BAYEUX : 

         "Dans l'église du prieuré de Saint-Nicolas-de-la-Chesnée, on voyait une très ancienne statue de ce saint, au pied de laquelle les filles allaient prier pour avoir un mari. Pour être exaucé, il fallait dit-on, mettre un liard percé dans le tronc. Le délabrement de l'église, ses voûtes gothiques, l'air rébarbatif du saint, le recueillement des pèlerines, tout concourait à donner à ces scènes un coup d'œil piquant, qui a fourni à M. Delaunay (1759-1789) le sujet d'un charmant tableau, qui fut exposé au salon de 1788, et ensuite gravé par Mathieu. Je crois que ce tableau ou qu'un sujet semblable a été peint par Honoré Fragonard lui-même. Le propriétaire de la planche dont j'ai connu les épreuves, fit, dans le cours de la révolution, gratter le saint Nicolas, et graver à sa place la statue de la Déesse de l'époque, et l'on substitua à l'ancienne inscription ces mots : "Offrande à la Liberté"". Frédéric Pluquet.

         "Les jeunes vierges, dans l'espoir d'obtenir les faveurs de l'hymen, allaient naguère encore placer encore placer sur la Pierre-de-Saint-Nicolas-de-la-Chênaie leur modeste pièce de monnaie, en ayant soin de mettre le doigt sur le trou qu'il avait fallu d'avance pratiquer au centre de l'offrande, pour que celle-ci eût toute la vertu nécessaire."

in Mémoire sur l'antiquité des peuples de Bayeux par Mangon de la Lande (1832).

         Cette pierre "ne reçoit en tribu que des pièces de monnaies trouées ; sans doute par suite de ce préjugé, dont nous ne saurions définir la cause, qui fait considérer toutes les monnaies sur lesquelles un trou a été pratiqué comme autant de talismans favorables."

in La Normandie romanesque et merveilleuse par A. Bosquet (1845).

         "Les jeunes filles qui se rendaient au pèlerinage de Notre-Dame de la Délivrande devaient escalader cette pierre de Saint-Nicolas d'un seul bond, et retomber ainsi à terre, après avoir déposé au sommet du monolithe quelques pièces de monnaie, en ayant soin de mettre un doigt sur le trou percé au centre, et au sommet de la pierre, dans l'espoir de trouver un mari dans l'année."

in La Chapelle Saint-Eloi-de-Nassandres par Louis Coutil (1918).

CAEN :

         “ Louis Duval rapporte que la statue qui ornait à Caen le coin de la rue Saint-Nicolas (débaptisée ensuite et devenue la rue du moulin) était fréquemment ornée de bouquets. ”

Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.

NORON-L'ABBAYE :  

         "A la même époque, un chevalier normand nommé Guillaume Pantulf partit pour les Pouilles et, parce qu'il portait à saint Nicolas une vénération particulière, chercha activement à se procurer de ses reliques. Et comme Dieu favorisait son entreprise, il put obtenir des convoyeurs de reliques une dent et deux morceaux de marbre. Il faut dire qu'il était vigoureux au combat, d'un esprit  et d'une richesse inégalées dans son voisinage ; avec tout cela jouissant d'une grande notoriété auprès des seigneurs anglais et italiens. Ayant donc acquis la dent du grand Saint Patron, il rentra en Normandie et il invita en sa propriété de Noron de nombreuses personnes chargées d'accueillir dignement les reliques au jour convenu. Donc, en l'année du Seigneur 1092, la dent du bon confesseur Nicolas, ainsi que d'autres reliques de saints furent rapportées d'Apulie par Guillaume Pantulf et reçue solennellement en la basilique de Noron , fondée aux temps aux temps anciens en l'honneur de Saint-Pierre. Furent notamment invités à cette cérémonie Roger, abbé de Saint-Evroult, et Ralph, alors abbé de Sées, mais par la suite archevêque de Cantorbéry ; au milieu de l'intense ferveur des moines et de l'exaltation des fidèles, ils reçurent les saintes reliques, au mois de juin, et les déposèrent avec soin dans un coffret d'argent généreusement fourni par notre chevalier. De nombreux pèlerins atteints de fièvres ou d'autres troubles vinrent solliciter les fameuses reliques, et grâce aux mérites du bon saint Nicolas, ceux qui demandaient pieusement obtinrent la guérison conforme à leurs souhaits."

in La Normandie et les Normands à travers les textes grecs et latins de C.N.A.R.E.L.A., n°18 APLAAC.