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CENERY
CENERY ou CENERE ou CELERIN
Ermite du VIIème siècle originaire d'Italie. Il s'établit à St.-Cénery-le Gérei (Orne) et mourut en 669. Il soigne l'eczéma, les coliques, protège les chapeliers, marie et rend féconde les filles ; fête le 7 mai.
ROUCAMPS :
"Nous avons eu l'occasion de parler de Saint-Célerin dont la chapelle s'élève à Origny, sur le territoire de la commune de Roucamps. Un jour, raconte la tradition locale, on voulut transporter sa statue dans l'église paroissiale. Elle fut placée avec cérémonie sur un char rustique, qu'escortaient le curé, les chantres, les enfants de choeur et de nombreux fidèles. La bannière et la croix précédaient la procession qui se mit en marche et se déroula lentement en chantant des hymnes et des cantiques. Mais en arrivant au ruisseau prochain, le char sembla chargé d'un poids tellement lourd qu'il ne put aller plus loin et s'arrêta devant le faible cours d'eau. Une longue file de boeufs vint au secours de l'attelage, et l'on se mit avec ardeur à pousser aux roues. Peines inutiles ; ni les efforts des animaux ni ceux des hommes ne purent faire remuer le char. On reconnut dans ce prodige la volonté manifeste du bon saint qui voulait demeurer comme naguère dans son modeste oratoire, et pour lui complaire, on se hâta de l'y réintégrer. Un mot maintenant à propos de ce saint si populaire. Originaire d'Italie, Cénery, dont le nom est devenu Célerin, vint avec son frère Cénérède, s'établir au VIIème siècle sur les bords de la Sarthe, dans un lieu qui s'est appelé depuis Saint-Cénery-le-Géré (Orne). En arrivant, il se reposa sous un arbre, et ayant eu soif, fit jaillir miraculeusement d'un rocher une source abondante, restée depuis en grande vénération. Il mourut, dit-on, le sept mai 669. Une grande pierre plate, qui fut un monument mégalithique probablement, est conservée dans la chapelle, et lui servait de lit, assure-t-on. Une autre, couchée sous les eaux de la Sarthe, recouvre sa sépulture, si l'on en croit la tradition locale. Est-ce un des disciples de saint Cénery qui vint soustraire la fontaine d'Origny aux pratiques païennes en la plaçant sous le patronage du bienheureux? Peut-être. (Tome 1) /.../ De toutes les chapelles du Bocage Normand, celle de St. Célerin, qu'on voit sur le bord d'un chemin entre St.-Jean-le-Blanc et Aunay, en la paroisse de Roucamps, attire surtout une grande affluence de pèlerins. Ce pèlerinage n'offre cependant rien qui soit de nature à frapper vivement les yeux ou l'imagination : ni la beauté ou l'antiquité de l'édifice, ni le charme pittoresque du paysage, ni la légende merveilleuse du patron (qui longtemps a passé pour un saint apocryphe), pas même les cérémonies du culte, car le clergé ne reconnaît pas un caractère religieux au rustique oratoire. Chétif bâtiment, son aspect est des plus infimes , et une petite croix de bois surmontant son toit de chaume moussu le distingue seule des masures du voisinage. Il a remplacé l'oratoire primitif, détruit lors de la Révolution, et qui, devenu propriété particulière, était naguère, après que le saint en avait été enlevé, utilisé comme étable à moutons durant une partie de l'année. L'intérieur, pauvre et nu, a pour tous ornements quelques formules d'oraisons seulement, des ex-voto attachés çà et là à ses murs, et au fond, sur un petit autel, apparaissent dans la pénombre, l'image du Saint, rudement taillée par un inhabile ciseau. Mais si la chapelle est chétive, grande est la renommée traditionnelle du patron comme guérisseur tout-puissant. Il n'est pas de hameau, à plusieurs lieues à la ronde, où l'on ne raconte les cures merveilleuses dues à son intercession et aux vertus salutaires de la source ferrugineuse placée sous son invocation. Aussi, depuis un temps immémorial, le Saint et sa fontaine sont-ils vénérés partout dans la contrée. Une autre chapelle a été récemment édifiée en ce lieu. Mais l'image nouvelle du Saint est loin d'inspirer le même degré de confiance aux croyants que l'ancienne, qui fut, dit-on, miraculeusement trouvée sous les racines d'une haie. S'ils vont aussi s'agenouiller devant l'autre, c'est de préférence devant celle-ci qu'ils adressent leurs prières et leurs voeux, afin d'obtenir la puissante intercession du bienheureux Célerin auprès de Dieu. C'est surtout pendant le mois qui suit le jour commémoratif de sa mort, du sept mai au sept juin, que les pèlerins affluent à la chapelle. Il n'est pas de jour où on ne les voie arriver à Origny à pied ou en voiture, particulièrement du département de l'Orne, et de fort loin souvent. Le jour de l'Ascension, une belle assemblée qui se tient dans un plant de pommiers, auprès de la chapelle, rassemble les populations des campagnes d'alentour. Dès le