre au VIIe siècle (Ragnebert) 22. En fait, pour le second, n'y aurait-il pas confusion avec saint Rambert (ou Ragnebert), assassiné vers 680 par Ébroïn, maire du palais de Neustrie-Bourgogne 23 ? Le corps qui séjourna plusieurs siècles près d'Auxerre est, plus vraisemblablement que l'autre, celui de l'évêque de Bayeux. C'est celui qui fut restitué à la cathédrale. Les saints dont les corps ont été emportés étaient les plus vénérés et, par conséquent, leurs châsses étaient les plus précieuses. On mettait à l'abri le reliquaire autant que les reliques. Bien entendu, lesVikings n'étaient intéressés que par les objets précieux, non par les ossements qu'ils contenaient, sans valeur pour ces païens. Ainsi plusieurs saints évêques bayeusains seraient restés dans leur sépulture. C'est peut-être le cas de saint Manvieu, dont le sarcophage se trouvait dans l'église Saint-Exupère de Bayeux (construite dans la principale nécropole antique, à l'extérieur de la ville) 24. D'autres reliques auraient été cachées: ainsi, par exemple, celles des saints Raven et Rasiphe 25. Comme presque partout en Normandie (sauf à Rouen), l'encadrement ecclésiastique semble avoir disparu complètement à Bayeux à la fin du IXe siècle (vers 876) 26. Il fallut attendre une cinquantaine d'années pour trouver à nouveau un évêque (vers 927), et sans doute beaucoup plus de temps encore pour que la vie religieuse reprit son cours normal. Le chapitre ne fut progressivement remis en place qu'au cours du XIe siècle 27. C'est à la même époque qu'on entreprit la reconstitution de la collection de reliques. Il est impossible de suivre en détail les étapes de ce processus. Nous devons nous contenter de quelques indications éparses avant le XIVe et le XVe siècle.
Le premier évêque qui s'attacha à procurer à Bayeux de nouvelles reliques fut certainement Hugues II (vers 1011‑ 1049). L'inventaire de 1476 signale la présence à Bayeux d'un bras de saint Quentin. Il est tentant de faire remonter au début du XIe siècle la translation de cette relique. Le corps de saint Quentin était conservé à la collégiale située dans la ville du même nom, en Vermandois 28. Or, des liens étroits se sont noués entre Saint‑Quentin et la Normandie par l'entremise de Dudon, chanoine puis doyen de la collégiale. Venu une première fois en Normandie comme ambassadeur du comte Albert de Vermandois, dans les dernières années du principat de Richard Ier 29, il séjourna régulièrement à la cour de Richard II, de 1016 à 1026. Dudon de Saint‑Quentin fut le seul historien de la Normandie du Xe siècle. Il reçut des ducs des biens dans le duché et, peut‑être, un appui pour son accession au décanat. En remerciement, Dudon n'aurait‑il pas donné à la province cette précieuse relique ? Le choix de Bayeux s'explique facilement. L’évêque Hugues était le fils et le principal héritier de Raoul, comte d'Ivry, le protecteur de Dudon et l'un de ses principaux informateurs 30.
L'évêque Hugues procura aussi à sa cathédrale d'autres reliques jugées prestigieuses. Il ne s'agit plus cette fois‑ci d'hypothèses. L’invention et la translation de ces reliques est connue par un récit du XIIe siècle, dû à un moine nommé Bernard, probablement bien informé. À la suite d'une révélation reçue en songe, l'évêque Hugues put découvrir les corps des saints martyrs Raven et Rasiphe, sous l'autel de l'église de Saint‑Vaast‑sur‑Seulles 31. Les corps furent solennellement conduits à la cathédrale de Bayeux et mis dans une châsse d'or et d'argent 32.
Après 1049, le successeur d'Hugues, Odon de Conteville, demi‑frère de Guillaume le Bâtard, fit confectionner un nouveau reliquaire plus magnifique encore 33. Tous les détails concernant la découverte et la mise à l'honneur de Ces reliques auraient été recueillis par le moine Bernard de la bouche d'Odon de Saint‑Samson, présenté comme le “ neveu très aimé de l'évêque Odon ” 34. Odon de Conteville fut l'un des plus grands bienfaiteurs de la cathédrale de Bayeux. En dehors de cette châsse des saints Raven et Rasiphe, nous ignorons s'il enrichit le trésor des reliques, mais c'est très probable. On peut lui attribuer l'os de saint Aubert possédé par la cathédrale 35. Ce qui est certain, c'est qu'il offrit à son église une magnifique couronne de lumière qui fut chantée, entre autres, par Raoul Tortaire 36. Ajoutons que, selon Guibert de Nogent, il aurait tenté de rapatrier à prix d'or les reliques de saint Exupère installées à Corbeil. Malgré l'importance de la somme versée (10 livres), on se serait joué de lui en lui fournissant le corps d'un autre Exupère, qui ne comptait même pas au nombre des saints 37.
Parmi les donateurs, signalons aussi le duc Guillaume et la reine Mathilde. Sans doute à l'occasion de la dédicace de 1077, ils ont offert à la cathédrale de précieux manteaux qu'ils auraient portés pour leur mariage. Guillaume fit aussi don de son casque et peut‑être de plusieurs cornes à boire ouvragées 38.
Au XIe siècle, le culte de Thomas de Cantorbéry se répandit très vite en Normandie. Jean de Salisbury, ancien chapelain du saint devenu évêque de Chartres (1177‑1182) aurait pu donner à la cathédrale de Bayeux un vase précieux renfermant du sang de ce martyr 39.
La cathédrale possédait plusieurs portions de la Vraie Croix, certainement très petites. On peut supposer qu'elles avaient été offertes au clergé de Bayeux par saint Louis qui, en 1241, avait fait l'acquisition d'une partie importante de la Croix présumée du Christ, peu après avoir acheté la Couronne d'Épine 40.
Saint Louis passa par Bayeux à deux reprises, en 1256 et 1269. Un tel don aurait pu être fait également par l'un de ses successeurs. Ainsi, Philippe le Bel avait offert au Mont‑Saint‑Michel un morceau de la Vraie Croix 41. Parmi les autres donateurs du XIIIe siècle, on ne peut guère citer que l'évêque Guy (1240‑1259), qui aurait offert à la cathédrale non des reliques, mais un candélabre à sept branches, de cuivre doré 42.
Il faut attendre le dernier quart du XIVe siècle pour connaître le nom des donateurs de reliques et de reliquaires. Ce sont les trois évêques Nicolas (ou Nicole) du Bosc (1375‑1408), Zanon de Castiglione (1432‑1459) et Louis de Harcourt (1460‑1479).
Nicole du Bosc offrit un “ vaissel de beril ront ” décoré de ses armes en émail et de figures en argent doré. Il contenait des os de saint Pantaléon et de sainte Marie‑Madeleine 43. Si l'inventaire ne mentionne pas d'autres reliques de la Madeleine, il n'en est pas de même pour saint Pantaléon. Nicolas du Bosc s'était sans doute contenté de prélever un os sur le corps du saint déjà possédé par la cathédrale. Ce qui comptait autant (et plus) que la relique elle‑même, c'était la richesse et la beauté du reliquaire. Le même évêque donna encore une “ belle croix d'argent doré ” comprenant des fragments de la Vraie Croix et de la poudre provenant de la tête et du corps de saint Gilles 44.
Zanon de Castiglione était le neveu de Branda de Castiglione, cardinal évêque de Plaisance en Italie. Il avait d'abord succédé à son oncle sur le siège de Lisieux, que celui‑ci détenait par cumul (sans être jamais venu sur place). En 1432, il avait obtenu son transfert pour Bayeux, laissant le siège de Lisieux à Pierre Cauchon. Zanon peut être considéré comme un humaniste et il attira auprès de lui de nombreux intellectuels italiens 45. Cet évêque procura plusieurs reliques précieuses à la cathédrale. Il y eut d'abord un “ jouel d'argent doré ” comprenant “ du sang ”, “ de la haire ” et “ ung os des unze mille virges ”, si l'on en croit les inscriptions qui figuraient sur l'objet lui‑même 46. À la veille de sa mort, le 13 septembre 1459, Zanon offrit encore une croix décorée de pierres précieuses et de figures en or, argent ou émail, contenant elle aussi un morceau de la Vraie Croix 47. Comme dans le cas de la croix donnée par Nicolas du Bosc, il est probable qu'il n'y eut pas dans ce cas acquisition d'une nouvelle relique, mais prélèvement d'un fragment de laVraie Croix appartenant déjà à la cathédrale.
Le donateur le mieux connu est l'évêque Louis de Harcourt, contemporain de la rédaction de l'inventaire. Ses auteurs ne pouvaient ignorer ses largesses et ils les ont rapportées avec un empressement certain: (4 Premièrement, en front de l'autel, a une excellente table, toute d'argent bien doré et decentement esmaillie ” 48. Dans cette table était enchâssé un coffre de bois comprenant lui-même (une contreclosture appellee le secret ”, qui était fermée par une serrure à six petites clefs. Ces clefs étaient déposées “dedens le coffre qui est hault en la chambre du trésor ”, c'est‑à‑dire dans l'armoire du XIIIe siècle 49. “Endit coffre de l'autel, entre celle closture du secret et le costé de derriere, a grand et spacieux lieu ” 50. C'est là précisément qu'étaient gardées les quatre châsses renfermant les corps des saints, constituant les éléments les plus précieux du trésor de reliques de la cathédrale 51.
