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MAMMES
Martyr du IIIème siècle. Né à Césarée (Asie Mineure) vers 260 ; mort martyr le 17 août 275 à 15 ans. Il est souvent représenté, le ventre ouvert avec les entrailles qui en jaillissent... Patron du diocèse de Langres et dans le diocèse de Bayeux-Lisieux des paroisses de St.-Manvieu-Bocage et Viessoix. Il est invoqué contre la rage et la colique. Fête le 17 août.
SAINT-MANVIEU-BOCAGE :
"Une statue faisait partie des dons faits a une église, soit par un mécène, soit par l'artiste lui même. Mais les reliques elles, n'étaient point gratuites. Leur cote était très élevée. C'est sans doute pourquoi on possède, avec certitude, une seule date dans l'histoire qui nous occupe : 1706. On la retrouve dans plusieurs documents. 1706 marque l'arrivée à Saint-Manvieu-Bocage des reliques de Mammès. Le curé d'alors "réussit à obtenir de l'évêque de Soissons une partie des reliques de Mammès conservées à Saint-Sulpice-de-Pierrefonds". Le reliquaire, en bois polychrome, date donc de ce début du XVIIIe siècle ; ni "gratté", ni mal restauré, il se montre à peu près intact. On ignore quelle relique de Mammès se cache dans les tortillons de tissus et de rubans soyeux, uses, fusés, décolorés : "Sans doute un gros morceau d'os, suppose l'abbé Jamet, l'actuel curé. Mais il faudrait, pour le savoir, une cérémonie présidée par l'évêque, seul habilité à briser les sceaux qui authentifie la relique." (...) "La confrérie de Saint-Mammès "érigée canoniquement en l'église de Saint-Manvieu-Bocage, le 19 juillet 1838 par l'évêque de Bayeux" continue à rassembler des croyants. Sans doute parce que Mammès continue à guérir ceux qui ont la foi..."
in Mammès le guérisseur, et ses trois maisons du Bocage de Rosemonde Pujol ; éditions Ch. Corlet 1995.
"Mammès naquit en Asie Mineure de parents qui subirent également le martyre. Très jeune, il montrait une grande volonté de défier les persécutions romaines. A l'âge de quinze ans, il sut résister aux attaques des oppresseurs. Il s'isola. Mais il fut traduit devant un juge qui le fit fouetter jusqu'au sang avant de le jeter dans le feu afin de le brûler vif. Peine perdue, Dieu empêcha les flammes de l'atteindre. Furieux, le juge fit lâcher contre lui des bêtes féroces. Peine perdue de nouveau. Alors le juge ordonna au bourreau de lui percer le ventre au moyen d'une fourche métallique. Les entrailles se répandirent, mais le saint, joyeux, portant ses viscères dans ses mains, traversa le théâtre romain avant de rendre l'âme. Cela se passa le 17 août de l'an 275. La statuaire le présente tenant ses intestins dans ses mains. Le martyre explique le culte qui lui est rendu et la spécialité thérapeutique. Chez nous, il est invoqué pour les maux de ventre. (...) Dans le Calvados, la dévotion est vive à Saint-Manvieu-Bocage (canton de Saint-Sever). L'église possède des reliques et une statue du XVIIe siècle (bois décapé). Cette statue fait l'objet d'un pèlerinage individuel en faveur de la guérison des "maux d'entrailles". L'existence d'une confrérie est signalée dans l'église et la ferveur ne se dément pas. Les pèlerins demandent une messe. Ils reçoivent le texte de la prière spéciale et une médaille à l'effigie du saint."
in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.
“ Quittons les légendes pour interroger l'histoire. Nous savons fort bien que le culte de saint Mammès, à Saint-Manvieu-Bocage (Calvados), ne remonte qu'au début du XVIIe siècle et qu'il est dû à l'initiative d'un ecclésiastique du diocèse de Meaux, originaire de la paroisse. Il n'est pas rare qu'un curé, lors d'une mutation de poste, transporte dans sa nouvelle paroisse une dévotion qui avait fait ses preuves dans la précédente. ”
in Le culte populaire et l’iconographie des saints en Normandie - Etude générale - par le Dr Jean Fournée - Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes, N° spécial des cahiers Léopold Delisle, 1973.
VIESSOIX :
"la fête de Mammès, à la mi-août, était une grande fête communale avec ses manèges, ses flonflons, ses frites et ses andouilles jusqu'à la fin des années 1980. Une commune tout à fait logique que celle de Viessoix : puisque Mammès guérissait tout le monde, sans sectarisme religieux, pourquoi ne pas rassembler dans cette fête "tous ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas" ? Mammès ou, plus précisément, la représentation de Mammès, c'est, ici, cette exceptionnelle sculpture en bois polychrome qu'on découvre dans l'ombre, en face d'une petite porte ouverte en permanence pour simplifier l'accès de ses malades. Car il continue à guérir, juché sur le plus simple des autels : une tablette dont le pied est une vis de pressoir. C'est là une oeuvre naïvement expressive d'un artiste anonyme des derniers feux du Moyen Age. Il constitue la plus étonnante des six représentations de Mammès dans nos trois églises. Son reliquaire d'or a été mis à l'abri : tout petit morceau d'os enchâssé dans une croix de gloire. Mais la statue est si "présente" qu'elle peut se passer de reliques. En quelque saison ou quelque jour qu'on vienne, elle est entourée de vases de fleurs fraîches et des cierges, constamment renouvelés, brûlent près d'elle. Erigée par le pape lui-même, Benoît XIV, le 26 novembre 1754, la "Confrérie de Saint-Mammès de Viessoix", perdure, malgré la Révolution française. Après les exactions de 1789, la Confrérie fut remise "en état de marche" (ou de grâce par une nouvelle ordonnance de l'évêque de Bayeux, le 13 juillet 1808. Il faudra attendre 1838 pour que le Mammès de Saint-Manvieu-Bocage obtienne les mêmes prérogatives".
in Mammès le guérisseur, et ses trois maisons du Bocage de Rosemonde Pujol ; éditions Ch. Corlet 1995.
