• ONZE MILLE VIERGES

     

     

    BAYEUX :

    Concernant ces saintes, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.


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  • OPPORTUNE

     

     

    Sainte Opportune (22 avril) : Au IXe siècle saint Adelin écrivit les actes de sainte Opportune. C'était un ex-voto en l'honneur de la sainte : grâce à son intercession, le biographe avait échappé aux Normands, dont il était prisonnier. Le père d'Opportune était comte d'Exmes, capitale de l'ancien pays d'Hiémois. Elle appartenait à une famille de saints ; elle eut pour tante, sainte Lanthilde, abbesse du grand monastère d'Almenèches, pour oncle saint Frogent, archidiacre, et pour frère saint Godegrand, évêque de Séez. Toute jeune, elle voulut se consacrer à Dieu et entra dans le petit monastère d'Almenèches, où la règle était rigoureuse. Elle y reçut le voile des mains de saint Lohier, évêque de Séez. L'abbesse du couvent étant venue à mourir, les religieuses élirent Opportune qui d'abord résista, mais finit par céder à leur désir. Elle gouverna parfaitement la maison très austère pour elle, très compatissante pour ses subordonnées. Elle déploya une grande habileté dans l'éducation des novices, tempérant sans faiblesse la justice par la miséricorde. Le temporel du couvent était pour elle une cause de souci. Elle craignait que sa trop grande pauvreté ne donnât aux religieuses des tentations de violer la clôture et de posséder quelque chose en propre. Sa maison devint très florissante. Godegrand, frère d'Opportune, étant parti en Palestine, fut supplanté par son archidiacre Chrodobert, qui réussit à se faire sacrer évêque. Après sept ans, le vrai pontife rentra et rétablit l'ordre, mais l'intrus le fit assassiner à Nonant, pendant qu'il visitait son diocèse. La sainte abbesse prit soin de sa sépulture et le fit solennellement inhumer dans son monastère. Cette mort lui causa une grande douleur ; elle mourut le 22 avril 770 et fut enterrée auprès de son frère. Pour les soustraire à la fureur des Normands ses restes furent transférés à Moussy, au diocèse de Meaux, où il s'opéra de nombreux miracles. Robert de Thorigny nous apprend qu'en 1076, Roger de Montgomeri rebâtit le monastère de sainte Opportune, détruit par les barbares. Ses restes, divisés, étaient honorés en l'église du Moutierneuf, à Poitiers, à la Trinité de Vendôme, à Sainte-Opportune de Paris, où des vitraux et des tapisseries retraçaient la vie de la sainte. Une parcelle fut transportée de Rouen au prieuré de Saint-Himer (Calvados), en 1756. Son culte est très répandu dans le diocèse de Séez. Elle était patronne de l'église Sainte Opportune, au canton d'Athis (Orne), donnée vers 1125 à l'abbaye du Val (Calvados) Quatre anciennes paroisses du diocèse d'Evreux, remontant au IXe siècle, l'ont pour patronne : Sainte-Opportune, près Vieux-Port, Sainte-Opportune-du-Bosc, Sainte-Opportune-la-Campagne et Sainte-Opportune, près Rugles. Almenèches lui a élevé une statue en fonte, bénie le 8 avril 1901, par Monseigneur Bardel. L'abbaye de Sainte-Opportune possédait, au diocèse de Bayeux, les églises de Moult, Cinq-Autels, Saint-Germain-de-Montgommery et Saint-Sylvain. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.


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  • ORTAIRE ou ORTHAIRE 

    Ermite du VIe siècle ayant vécu dans le Bocage et qui devint abbé du monastère de Landelles. Sa chapelle, lieu de pèlerinage, se trouve dans le cimetière de Landelles. Fête le 15 avril ou le 21 mai.

     

    LIEUX DE CULTE DE SAINT ORTAIRE :  

             Biéville-Quétiéville à Mirbel : fontaine, statue, culte populaire ; La Chapelle-Yvon : statue ; Estry : statue ; Landelles-et-Coupigny : statue, culte populaire, chapelle St.-Ortaire : sarcophage mérovingien dit "de Saint Ortaire" ; Lisieux : culte populaire ; Malloué : grotte, fontaine, statue XVe, culte populaire ; La Roque-Baignard : fontaine, statue en pierre XVe, culte populaire ; Saint-André-sur-Orne à Etavaux : statue en pierre XVe, culte populaire ; Saint-Germain-Langot : statue en albâtre XV-XVIe, culte populaire ; Saint-Jean-des-Essartiers : statue en pierre XIV-XVe ; Saint-Martin-Don : statue ; Saint-Vaast-en-Auge : fontaine, statue, culte populaire.

