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CONTEST
CONTEST
Saint Contest ou Contextus fut évêque de Bayeux au V-VIème siècles : mort vers 510. Evêque à partir de 480, il fut persécuté pour son zèle par ses adversaires et dut un certain temps abandonner son siège. Une commune du Calvados porte son nom : Saint-Contest. Fête : 19 janvier.
BAYEUX :
"Les actes de saint Contest ont été publiés dans l'Histoire Ecclésiastique de Normandie (édit. de 1759, p. 67), d'après certains manuscrits de l'église de Bayeux. On y lit que saint Contest fut le successeur de saint Manvieu et le sixième évêque depuis saint Exupère, le septième d'après l'Ordo diocésain. A la fin du XVIIIe siècle, on fêtait saint Contest le 19 janvier. Du Moustier, l'auteur de la Neustria Sancta, découvrit une vie de saint Contest en tête d'un vieux bréviaire en parchemin. Jules Lair, qui a étudié ce document, y voit ou croit y voir une oeuvre du IXe siècle. Hermant cite (Hist., p. 42) une Charte de l'abbaye de Fécamp relatant le transfert du corps du saint dans cette abbaye ; cette translation eut lieu sous le règne de Henri II, duc de Normandie, en 1162, en présence de Philippe d'Harcourt, évêque de Bayeux ; d'Arnulf, évêque de Lisieux. Depuis, l'archevêque de Rouen voulut bien distraire une portion des reliques, en 1857, en faveur de la cathédrale de Bayeux, et en 1896, pour l'église de Saint-Contest, près Caen. (On conservait une relique du saint au couvent Saint-Dominique d'Argentan, mais en 1563, "les hérétiques brisèrent tout le mobilier et en bruslèrent les reliques, entre autres le bras de saint Contest, lequel coustumièrement on portait par la ville aux malades et ce par un religieux en estole avec un compagnon, et il avait approbation de grands miracles, car aussitôt que le religieux avait dit quelques suffrages sur le malade et qu'il lui avait fait boire de l'eau en laquelle on mettait la relique, incontinent il revenait en convalescence ou subitement il mourait" Description d'Argentan, M-S. 1680.)."
in "Saints guérisseurs, saints imaginaires, dévotions populaires" par Jean Seguin, 1929, rééd. Lib. Guénégaud Paris 1978.
"480-513 (Evêque de Bayeux). De Bayeux. Inhumé à Saint-Exupère."
in Monographie d'un canton type : Canton de Bayeux par E. Michel (1911), Office d'édition & de diffusion du livre d'histoire 1994.
“Saint Contest (19 janvier) : Une tradition nous apprend que saint Contest naquit à Athis-sur-Orne, ancienne paroisse réunie à Louvigny, dont l'église était sous le vocable de ce saint. Plusieurs lui attribuent Bayeux pour berceau. Pour se donner tout à Dieu, il se retira dans une solitude près de Falaise, puis dans les bois de Trun (Orne). Le siège épiscopal de Bayeux étant devenu vacant, Contest fut élu évêque, selon l’usage du temps, par les acclamations du peuple et du clergé. Homme d'action, il se donna tout entier à la conversion des païens encore nombreux, mais son zèle lui attira la haine des puissants, obstinément attachés au culte des idoles. Il se retira dans un ermitage, situé dans la paroisse de Blay, où il vécut comme saint Jean-Baptiste dans le désert. Le démon lui dressa embûches sur embûches. Comme il se présentait à lui sous la figure d'un serpent, le saint enroula son étole à son cou et le mena bien loin de son ermitage avec défense de retour. Ses persécuteurs vaincus par ses mérites se convertirent et l'évêque rentra dans sa ville épiscopale. Prié d'aller à Séez, pour assister l'évêque saint Landry, alors à l'extrémité, il partit avec quelques disciples. Arrivés près d'Athis, dans l'Orne, par une chaleur torride, et encore loin de la Vère, l'unique rivière du pays, ils faillirent mourir de soif. Autre Moïse saint Contest frappa de son bâton un rocher de granit d'où il jaillit à l'instant une source abondante. Le saint ayant donné les derniers secours à saint Landry, reprit le chemin de sa ville épiscopale. En traversant les bois de Castillon, près Balleroy, il y rencontra deux femmes, qui, poussées par le besoin, s'adonnaient au vice. Il leur fournit le nécessaire et les fit renoncer à leur mauvaise vie. A Bayeux, il exerça son ministère pastoral avec un grand zèle et Dieu lui continua le don des miracles. Il mourut un 19 janvier, vers l'an 513, et fut enterré dans l'église Saint-Exupère, devant l'autel Saint-Clair. Le 3 mars 1162, les évêques Philippe de Harcourt de Bayeux, Rotrou d'Evreux, Arnoul de Lisieux, Achard d'Avranches, transférèrent les reliques de saint Contest à l'abbaye de Fécarnp. En 1683, les moines de Saint-Vigor de Bayeux en obtinrent une portion considérable. Récemment la cathédrale de Bayeux et l'église de Saint-Contest, près Caen, ont obtenu quelques-uns de ses précieux ossements. Aujourd'hui encore les pèlerins viennent en l'église de Mille-Savattes (Orne), prier saint Contest pour leurs enfants malades.”