"A Viessoix (canton de Vassy), la statue est quelque peu pudique, mais l'attachement au culte perdure. Les requêtes émanent de mères demandant la cessation des coliques et autres maux de ventre affectant leurs enfants. Une prière, une image pieuse, un cierge. Le rite est accompli."
in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.
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MANVIEU
Saint Manvieu ou Manwig aurait été évêque de Bayeux au Vème siècle. Deux communes du Calvados portent son nom : Saint-Manvieu-Bocage et Saint-Manvieu-Norrey. Fête le 28 mai.
BAYEUX :
"469-480 (Evêque de Bayeux). Naquit à Bayeux, rue Franche. Inhumé à Saint-Exupère."
in Monographie d'un canton type : Canton de Bayeux par E. Michel (1911), Office d'édition & de diffusion du livre d'histoire 1994.
La rue Franche : "Cette courte chaussée doit son nom à saint Manvieu qui naquit, selon la tradition; au n°13 où subsiste un petit manoir. Il ressuscita un gamin mort que l'on portait en terre et fit que désormais aucun condamné n'eut la possibilité d'emprunter cette rue devenue "Franche".
in Bayeux et le Bessin de Jean-Yves Ruaux, éditions Ch. Corlet 1981.
"Église St Exupère : La fondation de l'église remonte à une époque très ancienne. Plusieurs des premiers évêques de Bayeux y furent inhumés. L'église actuelle a été remontée au XIXe.
En 1679 Mr Bier curé de St Exupère, à l'occasion de travaux dans le choeur, étudia les sépultures des saints évêques. Il en trouva 7. Les ossements furent partagés entre diverses personnes afin d'en faire des reliques. On trouve : St Rufinien sous le maître autel, St Manvieu au pied du mur méridional, entre l'autel et la tour ; St Contest, au nord devant l'autel de St Clair; St Patrice, au midi devant l'autel de la Sainte Vierge ; St Gerbold, contre le mur septentrional, entre l'autel et la sacristie ; St Frambold, sous le crucifix ; St Geretrand, proche, à sa gauche.
Le curé dit aussi s'être procuré les restes de St Regnobert et St Zénon, son diacre qui, ainsi que St Exupère et St Loup furent enterrés dans cette église.
Le tombeau de St Exupère est sous le maître autel. En 1853, l'abbé E. Le Comte, curé de St Exupère, fit des fouilles dans les caveaux où furent inhumés les premiers chefs de l'église de Bayeux. Cette recherche récente fut couronnée de succès. Une crypte a été construite à cette époque pour recevoir tous ces vénérables restes."
in Églises et chapelles du Bessin de Dominique Achard ; éditions de Neustrie 1999.
Concernant ce saint, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.
SAINT-MANVIEU-BOCAGE :
"La rivière qui y prend naissance fut baptisée "Saint-Pierre" (nom qu'elle porte toujours) et la première chapelle, édifiée, croit-on, dès le Ve siècle, par Manwig, évêque de Bayeux, fut consacrée à ce même saint Pierre. Ajoutons, au passage, que le nom à consonance anglo-nordique de Manwig, une fois "francisé" est devenu Manvieu. Saint Manvieu fait partie des "têtes de liste" du calendrier sanctoral normand."
in Mammès le guérisseur, et ses trois maisons du Bocage de Rosemonde Pujol ; éditions Ch. Corlet 1995.
“Saint Manvieu (28 mai) : Au XVIIIe siècle une maison de la rue Franche à Bayeux portait encore cette inscription : En ce lieu fut né Monsieur Saint-Manvieu. La date de sa naissance est fort incertaine. Ses parents, qui étaient chrétiens et probablement de grands fonctionnaires, le firent élever selon leur rang et leurs croyances. C'était alors l'époque où les barbares trouvant l'Empire Romain sans défense effective, désolaient notre pays. Manvieu, encore jeune, usa de son influence et de sa fortune pour délivrer les captifs et fournir le nécessaire aux victimes des invasions. Le christianisme, alors dans sa robuste jeunesse, inspirait aux grandes âmes, dégoûtées de la politique, l'amour de la solitude. La religion était concentrée dans les monastères, d'où elle se diffusait parmi le peuple des campagnes, encore à demi barbare et sacrifiant à toutes les divinités des envahisseurs. Vers 560, Manvieu se retira dans un de ses domaines situé non loin de sa ville natale. Au manoir de Vaucelles, près Bayeux, existait dès le XIIIe siècle une chapelle dédiée à saint Manvieu, qui pourrait avoir succédé à l'ermitage. Cette hypothèse aplanit toutes les difficultés topographiques. Trois disciples vinrent bientôt se joindre à lui. L'un étant mort subitement, Manvieu par ses prières obtint de Dieu sa résurrection. A l'exemple des moines du temps il parcourait les campagnes pour asseoir le christianisme sur les ruines du paganisme tombant en désuétude. Dans une de ses courses apostoliques il rendit la vie à un mort. Ce prodige remplit le peuple d'admiration et ses concitoyens décidèrent qu'aucun esclave ou criminel, ne passerait sans être libéré, dans la rue où était la maison natale de l'ardent missionnaire, ce qui lui a valu le nom de Franche-Rue. Saint Patrice, évêque de Bayeux étant venu à mourir, les suffrages du clergé et du peuple se portèrent sur Manvieu, qui, voyant en ce témoignage la volonté de Dieu, accepta l'épiscopat. Evêque, il continua sa vie d'ardent missionnaire, il sacrifia tout pour le salut des âmes. D'un très grand âge, une maladie prélude de sa fin, vint l'accabler : il résista pendant 47 jours ayant pour unique aliment la Sainte Eucharistie. Il succomba le 28 mai, vers l'an 480 et fut enterré auprès de ses prédécesseurs dans l'église Saint-Exupère de Bayeux. Lorsqu’en 1853 Monseigneur Robin fit ouvrir son tombeau, les médecins constatèrent à l'inspection de ses os, qu'il. était d'une haute stature et parvenu à un âge voisin de la décrépitude. Le 4 septembre 1892, Monseigneur Hugonin fit la translation solennelle des restes du saint. Les fidèles venaient prier à son tombeau pour leurs besoins et spécialement pour la guérison des fièvres. Après la mort de Nicolas du Bosq, évêque de Bayeux, en 1408, le chapitre célébra l'office de saint Manvieu, rite semi-double à neuf leçons afin d'obtenir un digne successeur. Dans le diocèse de Coutances, saint Manvieu est patron de Gonfréville, Vandrumesnil et Marchésieux. Ce fut le curé de cette dernière paroisse qui donna communication au P. Labbe, de la vie que les Bollandistes ont insérée dans leur recueil. Les paroisses de Saint-Manvieu, près Caen, Longueville et Meuvaines sont sous le patronage de saint Manvieu. Il est titulaire mais non patron de Saint-Manvieu-Bocage. L'église de Meuvaines possède deux statues de son patron, une de style roman archaïque, dans une des arcatures du portail, et une autre du XVIIe siècle dans un des transepts.”