     

    BEAUMESNIL/LANDELLES/MALLOUE :  

             "Ortaire fut un de ces pieux apôtres, si nombreux chez nous aux premiers siècles du christianisme, que leur coeur débordant d'amour pour leurs semblables, porta à se faire les éducateurs des peuples en les appelant à la civilisation chrétienne. Il vivait, paraît-il à la fin du VIème siècle ou au commencement du VIIème ; le lieu de sa naissance est inconnu, et l'on sait seulement qu'il appartenait à une famille patricienne. Cédant à son penchant pour la solitude, il abandonna ses parents dès l'âge de douze ans, renonçant aux biens corrupteurs de ce monde pour les biens incorruptibles du ciel, aux honneurs et aux dignités que lui assurait sa naissance, pour se livrer, dans une retraite ignorée, à la prière et à la méditation. C'est dans une grotte, à Beaumesnil, au bord de la Drôme, qu'il trouva le refuge qu'il cherchait. Il y passa loin du monde trente-huit années, les plus douces et les plus heureuses de sa vie, quoique, sans relâche, il s'y livrât aux plus rudes pratiques de la pénitence. Il avait dépouillé ses luxueux habits pour se vêtir d'un sac grossier, et dessous, pour mortifier sa chair, il portait un cilice, et une lourde chaîne autour des reins. Les jours où il ne s'était pas astreint à un jeûne rigoureux, et ils étaient rares, il se contentait de racines, d'herbes crues des champs pour sa nourriture, et d'un peu de pain d'orge cuit sous la cendre. Il buvait l'eau claire d'une source voisine, mais de trois jours en trois jours seulement. La terre lui servait de lit, et une pierre d'oreiller. Cependant, son arrivée dans ce lieu ne tarda pas à être connue, et les habitants répandus dans le voisinage se rendirent auprès de lui. Beaucoup d'entre eux étaient adonnés encore aux superstitions païennes ; il se mit à les catéchiser. D'autres ne vivaient que de rapines et de violence, il leur fit honte de leur conduite. Et comme le miel de la persuasion coulait de ses lèvres, par sa parole, sa douceur et l'exemple de ses vertus chrétiennes, il toucha le coeur des plus endurcis et, de loups dévorants, fit de doux agneaux, mais l'implacable ennemi des gens de bien voulut l'arrêter dans le cours de ses bonnes oeuvres ; il lui tendit des embûches durant ses veilles consacrées à la prière et à la mortification. Ortaire s'arma du signe rédempteur, il implora le secours de celui de qui il est dit : "Tu es mon refuge contre les tribulations", et le secours ne lui manqua pas. Furieux d'être repoussé, Satan s'acharna à le tourmenter, et parfois il maltraitait si cruellement le pauvre serviteur de Dieu, que son corps était tout couvert de meurtrissures et de plaies saignantes. C'est durant ce temps d'épreuves qu'un songe avertit l'ermite de la mort de Landelles, et qu'il reçut l'ordre de préparer ses obsèques. Ortaire se rendit au monastère et trouva l'abbé sans vie. Son âme venait d'entrer dans le séjour de la gloire. Un songe nouveau vint le visiter la nuit suivante. Il lui fit voir dans les cieux entr'ouverts, une troupe d'esprits bienheureux et resplendissants de lumières, qui conduisaient au ciel l'âme de l'abbé défunt. Celui-là aussi avait consacré au bien toute sa longue existence. Après avoir présidé aux funérailles, Ortaire revint dans sa chère solitude. Cependant, la bonne odeur de ses vertus s'était répandue dans la contrée et d'une voix unanime les religieux de Landelles le choisirent pour leur abbé. Ils allèrent même à son ermitage pour le chercher. Mais le saint, qui était l'humilité même, sut se soustraire à cet honneur ; il s'éloigna de sa retraite et les religieux revinrent sans lui. C'est à Malloué, qu'il trouva refuge dans une grotte ou plutôt une caverne, creusée par la nature dans un escarpement rocheux qui domine le profond ravin où coule la Vire. L'entrée était obstruée de ronces, de plantes sauvages, et voilée par les rameaux de grands arbres qui s'élevaient auprès. Un étroit et dangereux sentier tracé par les bêtes fauves, conduisait à ce lieu qui leur servait de repaire. Les seuls compagnons du solitaire étaient les oiseaux du ciel, "dont le chant, et le vent qui murmurait parmi les feuillées, lui répétaient, chacun à sa manière, le nom de ce maître dont, comme lui, ils étaient les créatures et les sujets." Cependant, les religieux de Landelles, déçus dans leur recherche, s'étaient assemblés et allaient procéder à une nouvelle élection, lorsque soudain, ils entendirent une voix céleste qui leur disait ces mots : "Celui que Dieu a choisi pour votre abbé, Ortaire, est en oraison sur la crête de la montagne prochaine. Allez, et vous le trouverez en prière dans le creux d'un rocher." Ils partirent aussitôt, et trouvèrent le saint homme à genoux, priant avec ferveur au lieu désigné. Ortaire se résigna, obéit au commandement de Dieu, s'en retourna avec eux, et devint leur abbé. Il avait alors cinquante ans. Mais le gouvernement de son monastère ne le détourna pas de son oeuvre d'évangélisation ; il continua de catéchiser autour de lui, et de gagner des âmes à Dieu. Accablé d'années, exténué par les macérations, ses forces s'épuisaient, sa fin s'approchait, et un jour qu'il assistait à l'office, il fut pris d'une faiblesse extrême, et sentit que Dieu l'appelait à lui. Il demanda qu'on le portât dans la chapelle de la Vierge qu'il avait fait élever, et appela ses religieux, sa famille spirituelle, autour de lui. Après les avoir exhortés à continuer de se livrer au bien, et leur avoir donné ses dernières instructions, il se mit à prier avec ferveur, et avec sa dernière prière, son âme s'exhala au ciel. Son corps demeura quelques temps exposé dans l'oratoire à la vénération des fidèles, qui venaient demander encore son intercession pour le soulagement de leurs maux. Ortaire était âgé de quatre-vingt-dix-huit ans ; et il reçut sa sépulture dans l'oratoire où il avait rendu le dernier soupir. Plus tard, bien des siècles après, les Calvinistes profanèrent son tombeau et dispersèrent ses ossements. La chapelle resta néanmoins un lieu de pèlerinage et sa tombe fut témoin de miracles dont la tradition a conservé le souvenir. Elle raconte qu'un garçon meunier, un esprit fort de village, voulant un jour prendre le saint personnage pour objet de ses moqueries, jeta une pomme à la tête de sa statue en lui disant : "Tiens, mange çà!" Mais incontinent son bras resta tendu roide, devint sec comme celui d'un paralytique, et, quoique ce membre parût mort, le meunier sacrilège ne cessait d'y ressentir les plus vives douleurs. (Ce fait du bras roidi, est mentionné dans Grégoire de Tours, tome Ier, pages 113 et 346, et s'est souvent reproduit). Il reconnut sa faute, s'en repentit, demanda pardon au bienheureux, et obtint sa guérison. La vénération à saint Ortaire était très vive autrefois dans la contrée. Il avait chapelle ou statue dans un grand nombre de paroisses, à Bagnoles, Barberie, St.-Germain-Langot, Landelles, Beaumesnil, etc.