Les autres donations de Louis de Harcourt n'ont pas de rapport direct avec les reliques. Ce sont de précieux ornements, de riches tapisseries, ou encore le calice et la croix donnés par testament 52. Il en est de même pour les autres donateurs connus du XIVe siècle et surtout du XVe siècle, qui ont offert à la cathédrale des objets précieux, et non des reliques. Citons, pour le XIVe siècle, Amédée de Saluces, cardinal et doyen, qui offrit entre 1380 et 1385 un aigle doré et des candélabres 53. Les autres donateurs connus sont des membres du chapitre pour la plupart encore vivants au moment de la rédaction de l'inventaire : Guillaume de Bailleul, doyen 54, Guillaume Sohier, grand‑cousteur 55, Jean de Mondésert 56, et Guillaume Compaing, chanoine 57. Ajoutons deux évêques du XVe siècle : Martin Pynard, évêque d'Avranches (1442‑1452), né à Nonant 58 ainsi que Guillaume Chartier, évêque de Paris (1448‑1472) et frère de l'écrivain Alain Chartier, né à Bayeux 59. Au XVe siècle encore, le trésor de la cathédrale s'enrichit donc de nombreux objets précieux, mais ne reçoit plus guère de reliques nouvelles. Telle qu'elle est à cette époque, la collection des reliques de Bayeux, constituée depuis le XIe siècle, paraît d'une grande richesse et mérite d'être comparée à d'autres collections célèbres, comme celle du Mont‑Saint‑Michel 60.
Les reliques du XVe siècle
La plupart des reliques étaient conservées dans le choeur de la cathédrale. Les quatre châsses les plus précieuses étaient gardées dans la riche “ table ” située devant l'autel majeur, offerte en 1469 par Louis de Harcourt 61. Derrière l'autel, sous le crucifix, se trouvait un tabernacle de bois où étaient placées sept autres châsses : ce meuble existait déjà en 1369 62. Le chanoine Deslandes, éditeur de l'inventaire, identifie à tort ce “ tabernacle de baes ” avec l'armoire du XIIIe siècle de l'actuel trésor 63. Tout laisse à penser que cette armoire n'a jamais bougé. Elle a certainement été construite pour la salle où elle est encore installée 64. Ce meuble est d'ailleurs mentionné dans l'inventaire comme le “ coffre du trésor ” situé “ en la chambre de hault ”. Les objets qu'il contenait sont décrits au chapitre II. Ils sont tous de petite dimension, ce qui correspond à la disposition de ce meuble divisé en quatorze compartiments (et sans doute seize à l'origine), chacun étant fermé par une serrure 65.
Dans le chœur, derrière l'autel, à droite et à gauche du tabernacle de bois étaient encore placées d'autres armoires à reliques 66. Notons qu'au XVe siècle, aucune relique ne se trouvait dans la crypte. Celle‑ci avait été murée lors de la construction du chœur gothique, vers 1230‑1240, et dès lors oubliée. Elle ne fut redécouverte, fortuitement, qu'en 1412, lorsqu'on creusa dans le déambulatoire sud la tombe de l'évêque Jean de Boissey 67.
Les reliques étaient installées dans le chœur et les chanoines, y célébrant quotidiennement l'office divin, étaient les principaux bénéficiaires de leur présence. Le coffre compris dans la “ table ” offerte par Louis de Harcourt contenait les châsses des saints Raven et Rasiphe, Pantaléon, Antonin et Régnobert. Tels étaient les cinq corps complets (ou à peu près) possédés par la cathédrale. L’inventaire de 1476 ne précise pas le contenu des sept autres châsses conservées dans le tabernacle de bois situé derrière l'autel, se référant à l'inventaire (disparu) de 1369. Il est cependant probable que ces reliques sont décrites au même titre que les autres puisque “en plusieurs pointz de cestui inventaire, on peut avoir recours au dessusdit ancien auquel cestui est conforme ”, mis à part les disparitions, qui sont au nombre de six ou sept, et les nouvelles acquisitions 68.
L'inventaire met en vedette deux précieuses reliques conservées également derrière l'autel dans des armoires particulières : à droite, une fiole contenant du sang du Christ 69 et, à gauche, une statue de Notre‑Dame dans laquelle est enchâssée une très petite boîte d'ivoire contenant du lait de la Vierge 70. Du côté gauche se trouvaient d'autres armoires à reliques dont le contenu est détaillé par la suite. Elles comprenaient, entre autres, des cheveux de la Vierge 71, des fragments de la crèche et du sépulcre du Christ 72, le chef de saint Étienne 73, une mâchoire et une dent de sainte Marguerite 74, deux reliquaires comportant des inscriptions en “ lettres anciennes ”, c'est‑à‑dire antérieures à l'écriture gothique en usage alors. Sans doute peut‑on faire remonter la fabrication de ces objets au XIe ou au XIIe siècle. Ils contenaient, selon ces inscriptions, des reliques des apôtres Pierre et Paul, de saint Étienne encore, des saints Grégoire et Cyriaque 75, de saint Rémi, curieusement associé à Sydrach, Misach et Abdenago, les trois compagnons de Daniel 76. Venaient ensuite les chefs de saint Exupère et de saint Loup, seules reliques des premiers évêques alors conservées à Bayeux, les corps de ces saints se trouvant toujours à Corbeil. Parmi les autres reliques prestigieuses sont ensuite mentionnés le bras de saint Étienne et celui de saint Quentin.
Les catégories de reliques
Il n'est pas possible de décrire ici de façon détaillée toutes les catégories de reliques de la cathédrale de Bayeux. Nous nous limiterons donc à un classement par grandes rubriques: reliques du Christ et de la Vierge, corps de saints complets (ou presque), reliques des apôtres et des personnages cités dans le Nouveau Testament, des martyrs d'Orient et d'Occident, des saints évêques de Bayeux et autres saints évêques, des saints locaux et des saints divers enfin.
Reliques du Christ et de la Vierge
Nous connaissons déjà les reliques du Christ et de la Vierge, bien mises en valeur dans la cathédrale (derrière l'autel, à droite et à gauche) et présentées par les auteurs de l'inventaire en tête de leur liste (les corps entiers mis à part). Pour le Christ, il s'agit d'abord de la fiole du précieux sang, des reliques de la crèche et du sépulcre déjà citées, mais aussi de morceaux de vêtements et du suaire 77. Et surtout, le trésor comptait plusieurs portions de la Vraie Croix, dont des fragments étaient contenus dans un joyau, dans un vase et dans quatre croix précieusement ouvragées 78.
Les reliques de la Vierge, outre le lait et les cheveux déjà cités, consistaient en morceaux de vêtements 79. Le lait de la Vierge est très fréquemment mentionné dans les trésors de reliques. Il était réalisé par un mélange d'eau et de poudre blanche. Celle‑ci était obtenue en pulvérisant la roche de la grotte, proche de Bethléem, où la Vierge Marie aurait allaité l'Enfant‑Jésus, selon la tradition.
Les corps complets
Les corps de saints complets étaient, dans l'ordre de l'inventaire, ceux des saints Raven et Rasiphe, Pantaléon, Antonin et Régnobert 80.
Nous avons déjà évoqué saint Régnobert, longtemps considéré comme le second évêque de Bayeux, et ses deux corps possibles. Celui qui était conservé à la cathédrale provenait d'Auxerre. C'était le seul confesseur. Les quatre autres saints étaient des martyrs, par conséquent beaucoup plus prestigieux.
Il est impossible d'identifier saint Antonin. Au moins huit martyrs du nom d'Antonin sont connus, à l'époque paléo‑chrétienne, souvent associés à des compagnons de supplice. Les plus célèbres sont vénérés à Apamée (en Syrie) ou à Pamiers (dans l'Ariège), où la cathédrale est justement dédiée à saint Antonin. Selon toute apparence, les corps de ces saints‑là ne se trouvaient pas à Bayeux 82.
Saint Pantaléoù aurait été martyrisé à Nicomédie, en Asie mineure, vers 305, sous Dioclétien. On ignore dans quelles circonstances son corps aurait pu parvenir à Bayeux 83.
Saint Raven, prêtre, et saint Rasiphe, son compagnon, étaient probablement originaires de Grande‑Bretagne. Au Ve siècle, ils avaient fui les invasions anglo-saxonnes et s'étaient réfugiés en Gaule. Devenus ermites, ils auraient cependant été tués pour leur foi à Macé, à quelques kilomètres au nord de Sées 84. Nous connaissons le sort de leurs reliques, sans doute cachées à l'époque des invasions scandinaves et redécouvertes dans la première moitié du XIe siècle 85. Notons qu'un autre saint Rasiphe était inscrit au martyrologe romain. Le martyr romain et ceux venus d'Angleterre étaient vénérés le même jour, c'est‑à-dire le 23 juillet 86.
Reliques des apôtres et des personnages du Nouveau Testament
La cathédrale de Bayeux possédait peu de reliques prestigieuses provenant de Terre Sainte ou de Rome, à la différence des plus riches collections telles que celle du Mont-Saint‑Michel 87. Tout au plus peut‑on signaler des restes des apôtres Pierre et Paul dans un reliquaire ancien, associés à Étienne, mais aussi à Grégoire et à Cyriaque, difficiles à identifier 88. Selon toute apparence, ce reliquaire était d'origine romaine. On trouvait encore à Bayeux des restes de deux autres apôtres : Mathieu et Barthélémy,
Dans un vase de cristal était conservé “ du corps de sainct Mathieu et de sainct Ravent ” 89. Dans ce cas, un fragment d'os de saint Raven avait sans doute été prélevé sur le corps entier conservé dans la cathédrale. Bayeux possédait aussi des reliques d'un dernier apôtre: “ de la pouldre du corps de Monseigneur sainct Barthelemieu ” (Barthélémy), conservé dans “ un petit vaissel de cristal ” 90.
Nous savons que l'évêque Nicolas du Bosc avait offert à la cathédrale un reliquaire de béryl rond contenant “ des os de sainct Panthaleon et de Marie Magdalene ” 91. Les premiers pouvaient encore avoir été prélevés sur le corps conservé sur place, mais les seconds ont certainement été acquis par cet évêque.