matin, la nouvelle chapelle est toute bourdonnante des prières des croyants qui s'y pressent et des oraisons que récite un prêtre, debout devant le sanctuaire, au milieu de la foule qui l'entoure. L'ancienne chapelle a de plus nombreuses visites encore, et c'est là aussi que les manifestations de la dévotion au Saint guérisseur sont les plus vives. Sans cesse elle regorge de pèlerins, les uns debout au milieu de la chapelle, les autres assis autour sur des bancs, attendant qu'il leur soit permis de faire leurs invocations. Pour ce jour de fête, les femmes du village ont déployé dans le vieil oratoire un luxe champêtre : l'autel est orné de fleurs, d'images saintes, d'ornements en papier doré, de tout le clinquant multicolore si cher au paysan, et le vieux Saint disparaît presque sous les flots de rubans dont il est paré. Des malades, des infirmes, sont continuellement prosternés devant l'image révérée, se signant dévotement, et lui adressant des voeux pour leur retour à la santé. Les prières faites, les pèlerins se rendent à la fontaine, y font leurs ablutions, lavent leurs membres malades ; des mères viennent y laver ou y plonger même leurs enfants malingres et chétifs, afin qu'ils deviennent sains et vigoureux, et les croyants valides puisent de l'eau à la source pour la rapporter à ceux que le mal cloue sur le lit de souffrances. Chaque année voit, assure-t-on, s'opérer de nombreuses cures, attribuées au bon Saint-Célerin, et à la vertu toute puissante des eaux de sa fontaine. La Bretagne a ses fontaines divinatoires, que les jeunes filles consultent en y jetant une épingle pour savoir si bientôt enfin elles pourront se marier. La source de Saint-Célerin ne jouit pas du même privilège, mais une des pierres du seuil de la chapelle en possède un plus précieux encore. En effet, au lieu d'apprendre seulement à la consultante si elle a la chance plus ou moins prochaine de trouver un épouseur, cette pierre en assure infailliblement un dans l'année à toute jeune fille qui sans connaître à l'avance cette pierre, à le bonheur envié de mettre le pied dessus en franchissant le seuil de la porte. A quelle époque remonte le pèlerinage d'Origny? La question n'a pas été résolue. Il est à présumer toutefois que ce fut dans les années qui suivirent immédiatement la mort de saint Cénery. Son culte se répandit alors dans le Maine et l'Alençonnais, où plusieurs églises et chapelles sont sous son patronage, indépendamment de l'église de Saint-Cénery-le-Géré. On fit à Roucamps ce qui avait lieu ailleurs ; la fontaine ferrugineuse d'Origny fut placée sous l'invocation du bienheureux, patron déjà d'une autre source miraculeuse, afin de la soustraire aux pratiques païennes dont elle était l'objet, et l'on édifia une chapelle auprès. (Cette fontaine prend sa source dans la haute bruyère du Plessis-Grimoult, à peu de distance des mines de fer exploitées par les Romains. L'orifice des galeries qui servaient à extraire le minerai a été bouché il y a quelques années.)" /Tome 2/
in Esquisses du Bocage Normand de J. Lecoeur (1883).
"Au diocèse de Bayeux, saint Céneric est honoré à Meslay, dont il est le patron ; à Sermentot, dans le canton de Caumont ; à Gouvix-sur-la-Laize et à Roucamps : la fontaine Saint-Céneric à Roucamps est toujours fréquentée et il y a pèlerinage le jour de l'Ascension. Dans un vieux bréviaire manuscrit de Lisieux, du XVe siècle, on trouve l'office de saint Céneric".
in "Saints guérisseurs, saints imaginaires, dévotions populaires" par Jean Seguin, 1929, rééd. Lib. Guénégaud Paris 1978.
"Nous ne conservons que ses noms les plus courants actuellement (il est aussi appelé Cénéric, Selering, Serénic). Né Senericus à Spolète, petite ville située au sud de Pérouse, il se fit bénédictin. sous les règnes de Clotaire II et Dagobert Ier, il vint en Gaule au VIIe siècle, s'installa en solitaire dans la région d'Alençon avant de fonder un ermitage en un lieu qui devint Saint-Céneri-le-Gérei. Ce saint est doublement guérisseur. Selon le nom qu'on lui donne, il intervient sur des maux différents. Saint Célerin est plutôt dermatologue. A ce titre, il guérit en particulier une forme d'impétigo du cuir chevelu des nourrissons appelé "mal Saint-Célerin". Saint Céneri, quant à lui, guérit plus spécialement les coliques infantiles dites "coliques Saint-Céneri". Dans le Calvados, les mères conduisent leurs enfants frappés par cet impétigo (croûtes de lait) ou par des difficultés dans l'apprentissage de la marche à Roucamps (canton d'Aunay-sur-Odon) où se trouve une fontaine Saint-Célerin. Elles lavent les lésions avec l'eau de la fontaine, où baignent les jambes dans l'eau. Elles font lire un évangile et sacrifient au rite du cierge et du tronc."
in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.