    Une ancienne paroisse, Etavaux, près Caen, réunie maintenant à Saint-André-de-Fontenay (St.André-s/Orne), a conservé une dévotion touchante au saint ermite, qui probablement, fut à l'origine son patron. Son image, dont la rude sculpture révèle assez l'antiquité, orne la chapelle du lieu. Tous les ans au mois de mai, la fête de Saint-Ortaire y est célébrée, et une messe solennelle attire tous les habitants d'Etavaux. Ce jour là, l'autel et l'image révérés sont ornés de verdure et de fleurs, et les voûtes du temple rustique résonnent comme jadis de chants sacrés. L'assemblée, en l'honneur du bienheureux, a lieu le dimanche suivant, et réunit de nouveau les familles auxquelles viennent se joindre des parents venus de loin, les amis, et des habitants d'alentour. Chacun se met en frais et il n'est pas d'humble demeure dont la table hospitalière n'ait ce jour là autour d'elle de nombreux convives. On mange d'appétit robuste, comme on fait aux champs, on trinque gaiement, et au moment du dessert, on fait honneur aux fouaces et aux traditionnelles terrinées. A la vêprée, les groupes se dispersent dans les courtils, sous les pommiers en fleurs des vergers, puis la brune venue, les embrasements et les poignées de main s'échangent et chacun reprend le chemin de son logis, sous la garde du bon vieux saint." in Esquisses du Bocage Normand de J. Lecoeur (1883).