in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.
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MARCIEN
PIERRES :
“ Saint Denis et saint Marcien, martyrs, sont les patrons d'une chapelle titulaire qui avait été fondée à Pierres par Bernardin de Banville, seigneur d'Avilly, lequel avait obtenu des reliques de ces deux saints dans un voyage fait à Rome.
Mgr Servien, évêque de Bayeux, lui permit de doter cette chapelle de 25 livres de rentes le 24 août 1655. On y disait une messe chaque semaine. Le fondateur se réserva, pour lui et ses successeurs, le droit de nommer le chapelain. ”
In Statistique monumentale du Calvados d’Arcisse de Caumont.
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MARCOUF ou MARCOU, MERCOU, MARCOUL
Né à Bayeux, compagnon de Saint Crioult, ordonné prêtre, il fonde l'abbaye de Nanteuil (diocèse de Coutances), évangélise le Cotentin et les îles de la Manche. Son disciple Hélier s'établit comme ermite à Jersey. Il est mort le 1er mai 558. Ses reliques sont transférées à Corbény (diocèse de Soissons) et les rois de France, après leur sacre à Reims, viennent y guérir les scrofuleux en disant : "Le roi te touche, Dieu te guérit." Il est un des patrons de Reims. Fête locale le 1er mai. Une commune du Calvados porte son nom : Saint-Marcouf(-du Rochy).
BAYEUX :
"Fête païenne pour un saint moine : Saint Marcouf s'incarne désormais - et seulement - dans une fête foraine. Un dimanche de mai avec des croustillons et l'odeur sucrée de la barbe à papa qui parfume la musique sirupeuse des manèges. Né au VIe siècle le bon saint Marcouf était totalement étranger à de telles préoccupations. Avant de devenir prêtre, il distribue sa fortune aux pauvres et abandonne sa maison de la rue de la Poterie pour évangéliser Jersey avec son disciple Hélier. Au jour du saint affirme un ecclésiastique "on se réjouit plutôt qu'on ne prie" avant de regretter semblable usage. Cependant, malgré 14 siècles écoulés, le souvenir de celui qui mourut abbé de Nanteuil est encore vif. En l'église de Saint-Loup-Hors, ses reliques sont vénérées. Dans le doyenné de Honfleur, sept lieux de pèlerinage curieusement associés sous le vocable des "frères Marcouf" indiquent la haute estime dans laquelle il est tenu. A Bayeux, en mai, sa statue est toujours fleurie. Marque d'un respect et d'une estime que lui vouaient aussi les rois de France. A Corbigny, sur la route de leur sacre, ils le priaient de leur déléguer le pouvoir de guérir les écrouelles. "Le roi touche, Dieu guérit" disait le proverbe. L'abolition de la royauté a mis un terme à la thérapeutique. Reste la fête..."
in Bayeux et le Bessin de Jean-Yves Ruaux, éditions Ch. Corlet 1981.
“Marcoul ou Marcouf ‑la bonne prononciation normande serait Marcou- est un "Saxon" de Bayeux où sa maison "natale" ‑d'une dizaine de siècles postérieure à sa naissance- est située rue de la Poterie et identifiée par une plaque moderne et par une niche flamboyante où, il n'y a pas si longtemps, sa statue, bien des propriétaires de la maison, était placée juste pour un Jour lors de la "louerie" devenue fête foraine de la Saint Marcouf. Attiré par la vie cénobitique, il aurait obtenu du roi Childebert Ier, donc pendant la première moitié du VI, siècle, le domaine de Nantus sur la côte Est du Cotentin, pour y fonder un monastère. Le lieu correspond maintenant à la commune de Saint‑Marcouf (Manche). Au large sont les Îlots rocheux du même nom où, selon la tradition, le saint allait de temps à autre pour méditer dans la solitude. Saint Marcouf aurait eu des liens d'amitié avec saint Hélier. évangélisateur de Jersey et avec saint Lô, évêque de Coutances, qui aurait été présent lors de sa mort, vers 558. Marcouf fut enterré à Nantus.