Le personnage du Nouveau Testament le mieux représenté à Bayeux était saint Étienne. La cathédrale ne comptait pas moins de quatre reliques de ce saint très populaire : une portion de son chef 92, l'un de ses bras, conservé dans “ ung jouel faict en maniere de bras ” et associé à un fragment de la Vraie Croix des poils de sa barbe 94, ainsi qu'une relique indéterminée 95. Signalons au passage que, contrairement au Mont‑Saint‑Michel, Bayeux ne possédait pratiquement aucune relique se rapportant à l'Ancien Testament, sinon quelques restes des compagnons de Daniel et un morceau du rocher fendu par Moïse 96.
Les martyrs anciens
À Bayeux comme ailleurs, les saints les plus prestigieux étaient les saints martyrs. Sur ce plan, la cathédrale était bien pourvue puisqu'elle possédait les corps complets de quatre martyrs : Antonin, Pantaléon, Ravent et Rasyphe 97. Cette collection était complétée par plusieurs saints d'Orient ou d'Occident. Dans “ un vaissel de cristal ront ”, orné d'argent doré, la cathédrale conservait “ une maxille et une dent maxillaire de saincte Margarite ” 98. Les clercs de Bayeux étaient certainement persuadés de détenir une mâchoire et une dent de la très populaire Marguerite d'Antioche de Pisidie, à l'authenticité aujourd'hui contestée 99.
Comme autre martyr oriental, nous ne pouvons guère citer que saint Cyriaque 100. En revanche, plusieurs martyrs occidentaux étaient représentés : saint Laurent 101, saintVincent (un doigt et un os) 102 et saint Quentin (un bras) 103. Ajoutons le chef de l'une des Onze mille Vierges (dans une tête en argent) ainsi que les autres restes des même vierges contenus dans le joyau d'argent doré “ en ymage d'ung evesque ”, offert par Zanon de Castiglione 105. L'origine de ces dernières reliques est bien connue : la ville de Cologne en a distribué dans tout l'Occident depuis leur invention au XIIe siècle 106.
Un martyr récent : Thomas de Cantorbéry
Le culte de ce saint anglais d'origine normande, canonisé trois ans après sa mort, s'est répandu extrêmement vite de ce côté‑ci de la Manche. Il n'est donc pas étonnant de trouver à Bayeux des reliques de Thomas Becket. La cathédrale possédait “ ung vaissel de baes, faict en maniere de pot ”, orné d'argent doré, qui “ est le pot de monseigneur sainct Thomas de Cantorbiere ” 107, ainsi qu'un récipient de cristal couvert d'argent blanc et contenant du sang du même saint 108 .Outre ces reliques, la cathédrale témoignait de la vénération des Bayeusains envers Thomas Becket par son décor sculpté. Le tympan du portail du transept sud, datant de la fin du XIIIe siècle, relate les principaux épisodes de son martyre. À l'intérieur, également dans le transept sud, une chapelle est consacrée au martyr anglo‑normand 109.
Les saints évêques de Bayeux
Le seul saint évêque de Bayeux dont la cathédrale possédait, en principe, le corps complet était saint Régnobert 110. Une autre relique insigne du même saint y était également conservée: la chasuble de saint Régnobert, qui lui est clairement attribuée par l'inventaire. Elle était conservée dans un curieux coffre d'ivoire 111. Le coffre et la chasuble sont pratiquement, en dehors de la Tapisserie, les seuls restes de l'ancien trésor qui soient parvenus jusqu'à nous. Nous n'étudierons pas ces deux objets d'un point de vue artistique. Disons simplement que le coffre est d'origine musulmane et porte une inscription en arabe dont les termes sont classiques: “ Au nom d'Allah, clément et miséricordieux ! Sa bénédiction est complète et sa grâce immense ” 112. On ignore comment cet objet, insolite dans ce cadre, est arrivé jusqu'à Bayeux. On a eu tendance à l'associer à la première croisade, puisque l'évêque Odon voulut y participer en accompagnant son neveu, le duc Robert Courteheuse. On sait qu'il ne réussit pas à atteindre son but et qu'il mourut à Palerme, capitale de la Sicile normande, en 1097 113. En ce qui concerne la chasuble, il ne semble pas qu'elle soit antérieure au XIIe ou au XIIIe siècle 114.
Bayeux conservait encore des restes non négligeables de trois des saints évêques les plus vénérés, dont les corps avaient quitté Bayeux lors des invasions scandinaves : le chef et une dent de saint Exupère 115. le chef de saint Loup 116 (dont les corps étaient à Corbeil), ainsi que des reliques de saint Vigor (dont le corps est à Saint‑Riquier) 117. On ne sait pas si ces reliques étaient restées dans la ville au IXe siècle ou si elles avaient été restituées par ceux qui détenaient les corps des saints, comme cela s'était produit pour saint Régnobert. 1
Au XIIIe siècle, les effigies et les noms de ces saints furent peints sur les voûtains du choeur, juste au‑dessus des reliquaires. De plus, plusieurs médaillons sculptés, surplombant également les reliques, évoquèrent des saints évêques. Les plus populaires d'entre eux semblent avoir été saint Loup et saint Vigor. Deux médaillons jumeaux représentent en effet deux célèbres épisodes légendaires: on voit chacun de ces saints tenir en laisse une bête féroce, qu'il a réussi à dompter 118.
Saint Aubert et le Mont‑Saint‑Michel
Le trésor de Bayeux détenait “ un vaissel faict en maniere de demy cercle, veré aux bors dessus et dessoubz, assis sur cinq piés d'argent doré; et dedens a des os de Monseigneur sainct Aubert, evesque d'Avrences ” 119. La présence de ces reliques à Bayeux est particulièrement intéressante : elles ne pouvaient provenir que du MontSaint‑Michel.
Saint Aubert est cet évêque d'Avranches du VIIIe siècle qui aurait reçu une révélation de l'archange saint Michel et serait donc à l'origine du célèbre pèlerinage. Son existence n'est attestée que par les traditions anciennes de l'abbaye (Revelatio) 120. Son corps avait été l'objet d'une curieuse invention au début du XIe siècle. Les moines l'avaient trouvé caché dans les combles, au‑dessus de la chambre du chanoine Bernier, qui l'y avait dissimulé. Les reliques du saint fondateur figuraient parmi les plus prestigieuses du Mont. Selon l'inventaire de 1396, l'abbaye conservait son corps dans une châsse, mais aussi, à part, un bras et le célèbre chef percé par le doigt de l'archange 121.
Les relations entre le Mont et Bayeux n'ont jamais été aussi étroites que sous l'épiscopat d'Odon de Conteville. Celui‑ci, voulant ériger en abbaye le prieuré de Saint Vigor, aux portes de la ville, fit appel au monastère du Mont-Saint‑Michel, sous l'abbatiat de Renouf (vers 1055‑1085). Le moine qui fut envoyé à Bayeux pour y exercer la charge d'abbé était un élément turbulent dont l'abbé du Mont fut sans doute heureux de se débarrasser. On l'appelle Robert de Tombelaine, car ii s'était retiré sur l'îlot rocheux de ce nom, avec le moine Anastase de Venise, pour y vivre en ermite à l'écart de la communauté. Il n'en était pas moins un bon lettré, auteur d'un commentaire sur le Cantique des Cantiques. Robert de Tombelaine vint à Bayeux avec plusieurs compagnons et jeta les bases de la nouvelle abbaye. L’entreprise ne put être menée à terme en raison de la disgrâce d'Odon, en 1082. Le demi-frère de Guillaume fut en effet arrêté par le duc‑roi lui‑même pour des raisons qui restent obscures et resta emprisonné jusqu'en 1087. Les moines se dispersèrent et l'abbaye projetée ne vit jamais le jour. Pourtant, Robert de Tombelaine avait sans doute pu faire venir à Bayeux la précieuse relique de saint Aubert, qui se retrouva dans le trésor de la cathédrale 122.
La cathédrale de Bayeux pouvait, grâce à cette relique, jouer le rôle de ville-étape sur la route du Mont. Par ailleurs, son ambition de figurer sur les routes de pèlerinages plus lointains est attestée par les statues de saint Jacques (portant le chapeau du pèlerin) installées au XIIIe siècle sur le pourtour du chœur. Deux de ces statues sont juchées sur les tourelles marquant l'entrée du sanctuaire, c'est‑à‑dire le lieu où les reliques étaient conservées 123.
Les autres saints évêques
En dehors des évêques de Bayeux, quelques autres saints confesseurs étaient vénérés dans la cathédrale. Il s'agit de deux des évêques les plus populaires au Moyen Âge: saint Martin et saint Rémi. Ces reliques étaient pourtant de très petite taille. Dans une petite croix d'argent doré, on trouvait un fragment d'une côte de saint Martin, associé à un petit morceau du suaire 124. Bayeux possédait aussi une relique de saint Rémi, sans doute l'évêque de Reims contemporain de Clovis 125, et une de saint Éloi, le célèbre orfèvre, trésorier des rois Clotaire II et Dagobert, devenu évêque de Noyon en 640. Les reliques de saint Éloi étaient contenues dans une “ belle croix d'argent doré ” offerte par l'évêque Nicolas du Bosc, comprenant également une portion de la Vraie-Croix 126. Les saints abbés
Les reliques d'abbés étaient peu nombreuses. Bayeux possédait une dent de saint Bertin, disciple de saint Omer et fondateur de la célèbre abbaye qui porte son nom 127. Par ailleurs, la cathédrale détenait un os de la poitrine de saint Gilles, fondateur du monastère qui a donné naissance à Saint‑Gilles-du‑Gard 128.