     

             "Aux premiers siècles de l'ère chrétienne, un pieux ermite, saint Ortaire, vécut pendant 38 ans dans une grotte à l'écart du monde. De ce personnage énigmatique, les manuscrits révèlent qu'il naquit au milieu du VIème siècle vraisemblablement dans le Bocage. A l'âge de 9 ans, il entra aux Moutiers de Landelles pour y être instruit de la religion nouvelle. Sa formation intellectuelle et religieuse assurée, le futur ermite parcourut la Neustrie et évangélisa les païens. Traversant la forêt d'Andaine, près de Bagnoles de l'Orne, il s'arrêta au bord d'une source, fit boire de son eau à une femme lépreuse qu'il guérit miraculeusement de son mal. Une chapelle fut plus tard érigée en ce lieu et en l'honneur de saint Ortaire. De retour dans sa région natale, il fera de la grotte préhistorique de Malloué, son habitacle. Il y vivra en véritable ermite. A la mort de saint Gilles, abbé de Landelles, ses frères en religion le choisirent pour lui succéder et l'emmenèrent d'une manière triomphale dans un chariot attelé de six génisses. (Cette version tient bien de la légende)".

    in Radioscopie d'un canton du Bocage : Bény-Bocage et alentours par M. Dubocq (1985).

     

             "Saint Ortaire est invoqué contre la lèpre et les autres maladies cutanées. Mais il a surtout pour tâche de redresser les rhumatisants, les goutteux, les bancals et les tordus pour une question euphonique "Tortaire". Pour obtenir la guérison, on plaçait des petites pierres plates dans les fourches des arbres qui entouraient la fontaine de son ermitage à la hauteur précise des douleurs qu'on voulait soigner."

     

             "Selon la tradition, deux lieux se disputent l'honneur d'avoir vu naître Ortaire en 482 : Poilley (canton de Ducey) et Le Dézert (canton de Saint-Jean-de-Daye). A douze ans, Ortaire entre au monastère de Beaumesnil (canton de Saint-Sever) où il parfait son éducation avant de prononcer ses voeux. Devenu profès, il répand la bonne parole en Basse-Normandie et fonde une abbaye en forêt des Andaines. Il en devient abbé et y meurt en 590 après avoir réalisé des guérisons miraculeuses. Il est surtout prié pour la guérison des troubles de la marche (enfants retardataires paralytiques, rhumatisants), ce qui s'expliquerait par les guérisons spectaculaires que la tradition lui attribue en ce domaine. Son culte demeure particulièrement vivant en Normandie occidentale. (...) Dans le Calvados, certains malades se rendent à la grotte de Malloué (canton du Bény-Bocage). Ils y trouvent une fontaine où l'abondance des rubans témoigne de la fidélité des malades. Nombreux sont les pèlerins qui vont à Landelles (canton de Saint-Sever) où la chapelle dédiée au saint conserve son sarcophage. Ils prient, brûlent des cierges, demandent un soulagement à leurs douleurs, à leurs rhumatismes, mais également la guérison des enfants frappés d'anémie ou de débilité."

    in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.

     

    “ Chapelle Saint-Ortaire, 1855, en calcaire : La chapelle est dédiée au saint nor­mand Ortaire (482‑580) qui a vécu à Landelles. Celui‑ci se serait retiré au monastère de Landelles à l'âge de 12 ans. Sa vie exemplaire le fait élire abbé. Ayant découvert une source aux vertus curatives, il devient l'objet d'une véritable ferveur populaire. Dans les évêchés de Bayeux, Cou­tances, Sées et Évreux, soixante‑dix­-neuf lieux de pèlerinage dédiés à saint Ortaire sont recensés. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

      

    SAINT-ANDRE-SUR-ORNE :