in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.
"Église St Exupère : La fondation de l'église remonte à une époque très ancienne. Plusieurs des premiers évêques de Bayeux y furent inhumés. L'église actuelle a été remontée au XIXe.
En 1679 Mr Bier curé de St Exupère, à l'occasion de travaux dans le choeur, étudia les sépultures des saints évêques. Il en trouva 7. Les ossements furent partagés entre diverses personnes afin d'en faire des reliques. On trouve : St Rufinien sous le maître autel, St Manvieu au pied du mur méridional, entre l'autel et la tour ; St Contest, au nord devant l'autel de St Clair; St Patrice, au midi devant l'autel de la Sainte Vierge ; St Gerbold, contre le mur septentrional, entre l'autel et la sacristie ; St Frambold, sous le crucifix ; St Geretrand, proche, à sa gauche.
Le curé dit aussi s'être procuré les restes de St Regnobert et St Zénon, son diacre qui, ainsi que St Exupère et St Loup furent enterrés dans cette église.
Le tombeau de St Exupère est sous le maître autel. En 1853, l'abbé E. Le Comte, curé de St Exupère, fit des fouilles dans les caveaux où furent inhumés les premiers chefs de l'église de Bayeux. Cette recherche récente fut couronnée de succès. Une crypte a été construite à cette époque pour recevoir tous ces vénérables restes."
in Églises et chapelles du Bessin de Dominique Achard ; éditions de Neustrie 1999.
"Saint Contest - 19 janvier 513 : Selon la tradition il naquit à Athis de l'Orne. D'autres prétendent qu'il est originaire de Bayeux. Il fut ermite près de Falaise puis dans les bois de Trun (Orne). Il fut évêque de Bayeux par acclamation du peuple et du clergé. Il lutta fortement contre le paganisme mais face à lui se dressaient les "puissants", attachés aux cultes anciens. Il se retira alors dans un ermitage à Blay.
La légende rapporte que le démon le harcelait sous la forme d'un serpent fabuleux. Contest alors enroula son étole autour du cou de la bête et la mena très loin de là avec ordre de ne jamais revenir. Tous furent édifiés par ses mérites et se convertirent. Il revint dans sa ville épiscopale. Il fut prié d'aller assister les derniers instants de St Landry évêque de Séez. En route, avec quelques uns de ses disciples, il fit jaillir une source d'un coup de son bâton, entre Athis et la rivière Vère.
Sur le retour vers Bayeux, il fit de nombreuses conversions de prostituées. Il fut enterré dans l'église qui porte son nom face à l'autel St Clain.
Le 3 mars 1162, les évêques Philippe de Harcourt, de Bayeux, Rotrou d'Evreux, Arnoul de Lisieux, Achard d'Avranches, transférèrent ses reliques à l'abbaye de Fécamp.
En 1683, les moines de St Vigor près Bayeux, obtinrent une partie des reliques, puis la cathédrale de Bayeux et l'église St Contest près Caen. Un pèlerinage existe encore de nos jours, en l'église de Mille Savattes (Orne) où l'on invoque St Contest pour la guérison des enfants malades."
in Églises et chapelles du Bessin de Dominique Achard ; éditions de Neustrie 1999.