Un siècle plus tard, Saint Ouen aurait reconnu ses reliques. Deux siècles encore, et, devant les incursions des Vikings, les moines de Nantus se résolvaient à fuir vers l'Est emportant les reliques de leur fondateur. Après diverses étapes, ils parvinrent à Corbény (Aisne) non loin de Reims, en 898. C'est là que furent désormais conservées les reliques du saint bayeusain.
Saint Marcouf n'est titulaire que de quatre églises paroissiales normandes : 1 dans la Manche. 3 dans le Calvados, mais son culte est attesté en 85 localités de Normandie, dont plus de la moitié dans la Manche. Sa fête est célébrée au mois de mai. Dans le Bessin, outre à Bayeux même, il est ou était imploré à Barbery, à Livry, à Norrey, à Saint-Loup-Hors, Sainte-Marguerite-d'Elle et il Saint-Marcouf-du-Rochy. Curieusement, la fontaine connue dans cette dernière commune n'est pas sous son patronage alors qu'à Saint-Marcouf en Cotentin, la fontaine sous son invocation était fréquentée à ce point par les malades qui venaient s'y baigner que le Conseil municipal envisagea de la supprimer. C'était sous le Second Empire. Les notables locaux, cachant sous un prétexte utilitaire leurs préjugés sociaux, faisaient remarquer : "L'eau de la fontaine pouvant servir à la cuisine des habitants du voisinage, continuera‑t‑on de permettre aux galeux de s'y baigner ?". Le grand érudit normand Arcisse de Caumont prit la défense de la fontaine, peut‑être plus par souci de défendre le patrimoine que par pitié pour les rachitiques et les scrofuleux. C'est essentiellement ces derniers qui constituaient la clientèle du saint, lequel est aussi imploré pour guérir des clous et des abcès à Condé-sur-Vire, et, en association avec saint Méen, pour la guérison d'affections cutanées à Brectouville et à Sainte-Marguerite-d'Elle. Reste qu'avant tout, il guérit les écrouelles, dégénérescence tuberculeuse des ganglions du cou. Or qui ne sait que les rois de France de la famille capétienne. à partir de leur sacre à Reims et tout au long de leur vie par la suite, touchaient les écrouelles pour les guérir, comme n'importe quel guérisseur touche le mai du patient qui a recours à lui ?
Ce n'est pas ici le lieu de s'étendre sur ce pouvoir de thaumaturge reconnu aux rois de France mais il faut remarquer qu'il s'appliquait au même mal que le pouvoir du saint guérisseur. spécialité auquel nul trait de la légende de Marcouf ne semble prédisposer. En fait, il semble que la réputation de guérisseur du saint se soit répandue à partir de Corbény où à l'occasion de leur sacre, les rois de France venaient vénérer ses reliques. Dans ces conditions, on peut se demander lequel, du saint ou du roi a passé sa spécialité à l'autre, la question ne portant que sur cette spécialité car l'origine du pouvoir thaumaturgique du roi n'a sûrement rien à voir avec Marcouf. Toujours est-il que le culte populaire de saint Marcouf a été répandu dans toute la France du Nord, de la Champagne à la Normandie en passant par le Perche où les guérisseurs, quelle que soit leur spécialité, sont appelés marcous.
C'est ainsi qu'un saint guérisseur né en Bessin s'est retrouvé "collègue" du roi de France.
BIBLIOGRAPHIE
Fournée, Docteur Jean. - Le culte populaire et l'iconographie des saints en Normandie. Etude Générale, Paris, Société Parisienne d'Histoire et d'Archéologie normandes, 1973.
Fournée, Docteur Jean. - Enquête sur le culte populaire de saint Martin en Normandie. Paris, Société Parisienne d'Histoire et &Archéologie normandes, 1963.
Sur saint Siméon
Duncombe, Catherine. - Enquête sur le culte populaire de Saint-Siméon à Sainte-Honorine-des-Pertes et sur les différents saints homonymes encore honorés en Basse-Normandie. Mémoire pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Normandes, Université de Caen,1990.
Sur saint Clair
Henaff, A. - La dévotion à saint Clair en la paroisse de Saint-Clair-sur-Elle au XIXe et XXe siècles. Mémoire pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Normandes, Université de Caen, 1988.
Sur saint Marcouf
Fournée, Docteur Jean. - Deux Saxons de Bayeux : saint Evroul et saint Marcoul, Cahiers Léopold Delisle, XVII, fasc. 3-4, 21 semestre 1968, p. 37-54.
Sur l'affaire de la fontaine Saint-Marcouf
Voir- la note d'Arcisse de Caumont dans l'Annuaire... de l'ancienne Normandie, XXVII, 186 1, p. 442-445 ”.
In 30e volume de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux : extrait de l’article “le culte populaire des saints dans le Bessin” par J.J. Bertaux.