    Saint Ortaire (29 mai) : En l'an 1637, Dom Pierre Pecquet, sous prieur et bibliothécaire du monastère du Plessis-Grimoult, fut chargé de prêcher la fête de saint Ortaire en l'église d'Etavaux, près Caen. N'ayant aucune donnée sur ce saint local, le prédicateur s'adressa au curé qui lui présenta une vie du saint, copiée sur un vieux lectionnaire conservé dans l'église de la Bazoque (Eure). Dom Pecquet l'envoya aux Bollandistes qui l'ont admise comme authentique. Depuis cette époque un grand  nombre d'écrivains régionaux ont écrit sur saint Ortaire. Une abondante bio-bibliographie a paru dans la revue Baïocana (t. I, p. 36 et 118). Ce saint naquit au VI siècle, dans le diocèse de Coutances, d'une famille patricienne. A l'âge de 12 ans, il se retira dans un ermitage situé, d'après la tradition, en la paroisse de Beaumesnil. Il reçut le sacerdoce, se consacra à la conversion des païens dans les contrées voisines. Un jour il apprend que l'abbé de Landelles, monastère voisin, vient de mourir. Il s'y rend pour prendre soin de sa sépulture. D'un accord unanime les moines le nomment leur abbé. Pour échapper à cet honneur, Ortaire se réfugie dans une grotte presque inaccessible, située en la paroisse de Malloué, à deux lieues au nord de Landelles. Les religieux l'y découvrent et le persuadent de revenir au monastère. Il avait alors 58 ans. Mettre en culture des landes improductives, faire croître des légumes à la place des buissons, transformer des forêts vierges en vergers, tel était alors le travail matériel des moines. Saint Ortaire quittait souvent le monastère, parcourait les villes et les campagnes, semant partout la parole de Jésus-Christ. Les miracles confirmaient ses prédications : il guérit un lépreux, ressuscita un mort, etc. Il mourut en 625, à l'âge de 98 ans, et fut inhumé dans un oratoire qu'il avait élevé à la Vierge Marie. Son tombeau fut, le théâtre de nombreux miracles qui déterminèrent l'évêque de Coutances, dont Landelles dépendait, à lever son corps, ce qui était l'autorisation d'un culte public. Ses restes furent déposés à peu de distance dans une chapelle élevée en son honneur, et qui fut détruite par les protestants en 1562. En 1706, l'abbé Jouenne, curé de Landelles, réédifia. le sanctuaire et remit en honneur le tombeau du saint, quoique vide de ses reliques. Saint Ortaire est très vénéré dans les trois diocèses de Basse-Normandie : Bayeux, Coutances et Séez. Nous trouvons trace de son culte à l'ancienne chapelle de Saint-Clair, près Vire, à Estry, à Etavaux, où l'on célébrait très solennellement sa fête. Les abbayes de Saint-Jean de Falaise et de Barbery étaient des centres de dévotion. Le pèlerinage de Saint-Ortaire à la Roque-Baignard existe toujours, et la bibliothèque de Lisieux conserve un ancien manuel spécialisé pour cette dévotion locale. Au diocèse de Coutances, nous trouvons son culte à Poilley, Mesnil-Drey, Périers, Mesnil-Hue, Villebaudon, Cuves, le Désert, Saint-Clément, etc.... Mesnil-Gondouin, Ecouché, Saint-Pierre-de-Montsort et Saint-Michel des Andaines, au diocèse de Séez, ont des autels sous le vocable de Monsieur Saint Ortaire. Ces nombreux sanctuaires peuvent fixer bien des points de son passage. Les fidèles l'invoquent pour les rhumatismes, la goutte et toutes les douleurs qui torturent le corps, d'où il est quelquefois dénommé Saint “Tortaire”. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.

     

    “ Chapelle Saint-Orthaire dite d’Etavaux, XIIe siècle en pierre de Caen à Étavaux : Cet édifice est caractéristique des constructions romanes de la région. Sa porte latérale est décorée de chevrons qui forment un losange. L'édifice, dédié à saint Orthaire, prié pour la guérison des troubles de la marche, est un lieu de culte populaire. Il doit sa réputation aux miracles accomplis selon la tradition par le saint, dont le nom est prononcé saint “ Tortaire ” et qui soignait donc les membres tors. (I.S.M.H. 1927)

    Statue de saint Orthaire, vers le XVIe siècle en pierre dans la chapelle Saint-Orthaire : Saint Orthaire est un anachorète et un évangélisateur des campagnes bas-normandes aux Ve et VIe siècles. Issu de la noblesse normande, il choisit la vie monacale vers l'âge de 12 ans. Il fonde une abbaye en forêt d'Andaine puis devient abbé du monastère de Landelles où il meurt à l'âge de 98 ans. Le saint est représenté en moine tonsuré, vêtu d'un habit monastique, une main appuyée sur le tor, bâton pastoral d'un abbé. ”

    In Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic Editions 2001.

     

    SAINT-GERMAIN-LANGOT :

    “ Saint Ortaire : Église Saint-Gemain : Saint Ortaire est un saint guérisseur des membres “ tors ”, déformés par les rhumatismes ou la paralysie. Cette spécialité thérapeutique est due à son nom que l'on prononce “ Tortaire ”. La statue, autrefois dans un petit sanctuaire au milieu des bois de Tupot, est transférée dans l'église quand l'ancien prieuré est désaffecté. Le culte à saint Ortaire est resté vivace malgré la suppression des processions. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Éditions Flohic, 2001.

