• MADELEINE

    MADELEINE ou MARIE-MADELEINE

    Pénitente du 1er siècle. L'Occident honore 3 Marie sous ce nom : Marie de Magdala ou Madeleine, Marie de Béthanie et Marie la pécheresse alors que l'Orient les distingue. Fête : 22 juillet.

     

    BAYEUX :

    “ La thèse récente de l'abbé Victor Saxer sur le culte de sainte Marie-Madeleine en Occident (17) conclut au rôle primordial de Bayeux dans la diffusion de ce culte, avant Vézelay, puisque, en 1026, la Madeleine de Bayeux était un sanctuaire déjà bien connu, et qu'on y vénérait des reliques de la sainte. M. Lucien Musset, commentant la thèse de l'abbé Saxer dans le tome LVI du Bullelin des Antiquaires de Normandie, émet l'hypothèse de l'arrivée conjointe en Normandie des reliques de saint Georges et de sainte Madeleine, l'église bayeusaine possédant d'ailleurs des reliques des deux saints (18).

    (17) Le culte de Marie-Madeleine en Occident des origines à la fin du Moyen Age. Auxerre, Paris, 1959, 2 vol. in-8° (thèse de théologie de Strasbourg).

    (18) Bull. Soc. Antiq. Normandie, LVI, 1961-1962 (1963), pp. 667-670. ”

    in Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie – Etude générale – par le Dr Jean Fournée – Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.

    BAYEUX :

    Concernant ce saint, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.

    LANDELLES :  

             "Dans nos légendes, la construction d'un oratoire ou d'une chapelle est le plus souvent la conséquence d'un fait miraculeux. Celle de la chapelle Sainte-Madeleine de Landelles est consécutive à l'expiation d'une faute. Avoise, la fille du seigneur des Biards, avait été séduite par la jeunesse et les douces mélodies d'un ménestrel. Elle ne cessait de pleurer sa faute et son imprudence. Peut-être vivait-elle quelque peu rassurée quand sa mère lui promit de faire tout son possible pour retrouver le beau jeune homme. Mais le retour inopiné de son père, parti depuis plusieurs années en Palestine, et qui ramenait les cendres de son fils tué en Terre Sainte, mit Avoise dans le plus grand émoi. Elle n'oserait jamais faire l'aveu de sa faute à son père. Un matin, elle se précipita par la fenêtre de sa chambre dans les fossés de la forteresse. Quand elle reprit connaissance elle était couchée chez sa nourrice, au moulin du château, où l'avait portée un inconnu. Des soins assidus la ranimèrent et elle apprit qu'elle pourrait demeurer la le temps qu'elle désirait. Mais résolue à faire pénitence elle quitta la maison de sa nourrice où elle était restée ignorée des siens pour mener une vie de solitaire. Pendant ce temps, sa mère affligée par la mort de son fils et la disparition de sa fille, décéda quelques semaines plus tard, et son père désespéré se retira au couvent de la Couture au Mans. C'est en ce temps qu'un ermite vint s'établir sur le territoire de la commune de Landelles, dans une grotte au fond d'un bois. Il vécut là une vie faite de jeûnes et de méditations. Dix années s'étaient écoulées quand un religieux se présenta à l'entrée de la grotte de l'ermite. Ce dernier n'eut pas la force de le recevoir. Il était dans un état de faiblesse extrême et s'étant traîné, avec peine, au pied de la croix il y était resté prostré. Le religieux entra, s'approcha du malheureux ; lui releva la tête et lui donna à boire. C'est alors que l'ermite reprenant connaissance lui dit : "Dieu vous amène bien à propos, que son saint nom soit béni. Les fautes de ma vie m'ont enveloppé de cette bure. Les veilles et les prières n'ont pu réparer les maux que j'ai causés. De grâce, ministre du Rédempteur, puisque vous êtes malheureux aussi et étranger, permettez-moi de déposer en votre sein le dernier aveu et le cruel secret de ma longue pénitence". Réunissant ses forces l'ermite se disposa à recevoir le pardon suprême. Mais à peine put-il commencer sa confession que le religieux étreignant le moribond s'écria : "Assez, assez, Dieu t'a pardonné et ton père témoin de ton repentir a retrouvé sa fille". Avoise succomba bientôt. Elle avait reconnu son père, obtenu son pardon et le calme était revenu en son âme. Après avoir rendu les derniers devoirs à sa fille, le moine fit élever sur l'emplacement même de l'ermitage une chapelle vouée à Sainte-Madeleine-Repentante, une chapelle qui devint le lieu de nombreux pèlerinages".

    in Légendes de Basse-Normandie d'E. Colin (1992).