“ Les reliques. On n'imagine guère de nos jours de lieu de culte d'un saint sans sa statue, son "image". Au XIe siècle, il y avait des peintures murales mais pas de statues en ronde-bosse. Par contre il y avait des reliquaires. On sait que, fuyant les pirates Vikings, moines et clercs de nos diocèses emportèrent avec eux, et souvent fort loin, les corps saints de leurs monastères et églises. C'était pour eux des trésors plus précieux encore que les vases sacrés et autres richesses mobilières. Une des conséquences; de cet exode fut de propager, à grande distance le culte de plusieurs saints pré normands dont l’audience serait peut-être restée régionale. Le cas le plus extraordinaire fut sans doute celui du Cotentinais saint Marcoul, devenu à Corbény, non loin de Reims, saint dynastique. La dispersion au loin des châsses fut cruellement ressentie lors de la réorganisation religieuse du duché. Pas de culte possible sans reliques. Or la “récupération ” s'avéra très difficile. L'abbaye Saint-Ouen de Rouen eut la chance de se foire restituer, dès le Xe siècle, le corps de son saint patron, et cela explique certainement son importance comme lieu de pèlerinage au XIe siècle. Quelques corps saints avaient pourtant été "oubliés" in situ. Quelle aubaine de les retrouver après la tourmente. Ce fut le cas de saint Evroul dont le corps fut rependant volé par Hugues de France en 946 et emporté à Orléans. Les moines du Mont-Saint-Michel retrouvèrent le corps de saint Aubert vers 1012. Ceux de Saint-Wandrille, en 1026, le corps de saint Wulfran. dont la châsse parcourut le diocèse lors des grandes épidémies médiévales. On retrouva saint Contest à Bayeux, saint Sever au lieu qui porte son nom ; mais un commando venu de Rouen le transporta à la cathédrale métropolitaine. Les rapts de reliques furent choses courantes, masqués par de pieuses légendes, par exemple la châsse qui se fait trop lourde pour aller plus loin d'où l'origine du culte de saint Hildevert à Gournay-en-Bray. Et puis il y eut des supercheries : le pauvre évêque de Bayeux, Odon de Conteville, frère utérin du duc Guillaume, se vit attribuer par les gens de Corbeil, les restes mortels d`un paysan, alors qu'il attendait le corps de saint Exupère. L'évêque de Sées, plus heureux, réussit à se faire restituer les ossements de saint Latuin, son premier prédécesseur que conservait l’église d’Anet, mais cela seulement en ... 1970 !
Finalement on dut, un peu partout, se contenter de parcelles osseuses. Les corps saints, partis intacts au IXe siècle, furent véritablement dépecés. Les châsses firent place aux reliquaires. Notons que les premières statues en ronde-bosse furent presque toutes des reliquaires, telle celle de sainte Foy à Conques. Mais, grâce à cette fragmentation, devenue courante et universelle, la Normandie vit arriver des reliques de saints qui lui étaient totalement étrangers, et ce tut l'origine d'un mouvement d’importation qui allait se poursuivre tout au long des siècles. Ainsi s'implantèrent chez nous au XIe siècle les cultes de sainte Catherine, de sainte Barbe, de sainte Madeleine, de sainte Foy, de saint Valentin, de saint Blaise. C'est l'époque où les monastères commencèrent à se constituer leurs trésors de reliques, le Mont-Saint-Michel par exemple, comme l'indique Robert de Torigni. ”
In Guillaume le Conquérant et son temps - catalogue d’exposition – Art de basse-Normandie n°97 – Hiver 1987-1988.
BEUVRON-EN-AUGE :
“ Dans le Calvados, on peut faire un pèlerinage individuel à la chapelle Saint‑Michel de Clermont à Beuvronen‑Auge. On peut aussi se rendre à Glanville (canton de Pont‑l'Evêque) où une source Saint‑Marcouf, jumelée à une source Saint‑Méen, distille une eau bénéfique pour la guérison des maladies de la peau. ”
in Les saints qui guérissent en Normandie, tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.
CAEN :
"... nous trouvons une tradition d'après laquelle saint Ouen, passant par Caen lors des translations des cendres de saint Marcouf, aurait déposé ces reliques à Notre-Dame-de-Froide-Rue."
in Caen de René Herval (réédition1970).
GLANVILLE :
On trouve sur cette commune une fontaine Saint-Marcouf et Saint-Méen. Saint Marcouf soignait les "marques du cou", c'est à dire les scrofules et autres écrouelles. Au lendemain de son sacre à Reims , le roi de France se rendait en pèlerinage à Corbeny où l'on conservait les reliques du saint. Là, il prenait entre ses deux mains le chef de saint Marcouf et, ayant ainsi capté sa vertu miraculeuse, il pouvait guérir les malades sa vie durant. Quant à Saint-Méen, il vint à St.-Samson-de-la-Roque puis à Carbec-Grestain où sa source guérit aussi les affections cutanées telle que la gale. Saint Méen qu'en normand on prononce "saint-Main" soignait les mains. Mais pour guérir, il était fondamental de se rendre à pied et de mendier en chemin. Puis on se baignait dans la fontaine et l'on remettait la recette de la sébile dans l'escarcelle du curé du lieu. Aujourd'hui la source est captée.
D'après Randonnées et Patrimoine en Pays d'Auge, T.II, de J. Lalubie (1983).
Saint-Marcouf à Glanville
Le lavoir constituait un lieu de convivialité où les femmes venaient laver leur linge et bavarder. Celui de Glanville est alimenté par deux sources, Saint Méen et Saint Marcouf. Ce dernier est invoqué pour les affections de la peau.
Son culte est généralement attaché à une fontaine guérisseuse et il est très important dans l’ouest de la France. Il est invoqué au Prè-d’Auge, où il se serait arrêté pour guérir des lépreux. http://www.blangy-pontleveque.com/?les-saints-guerisseurs-autour-de-blangy-pont-l-evequeGLANVILLE :
“ Lavoir, vers le XIXe siècle, en bois : Le lavoir constituait un lieu de convivialité où les femmes venaient laver leur linge et bavarder. Celui de Glanville est alimenté par deux sources, Saint-Marcouf et Saint-Méen. Saint Marcouf est invoqué pour les affections de la peau. Son culte en France remonte aux invasions normandes, après la translation de ses reliques à Corbeny, dans le diocèse de Laon. Après leur sacre et au cours d'une neuvaine, les rois de France lui rendaient grâce du don qu'ils avaient reçu de guérir les écrouelles. ”
in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.