     

    SAINT-VAAST-EN-AUGE :

             “Un lavoir, aménagé de l'autre côté du chemin vicinal menant à l'église, est alimenté, en eau claire, par une source dite “Fontaine Saint-Ortaire” (dont on disait, au Moyen Âge, que c'était un saint guérisseur). Derrière ce lavoir, prend naissance une autre source, à laquelle fut donné, dans les temps les plus reculés, le nom de “Le rouloir ”. C'est, qu'en effet, les eaux de cette “fontaine”, nos ancêtres les utilisaient pour la pratique du “rouissage” du lin, autrefois plante textile abondamment cultivée dans cette région du Pays d'Auge.”

    In Nos Villages Augerons par Jean Bayle, éditions Charles Corlet 1998.


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  • OUEN

    Quatre communes du Calvados portent son nom : Saint-Ouen-des-Besaces, Saint-Ouen-le-Houx, Saint-Ouen-du-Mesnil-Oger et Saint-Ouen-le-Pin.

     

    ROTS :

    Saint Ouen (24 août) : La légende de saint Ouen est figurée dans les bas-reliefs des portails de la Calende à la cathédrale de Rouen, des Marmousets à l'abbatiale Saint-Ouen et dans une verrière de l'église Saint-Ouen à Pont-Audemer ; son histoire a été écrite par l'abbé Vacandard. Sancy, au diocèse de Soissons, vit naître saint Ouen en 600. Son père Authaire et sa mère Aigu, de race franque, reçurent dans leur villa d'Ussy-sur-Marne, saint Columban, le modèle de la vie cénobitique. Sa visite impressionna vivement le jeune Ouen, âgé de 10 ans. Adulte, il reçut à la cour de Clotaire II l'éducation palatine et devint bientôt référendaire ou chancelier du roi. A la mort de saint Romain, évêque de Rouen, le clergé désigna pour lui succéder ce haut dignitaire, qui fut sacré dans sa cathédrale en 641. Ouen dépensa ses richesses à soulager les pauvres et les prisonniers, à racheter les esclaves ou  rendre leur sort meilleur. Il organisa son diocèse, élevant les oratoires des villas au titre d'églises et les pourvut d'un prêtre, assisté de clercs. Il parcourait souvent son diocèse, prêchant, baptisant et confirmant. Son épiscopat fut l'ère des fondations monastiques : alors surgirent les abbayes de Saint-Wandrille, Saint-Germer, Saint-Saëns, Jumièges, Fécamp pour les hommes, de Pavilly et de Montivilliers pour les femmes. En visitant la province dont il était le métropolitain, vers 655, Bernuin abbé de Nanteuil en Cotentin, le pria de lever le corps de saint Marcouf. Le prélat désirait s'en réserver le chef ; il dut se contenter d'une parcelle. En revenant, il déposa momentanément sa relique dans l'église Notre-Dame de Caen, aujourd'hui Saint-Sauveur ; une vieille inscription rappelait cet épisode. Passant par le pays de Mérezais, au diocèse d'Evreux, il jeta les fondements d'un monastère qui prit le nom de La Croix Saint-Leufroy. Saint Ouen fut un des signataires du concile de Chalon-sur-Saône, tenu en 647 pour réformer la discipline de l'Eglise. A 80 ans, il se rendit à Cologne pour réconcilier Warathon, maire du palais de Neustrie, avec Pépin, roi d'Austrasie. Il revint chargé de reliques. Ce voyage l'épuisa et il mourut à Clichy, le 24 août 684, en grand serviteur de l'Eglise et de l'Etat. Son corps, inhumé dans la basilique Saint-Pierre, à. Rouen, fut levé en 688 et placé dans une châsse derrière l'autel. Le monastère fut brûlé en 841 par les Normands et les reliques transférées à Gasny, près Mantes, d'où elles furent rapportées à Rouen en 918. Une nouvelle translation se fit en 989 ; à cette occasion, Richard Ier, duc de Normandie, donna à Saint-Ouen de Rouen sa villa de Rots (Calvados). Les reliques de ce grand prélat furent brûlées par les Protestants le 3 mai 1562. Aucun saint normand ne compte plus d'églises sous son patronage. Au XVIIe siècle, Dom Pommeraie en mentionnait 40 dans le diocèse de Rouen ; nous en trouvons 29 dans celui d'Evreux, 13 à Séez et 11 à Coutances. Dans notre diocèse, existent ou existaient sous son vocable : St-Ouen-du-Château et St-Ouen-des-Faubourgs, à Bayeux ; St-Ouen-de-Villers, à Caen St-Ouen-des-Besaces, St-Ouen-du-Mesnil-Oger, St-Ouen-le-Houx, St-Ouen-le-Pin, Hérils, Périers-sur-le-Dan, Rots, Bures (Troarn), Les Iles-Bardel, Le Pré-d'Auge, Livarot, Monteilles, La Vespière, Brocottes, Genneville, Le Reculey, Le Mesnil-au-Grain. Un vieil auteur a écrit : si Rome est heureuse d'avoir saint Pierre, la Normandie n'est pas moins heureuse d'avoir saint Ouen. A la Croix-Saint-Ouen (Oise), des pèlerins viennent invoquer saint Ouen pour la surdité ; le malade descend dans un caveau, passe la tête dans une niche de pierre et implore l'assistance du thaumaturge. La consonance des mots Ouen et ouïr semble expliquer cette invocation. Pour le même motif, les cuisiniers et rôtisseurs d'oues (oies) de Rouen avaient choisi ce saint comme patron. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.