     

    “ Les reliques. On n'imagine guère de nos jours de lieu de culte d'un saint sans sa statue, son "image". Au XIe siècle, il y avait des peintures murales mais pas de statues en ronde-bosse. Par contre il y avait des reliquaires. On sait que, fuyant les pirates Vikings, moines et clercs de nos diocèses emportèrent avec eux, et souvent fort loin, les corps saints de leurs monastères et églises. C'était pour eux des trésors plus précieux encore que les vases sacrés et autres richesses mobilières. Une des conséquences; de cet exode fut de propager, à grande distance le culte de plusieurs saints pré normands dont l’audience serait peut-être restée régionale. Le cas le plus extraordinaire fut sans doute celui du Cotentinais saint Marcoul, devenu à Corbény, non loin de Reims, saint dynastique. La dispersion au loin des châsses fut cruellement ressentie lors de la réorganisation religieuse du duché. Pas de culte possible sans reliques. Or la “récupération ” s'avéra très difficile. L'abbaye Saint-Ouen de Rouen eut la chance de se foire restituer, dès le Xe siècle, le corps de son saint patron, et cela explique certainement son importance comme lieu de pèlerinage au XIe siècle. Quelques corps saints avaient pourtant été "oubliés" in situ. Quelle aubaine de les retrouver après la tourmente. Ce fut le cas de saint Evroul dont le corps fut rependant volé par Hugues de France en 946 et emporté à Orléans. Les moines du Mont-Saint-Michel retrouvèrent le corps de saint Aubert vers 1012. Ceux de Saint-Wandrille, en 1026, le corps de saint Wulfran. dont la châsse parcourut le diocèse lors des grandes épidémies médiévales. On retrouva saint Contest à Bayeux, saint Sever au lieu qui porte son nom ; mais un commando venu de Rouen le transporta à la cathédrale métropolitaine. Les rapts de reliques furent choses courantes, masqués par de pieuses légendes, par exemple la châsse qui se fait trop lourde pour aller plus loin d'où l'origine du culte de saint Hildevert à Gournay-en-Bray. Et puis il y eut des supercheries : le pauvre évêque de Bayeux, Odon de Conteville, frère utérin du duc Guillaume, se vit attribuer par les gens de Corbeil, les restes mortels d`un paysan, alors qu'il attendait le corps de saint Exupère. L'évêque de Sées, plus heureux, réussit à se faire restituer les ossements de saint Latuin, son premier prédécesseur que conservait l’église d’Anet, mais cela seulement en ... 1970 !

    Finalement on dut, un peu partout, se contenter de parcelles osseuses. Les corps saints, partis intacts au IXe siècle, furent véritablement dépecés. Les châsses firent place aux reliquaires. Notons que les premières statues en ronde-bosse furent presque toutes des reliquaires, telle celle de sainte Foy à Conques. Mais, grâce à cette fragmentation, devenue courante et universelle, la Normandie vit arriver des reliques de saints qui lui étaient totalement étrangers, et ce tut l'origine d'un mouvement d’importation qui allait se poursuivre tout au long des siècles. Ainsi s'implantèrent chez nous au XIe siècle les cultes de sainte Catherine, de sainte Barbe, de sainte Madeleine, de sainte Foy, de saint Valentin, de saint Blaise. C'est l'époque où les monastères commencèrent à se constituer leurs trésors de reliques, le Mont-Saint-Michel par exemple, comme l'indique Robert de Torigni. ”

    In Guillaume le Conquérant et son temps - catalogue d’exposition – Art de basse-Normandie n°97 – Hiver 1987-1988.


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