RULLY :
"Des pèlerinages qui jadis fréquentaient ces fontaines, celui de St. Marcou ou Mercou, comme disent les bonnes gens n'était pas le moins réputé. Cette fontaine se trouvait dans le domaine de Marcou, à Rully près Vassy. Au bord de la source s'élevait deux arbres amis, entrelaçant fraternellement leurs rameaux, la petite et la grande souche de Marcou, qui perpétuaient, avec la fontaine, le souvenir de l'évangélisation de notre contrée par cet apôtre du Christ. Une tradition locale, maintenant bien effacée, prétend qu'une grande pierre, objet de craintes superstitieuses, s'élevait aussi sur le domaine de Marcou. La grande souche de Marcou était un chêne de dimensions énormes, tombant de vétusté, dont la cime chenue avait été dépouillée par les ans et les orages. Les longs jets d'un lierre l'entouraient de luxuriants festons, et paraient sa décrépitude de l'éternelle jeunesse de leur verdure. Une aubépine, vieille peut-être de plusieurs siècles, qui s'était librement développée à l'ombre protectrice de l'arbre vénéré, enserrait de ses branches entrelacées le tronc rugueux et crevassé, où, dans sa petite niche aux bords veloutés de mousse et argentés par les lichens, une madone champêtre souriait avec amour à son divin fils. Cette épine était la petite souche de Marcou. Quand, au renouveau, les champs s'étaient revêtus de leur riante parure printanière, que l'alouette, quittant les sillons humides, s'élançait joyeuse et gazouillante vers les profondeurs azurées, que le front du chêne antique voyait renaître son rare feuillage, et que l'aubépine redevenue blanche de fleurs exhalait son suave parfum, on entendait parfois, à l'aube du jour, résonner la cadence rustique des tinterelles, et s'élever dans l'air frais le chant des cantiques. C'était une paroisse voisine qui accomplissait processionnellement son pèlerinage à la source et aux souches de Marcou. A l'arrivée des pieux pèlerins, les chants redoublaient de puissance, puis le silence se faisait. On n'entendait plus que le léger susurrement de la source filtrant entre les racines des deux arbres amis, les soupirs de la brise dans le feuillage des rameaux, le bruissement des lierres, le babil des oisillons et les murmures des humbles prières invoquant avec une ardente ferveur les grâces de la bonne Notre-Dame, qui apparaissait entourée, comme d'une auréole, de la neige rosée des fleurs de l'aubépine. Les deux arbres ont été abattus, la fontaine délaissée, le pèlerinage a disparu, et seuls quelques rares vieillards en ont conservé le souvenir."
in Esquisses du Bocage Normand de J. Lecoeur (1883).
SAINT‑MANVIEU‑NORREY :
“ La commune de Saint‑Manvieu‑Norrey est née le 1er juillet 1972 de la fusion simple de Saint‑Manvieu et de Norrey‑en‑Bessin. L'ancienne voie romaine qui menait de Vieux à Bayeux, connue sous le nom de chemin Haussé, longeait le territoire des deux bourgs. Guillaume le Conquérant l’a souvent emprunté. Une partie de cette voie est encore bordée de maisons des XIVe et XVe siècles. En 680, l'archevêque de Rouen laisse à Norrey l'un des ossements de saint Marcouf . L'église de Norrey, qui l'abrite, est construite trois siècles plus tard. Dès lors, l'histoire de Norrey est axée sur son église, et celle de Saint‑Manvieu sur ses fiefs. Ni la guerre de Cent Ans ni les guerres de Religion n'épargnent les deux villages. Les reliques de Norrey sont brûlées et, pendant la Révolution, le caveau des Le Marchant, tenants du fief de La Mare, violé. Dans la nuit du 5 au 6juin 1944, la voie ferrée Paris Granville est sabotée, Saint‑Manvieu n'est libéré que le 20 juin par le 6ème Royal Scot Fusiliers. Norrey, libéré dès le 7 juin par le Regina Rifles et le Royal Winipeg, subit une forte contre attaque des SS qui détruisent le village et font de nombreuses victimes civiles.
L’église Notre-Dame-des-Labours, XIIIe et XXe siècles à Norrey : Mgr Picaud, évêque de Bayeux, a appelé l'église la “ cathédrale des labours ”. Propriété au temporel de l'abbaye Saint‑Ouen de Rouen, elle a été bâtie par les moines de cette même abbaye pour abriter les reliques déposées à Norrey. La tour‑lanterne inachevée a donné naissance à une belle légende : au moment de la construction de l'église, le jeune architecte courtise la fille de son protecteur, celui‑là même qui a construit l'église de Bretteville. Ce dernier, voyant que l'élève est sur le point de dépasser le maître en construisant une œuvre susceptible de faire oublier la sienne, il est pris d'un violent accès de jalousie. Il précipite son élève du haut des échafaudages, et est entraîné dans sa chute. Les deux hommes expirent au pied du porche. Folle de douleur, la jeune fille, agenouillée sur leurs tombes, se laisse mourir de faim et de chagrin. Presque entièrement détruite en 1944, l'église a été rendue au Culte en 1956 après avoir été reconstruite. (cl. M. H. 1840) ”
in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.