     

    “347 -ROTS (Calv.), Saint-Ouen, relief à l'angle de la nef et du bras sud. Inséré dans le parement, à l'intérieur de l'église, contre la tourelle d'escalier placée à l'angle de la nef et du bras sud du transept, ce relief présente deux personnages sous arcade. A droite un saint évêque bénissant d'une main et tenant sa crosse de l'autre. A gauche une figure plus énigmatique dans la mesure où l'aspect actuel ne correspond pas exactement à l'iconographie primitive : l'homme barbu qui tient un marteau enveloppait jadis de son bras droit une autre personne, sans doute un enfant, dont les pieds sont encore visibles. on est tenté de penser à l'illustration d'un des miracles effectués à Rots, église dépendant de Saint-Ouen de Rouen, par les reliques de saint Ouen, lors de leur translation, vers 1047 (AA, SS, Aug, IV, p. 836) : les Miracula Sancti Audoeni content en effet la guérison d'un enfant muet dans l'oratoire de saint Ouen, aussitôt après le récit de l'arrêt du cortège à Rots. Le reflet montrerait ainsi l'enfant, protégé par saint Éloi, reconnaissable à son marteau, et saint Ouen, patron de Rots, hagiographe de saint Éloi, et dont les reliques furent déposées pour peu de temps dans l'église du XI siècle remplacée plus tard par celle qui abrite maintenant les deux personnages sous arcade. Le style du relief est nettement du XIIe siècle, en particulier le traitement des visages (yeux globuleux saillants, moustaches torsadées) et le décor géométrisé sur les vêtements. On peut rapprocher ces figures de celles de la façade de Meuvaines, Il ne paraît pas nécessaire de dater ce relief antérieurement à la construction de l'église, vers 1130-1140. M. B.”

    in "Les Siècles Romans en Basse-Normandie", Art de Basse-Normandie n° 92, printemps 1985.

     

    “ Le lavoir, 1880, sente du Vivier : Le cours de la Mue, qui prend naissance à Cheux à la “ fontaine des Romains ”, alimente quatre fontaines et lavoirs de Rots : la fontaine bénie ou Benest, bénite par saint Germain au VIème siècle, la fontaine Saint‑Ouen, qui porte le nom du saint qui a créé au VIIème siècle un  pèlerinage à Rots, la fontaine de Courcelles, utilisée pour le rouis­sage du chanvre et du lin, et le lavoir du Vivier. Celui‑ci est situé près de la voie de la Brecque‑Hal­ley, à la sortie du parc du château. ”

    in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.

     

    “ On admettait naguère, sur la foi de dom Bessin, qui publia en 1717 un recueil d'actes des conciles normands, que l'assemblée de Caen s'était réunie en 1042. Cette date est tout à fait irrecevable, compte tenu du témoignage de Hugues de Flavigny qui atteste qu'en 1042 la Trêve de Dieu n'était pas encore instituée en Normandie; on sait d'ailleurs que la tentative alors faite par Richard de Saint­-Vanne avait échoué. Richard mourut en juin 1046 ; si le premier concile normand de la Paix avait eu lieu de son vivant, Hugues de Flavigny n'aurait pas manqué de porter ce succès au crédit du saint homme dont il raconte admirativement la vie.

    On lit, dans le recueil des Miracles de saint Ouen composé à Rouen entre 1087 et 1092, une anecdote propre à confirmer la date de 1047. L'abbaye de Saint‑Ouen possédait le patronage d'une petite église paroissiale, Rots, située à deux lieues environ à l'ouest de Caen ; elle voulut y exposer à la vénération des fidèles les reliques du saint que l'on avait apportées à Caen pour le concile. La procession qui escortait la châsse avait parcouru la moitié du chemin lorsque arriva au galop un messager du Bâtard : le duc demandait instamment qu'on voulût bien l'attendre pour achever la route, car il tenait à porter le corps saint “ sur ses propres épaules ” jusqu'à l'église de Rots. En 1042, le jeune duc avait 14 ans ; en 1047, 19 ans. Il n'est pas douteux que l'épisode raconté par l'auteur des Mira­cles est mieux à sa place à la seconde date qu'à la première.