Les saints locaux
Mis à part les évêques, peu de saints locaux semblent avoir été vénérés dans la cathédrale de Bayeux. On ne peut guère citer que saint Révérend, dont on conservait le bâton “couvert et vestu de drap de soie et l'ung des boutz est virollé d'argent blanc ” 129. Ce saint aurait été l'un des premiers Bayeusains converti par saint Exupère. Une confrérie dédiée à saint Révérend existait à Saint‑Vigor‑le‑Grand à la fin du Moyen Âge 130.
La présence d'une relique de saint Révérend rend encore plus curieuse l'absence de tout souvenir d'une autre gloire locale : saint Floxel. D'après la tradition, il aurait été le seul martyr de Bayeux. Une église lui était consacrée, située sur la rue de la Cavée, tout près de Saint‑Vigor‑le‑Grand et non loin du lieu présumé de son martyre. Une paroisse Saint‑Floxel est signalée dès 1251 131. Son corps a certainement été lui aussi évacué lors des invasions vikings. Il a trouvé refuge en Bourgogne, dans la collégiale Notre‑Dame de Beaune 132.
Somme toute, la collection des reliques de Bayeux au XVe siècle était très riche et comportait des restes de nombreux saints prestigieux. À cet égard, il est intéressant de faire la comparaison avec le trésor du Mont‑Saint‑Michel, tel qu'il apparaît à travers l'inventaire de 1396 133.
Bien entendu, le Mont possédait des reliques spécifiques, celles de saint Aubert et de saint Michel (marbre du Monte Gargano, voile du Paradis, épée et bouclier). Les reliques du Christ et de la Vierge étaient beaucoup pius nombreuses qu'à Bayeux. S'y ajoutaient des souvenirs de la Terre Sainte et de personnages de l'Ancien Testament, presque totalement absents dans la cathédrale. On retrouvait au Mont les mêmes saints vedettes, avec des restes souvent plus importants : Marie‑Madeleine, Matthieu (dent), Laurent (bras et charbons), Marguerite, Onze milleVierges (têtes), Martin et Thomas Becket (chasuble). En revanche, l'abbaye possédait aussi beaucoup de reliques de saints notoires qui n'étaient pas représentés à Bayeux : Jean‑Baptiste, Thomas l'Apôtre, Jacques (le Majeur et le Mineur), Nicolas, Denis 134. Pour ce qui concerne les saints normands, on comptait un doigt de saint Pair, des restes de saint Ouen, mais aussi des reliques de deux saints bayeusains : saint Exupère 135 et saint Vigor 136. Ces dernières reliques montrent que les liens entre Bayeux et le Mont n'ont pas été à sens unique. On a sans doute procédé à des échanges de reliques, peut-être sous l'épiscopat d'Odon (au moins pour ce qui est de saint-Vigor) 137.
En résumé, les reliques de Bayeux étaient d'un niveau très honorable, comparées à celles de l'un des centres de pèlerinage les plus prestigieux de l'Occident médiéval. Sans doute attiraient‑elles des pèlerins, en particulier ceux qui étaient justement sur la route du Mont‑Saint‑Michel et de Saint‑Jacques‑de Compostelle. Mais elles étaient aussi l'objet d'un important culte local et jouaient un rôle majeur au cours des cérémonies qui avaient lieu, tout au long de l'année, dans la cathédrale même.
Les reliques dans la cathédrale
Les reliques sont les témoins du culte des saints tel qu'il était pratiqué au Moyen Age dans la cathédrale. Le clergé de Bayeux privilégiait naturellement le culte des saints locaux au travers des offices qui leur étaient consacrés.
Dès le XIIIe siècle, l'ordinaire et le coutumier Langevin nous informent sur les offices de saints propres à la liturgie bayeusaine 138. Ces offices sont repris dans plusieurs bréviaires manuscrits datés du XIIIe au XVe siècle et conservés dans les archives du chapitre 139. Les saints pour lesquels on célébrait un office particulier sont surtout ceux dont la cathédrale possédait des reliques. Il s'agit des saints Exupère (1er août et octave), Raven et Rasiphe (23 juillet et octave), Régnobert (16 mai et 3 septembre, translation des reliques), Loup (25 octobre), Vigor (3 novembre 140), Révérend (13 septembre) et Floxel (17 septembre). Ajoutons à cette liste les saints évêques dont les reliques n'étaient pas conservées dans la cathédrale, mais dans l'église Saint‑Exupère : Manvieu (28 mai), Contest (11 févier) et, Gerbold (7 décembre) 141. Enfin, on trouve aussi dans les bréviaires les offices de quelques autres saints vénérés dans le diocèse : saint Clair (18 juillet), saint Lô (21 et 25 septembre) et, sainte Honorine (27 février).
Les reliquaires étaient également portés en procession lors des fêtes solennelles, et en particulier les quatre châsses des saints Raven et Rasiphe, Pantaléon, Antonin et Régnobert. Le manuscrit 214 du chapitre nous fournit des renseignements précis sur les jours où les reliques étaient utilisées et sur les tarifs versés aux porteurs. Ces indications concernent l'année 1482, c'est‑àdire six ans seulement après l'inventaire. Une seule châsse (nous ignorons laquelle) était sortie à Pâques fleuries (Rameaux), à la saint Marc (25 avril), et aux Rogations. Les quatre châsses étaient portées lors de quatre fêtes majeures : l'Ascension, la Pentecôte, la fête des Reliques (Ier juillet) et celle de la Dédicace (14 juillet) 142.
Les saints étaient encore vénérés d'une autre façon dans la cathédrale de Bayeux. Au XIIIe siècle, des chapelles rayonnantes furent construites tout autour du déambulatoire du choeur. Plusieurs de ces chapelles étaient dédiées à des saints dont des reliques se trouvaient dans l'édifice. La chapelle axiale est naturellement placée sous l'invocation de Notre‑Dame, comme la cathédrale elle‑même. Du côté nord, on trouve une chapelle Saint‑Pantaléon et une chapelle Saint‑Vincent. Les autres chapelles sont consacrées à des saints sans rapport direct avec les reliques de la cathédrale. Ce sont, au nord, les chapelles Saint‑Jean‑Baptiste, Sainte‑Catherine et Tous‑les‑Saints, au sud, la chapelle Saint‑Éloi, celle de Saint‑Michel et Saint‑Blaise, la chapelle des Saints Innocents, celle de Saint‑André et Saint‑Léon. Dans le transept, nous retrouvons des saints représentés par des reliques dans la chapelle Saint‑Pierre, au nord, dans celles de Saint-Thomas‑Becket et de Saint‑Nicolas, au sud 143.
Dans la nef, les chapelles furent édifiées, pour l'essentiel au XIVe siècle, tout au long des deux bas-côtés. Plusieurs d'entre elles étaient consacrées à dés saints dont des reliques étaient présentes dans la cathédrale. La première chapelle en haut du bas‑côté nord était dédiée à saint Antonin. En 1486, sous l'évêque Charles de Neufchâtel, le passage dit d'Arthenay fut aménagé à cet emplacement, pour permettre une communication directe entre l'église et le palais épiscopal. La chapelle fut alors transportée à l'étage, en tribune. Plus tard, la dédicace à saint Antonin fut associée à celle de saint Pantaléon, dans la chapelle du choeur que nous avons déjà évoquée. Signalons encore, sur le bas‑côté nord, une chapelle Saint‑Martin et, sur le bas‑côté sud, une chapelle Saint‑Exupère (et Saint‑julien) 144.
Un des objets les plus célèbres appartenant alors à la cathédrale, la Tapisserie de Bayeux, était étroitement associé au culte des reliques. Chacun sait qu'il s'agit d'une broderie racontant en images les circonstances du débarquement des Normands en Angleterre et la bataille d'Hastings (1066). L'inventaire de 1476 précise qu'elle était accrochée dans la nef le jour de la fête des Reliques et pendant son octave 145. La fête des Reliques était alors célébrée le 1er juillet. La Tapisserie était donc probablement tendue du 1er au 8 juillet. Telle avait sans doute été la volonté de son commanditaire, Odon de Conteville. L’œuvre avait un rapport direct avec les reliques de Bayeux. Il s'agissait de démontrer leur efficacité. La scène XXIII représente le serment de Bayeux. Harold y prête serment sur deux reliquaires appartenant à coup sûr à la cathédrale. En montant sur le trône d'Angleterre, malgré ses promesses, Harold devint parjure. Vaincu et tué par Guillaume, le 14 octobre 1066, il reçut le juste châtiment que lui valait la grave faute qu'il avait commise, d'abord en offensant les saints de Bayeux. C'est du moins ce qu'Odon avait voulu démontrer, et sa propagande était habile! Les reliques de Bayeux avaient prouvé avec éclat leur efficacité.
Le destin des reliques
La notoriété d'un édifice se mesurait en grande partie à l'importance de sa collection de reliques, qui attirait fidèles et pèlerins. Mesurée à cette aune, la cathédrale de Bayeux figurait certainement parmi les principales églises de Normandie. Seul un véritable centre de pèlerinage, comme le Mont-Saint‑Michel, pouvait espérer rivaliser avec elle. La collection de reliques n'était pas destinée principalement à attirer les fidèles. Elle avait une fonction précise dans la liturgie et participait donc à la mission essentielle du chapitre: assurer le service continuel de la prière dans l'église‑mère du diocèse.
Les textes ne nous fournissent aucune assurance concernant l'authenticité de ces reliques. Un certain nombre d'entre elles étaient probablement des faux. Les restes des saints avaient un trop grand prix pour ne pas tenter les faussaires. Le doute est permis, en particulier, pour le corps de saint Régnobert, dont étaient conservés au moins deux exemplaires, comme c'était le cas pour de nombreux saints. L’historien n'a pas les moyens de trancher sur ce point. Ce qui est certain, c'est que la plupart des clercs bayeusains et des fidèles du Moyen Âge croyaient fermement à l'authenticité de ces reliques.