SAINT-MARCOUF-DU-ROCHY :
"Ce saint bien normand est né à Bayeux soit à la fin du Ve siècle, soit au tout début du VIe. S'étant dépouillé de ses biens au profit des pauvres, il vécut près de l'évêque de Coutances, Possesseur, qui l'ordonna prêtre. Puis il devint abbé d'un monastère qu'il avait fait construire et évangélisa la région du Cotentin, îles comprises. Il mourut en son abbaye le 1er mai 558. Durant sa vie, il fit de nombreux miracles. Il possédait, dit la tradition (mais l'histoire est loin de le confirmer), le don de guérir les écrouelles, don qu'il aurait transmis aux rois de France. Marcouf était également censé venir à bout de tous les abcès. Cette vertu miraculeuse vaut au saint les invocations pour la guérison des écrouelles (adénite cervicale chronique d'origine tuberculeuse provoquant des abcès). Par extension, il est devenu guérisseur des furoncles, des anthrax, et d'une manière plus générale des affections de types furonculeux localisées au niveau du cou. Le "mal Saint-Marcouf" '"ma Saint-Marcou", disait-on en Cotentin) recouvre l'ensemble de ces affections. Le pouvoir de guérison s'étend même à toutes les maladies de la peau. (...) Dans le Calvados, on peut aller à Saint-Marcouf-du-Rochy, dans le Bessin. Une source "réputée guérir les furoncles et l'eczéma" se trouve à quelques centaines de mètres de l'église, en bordure d'un talus, dans un champ de la propriété voisine. Les pèlerins y lavent leur mal (toutes maladies de peau) ou emportent de l'eau. On vient aussi l'invoquer dans l'église Sainte-Catherine de Honfleur où le saint a sa statue (bois, XVIIe), pour les écrouelles, les maladies de peau (le "mal Saint-Marcouf").
in Les saints qui guérissent en Normandie d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 1998.
“Saint Marcouf (1er mai) : Après leur sacre à Reims, les rois de France se rendaient en pèlerinage à Corbény (Aisne), pour honorer les reliques de saint Marcouf. Il s'y trouvait une multitude de scrofuleux, accourus pour obtenir leur guérison. Le roi traçait le signe de la croix sur leur front, en disant : Le roi te touche, Dieu te guérit. Et cet attouchement faisait merveille. C'était, rapporte Guillaume de Nangis, une grâce singulière accordée aux rois de France. Une simple habitation de la rue de la Poterie à Bayeux, porte cette inscription : Ici naquit vers la fin du Ve siècle S. Marculphe, abbé de Nanteuil, mort le 1er mai DLVIII. Cette maison a remplacé l'opulente demeure qui fut le berceau du saint. Né en 488 d'une riche famille franque, il reçut une éducation soignée. Orphelin de jeune âge, il distribua sa fortune en aumônes et vint se mettre sous la direction de saint Possesseur, évêque de Coutances. Celui-ci l'ordonna prêtre à l'âge de 30 ans et lui confia l’évangélisation du Cotentin. La sainte vie du missionnaire, confirmée par de fréquents miracles, lui fit opérer de nombreuses conversions et lui attira des disciples, dont les plus célèbres furent Cariulphe (Crioult) et Domard. Le saint les établît dans un monastère qu'il fonda à Nanteuil, devenu Saint-Marcouf de l'Isle, sur une terre aumônée par le roi Childebert. Amant de la solitude, Marcouf se retira d'abord seul dans une île nommée Duolimones, aujourd'hui Saint-Marcouf, puis dans l’île d’Agna (Herm), près de Guernesey. Un jour une bande de pirates anglo-saxons, débarqua dans l'île. “Prenez vos armes, dit Marcouf, aux indigènes effrayés, et combattez avec confiance”. Et pendant que le saint priait, une poignée de pêcheurs repoussait une bande de pirates dans la mer, où une tempête les engloutit. Bientôt Marcouf fut envoyé à Jersey, vrai repère de brigands. Il convertit ces écumeurs de la mer, et y fonda, sous la direction de saint Hélier un monastère qui fut l’origine de la ville de ce nom. L'ardent missionnaire épuisé de fatigue revint mourir dans son abbaye de Nanteuil, où saint Lô, évêque de Coutances, l'inhuma le 1er mai 558. De nombreux miracles illustrèrent son tombeau, et saint Ouen, archevêque de Rouen leva son corps en 667. Au IXe siècle, les Normands obligèrent les moines de Nanteuil à se réfugier à Corbény, auprès du roi Charles III, qui leur donna son château pour en faire un monastère. De là l'origine du pèlerinage. Le culte de saint Marcouf est très répandu dans les pays d'origine franque. Des pèlerinages existent à Aix-la-Chapelle, Anvers, Bruxelles, Maëstricht, Corbény, Reims, Soissons, Mantes, Blois, Angers, Le Mans, Saint-Sever, etc. Il est patron de Saint-Marcouf de l'Isle et de la Haye-Comtesse (Manche), de Saint-Marcouf du Rocher et du Bu-sur-Rouvres (Calvados) ; il est second patron de Norrey, la Bigne, Clermont-en-Auge (réuni à Beuvron), Varaville, Saint-Loup de Bayeux, etc. L’ancien doyenné de Honfleur possédait sept lieux de pèlerinage que le peuple désignait sous le vocable des sept frères Marcouf : c'étaient Sainte-Catherine et Saint-Léonard de Honfleur, Equemauville, Pennedepie, Equainville, Quetteville et Bonneville-la-Louvet. L'église de Coulonces était le siège d'une, confrérie célèbre en l'honneur de ce saint, et celle de Saint-Contest possède une parcelle de ses ossements. Un ancien chemin partant de l'Orne au passage du moulin de Brie, et passant entre les communes d'Ouffières et de Goupillières pour gagner La Caisne, porte le nom de sente Saint Marcouf. Une inscription placée sur l'un des piliers de l'église Saint-Sauveur de Caen, rappelait que saint Ouen, transférant les reliques de saint Marcouf, s'y était arrêté. Vers 1810, l'abbé De La Rue, composa une nouvelle inscription pour remplacer l'ancienne, grattée sous prétexte de restauration, mais il ne s'est encore trouvé personne pour la faire apposer. ”
in Cinquante Saints Normands, étude historique et archéologique de Frédéric Alix ; Société d’Impression de Basse-Normandie, Caen 1933.