    Peut‑être est‑il possible de préciser davantage la date de l'assemblée de Caen. C'est encore dans les Miracles de saint Ouen que l'on trouve une indication utile à cet égard. L'auteur du recueil signale, dans la foule qui se rendait à la grande foire de Caen, un prêtre porteur d'une pièce de lin “ qu'il apportait à la foire pour la vendre ” ; cette marchandise lui fut volée et l'on put identifier le voleur grâce à un miracle survenu dans la chapelle où étaient exposées les reliques apportées pour le concile. Si la foire en question est bien celle du Pré, qui se tenait à la Saint‑Denis, l'assemblée aurait eu lieu dans la première quinzaine du mois d'octobre 1047. ”

    In Guillaume le Conquérant de Michel De Boüard, éditions Fayard 1984.


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  • PAIR

    Une commune du Calvados porte ce nom : Saint-Pair.

     

    Saint Pair (16 avril) : Saint Pair est un des rares saints de l'église primitive qui Possède une biographie authentique. Fortunat, évêque de Poitiers, écrivit la vie de son contemporain dont le manuscrit 168 de la Bibliothèque d'Avranches renferme une copie du XIIIe siècle. Saint Pair naquit à Poitiers. Devenue veuve, sa mère, Julitte lui fit donner une éducation soignée. Tout jeune encore, le futur saint entra au monastère d’Ansion, aujourd'hui Saint-Jouïn-de-Marnes, où il se lia d'amitié avec Scubilion, un peu plus âgé que lui. Désirant une vie plus parfaite, les deux amis voulurent gagner une des Iles de la Manche, centre florissant de la vie érémitique. Arrivés sur les bords de la mer aux confins des diocèses de Coutances et d'Avranches, dans un lieu nommé Scissy, un saint homme les arrêta, leur demandant d'évangéliser le pays encore idolâtre. Les deux solitaires s'établirent dans une grotte qui fut l'embryon d'un célèbre monastère. Ordonné prêtre par Léontien, évêque de Coutances, Pair fut l'apôtre du Cotentin, de l'Avranchin, du Maine, du Bessin et du pays de Rennes où il établit de nombreuses communautés. Agé de 70 ans, un jour qu'il était à Scissy, une vive lumière inonda sa cellule. Alors lui apparurent, trois saints évêques, morts récemment : Melantius, de Rennes, Léontien, de Coutances, et Vigor, de Bayeux. Ils lui prédirent que bientôt il serait évêque. A la mort d'OEgidius, évêque d'Avranches, Pair, influencé par ce songe, pressé par le peuple et par le, roi, accepta l'épiscopat. Après treize ans d'un ministère fécond, le vieil évêque voulut revoir sa chère cellule de Scissy et son vieil ami Scubilion, alors abbé de Mandane, mais la mort l'arrêta le 16 avril 562. Scubilion rendit au même instant son âme à Dieu. Et pendant que Lô, évêque de Coutances conduisait à Scissy la dépouille de saint Pair, Lascivius, évêque de Bayeux, y conduisait les restes de saint Scubilion. Les convois se rencontrèrent et les deux amis furent inhumés dans des sarcophages en pierre de Sainteny, d'où ils furent exhumés en 1131 par Gautier, curé de Scissy, alors dénommé Saint Pair. Un hameau de la paroisse de Longueville, dépendant de l'abbaye de Cérisy, se nomme les Madats. Un petit village existe entre Caumont et Sept-Vents, nommé Mandane. Le culte de saint Pair est très répandu huit églises du diocèse de Coutances l'honorent comme patron : Gerville, Morville Digulleville, Marcey, Ducey, Saint-Pair, Sartilly et Saint-Pois. Dans le diocèse de Bayeux, nous trouvons son patronage à Saint-Pair, près Troarn, Saint-Pair-du-Mont, Quatre-Puits, réuni à Vieux-Fumé, Ernes et Lieury. Ces trois dernières communes sont presque voisines, ce qui pourrait indiquer une évangélisation du saint dans cette région. Précurseur des moines civilisateurs, Pair comprit qu'il devait être apôtre et joindre à la vie contemporaine du solitaire la vie active du missionnaire. 

    in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.


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  • PANTALÉON

     

     

    BAYEUX :

    Concernant ce saint, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.


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