“ Les reliques. On n'imagine guère de nos jours de lieu de culte d'un saint sans sa statue, son "image". Au XIe siècle, il y avait des peintures murales mais pas de statues en ronde-bosse. Par contre il y avait des reliquaires. On sait que, fuyant les pirates Vikings, moines et clercs de nos diocèses emportèrent avec eux, et souvent fort loin, les corps saints de leurs monastères et églises. C'était pour eux des trésors plus précieux encore que les vases sacrés et autres richesses mobilières. Une des conséquences; de cet exode fut de propager, à grande distance le culte de plusieurs saints pré normands dont l’audience serait peut-être restée régionale. Le cas le plus extraordinaire fut sans doute celui du Cotentinais saint Marcoul, devenu à Corbény, non loin de Reims, saint dynastique. La dispersion au loin des châsses fut cruellement ressentie lors de la réorganisation religieuse du duché. Pas de culte possible sans reliques. Or la “récupération ” s'avéra très difficile. L'abbaye Saint-Ouen de Rouen eut la chance de se foire restituer, dès le Xe siècle, le corps de son saint patron, et cela explique certainement son importance comme lieu de pèlerinage au XIe siècle. Quelques corps saints avaient pourtant été "oubliés" in situ. Quelle aubaine de les retrouver après la tourmente. Ce fut le cas de saint Evroul dont le corps fut rependant volé par Hugues de France en 946 et emporté à Orléans. Les moines du Mont-Saint-Michel retrouvèrent le corps de saint Aubert vers 1012. Ceux de Saint-Wandrille, en 1026, le corps de saint Wulfran. dont la châsse parcourut le diocèse lors des grandes épidémies médiévales. On retrouva saint Contest à Bayeux, saint Sever au lieu qui porte son nom ; mais un commando venu de Rouen le transporta à la cathédrale métropolitaine. Les rapts de reliques furent choses courantes, masqués par de pieuses légendes, par exemple la châsse qui se fait trop lourde pour aller plus loin d'où l'origine du culte de saint Hildevert à Gournay-en-Bray. Et puis il y eut des supercheries : le pauvre évêque de Bayeux, Odon de Conteville, frère utérin du duc Guillaume, se vit attribuer par les gens de Corbeil, les restes mortels d`un paysan, alors qu'il attendait le corps de saint Exupère. L'évêque de Sées, plus heureux, réussit à se faire restituer les ossements de saint Latuin, son premier prédécesseur que conservait l’église d’Anet, mais cela seulement en ... 1970 !
Finalement on dut, un peu partout, se contenter de parcelles osseuses. Les corps saints, partis intacts au IXe siècle, furent véritablement dépecés. Les châsses firent place aux reliquaires. Notons que les premières statues en ronde-bosse furent presque toutes des reliquaires, telle celle de sainte Foy à Conques. Mais, grâce à cette fragmentation, devenue courante et universelle, la Normandie vit arriver des reliques de saints qui lui étaient totalement étrangers, et ce tut l'origine d'un mouvement d’importation qui allait se poursuivre tout au long des siècles. Ainsi s'implantèrent chez nous au XIe siècle les cultes de sainte Catherine, de sainte Barbe, de sainte Madeleine, de sainte Foy, de saint Valentin, de saint Blaise. C'est l'époque où les monastères commencèrent à se constituer leurs trésors de reliques, le Mont-Saint-Michel par exemple, comme l'indique Robert de Torigni. ”
In Guillaume le Conquérant et son temps - catalogue d’exposition – Art de basse-Normandie n°97 – Hiver 1987-1988.
BLAY :
“ Reliques de saint Contest, entre 486 et 496 et 1896 en métal dans l’église Saint‑Pierre : Un chemin très ancien, dit “ des Anes de Villiers ” ou “ des Mollets ”, traverse le territoire de Blay. Sur ce site vient se retirer, vers la fin du Vème siècle, un évêque de Bayeux du nom de Contest. Obligé de fuir la capitale des Bajocasses, il vit en ermite à Blay probablement de 480 à 496, avant de retourner à Bayeux pour mourir le 19 janvier 513. Le 7 novembre 1896, un autre évêque de Bayeux, Mgr Hugonin, donne à l'église de Blay les reliques de saint Contest, des os de la main droite. Le reliquaire est conservé dans la sacristie. ”
in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.
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