“Saint Céneri ou Célerin (1er mai) : Italien de naissance Sérénic, communément appelé Céneri ou Célerin, est normand par sa vie et ses oeuvres. Ses actes prouvent par leur contenu qu'ils sont antérieurs aux invasions des Normands. Nous trouvons son office dans un bréviaire manuscrit de Lisieux écrit au XVe siècle et dans le missel du Mans édité en 1494, et nous savons qu'il était depuis des siècles honoré dans les diocèses de Séez, Angers, Evreux et Bayeux. Au début du VII siècle, de riches patriciens de Spolète voyaient leurs fils Sénéric et Sérénède, grandir en science et en vertu. A l’âge d'adolescence les deux frères vinrent à Rome revêtir l'habit de Saint-Benoît au monastère du Vatican. Bientôt, répondant à un secret appel de Dieu, ils franchissent les Alpes, visitent les églises et les monastères du Nord de la France et s'arrêtent près d'un bourg nommé Saulge au diocèse du Mans. Sérénic y laisse son. frère et gagne le pays d'Hiesmes au diocèse de Séez. Là il découvre une grotte qui lui semble être le lieu béni où le Seigneur l'appelait. Pour y parvenir, il fallait traverser une rivière profonde et torrentueuse. Le saint fait le signe de la croix, les eaux se séparent et il passe hardiment ; mais son jeune disciple, Flavart, tremble à la vue des ces muraille liquides et grondantes et laisse tomber le livre qu'il portait. Neuf ans plus tard une lavandière le retrouva intact au fond des eaux. Sérénic bâtit une cellule puis un monastère où il réunit 140 religieux. Avec l'aide de saint Milehar, évêque de Séez, il éleva une église qu'il dédia à saint Martin, évêque de Tours. Il mourut le 7 mai ~669 et fut enterré dans cette église qui plus tard prit son nom. Les pèlerins vinrent nombreux prier à son tombeau. Par crainte des normands, ses reliques furent transportées à Château-Thierry, où son culte est en honneur. L'assemblée profane qui se tient le 7 mai à Caorches (Eure), n'est que la laïcisation d'un ancien pèlerinage à ce saint. Au diocèse de Séez, il est patron de Champecie (campus Cereni), de Saint-Céneri réuni à Aunou, d'Aubusson, Colonard et Saint-Céneri-le-Géré, dont l'église a été rebâtie en 1050 au-dessus de son .tombeau. Des peintures y retracent sa vie et une chapelle voisine abrite le bloc de granit qui lui servait de lit. Au diocèse de Bayeux, saint Céneri est patron principal de Meslay, patron secondaire de Gouvix, Sermentot et Roucamps. La tradition rapporte que le saint a évangélisé cette dernière paroisse et s'est désaltéré à une source toujours vénérée. Ne serait-ce pas plutôt un de ses disciples qui, ayant choisi pour retraite les bois d'Origny à Roucamps, aurait bu et même baptisé à cette fontaine ? Le pèlerinage est très ancien : le vieil oratoire portait la date de 1522. Une nouvelle chapelle a été bénie le 28 avril 1863. Chaque année le mois de mai et spécialement le jour de l'Ascension y amènent une nombreuse affluence. On y apporte surtout les enfants qui tardent à se développer et à marcher où qui souffrent des maladies de la peau. Les nombreuses légendes qui se racontent dans la région montrent la grande popularité de ce culte. ”
in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.
“ Fontaine Saint-Célerin à Origny (Roucamps) : Dés l’Antiquité, cette source ferrugineuse est vénérée par la population locale. Selon une tradition, Guillaume le Conquérant y aurait écorché le baron Grimoult qui s’était rebellé contre lui. Lavant ses mains ensanglantées, le duc de Normandie laisse tomber son couteau dans la source qui, depuis, a conservé sa couleur rouge. L’eau de la fontaine est prétendue avoir des vertus curatives, pour la peau et les yeux, et elle aiderait les enfants à marcher rapidement. Chapelle Saint-Célerin, XIXe siècle, schiste, à Origny : Reconstruite pour abriter un plus grand nombre de pèlerins, la chapelle est terminée par une abside en cul de four. Dédiée à saint Célerin depuis le Moyen Âge, elle est implantée lors de sa fondation au pied de la source afin de christianiser les lieux. ”
In Le Patrimoine des Communes du Calvados, Tome 1, éditions Flohic, 2001.
“ Saint Céneri, quoique installé dans une charrette ornée de guirlandes et de fleurs, refusa de franchir le ruisseau pour aller de son rustique oratoire d'ORIGNY vers l'église paroissiale de Roucamps (Calvados). ”
in Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.
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