“ Selon son hagiographie, en l'an 511, tandis que Saxons et Pirates sont établis dans la vallée de l'Esque et de la Tortonne, Marcouf arrive dans la région. Le saint connaît bien les brigands, qu'il a rencontrés, guéris et convertis dans le Cotentin et dans l'île de Jersey dont il est originaire. Dans le Bessin, il poursuit sa mission apostolique et baptise en utilisant l'eau d'une source qui ne tarit jamais à 100 mètres de l'église actuelle. Orphelin très tôt et ordonné prêtre à trente ans, Marcouf serait né au sein d'une riche famille bayeusaine ayant pignon sur la rue de la Poterie. Une statuette représentant l'évangélisateur orne toujours la façade de la maison du XVe siècle construite sur l'emplacement de l'ancienne demeure des Marcouf. (…) Des reliques de Saint-Marcouf, milieu du VIème siècle dans l’église de Saint‑Marcouf : Saint Marcouf, natif de Bayeux vers 483, aurait obtenu du roi Childebert Ier au début du VIème siècle le domaine de Nantus ou Nanteuil, sur la côte est du Cotentin, qu'il évangélise par la suite en y fondant un monastère. La tradition rapporte qu'il aurait communiqué à Robert le Pieux, fils d'Hugues Capet, le pouvoir de guérir les écrouelles, adénite cervicale chronique d'origine tuberculeuse, pouvoir transmis par la suite à tous ses successeurs. Avec sa main droite, le roi devenu thaumaturge décrit ainsi sur les plaies et grosseurs purulentes du malade une croix en disant “ Le Roi te touche, Dieu te guérisse ”. De très nombreux pèlerinages ont lieu durant des siècles autour de la source de Saint‑Marcouf‑du‑Rochy, réputée guérir furoncles et eczéma. Suite aux incursions vikings, les reliques du saint, mort en son abbaye le 1er mai 558, doivent être transférées à Corbeny, près de Reims, en 898. Elles sont ici exposées dans une vitrine dorée, au nord du choeur.”
in Le Patrimoine des Communes du Calvados, Flohic éditions 2001.
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MARGUERITE
Vierge d’Antioche martyrisée en 175 ; fête le 20 juillet. Quatre communes du Calvados portent le prénom de Marguerite : Ducy-Sainte-Marguerite, Sainte-Marguerite-d’Elle, Sainte-Marguerite-des-Loges et Sainte-Marguerite-de-Viette.
BAYEUX :
Concernant cette sainte, voir aussi l’article ci-après extrait de : Les saints dans la Normandie médiévale – colloque de Cerisy-la-Salle, 1996 ; Presses Universitaires de Caen, 2000. Chapitre : “ Les reliques de la cathédrale de Bayeux ” par F. Neveux.
BEAUFOUR-DRUVAL :
Druval : "Au creux d'un vallon coule une source dédiée à Sainte-Marguerite et que les femmes enceintes venaient consulter. C'est là que la chapelle de Druval dresse son clocher d'ardoises."
in Beuvron en Auge par Soizick Canivet, éd. Ch. Corlet 1984.
SAINTE-MARGUERITE-D’ELLE :
“ Marguerite, vierge d’Antioche (Syrie), s'obstinait à rejeter les dieux imposés par les Romains. Elle subit le martyre en 175. Elle fut d'abord jetée en prison. Selon certaines sources, elle aurait reçu la visite du démon métamorphosé en dragon qui espérait la priver d'une mort pour sa foi. D'un signe de croix, elle l'aurait repoussé et, comme le dragon aurait tenté de la dévorer, elle l'aurait mis en fuite de la même manière. Selon d'autres hagiographes, le dragon l'aurait avalée, mais, dans le ventre du monstre, elle aurait tracé, au moyen d'une petite croix, le signe de sa foi. Le ventre se serait ouvert immédiatement, libérant Marguerite. Peut‑on imputer à cette miraculeuse libération le pouvoir d'heureuse délivrance attribué à sainte Marguerite par les femmes prêtes d'accoucher ?
Les patientes du Calvados se rendaient habituellement à Sainte‑Marguerite‑d'Elle (canton d'Isigny‑sur-Mer). ”
in Les saints qui guérissent en Normandie, Tome 2, d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest France 2003.
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MARIE L’ÉGYPTIENNE
Pénitente, morte en 422, fête le 2 avril.
SAINT-VIGOR-LE-GRAND :
“ Saint Vigor, évêque de Bayeux, fonde au VIème siècle un monastère sur le Mont Phaunus, alors recouvert d'une chênaie et centre du culte druidique dans le Bessin. Le territoire de la commune qui garde son nom comprend jusqu'à la fin de l'ancien régime de nombreux autres édifices religieux. Sur l'ancienne voie romaine conduisant de Bayeux aux Veys, une chapelle du XIIIème siècle à l'usage des pèlerins est dédiée à saint Jacques et au hameau de Pouligny, par ailleurs célèbre pour ses découvertes archéologiques. La Fontaine Saint-Révérend rappelle la grotte où ce saint, lui aussi bayeusain, se retirait. À proximité du prieuré Saint-Vigor, la chapelle Sainte-Marie l'Égyptienne a existé jusqu'en 1792. L'église Saint-Floxel, du nom du martyr bayeusain, s'élevait en limite de Bayeux, jusqu'en 1709. Enfin, sur la route royale, près de Saint-Exupère, les chanoines de Saint-Augustin établis au prieuré de Saint-Nicolas-de-la-Chesnaye, avaient pour mission de soigner les lépreux. Saint-Vigor était aussi le siège dune baronnie et comprenait trois fiefs nobles, La commune est agrandie en 1856 du hameau de Saint-Sulpice. L'époque contemporaine est marquée par le débarquement et l'établissement en juin 1944 d'un hôpital militaire britannique de 600 lits. ”
in Le Patrimoine des communes du Calvados, tome 1, Flohic Editions 2001.
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