L’inventaire de 1476, comme tous les documents de ce genre, ne nous donne aucune indication sur la valeur artistique des nombreux reliquaires possédés par la cathédrale. Les rédacteurs s'intéressaient uniquement au caractère précieux des matériaux utilisés : or, argent et pierreries. Assurément, les reliques de Bayeux, enchâssées dans des reliquaires de grand prix, constituaient un véritable trésor. Cette réalité avait causé une première fois leur perte ou leur dispersion, au IXe siècle, à l'époque des invasions scandinaves. Elle allait encore entraîner leur disparition quasi définitive, au XVIe siècle.
Pendant les guerres de Religion, la cathédrale de Bayeux fut pillée à plusieurs reprises par les huguenots. Le 12 mai 1562, les reliques furent emportées à l'évêché, inventoriées puis, quelques temps plus tard, remises au duc de Bouillon, gouverneur du château de Caen. C'est là qu'elles furent détruites et les reliquaires fondus, sur ordre du gouverneur lui‑même, pourtant catholique 146.
Dans les siècles suivants, le chapitre s'efforça de reconstituer un trésor de reliques. Ce nouveau trésor ne put avoir l'éclat de celui qui existait au Moyen Âge. Signalons seulement qu'au XVIIIe siècle, la cathédrale récupéra un fémur de saint Régnobert venu d'Auxerre 147, puis un bras de saint Exupère, de façon rocambolesque. Au XVe siècle 148, ce bras avait été prélevé sur le corps du saint évêque, conservé à Corbeil. Au cours de la Révolution, le reste du corps de saint Exupère fut détruit. Le bras subsistant fut alors remis à Claude Fauchet, évêque constitutionnel du Calvados, qui put le sauver avant d'être conduit à l'échafaud 149 !
Au XIXe siècle, on entreprit des fouilles à l'église Saint‑Exupère. Deux commissions furent désignées successivement, par Mgr Robin en 1853, puis par Mgr Hugonin en 1883. Vu le rapport de ces commissions, ce dernier évêque rédigea en 1892 un mandement où il reconnut l'authenticité des reliques de saint Manvieu et de saint Gerbold. Était également déclaré authentique le tombeau (vide) attribué à saint Régnobert 150.
Au XXe siècle encore, la cathédrale de Bayeux a reçu de nouvelles reliques, et en particulier celles d'une sainte très populaire: Thérèse‑de‑l'Enfant‑Jésus. Celle‑ci était venue à Bayeux en 1887, pour demander (en vain) à l'évêque (encore Mgr Hugonin) la permission d'entrer au Carmel malgré son jeune age. Une première relique de la sainte avait été donnée à la cathédrale, mais elle fut volée, il y a quelques années, avec son reliquaire. Le Carmel de Lisieux offrir alors un nouvel ossement, aujourd'hui très protégé. L’histoire des reliques de Bayeux n'est donc pas terminée, mais la grande époque reste le Moyen Âge. Au XVe siècle, le trésor des reliques connut son apogée, par le nombre et la qualité des restes conservés, comme par la richesse, et certainement la beauté, des châsses et des reliquaires, dont l'inventaire de 1476 ne nous laisse qu'un trop pâle reflet. De ces reliques médiévales ne subsistent aujourd'hui que la chasuble de saint Régnobert... et la Tapisserie de Bayeux!
François NEVEUX, Université de Caen
Notes :
14. Corbeil-Essonnes, chef-lieu de canton du département de l'Essonne.
15. Archives départementales du Calvados, 76 F 210, Notes Le Mâle, volume 2 10, p. 595-596. 16. Archives départementales du Calvados, 76 F 19 1, Notes Le Mâle, volume 19 1, p. 17.
17. Ibid., p. 18. Saint-Riquier, arrondissement d'Abbeville, Somme. Une châsse-reliquaire au nom de saint Vigor est toujours conservée de nos jours dans le chœur de l'église abbatiale de Saint-Riquier. Les reliques de saint Vigor ont été l'objet de diverses manipulations. Voir dans le présent ouvrage L. Musset, “ Les translations de reliques en Normandie”, p. 97-108.
18. Archives départementales du Calvados, 76 F 223, Notes Le Mâle, volume 223, p. 1-3. Varzy, chef-lieu de canton de la Nièvre.
19. Ibid. Saint-Vivant-sous-Vergy, commune de Curtil-Vergy, canton de Gevrey-Chambertin, Côte-d'Or. Voir aussi Abbé 0. Larue, “ La translation des corps de saint Régnobert et de saint Zénon, textes et critique”, Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, LI, 1948195 1, p. 217-264; L. Musset, “ Les translations de reliques en Normandie”, dans le présent ouvrage, p. 97-108.
20. On trouve en outre des reliques de saint Régnobert à Quingey (chef-lieu de canton du Doubs).
21. La liste des évêques figurant sur les voûtains nous conduit jusqu'au XIIIe siècle. Après Robertus (Robert des Ablèges, 1206-1231), plusieurs noms manquent, en particulier ceux de Thomas de Fréauville (1233-1238) et de Guy (1240-1259). Les derniers en date sont ceux de Petrus (Pierre Ier de Benais, 1276-1306), et de Guillelmus (Guillaume Ier Bonnet, 1306-1312). Ces deux noms ont sans doute été rajoutés après coup. Les figures peintes pourraient dater de la première moitié du XIIIe siècle, c'est-à-dire peu après la construction du chœur gothique (vers 1230-1240). De toute façon, elles ont été certainement très restaurées depuis, lors des inévitables réfections des voûtes.
22. Archives départementales du Calvados, 76 F 223, Notes Le Mâle, volume 223, p. 283-287.
23. Voir Dix mille saints. Dictionnaire hagiographique rédigé par les bénédictins de Ramsgate, trad. fr. M. Stroobants, Turnhout, Brepols, 199 1, article “ Rambert (Ragnebert) ”, p. 427.
24. Voir le Mandement de monseigneur l'évêque de Bayeux [Flavien Hugonin] portant jugement sur l'authenticité des tombeaux et des reliques conservées dans l'église de Saint-Exupère de Bayeux, publié à Bayeux le 18 juillet 1892. En ce qui concerne l'intérêt historique de ce mandement, voir infra.
25. Voir infra.
26. Il n'y eut, semble-t-il, pas d'évêque à Bayeux entre Erchambert (v. 859-876) et Heiric ou Henri (v. 927-933).
27. D. Spear, “ L’administration épiscopale normande : archidiacres et dignitaires des chapitres ”, Les Évêques normands du XIe siècle (actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 1993), P. Bouet et F. Neveux (dit.), Caen, Presses universitaires de Caen, 1995, p. 81-98.
28. Saint‑Quentin, sous‑préfecture de l'Aisne.
29. Cette ambassade de Dudon de Saint‑Quentin se situe dans les deux dernières années du principat de Richard Ier. Voir H. Prentout, Étude critique sur Dudon de Saint‑Quentin et son histoire des premiers ducs normands, Paris, Picard, 1916, p. 14.
30. Ibid., et P. Bouet, “Les sources historiographiques de la Normandie romane (XIe‑XIIe siècles) ”, in Les Siècles romans en Basse‑Normandie (Art de Basse‑Normandie, n° 92), 1985, p. 18.
31. Canton de Tilly‑sur‑Seulles, Calvados.
32. AASS, 23 juillet, édition de 1868, p. 389‑394. Voir B. de Gaiffier, “Les saints Raven et Rasiphe vénérés en Normandie ”, Analecta Bollandiana, LXXXIX, 1961, p. 303‑319. L’authenticité des “ martyrs ” ainsi découverts est évidemment fort sujette à caution.
33. Voici la description de cette châsse attribuée à Odon dans l'inventaire de 1476 (article 6): “ Le costé de derriere est d'argent doré ou œuvré en martelleure ; et tout le sourplus, c'est assavoir le costé de devant, les deux bouts et le festage de hault est de fin or, à ymages d'or eslevés, et ornée de grans et chiers esmaulx et de pierres précieuses de plusieurs sortes; assise sur quatre piés de cuivre doré, faictz en maniere de piés d'aigle. ”
34. AASS, 23 juillet, saints Raven et Rasiphe. Le moine Bernard s'exprime en ces termes à la fin de son récit de la translation des reliques, rédigé au début du XIIe siècle : Haec omnia cum adhuc adolescentulus essem, vir piissimus et devotissimus iam monachus, Odo de Sancto Samsone, sicut ab his qui viderant et interfuerant didicerat, cum esset idem vir praedicti nobilissimi praesulis Odonis amantissimus nepos, mihi devote retulit. Voir D. Bates, “ The character and career of Odo, Bishop of Bayeux (1049/1050‑1097) ”, Speculum, L, 1975, p. 1‑20; L. Musset, “ Un prélat du XIe siècle, Odon de Bayeux ”, Art de Basse‑Normandie, n° 76, 1978‑1979, p. 12‑18, en particulier p. 13.
35. Voir infra.
36. Voir E. Deslandes, Le Trésor..., “ Introduction ”, p. 16. Cette couronne était ornée de quarante-neuf vers latins. Voici sa description dans l'inventaire de 1476 (article 94) : “ Item, en la nef, devant le crucifix, est une couronne ronde de grand circuite, pendante à une grosse chaîne de fer, laquelle est très excellente et de grande estimation; faicte de fin et chier metal, escripte tout environ en metres, à lanternes haultes de diverses façons, et toute dorée; et au bout de bas de ladicte chaîne qui la porte a une grosse pomme de semblable matiere et toute dorée. ”
37. Voir L. Musset, “ Un prélat du XIe siècle, Odon de Bayeux ”..., p. 15.
38. Inventaire de 1476, articles 110 (casque), 111 et 112 (cornes), 128 et 129 (manteaux). Voir J.‑M. Bouvris, “ La dédicace de la cathédrale Notre‑Dame de Bayeux (14 juillet 1077) ”, Société des Sciences Arts et Belles‑Lettres de Bayeux, volume XXVIII, 1982, p. 3‑16, en particulier P. 10.
39. C'est du moins l'hypothèse que formule le chanoine Deslandes, Le Trésor.. Introduction ”, p. 11 et “Inventaire ”, article 33. jean de Salisbury donna à sa cathédrale de Chartres le couteau de Thomas Becket ainsi qu'un vase contenant un peu de son sang.
40. Voir J. Le Goff, Saint Louis, Paris, Gallimard, 199 6, p. 140‑148.
41. Voir Dom J. Dubois, “ Le Trésor des reliques du Mont‑Saint‑Michel ”..., p. 563‑564. Le don royal a sans doute été effectué lors de l'un des passages du roi dans la région, en 1307 ou 13 10, plutôt qu'en 1311, date traditionnellement avancée (sans référence) par les historiens de l'abbaye.
42. Inventaire de 1476, article 90: “ Item, devant la janue du cuer, a ung candellabre à sept membres pour mettre sept cierges, lequel est de cuivre doré. ” Ce candélabre est mentionné par l'Ordinaire et le Cérémonial de Langevin (xiir siècle). Voir J. Hermant, Histoire du diocèse de Bayeux, Caen, P. Doublet, 1705, p. 220. C'est cet auteur qui affirme que le candélabre à sept branches, installé au milieu du chœur de la cathédrale, a été donné par l'évêque Guy. Un dessin à la plume représentant ce candélabre se trouve dans un manuscrit de la fin du XVIIe siècle (Collection particulière).
43. Inventaire de 1,176, article 50.
44. Ibid., article 59. Le reliquaire de laVraie Croix était amovible et pouvait être remplacé par un “ petit sacraire” susceptible de contenir une hostie consacrée pour la procession de la fête de Saint‑Sacrement. Nicole du Bosc a fait d'autres dons au trésor de la cathédrale et notamment un joyau d'argent doré représentant le sépulcre du Christ et comprenant aussi un “petit sacraire ” (article 45) ainsi qu'un livre, un Catholicon, installé dans la chapelle de saint Pantaléon (article 349).
45. B. Guenée, Entre lÉglise et lÉtat. Quatre vies de prélats français à la fin du Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1987, p. 337‑34 1.
46. Inventaire de 1,176, article 53.
47. Ibid., article 57. Les Conclusions capitulaires font mention de cette croix d'argent doré, d'un poids de vingt marcs, donnée par cet évêque le 13 septembre 1459.Voir chanoine E. Deslandes, Le Trésor..., p. 37, note 1.
48. Inventaire de 1476, article 1. Pour la fabrication de cette table, on a utilisé trois cent soixantetrois mares deux onces et quatre gros d'argent fin, qui furent estimés à sept mille cinq cent vingt‑et‑une livres six sous. La dorure et la main d'œuvre s'élevèrent à deux mille sept cent vingt‑deux livres dix sous, ce qui représente une valeur totale de dix mille deux cent quarantetrois livres seize sous. Voir chanoine M. Béziers, Histoire sommaire de la ville de Bayeux, Caen, 1773, p. 5 de l'appendice. On sait par les Conclusions capitulaires que ce don magnifique date de 1469.
49. Inventaire de 1476, articles 2 et 3.
50. Ibid., article 5.
51. Ibid. Voir infra.
52. Inventaire de 1476, articles 99, 100‑104, 202 et 257. D'après les Conclusions capitulaires, une bonne partie de ces donations eut lieu en 1473 et 1474. Le calice et la croix furent offerts en 1479, date de la mort du prélat.
53. Amédée de Saluces était le fils de Frédéric Il, marquis de Saluces. Il fut doyen du chapitre de Bayeux de 1381 à 1419. Voir J. Hermant, Histoire du diocèse de Bayeux..., p. 303. Voir également Chanoine E. Deslandes, Le Trésor..., p. 16 (“Introduction”).
54. Inventaire de 1476, articles 80 (deux candélabres d'argent doré) et 256 (une tenture de serge vermeille).
55. Ibid., articles 152 (une chape) et 204 (une bourse pour mettre le corporal).
56. Ibid., article 130 (une chape).
57. Ibid., article 75 (un joyau destiné au baiser de paix).
58. Ibid., article 146 (une chape de damas violet). La paroisse de Nonant (aujourd'hui dans le canton de Bayeux) était alors située dans le diocèse de Lisieux. Elle était la tête de l'exemption de Nonant.
59. Ibid., article 151 (deux chapes de cramoisi vermeil). Il s'agit certainement d'un legs testamentaire puisque, d'après les Conclusions capitulaires, la donation eut lieu en 1473, après la mort de Guillaume Chartier.
60. Cf Dom J. Dubois, “ LeTrésor des reliques de l'abbaye du Mont‑Saint‑Michel ”..., p. 501‑593. 61. Inventaire de 1476, article 1.
62. Ibid., article 10.
63. Chanoine E. Deslandes, Le Trésor..., p. 29 note 3.
64. l’armoire subsiste encore dans sa disposition d'origine sur le côté ouest de la salle haute du bâtiment du trésor. Elle n'a subi qu'une seule transformation, vers le XVIIe siècle. Elle fut en effet raccourcie d'une travée, afin de permettre l'ouverture d'une porte débouchant du nouvel escalier, qui permet depuis lors d'accéder à la salle haute.
65. L’armoire contenait au XVe siècle une trentaine d'objets précieux décrits aux articles 100 à 127 de l'inventaire de 1476. Nous y trouvons par exemple une mitre, des étoles et d'autres ornements de petite taille, un bâton pastoral en quatre pièces, des cornes à boire et le casque de Guillaume le Conquérant.
66. Inventaire de 1476, articles 11 et 12.
67. Une inscription gothique de l'époque, située à l'emplacement du tombeau, commémore l'événement.
68. Inventaire de 1476, article 10: “ Endit ancien [inventaire], aucuns desditz joyaux et reliquiaires sont désignés jusquez au nombre de six ou sept, lesquelz de présent n'ont point esté trouvés; et aussi aucuns ont esté trouvés et rédigés en ce présent inventaire, lesquelz endict ancien ne sont point désignés; et est vraysemblable que, depuis la date d'icellui, ilz ont esté acquis et donnés à ladicte église. ” Voir supra note 5 un autre passage du même article précédant celui‑ci.
69. Inventaire de 1476, article 11 : […] une petite fiole de beril [...] et dedens icelle fiole a du précieux sang de Nostre‑Seigneur. ”
70. Ibid., article 13: “ Item, ung vaissel ront de beril et en dedens a du lait de laVirge. ”
71. Ibid., article 14: “ Item, ung vaissel de cristal faict en manière de columpne [ ... 1 et dedans a des cheveulx de la Virge ” ; Ibid., article 15 : “ ung vaissel quarté d'argent doré, orné de tous costés de pierrerie, couvert de cristal, dedens lequel est escript: De capillis beate Marie, cum aliis reliquiis. ”
72. Ibid., article 16 : “ Item, ung vaissel ront d'argent doré et a longue escripture qui commence: De sepulchro Domini et de presepio eius. ”
73. Ibid., article 17: “Item, une coupe d'argent doré et dedens a une portion du chief de Monseigneur sainct Estiene. ”
74. Inventaire de 1476, article 18 : “ Item, un vaissel de cristal ront, et dedens a une maxille et une dent maxillaire de saincte Margarite. ”
75. Ibid., article 19.Voir infra.
76. Ibid., article 20. Selon le Livre de Daniel (chapitre III, versets 24‑30), ces trois jeunes juifs, compagnons de Daniel, sont admis au service du roi de Babylone, Nabuchodonosor. Mais, refusant d'adorer une statue d'or, ils sont jetés dans une fournaise. Dieu envoie alors un ange pour les sauver.
77. Inventaire de 1476, articles 36 et 62. Une petite croix d'argent portait l'inscription suivante: Hic est de sudario lhesu Christi et de costa beau Martini. Il est peu probable que ce morceau de tissu, certainement très petit, ait un rapport quelconque avec le saint suaire actuellement conservé à Turin, qui apparaît dans la documentation au XIVe siècle. Sur ce dernier, la littérature est immense, historique et pseudo‑historique. Signalons seulement l'excellente mise au point suivante : V. Saxer, “ Le suaire de Turin aux prises avec l'histoire ”, Revue d'histoire de l’Église de France, t. LXXVI, n° 196, janvier‑juin 1991, p. 21‑56. Voir infra.
78. Inventaire de 1476, articles 23, 48, 55‑61 et 64.
79. Ibid., article 36. Voir infra.
80. Voir Dom J. Dubois, “ Le Trésor des reliques de l'abbaye du Mont‑Saint‑Michel ”..., p. 566, et Père J.Thenaud, Le Voyage d'Outremer, 1512, publié par C. Schefer en 1884. Cet auteur explique comment on obtenait du lait de la Vierge: “ Près du sanctuaire de Bethléem se trouve une petite grotte où Notre‑Dame se cacha plusieurs jours par crainte d'Hérode et où elle allaitait son fils. Les femmes du pays, pour avoir des enfants et du lait, visitent ce lieu avec dévotion et pulvérisent la pierre de la grotte qui est tendre comme du tuffeau pour en boire. ” 81. Inventaire de 1476, articles 6 à 9.
82. Cf. Bibliotheca hagiographica latina antiquae et mediae aetatis, Société des bollandistes (éd.), Bruxelles, Société des bollandistes, 1898‑1901, réimpression anastatique, 1949, t. 1, p. 92‑94 (Antoninus) et Dix mille saints, dictionnaire hagiographique.., p. 58‑59 (article “ Antonin ”).
83. Bibliotheca hagiographica latina..., t. II, p. 929‑932 et Dix mille saints, dictionnaire hagiographique..., p. 387. Le nom de Pantaléon vient du grec Pantaleimon qui signifie : “ plein de compassion pour tous. ” Ce nom pourrait être à l'origine de la légende qui fait de saint Pantaléon un médecin des pauvres. Son culte fut confiné aux calendriers locaux par l'Église catholique en 1969. En tout cas, il est peu probable que le corps conservé à Bayeux ait été le seul revendiqué pour ce saint oriental.
84. Macé, canton de Sées, Orne.
85. De S. Ravenno et Rasipho martyribus, Baioci in Normannia Galliae, p. 389. Voir supra. AASS, 23 juillet.
86. Ibid., De S. Rasypho martyre. Ex Martyrologio romano, p. 387.
87. Voir Dorn J. Dubois, ~~ Le trésor des reliques de l'abbaye du Mont‑Saint‑Michel ”..., article 2, p. 523‑526, articles 8 A et B, p. 533‑536, et p. 587.
88. Inventaire de 1476, article 19. Il existe de nombreux saints portant les noms de Grégoire et Cyriaque: voir Bibliotheca hagiographica latina..., t. 1 (Cyriacus) et t. Il (Gregorius) et Dix mille saints, dictionnaire hagiographique..., p. 135 (quinze saints du nom de Cyriaque) et p. 230‑233 (vingt‑huit saints du nom de Grégoire).
89. Inventaire de 1476, article 27.
90. Inventaire de 1476, article 38.
91. Ibid., article 50. Voir supra.
92. Ibid., article 17. Voir supra.
93. Ibid., article 23.
94. Ibid., article 36: “ Item, un vaissel ront de cristal et dedens a des vestemens de la Virge et de Nostre Seigneur, et de la barbe de Monseigneur sainct Estienne. ”
95. Ibid., article 19: “ Item, un jouel duquel le dessus est d'or ouvré et orné de pierrerie en lettres anciennes d'argent doré est escript : R [eliquie] Petri, Pauli, Stephani, Gregorii et Ciriaci. ”
96. Ibid., article 20 (voir supra) et article 58 : “Item, une aultre croix moult precieuse [ ... ] eu hault a une autre petite croix et de la vraye croix dedens; au croisillon d'icelle, a quatre petites pierres et eu derriere est escript: Ligna Dei petri casti Moysi aurea porta. ” Le trésor du Mont‑Saint‑Michel comprenait une relique de l'arbre défendu dont Adam mangea le fruit, une pierre de la caverne des Patriarches, un morceau de la verge de Moïse et de celle d'Aaron, un peu de l'eau du Jourdain. Voir Dom J. Dubois, <, Le trésor de l'abbaye du MontSaint‑Michel p. 523‑524, 533‑535 et 587.
97. Voir supra.
98. Inventaire de 1476, article 18.
99. Sainte Marguerite est censée avoir vécu à Antioche de Pisidie (en Asie Mineure, aujourd'hui en Turquie), où elle aurait été martyrisée sous Dioclétien (284‑305). De nos jours, ses Acta sont considérés comme purement fictifs et l'Église catholique a supprimé son culte en 1969. Voir Dix mille saints, dictionnaire hagiographique..., p. 336.
100. Inventaire de 1476, article 19. Voir supra.
101. Ibid., article 37.
102. Ibid., articles 31 et 32. Sans doute s'agit‑il de saintVincent de Saragosse, martyrisé en 304 àValence, en Espagne, mais il existe de nombreux autres saints du nom de Vincent. Voir infra.
103. Ibid., article 2,1. Voir supra. 104. Ibid., article 44.
105. Ibid., article 5 3. Voir supra.
106. D'après la légende, sainte Ursule aurait été martyrisée par les Huns devant Cologne avec les Onze mille Vierges qui l'accompagnaient. Voir notre introduction “ Les saints dans la civilisation médiévale ”, p. 21‑38.
107. Inventaire de 1476, article 29.
108. Ibid., article 33. Cette seconde relique avait peut‑être été offerte, nous le savons, par jean de Salisbury. Voir supra.
109. Thomas Becket a été assassiné dans le transept nord de la cathédrale de Cantorbéry. Dans la cathédrale de Coutances, à peu près contemporaine de celle de Bayeux, c'est le transept nord qui est consacré à ce récent martyr, avec en particulier un vitrail du xiir siècle racontant sa passion. À Bayeux, c'est le transept sud qui a été choisi, pour des raisons pratiques. le transept nord était accolé au palais épiscopal et il était impossible d'y sculpter un portail consacré au saint, comme cela fut réalisé sur le côté sud.
110. Inventaire de 1476, article 9: “ En la quarte case ou fiertre, est clos et repose le benest corps du glorieux confesseur, Monseigneur sainct Regnobert, second evesque de Baieux, laquelle est toute d'argent doré [ ... ]. ” Voir supra.
111. Ibid., article 39 : “ Item, ung coffret de yviere, barré et bordé à coupletz derrière, sur lesquelz il se euvre ; et a serreure par devant qui se clot à clef par une barre d'argent et dedens est le casuble Monseigneur sainct Regnobert. ”
112. Chanoine E. Deslandes, Le Trésor... “ Introduction ”, p. 13.
113. Cependant, les spécialistes pensent aujourd'hui que cet objet n'est peut‑être pas antérieur au xvi~ siècle. Il pourrait être d'origine Mudéjar. Ce renseignement m'a été fourni par Hervé Pelvillain, Conservateur du Service régional de l'Inventaire général, que je tiens ici à remercier.
114. Telle est du moins l'opinion la plus généralement admise. Il convient cependant de rester prudent en attendant l'expertise en cours faite par Isabelle Bedat et Sophie Desrosiers, spécialistes incontestées des tissus anciens. On peut se demander si la chasuble ne pourrait pas être contemporaine du retour àBayeux de l'un des corps de saint Régnobert, celui d'Auxerre, qui aurait eu lieu au xiw siècle. En tout cas, il est certain que la chasuble se trouvait dans le trésor en 1476 et, très probablement, en 1369. S'il s'était agi d'une acquisition récente au w siècle, les rédacteurs de l'inventaire n'auraient pas manqué de le signaler. La documentation écrite permet donc d'affirmer que la chasuble dite de saint Régnobert est antérieure au xiv~ siècle. Par ailleurs, il est intéressant de faire le rapprochement avec une autre relique célèbre de la région: la chasuble de saint Thomas Becket à Lisieux, qui a été datée de la seconde moitié du xii, siècle. je remercie encore Hervé Pelvillain de m'avoir fourni ce dernier renseignement.
115. Inventaire de 1476, article 21 : “Item, un vaissel ront d'argent blanc, ouvrant par le millieu; et eu bort de dessus est escript en lettres d'argent: Caput sancti Exuperii [ ... ] et dedens est le chief de Monseigneur sainct Exupère. ” Ibid., article 31 : “ Item ung vaissel de cristal, faict en maniere de columpne à pinacle d'argent blanc, une petite croix dessus, et le pié d'argent blanc à VIII cornieres; et dedens est le doy de Monseigneur sainctVincent; et audict pié est atachié, à ung ruben de soye, un petit estieu d'argent esmaillié, dedens lequel a une dent de Monseigneur sainct Exupère. ”
116. Ibid., article 22: (~ Item, ung aultre vaissel ront, d'argent blanc, à ung pié ront, non ouvrey et sans pierrerie, et dedens est le chief de Monseigneur sainct Lup. ”
117. Ibid., article 34: “ Item, ung aultre petit vaissel de cristal, en maniere de columpne, à pié ront, et par dessus une petite tourelle, le tout d'argent blanc; et dedens sont aucunes reliques de Monseigneur sainctVigor. ”
118. Voici la description du premier médaillon situé dans la première travée du choeur à partir du rond‑point, du côté sud. Un saint évêque porte la chasuble, la mitre et la crosse. Il retient un animal féroce grâce à son étole, qu'il lui a passé autour du cou. La bête en question a la tête d'un loup et montre les dents, mais son corps est celui d'un oiseau et comporte une longue queue de serpent se terminant par un noeud. Cette queue forme une partie de la bordure du médaillon, qui comprend aussi une série de feuilles de chênes. Le second médaillon, situé à côté dans la deuxième travée du choeur, est presque semblable au premier. Il montre un saint évêque maîtrisant de la même façon un animal ressemblant à un loup. Il représente sans doute saint Loup, vainqueur de son animal éponyme, alors que le précédent pourrait évoquer plutôt saimVigor. Notons que dans la Vita Vigoris (AASS, 1" novembre, p. 300‑30 1), le saint évêque expulse un serpent dévastant la région. La scène est située à Cerisy (Cerisyla‑Forêt, canton de Saint‑Ciair‑sur‑l'Elle, Manche). Ces épisodes légendaires symbolisent le combat victorieux de ces saints contre le paganisme. Voir J.‑J. Bertaux, “ La cathédrale gothique dans l'art de son temps ”, ix, Centenaire de la cathédrale de Bayeux (Art de BasseNormandie, n' 76), 1978‑1979, p. 41‑46 et planche XIII.
l19. Inventaire de 147 6, article 51.
120. La Revelatio ecclesiae sancti Michaelis est le document essentiel concernant les origines du MontSaint‑Michel. Ce texte est conservée dans de nombreux manuscrits, en particulier le ms. 211 de la bibliothèque municipale d'Avranches (U 156 sq.), mais aussi des manuscrits plus anciens. Il daterait du milieu du ix, siècle. Pierre Bouet et Olivier Desbordes, de l'université de Caen, en préparent actuellement l'édition.
121. Dont J. Dubois, “ Le trésor des reliques de l'abbaye du Mont‑Saint‑Michel ”..., p. 550‑558. Aujourd'hui ne subsiste plus que le chef de saint Aubert, conservé dans l'église Saint‑Gervais d'Avranches. Ce célèbre crâne percé d'un trou a naguère été expertisé par Jean Dastugue, professeur d'anthropologie à l'université de Caen (aujourd'hui décédé). Pour lui, il S'agirait d'un crâne de l'époque néolithique ayant subi une trépanation ! L’authenticité de cette relique est donc fortement sujette à caution.
122. Dom J. Dubois, “ Les dépendances de l'abbaye du Mont‑Saint‑Michel et la vie monastique dans les prieurés ”, Millénaire monastique du Mont‑Saint‑Michel, , t. 1, Histoire et Vie monastique à l'abbaye, J. Laporte (éd.), Paris, Lethellieux, 1967, p. 619‑676 (sur Robert de Tombelaine et les ermites du Mont, voir p. 674‑676).
123. Le trésor de la cathédrale de Bayeux ne comprenait pourtant pas de reliques de saint Jacques. Ce n'est guère étonnant, en ce qui concerne les ossements, puisque le corps entier de J'apôtre saint Jacques (le Majeur) est censé reposer jusqu'à nos jours sous l'autel majeur de la basilique de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle. Pourtant, dès le Moyen Âge, d'autres sanctuaires revendiquaient des parties du corps de ce saint extrêmement populaire.
124. Inventaire de 1476, article 62: “ Item, une aultre petite croix d'argent doré par devant, et d'argent blanc par derrière ; eu hault de ladicte croix est escript : Hic est de sudario _7hesu Christi et de costa beati Martini. Assise sur un pié d'argent veré et esmaillie, séant sur six leons d'argent doré. ”
125. Ibid., article 20: Un joyau <~ où est escript en lettre ancienne: R[eliqi4ie] sancti Remigii, Sydrach, Misach etAbdenago. ” Nous avons déjà signalé l'étonnante association de saint Rémi avec les trois compagnons du prophète Daniel, qui s'explique sans doute par une acquisition simultanée de ces reliques d'origines très différentes.
126. Ibid., article 59. Au dessus de la croix se trouvait un béryl de forme triangulaire, “ et dedens est escript : De puluere capitis et corporis beati Eligii ”.
127. Inventaire de 1476, article 26. Dans “ung vaissel de cristal ” en forme de colonne, “ la dent de Monseigneur sainct Bertin ” est associée à “ plusieurs aultres reliques ”. Saint Bertin est mort vers 709. L'abbaye de Saint‑Bertin (anciennement Sithin) est à l'origine de la ville de Saint‑Omer, sous-préfecture du Pas‑de‑Calais.
128. Ibid., article 28: “Item, ung aultre vaissel ront de cristal et dedens a ung os de la poictrine de Monseigneur sainct Gile. ” Le personnage de saint Gilles est entouré de beaucoup de légendes et son culte a été confiné aux calendriers locaux en 1969. Patron des estropiés, des mendiants et des forgerons, il était très populaire au Moyen Âge. Dès le xi, siècle, par exemple, il était particulièrement vénéré à Saint‑Gilles (canton de Marigny, Manche). Saint‑Gilles‑du‑Gard est aujourd'hui chef‑lieu de canton du département du Gard.
129. Ibid., article 65.
130. Voir F. Neveux, Bayeux et Lisieux, villes épiscopales de Normandie à lafin du Müyen Âge, Caen, Éditions du Lys, 19 9 6, p. 5 7 1.
131. Ibid., p. 56.
132. Archives départementales du Calvados, 76 F 178, p. 191 et 223, Notes Le Mâle, volume 178, p, 113‑114 et 123, volume 191, p. 18, volume 223, p. 286. Saint Floxel serait né dans le Cotentin et aurait été martyrisé à Bayeux vers la fin du iir siècle. Ses reliques sont toujours conservées dans la collégiale de Beaune. La dernière chapelle du bas‑côté nord lui est consacrée et un vitrail du xix~ siècle y relate son martyre.
133. Dom J. Dubois, “Le Trésor des reliques de l'abbaye du Mont‑Saint‑Michel ” ... p. 503‑505 et 520576.
134. Ibid., p. 585‑593.
135. Ibid., p. 575, n' 31 F. Il s'agit d'un petit ossement de saint Exupère, mais il n'est signalé que dans l'inventaire de Dom Thomas Leroy (1647).
136. Ibid., p. 523‑526. Les reliques de saintVigor se trouvaient dans un reliquaire avec des reliques du Christ, de la Vierge, de Moïse, de saint Denis... et de deux autres saints normands: saint Lô, évêque de Coutances, et saint Ortaire, abbé de Landelles. Ces reliques très diverses, provenant en partie de Jérusalem et de Saint‑Denis, étaient accompagnées d'authentiques qui ont été conservés jusqu'à nos jours dans l'église Saint‑Gervais d'Avranches.
137. Rappelons que le trésor de Bayeux comprenait un os de saint Aubert (Inventaire de 1476, n° 51).
138. Archives départementales du Calvados, série G, Bibliothèque du chapitre de Bayeux, ms. 121 et 122, publiés par U. Chevalier, Ordinaire et Coutumier de l'église cathédrale de Bayeux, Paris, Picard, 1902.
139. Archives départementales du Calvados, 7 6 F 19 1, Notes Le Mâle, volume 19 1.
140. Signalons que saintVigor est fêté le l~r novembre au calendrier romain et le 3 novembre au calendrier bayeusain. Il s'agissait évidemment, au plan local, d'éviter la confusion avec la fête de laToussaint.
141 . Les reliques de saint Manvieu et de saint Gerbold sont encore conservées dans la crypte de l'église Saint‑Exupère. Elles ont été déclarées authentiques par Monseigneur Hugonin à la suite d'une longue enquête.Voir le Mandement de Monseigneur l'évêque de Bayeux et Lisieux portantjugement sur l'authenticité des tombeaux et des reliques conservés dans l'église Saint‑Exupère de Bayeux, 1892.
142. Archives départementales du Calvados, série G, Bibliothèque du chapitre, ms. 214, Compte de la fabrique de l'Église de Bayeux (1482). Voir Chanoine E. Deslandes, Le Trésor... p. 27, note 1.
143. Archives départementales du Calvados, 76 F 192, Notes Le Mâle, volume 192, Chapelles de la cathédrale. Cf. Abbé J. Marie, Bayeux, ville d'art, Bayeux, Imprimerie bayeusaine, 1968, t. il, Les Constructions religieuses, p. 4857. 144. Ibid. Voir aussi chanoine E. Deslandes, Étude sur lÉglise de Bayeux, Caen, Imprimerie E. Domin, 1917, Plan du choeur de la cathédrale, p. 498‑499~
145. Inventaire de 1476, article 262 : “ Item, une tente tres longue et estroicte de telle à broderie de ymages et escripteaulx, faisans representacion du conquest d'Angleterre, laquelle est tendue environ la nef de l'eglise le jour et par les octabes des Reliques. ”
146. Voir la Requeste présentée par le clergé de Bayeux, en l'an M. VC LXIII, aux commissaires pour l'état de paix, publiée par le chanoine E. Deslandes, Le Trésor..., p. 109‑115. Ibid., e Introduction ”, p. 2 1. Voir également H. Neveux, “Une croissance ambiguë (xvi,‑xviii, siècle) ”, in Histoire de Caen, G. Désert (dit.), Toulouse, Privat, 1981, p. 137. 147. Archives départementales du Calvados, 76 F 223, Notes Le Mâle, volume 223, p. 3. 148. Par un curieux hasard, ce prélèvement avait été opéré àCorbeil en 1476, l'année même où était rédigé l'inventaire des reliques de Bayeux !
149. Archives départementales du Calvados, 76 F 2 10, Notes Le Mâle, volume 2 10, p. 595‑598.
150. Archives du presbytère de la cathédrale de Bayeux, registre comprenant les Documents concernant la reconnaissance des tombeaux et reliques des saints évêques dans la crypte de Saint‑Exupère de Bayeux, et notamment le Rapport sur le culte à rendre aux reliques des saints évêques de Bayeux, découvertes en 1853 dans l'église de Saint‑Exupère (l 0 mai 1892), suivi des pièces justificatives, ainsi que le Mandement de Monseigneur l'évêque de Bayeux et Lisieux portantjugement sur l'authenticité des tombeaux et des reliques conservés dans l'église de Saint‑Exupère de Bayeux, publié par Mg'Flavien Hugonin le 18 juillet 1892. La longue enquête des ecclésiastiques du xix~ siècle paraît avoir été conduite avec beaucoup de circonspection. Il convient cependant de rester très prudent quant à ses résultats, en particulier en ce qui concerne l'authenticité des ossements attribués à saint Manvieu et à saint Gerbold. Voir L. Musset, “Les translations de reliques en Normandie ”, dans le présent ouvrage, p. 97‑108. Ajoutons que nous nous sommes rendu dans la crypte de Saint‑Exupère le 12 mars 1997, en compagnie de plusieurs enseignants de l'université de Caen: Claude Lorren, professeur d'histoire et d'archéologie du Moyen Âge, Claire Hanusse, maître de conférences d'archéologie,Véronique Gazeau, maître de conférences d'histoire du Moyen Âge et Dominique Toulorge, professeur agrégé. Claude Lorren, spécialiste de l'archéologie du haut Moyen Âge, pense que les sarcophages actuellement installés dans la crypte sont bien datables de la fin de l'Antiquité, de l'époque mérovingienne et de l'époque carolingienne. Il s'agit de sarcophages de grande taille et d'une exceptionnelle qualité qui, selon toute probabilité, ont bien été destinés à des sépultures épiscopales. Les autres universitaires présents se sont ralliés à son avis.
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